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Le diagnostiqueur doit-il être comme saint Thomas ?

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Saint Thomas est célèbre parce qu’il ne croit que ce qu’il voit. Appliquée aux diagnostics immobiliers, cette incrédulité consiste à se baser sur ses propres observations in situ. Par moments, ces dernières contredisent les propos du client ou le rapport antérieur du confrère. Être comme saint Thomas place alors le diagnostiqueur dans une position inconfortable.

Nécessaire incrédulité du diagnostiqueur

Aujourd’hui, tout le monde ou presque pense d’emblée au DPE, qui oblige à justifier les données d’entrée opposables. Dans ce contexte, les simples propos du propriétaire ne font pas office de preuve. S’il a fait des travaux d’isolation et perdu la facture, peut-être faut-il envisager des sondages destructifs. En outre, les justificatifs peuvent être irrecevables, par exemple la peinture magique ou le PMR non certifié ACERMI.

Cela dit, le DPE est loin d’être le seul diagnostic où croire son interlocuteur sur parole est impossible. « Il n’y avait pas de termites, vous pouvez proroger le diagnostic sans vous déplacer ». Ben non, c’est interdit et dangereux, pour le diagnostiqueur, le vendeur, le notaire et le futur occupant du logement. À tout moment, il peut y avoir des parasites du bois, des anomalies électriques, etc. Inévitablement, l’habitat évolue dans le temps.

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Diagnostiqueur rime avec enquiquineur

En prime, puisque malheureusement, personne n’est infaillible, le diagnostiqueur précédent a pu passer à côté d’un risque. De plus, la réglementation évolue. Ainsi, mieux vaut parfois faire un prélèvement en présence de matériaux susceptibles de contenir de l’amiante, même si le précédent rapport concluait à l’absence d’amiante. Dans le même temps, tout concourt à empêcher l’ODI d’appliquer ces bonnes pratiques. En effet, le contexte ne l’aide pas à être comme saint Thomas.

D’abord, il y a la fameuse urgence du diagnostic à obtenir pour signer au plus vite. C’est souvent elle qui justifie la demande de prorogation des diags et autres mauvaises pratiques. Ensuite, la découverte d’anomalies ne fait plaisir à personne, sauf au diagnostiqueur, suppose-t-on à tort. Il passe pour le boulet qui cherche à tout prix à trouver des problèmes là où il n’y en a pas. C’est un comble, sachant qu’il a plutôt un rôle d’ange gardien.

Être prudent comme Saint Thomas

Enfin, le fond du problème tient à une vision erronée du DDT (dossier de diagnostic technique). Il n’y aurait, là-dedans, que de la paperasse inutile, de « l’administratisme » ou des informations trompeuses. Si l’intérêt des rapports et les risques associés étaient mieux compris, personne ne s’étonnerait de la prudence dont le diagnostiqueur fait preuve. Au contraire, cette recherche d’indices fiables prouverait le sérieux de l’opérateur.

En attendant, ce n’est pas évident d’être comme saint Thomas sur le terrain. Il faut occasionnellement tenir tête, se montrer inébranlable tout en restant « commercial ». Cette attitude nécessite aussi d’avoir confiance en soi et en ses compétences. D’une part, c’est compliqué pour un débutant inexpérimenté. D’autre part, à l’heure où le grand public doute si souvent de vous, il faut un bon moral pour ne pas céder aux pressions et à la facilité. Pourtant, c’est ainsi que vous pourrez continuer à faire ce métier et développer votre activité sans risquer un procès.

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1 Commentaire

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  1. B
    Bruno 3 mai 2024 - 18h24

    Bonjour,
    Exactement ! Être capable d’affirmer sa compétence mais aussi avoir le temps pour entrer dans des discussions avec le client, et l’aider à faire le bon choix, comme percer un rampant.
    Le prix du diagnostic fait partie de l’équation.

    Mais ceci est valable dans l’ensemble des métiers de contrôle. Un installateur électricien qui raccorde un onduleur triphasé et lors de la mise en service, vous avez la charge de contrôler l’installation et notamment la rotation de phase, si pas de court-circuit etc.. ceci pour ne pas casser la machine…! « Vous ne me faites pas confiance ? » « La réponse bien sûr que oui, mais si je ne le fais pas ….je vous responsabilise en cas d’incident ! »
    Dans le diagnostic c’est pareil. Si vous écoutez et validez sans vérifier les informations du client qui évoque en toute bonne foi 15 cm de laine de verre derrière les rampants ! Et s’il y n’y a rien, l’acquéreur s’en apercevra … et le procès sera pour les deux !
    J’ai eu le cas où je ne pouvais pas valider 20 cm de LV du plafond sur la bonne foi du client. Par coup de colère, le client a cassé son placo et a pu constater qu’il n’y avait rien! Bilan procès avec le vendeur de sa maison qui avait fait un diag affirmant 20 cm de Laine de verre. Autre cas, un client a lui même mis sa laine de verre derrière le placo d’un mur extérieur et en est certain vue qu’il l’a mise, et précise les détails… en passant par la prise de courant ….rien! On fait un trou … rien! Sa mémoire avait fait défaut après 20 ans passé.
    Aujourd’hui, je me sers de ces expériences pour désamorcer un confit possible avec le client…et sa fonctionne. Prendre le temps d’échanger lors du 1er contact et sur le terrain est indispensable pour travailler en sérénité.
    Cela permet d’appliquer « la prudence de St Thomas ».
    Pour les termites, sur Paris au dernier moment valider ce dépassement de 6 mois, on l’a eu au mois 10 fois…nous sommes revenus à chaque fois même si financièrement ce n’est pas du tout rentable….! surtout au dernier moment et étant donné le temps déplacement dans les grandes villes.

    Bruno Muzard
    M3Diag

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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