revenir à l'Accueil
Toute l'actualitéCoups de gueule

Un diagnostic immobilier n’est PAS urgent

Partager cet article sur
Partager sur

Les mots « urgent » et « diagnostic » sont fréquemment accolés. Or, comme l’a récemment admis le ministre du Logement, « un diagnostic de qualité a un temps et un prix »*. Et puis, sérieusement, qu’est-ce qui pourrait bien justifier une telle urgence ? Peut-il y avoir mort d’homme si le DPE, ou tout autre diag obligatoire, n’est pas transmis au plus vite ? Non, bien sûr, car l’urgence ne s’explique que par des raisons purement économiques.

Pour tous les clients, un diagnostic est urgent

Certains mots sont tant utilisés qu’ils en perdent leur sens. « Urgent », dans le domaine du diagnostic immobilier, en est un bon exemple. Dans le dictionnaire, l’urgence peut désigner ce qui nécessite d’agir extrêmement vite, une condition pathologique impliquant d’administrer rapidement un traitement, ou une situation pouvant entraîner un préjudice irréparable.

Or, en l’occurrence, le préjudice naît après un diagnostic réalisé dans l’urgence. Évidemment, en tant que propriétaire, vous avez hâte de vendre votre bien et de partir. Si vous êtes agent immobilier ou notaire, vous préférez que la transaction soit conclue au plus vite. Et pour le patron d’une grosse société, la rapidité a une conséquence directe sur le chiffre d’affaires.

Oui, tout le monde sait que le temps c’est de l’argent, et en particulier le diagnostiqueur entrepreneur. Pourtant, s’il y a urgence, il y a souvent aussi erreur, rapport prorogé, risque de sinistralité, dossiers litigieux, procès, mise en danger des salariés et autres joyeusetés.

Se hâter lentement en anticipant les diags

Fatina lente, ou « hâte-toi lentement », dit l’adage latin, tant aimé par l’empereur Auguste. La formule contradictoire invite à anticiper la tâche, à faire preuve de prudence et de persévérance pour ensuite gagner du temps. Concrètement, un diagnostic termites n’a pas perdu sa validité par magie le jour de la signature. Normalement, ce n’est pas non plus au moment de signer le contrat que vous avez appris l’existence des diagnostics obligatoires.

La situation peut éventuellement être urgente dans un bien immobilier. Il y a des dangers graves et imminents, des risques d’effondrement, etc. Mais ce n’est pas dans ce contexte que vous faites appel à un diagnostiqueur certifié. Le premier objectif est de disposer d’une information fiable pour ne pas découvrir un vice caché après la transaction. L’enjeu semble assez important pour se laisser du temps, sans soumettre le technicien à une pression qui n’a pas lieu d’être.

Tôt ou tard, de toute façon, vous paierez cette précipitation, ne serait-ce qu’en négligeant la santé et la sécurité des locataires, des acquéreurs et des diagnostiqueurs. Non, nul ne gagne à expédier les diags.

Ne suivons pas l’exemple du législateur

Le diagnostiqueur doit déjà subir la précipitation et l’indécision du Législateur. On lui impose un nouveau DPE qui n’est pas encore prêt et qui sera stoppé 3 mois après son lancement. Ce n’est qu’en août qu’il apprend le report de l’entrée en vigueur de l’audit réglementaire, prévue un mois après, et pour lequel il s’est déjà formé. Etc. C’est déjà suffisamment pesant et contre-productif au quotidien.

Par conséquent, chers clients et prescripteurs de diagnostiqueurs, cessez donc de réclamer des diagnostics urgents. Vous êtes en droit d’exiger une intervention sans délai quand vous contactez le Samu, Police secours ou encore les pompiers. En revanche, ce n’est pas ce à quoi s’engage un technicien. L’urgence n’est jamais synonyme de qualité dans ce métier.

* Déclaration de M. Olivier Klein au Sénat le 13 avril 2023. Nous aimerions d’ailleurs qu’il le dise beaucoup plus fort en s’adressant au public ou aux médias, hors du climat feutré du Sénat.

Partager sur
Partager cet article sur

8 Commentaires

Commenter
  1. P
    Pascal 19 mai 2023 - 12h05

    Dommage que l’on ne puisse pas encore mettre des « J’aime » sur Quotidiag 😉

    Répondre
  2. P
    Pierre 19 mai 2023 - 12h10

    Il est urgent d’attendre 🙂

    Répondre
  3. P
    Patrick 19 mai 2023 - 20h01

    Tout a fait d’accord, il ne nait rien de bon dans la précipitation.
    Mais le législateur exige un DPE pour la mise en vente. Il exige aussi l’ERP et maintenant l’audit énergétique dès la première visite. Il ne s’agirait pas là d’une injonction contradictoire?
    Les agences immobilières qui avaient de la peine à rentrer des mandats nous sollicitaient pour qu’on intervienne au plus vite et maintenant c’est pour l’audit.
    Il faut ficeler les dossiers de prêts dès que possible avec la hausse des taux.
    Bref nous sommes toujours en excès de vitesse.

    Répondre
    • Cécile, le moteur de Quotidiag 19 mai 2023 - 20h38

      Votre dernière phrase est hélas exacte.
      Oui, de la part du ministère, c’est une injonction assez contradictoire.
      De manière générale, il y a malheureusement beaucoup à faire pour informer et impliquer toutes les parties prenantes bien avant la mise en œuvre du projet immobilier.

      Répondre
  4. J
    Jean-Pierre 31 mai 2023 - 21h44

    Certains diagnostiqueurs sont à l’origine de cette situation : » vos diagnostics sous 72 h, puis sous 48 h  » !!! pourquoi ne pas les donner le jour même sans relecture. Le résultat : nous sommes jugés sur le temps que l’on met à envoyer le dossier et effectivement tout le monde veut sa com !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

.
Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

DPEB : attentes des colégislateurs de l’UE

Previous article

Crise du logement, la faute au DPE ?

Next article