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Qui veut la peau du DPE ?

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En cet hiver incertain, tandis que la France traverse une grave crise du logement, quoi de mieux que de s’attaquer au DPE ? Notons toutefois un petit progrès, car au lieu de s’en prendre aux diagnostiqueurs, on critique la méthode de calcul. Elle repose sur des concepts fumeux pour le maire de Cannes, et sur des modélisations fumeuses pour la sénatrice du Bas-Rhin. Oui, la semaine dernière, fumeux était le mot à associer aux DPE… Mais les raisons de vouloir sa peau l’étaient peut-être tout autant.

Pourquoi David Lisnard veut la peau du DPE

Lundi 15 janvier, David Lisnard a signé une tribune remarquée dans l’Express. Elle s’intitule DPE : non aux concepts fumeux et aux algorithmes approximatifs ! Il bâtit son argumentation sur un seul exemple : un 2 pièces à Paris classé G. Pourquoi G ? Selon lui, il n’y a que deux raisons :

  • « le concept d’énergie primaire » qui affecte un coefficient de 2,3 à l’électricité,
  • l’algorithme approximatif qui pénalise les petites surfaces.

Notre premier édile en déduit « qu’investir des milliards dans la rénovation énergétique de logements avec de mauvais diagnostics ne permettra ni aux habitants concernés de faire des économies d’énergie, ni à la France d’agir efficacement pour le climat. » L’Hexagone serait-il intégralement composé de petits appartements chauffés à l’électricité ?

Par ailleurs, cet article surprend de la part du maire de Cannes. En effet, c’est l’une des villes où il y a le moins de passoires thermiques. Or la majorité des résidences principales sont des appartements de 2 à 3 pièces fonctionnant au chauffage individuel tout électrique.

Le vrai profil type d’une passoire thermique

D’après les données de l’ONRE (Observatoire national de la rénovation énergétique), les passoires thermiques sont très majoritairement :

  • des résidences secondaires et des logements vacants (à 53,6 %) ;
  • des résidences principales (15,7 % de classes F et G) ;
  • des logements de petite taille (d’où la situation en Île-de-France) ;
  • des maisons individuelles (plus énergivores que les appartements) ;
  • des biens immobiliers chauffés au fuel.

Mais qu’importe. De toute façon, la cible réelle de M. Lisnard est la loi Climat Résilience. Que le DPE soit fiable ou non, elle lui paraît punitive et inutile. Ses écrits antérieurs en témoignent.

Critiquer le DPE ou l’interdiction de louer ?

En juillet 2022, ce maire ne s’intéressait pas du tout à la méthode 3CL 2021. En revanche, dans un article publié dans l’Opinion – ZFE, ZAN, DPE : BOUM ! – il critiquait la loi d’août 2021. Il y voyait une « bombe à fragmentation bureaucratique et liberticide ». D’après lui, «  au lieu d’interdire, il serait plus judicieux d’informer et de faciliter ». Bref, puisque le DPE est l’outil de cette interdiction, il faut le décrédibiliser.

Cela semble être le seul moyen de… ne pas mettre en œuvre de transition écologique du bâti. Pour rappel, en 2025, à la date d’interdiction de louer les DPE G, les premières politiques d’incitation à la rénovation énergétique auront plus de 30 ans. Le Crédit d’Impôt Développement durable (CIDD), devenu le CITE puis MaPrimeRénov’, fêtera ses 20 ans.

Depuis plusieurs décennies, on informe, on essaie de faciliter, on incite, avec les résultats que l’on connaît. Le DPE a ses défauts à corriger, mais il a le mérite d’être devenu un levier d’action et de rester un indicateur.

Supprimer le DPE à l’algorithme biaisé ?

La sénatrice du Bas-Rhin va encore plus loin que le maire de Cannes. Le 18 janvier, elle demande à M. Christophe Béchu de supprimer le DPE. En effet, ce diagnostic, « transformé en quête du graal climatique », ne reflète pas la consommation réelle des logements. Eh bien ça alors ! Serait-ce pour cette raison que l’on parle de calcul de la consommation conventionnelle ?

Mme Laurence Muller-Bronn s’appuie sur l’étude du CAE basée sur des données bancaires, celle où on lit : « le DPE n’a pas vocation à modéliser la consommation réelle mais bien la performance des logements. » En prime, selon le Conseil d’analyse économique, « les effets comportementaux des ménages expliquent une part prépondérante de l’écart entre consommation théorique du DPE et consommation réelle ». Néanmoins, pour Mme Muller-Bronn, ce document prouve, sans aucune ambiguïté, que « l’algorithme est biaisé ».

Au moins, malgré cette intervention teintée de mauvaise foi, la sénatrice finit par dire clairement ce qu’elle veut (l’annulation des échéances de la loi Climat Résilience). De plus, la réponse du ministre de la Transition écologique nous apprend qu’il fera des annonces concernant le diagnostic des petites surfaces (moins de 40 m²). « Je préciserai dans quelques jours – le Premier ministre m’y a autorisé – les nouvelles règles qui vont s’appliquer. »

D’ailleurs, la ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec, a tenu le même discours jeudi dernier. « Nous améliorerons la méthode de calcul s’agissant des petites surfaces pour éviter qu’à caractéristiques égales, un petit logement soit classé F ou G alors qu’un logement plus grand serait mieux classé… ». Enfin ! Une bonne nouvelle se dessine donc derrière cet écran de fumée.

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10 Commentaires

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  1. B
    Bruno 23 janvier 2024 - 14h06

    De bidouillages en bidouillages le DPE est voué à la critique. Trop de latitudes sont laissées aux diagnostiqueurs pour obtenir des résultats homogènes . La méthode de calcul est ce qu’elle est et imparfaite mais aucune méthode ne peut se vanter de l’être. La ou est le problème une fois de plus c’est dans la présentation hypocrite de ce que doit être le DPE pour l’information du consommateur. Le DPE doit être selon le législateur une information permettant de comparer plusieurs biens . Comment comparer quand la méthode permet d’avoir des écarts de 2 classes sur 7 tout en respectant la réglementation ? Modifier une ligne du moteur de calcul pour arriver à un meilleur résultat injustifié vous appelez ça comment ?

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    • Cécile, le moteur de Quotidiag 23 janvier 2024 - 20h51

      Certes, tout cela est vrai. Mais le DPE ne serait pas autant critiqué s’il n’était pas associé à une interdiction de louer et s’il n’était pas un levier de négociation du prix de vente. Auparavant, c’était de toute façon un critère d’achat ou de location assez secondaire. On pourrait donc aussi dire que le DPE actuel force à s’intéresser à la performance énergétique du logement. Cette conséquence n’est pas négative. L’importance grandissante du DPE peut aussi pousser, progressivement, davantage de propriétaires à s’impliquer en fournissant assez de justificatifs pour éviter l’utilisation de valeurs par défaut. Cela améliorerait également la fiabilité du diagnostic. En tout cas, la décision de modifier le mode de calcul pour mieux tenir compte des petites surfaces nous paraît positive a priori (il faudra quand même voir le décret final pour s’en assurer…).

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  2. J
    Jocelyne 23 janvier 2024 - 22h52

    Mon studio a été classé E, alors que tous les studios, 2 pièces de l’immeuble sont classés D !!!???
    il a pourtant un radiateur performant, un petit cumulus 70 L, et les mêmes doubles vitrages que les autres !
    c’est du grand n’importe quoi ces DPE !
    je venais de vendre une maison sur 3 étages sans double vitrage, gros murs de pierres, cumulus 20 L, classé C.
    J’aimerais que le calcul des DPE, petites surfaces soit réellement remis en cause.

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  3. T
    Tim 23 janvier 2024 - 23h31

    j,habite un studio de surface de 21 mètres carrés, tout à fait d,accord sur le principe du dpe d,améliorer sa performance énergétique, j,ai supprimé les fuites d,air,mis un ECS de40 litres,installé des radiateurs à inertie 3 etoiles 1 oeil, une table cuisson induction, des doubles rideaux, spécial hiver de haute qualité à mes 2 portes fenêtres et ma fenêtre, séparé le couloir par un simple rideau hiver,recouvert de tapis 60 pour cent de mon logement etage intermédiaire, luminaire consommation 5 watt, mon entree est sur vestibule fermé l,isolation est de 10 cm de polystyrène sur le mur extérieur deperditif,un mur voisin non deperditif,isolé aussi et pourtant il est classé E je dépense en moyenne 2000 kwh,par an,la malheureusement le dpe a des failles car il prend en compte une utilisation standard, alors que devant l,augmentation de l,électricité les gens de classe moyenne ou modeste vont faire attention à leur consommation de plus l,obligation d,équiper son logement d,un thermostat donnera probablement des informations à linky sur notre consommation d,électricité, car j,ai l ,application edf qui me permet de suivre ma consommation d,électricitépour conclure aide ton isolation insuffisante ,par des petits gestes du quotidien ,au regard d,un véritable logement classé b ,et vous rejoindrez sa performance. et cela le dpe n,en tient pas compte nos ancêtres vivaient avec des températures bien plus basses et pourtant en ville il faisait attention rappelez vous du conte de Anderssen,la petite marchande d,allumettes.

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  4. F
    Fred 23 janvier 2024 - 23h48

    Tout à fait d’accord, les diagnostics ne sont pas réaliste. Quand on voit que pour un même bien classé F voir G, juste le faite d’installer une pompe à chaleur le logement passe facilement en D.🥴😵. Une machine  » économique  » et (écologique) pour chauffer les moineau c’est bien🤣. Du grand n’importe quoi 🤪.
    Il faudrait peut-être commencer par préconisé l’isolation en priorité.

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  5. M
    Martin 24 janvier 2024 - 17h43

    Il n’y a peut-être pas que les « effets comportementaux des ménages » qui sont en cause mais aussi des problèmes de calcul pour les logements anciens
    Expérience personnelle : j’ai un appartement (immeuble 1900) de 50m2 carrez en dernier étage et mur pignon, chaudière gaz de 16 ans sans aucune panne, fenêtres doubles vitrage > 2006, les voisins du dessous ne sont jamais là. Bien sûr, aucune isolation « certifiée » (il n’y a aucune laine de verre/bois/autre aux murs, dans les combles et rampants). J’ai plus de 120m2 de surface déperditive (mur extérieur, mur sur le couloir et plafond).
    On chauffe entre 19 et 20 jour et nuit, on prend souvent des bains => tout est au dessus du théorique donc on devrait payer plus que ce qu’indique le DPE.
    Le DPE facture de 2020 indique un C, le DPE théorique de 2024 indique un petit G avec une conso théorique d’environ 300€ par mois.
    Résultat dans la vraie vie : on paye 110€ de gaz

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    • Cécile, le moteur de Quotidiag 24 janvier 2024 - 20h06

      Nous avons traité de la question du DPE dans les logements anciens à de nombreuses reprises. Je vous invite à vous promener dans les archives. Effectivement, entre autres raisons expliquant ces anomalies, certains matériaux, utilisés dans les bâtiments anciens, ne sont pas prévus dans le logiciel. Le diagnostiqueur ne peut donc pas les sélectionner. Le ministère de la Transition écologique et le ministère de la Culture travaillent actuellement, ensemble, sur l’amélioration du DPE pour le bâti ancien.
      D’après nos informations, la modification imminente de la méthode de calcul concernera uniquement les petites surfaces. Cependant, d’une part, la formation / certification des diagnostiqueurs inclura, à partir du 1er juillet 2024, une exigence de compétences relative à la réalisation du DPE dans les bâtiments anciens. D’autre part, un portail Internet doit voir le jour pour partager les retours d’expérience et améliorer la réalisation du DPE dans l’ancien.

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  6. R
    Raphaël 26 janvier 2024 - 16h27

    Il est tellement facile de dénoncer un système permettant de corriger les défauts de nos habitations anciennes en obtenant de véritables gains au niveau des consommations d’énergie et d’émission de GES.
    Cette critique provient et nous le savons tous de nos puissants propriétaires bailleurs qui se retrouvent face à des obligations de réalisation de travaux importantes sans véritables augmentations de loyer.
    Arrêtons de toujours privilégier le profit avant le bien être des occupants et surtout de la planète, combien d’étudiants aujourd’hui se voient dans l’obligation de louer des logements insalubres avec des charges exorbitantes sans pouvoir dénoncer ces conditions déplorables au risque d’être expulser, les listes d’attente étant trop importantes.
    Bien entendu, le DPE n’est pas le remède idéal à tous les problèmes liés aux logements, il nécessite encore des améliorations mais s’il vous plait respectons son rôle principal qui est d’orienter les bâtiments vers une décarbonisation importante tout en maintenant un confort essentiel aux occupants.
    L’économie existe et fonctionne grâce à l’humanité, si demain les changements climatiques découlant de mauvais choix politiques condamnent les hommes, le pouvoir et l’argent ne seront plus que stigmates financières….

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  7. C
    Christian 7 février 2024 - 16h35

    Plain-pied individuel 48 m2, 4 fenêtres et 2 portes double vitrage depuis 2010, fils et fiches électriques dans les murs, installation chaudière et radiateurs neufs au fuel en 2010. Ballon d’eau chaude neuf depuis février mars 2023.
    Mise en vente dès le 15 janvier donc DPE effectué le 8/11/2023, résultat F : passoire thermique !!!! Tout çà à cause d’un chauffage (fuel) qui marche parfaitement.
    Petit détail : montant des travaux depuis 2010 : 10.000 € ) (tout çà pour çà) : un véritable scandale ce DPE dont les algorithmes sont illisibles et inexplicables : rapport du disgnosticeur 48 pages pour un petit 3 pièces et 600 € de facturation !!!

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  8. I
    Isabelle 20 août 2024 - 22h48

    Quand le DPE mets le parpaing et la bauge dans la même catégorie… ça c’est juste incroyable… mais vrai… pareil : doublage mur chaux chanvre, je ne suis pas certaine que ce soit pris en compte… Donc oups, on passe en F, on te retaxe au passage pour l’audit energetique obligatoire pour la vente, et hop te voilà délesté de l’équivalent d’un SMiC juste pour mettre ta maison en vente, et cela sans même que j’eus imaginé que mon logement de 73m3 puisse être si mal classé, tant j’y ai chaud l’hiver et frais l’été. incompréhensible, vraiment très mal fait, et dispendieux voire discriminatoire… Ils font comment ceux qui ne peuvent pas aligner 1130 euros pour mettre leur maison en vente ?

    « Comme tous les murs en terre crue, un mur en bauge profite de différents atouts qui le rendent particulièrement intéressant :

    La construction en terre crue utilise des matériaux locaux et respectueux de l’environnement. Ce n’est pas un hasard si les paysans construisaient très souvent avec de la terre crue, très facile à trouver sur leurs terres !
    C’est une technique de construction écologique, puisqu’elle utilise des matériaux biosourcés, naturels et 100 % renouvelables. Si un édifice en bauge se casse, on peut réutiliser la terre pour le reconstruire (comme on peut d’ailleurs le faire avec un mur en torchis) !
    La terre crue a des capacités de régulation thermique très intéressantes. Grâce à une forte inertie thermique, les murs en bauge conservent la fraîcheur en été et la chaleur en hiver. Une construction à base de bauge est donc généralement plus confortable que certains bâtiments modernes !

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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