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Faut-il mettre le distanciel à la poubelle ?

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Depuis la crise sanitaire du Covid, le distanciel devient la norme, de la formation de diagnostiqueur jusqu’à la certification. Pour certains, apprendre un métier de terrain à distance est une hérésie. Pour d’autres, les compétences futures ne dépendent pas (uniquement) du mode de formation. De plus, il est parfois impossible de se former au métier de diagnostiqueur en présentiel. Sans prétendre mettre fin à ce débat, il nous semble intéressant d’expliquer les arguments des uns et des autres.

Formations interdites en distanciel : SS4, PCR…

Rappelons d’abord aux éventuels futurs diagnostiqueurs qui nous liraient que certaines formations se déroulent obligatoirement en présentiel. C’est par exemple le cas pour la formation SS4 / sous-section 4. Certes, à cause du Covid, les centres de formation ont été brièvement autorisés à proposer du distanciel partiel. Cette exception a pris fin le 31 décembre 2020.

L’habilitation électrique inclut aussi des stages en présentiel. Il en va de même pour la PCR (Personne compétente en radioprotection). Ce sont des formations pratiques. Même si des organismes de formation (OF) proposent de les suivre à distance, c’est illégal. Il n’en va pas de même pour les formations aux diagnostics immobiliers (DPE, amiante, plomb, gaz, électricité, termites) ou à l’audit énergétique réglementaire.

Quel est le problème des formations à distance ?

Si vous souhaitez obtenir vos certifications, les deux modes de formation (présentiel et distanciel) se valent. Mais encore faut-il être capable, une fois certifié, de réaliser des diagnostics sur le terrain en toute autonomie. Tel est le véritable objectif d’une formation en diagnostics immobiliers. De manière générale, tous les diagnostiqueurs en exercice s’accordent à dire que la formation terrain est insuffisante en présentiel, alors en distanciel…

Pour les « anti-distanciel », l’apprentissage en visio ou en e-learning ne permet pas de bénéficier d’une formation initiale de qualité. Il manque les échanges avec le groupe de stagiaires et la relation humaine, les interactions avec l’examinateur sont plus limitées, etc. Pour savoir réaliser un DPE, un diagnostic électricité ou un diagnostic gaz, il faut du pratique, du concret, et non du dématérialisé. Ce point de vue se défend, bien évidemment, mais il est toutefois permis de le nuancer.

 Se former au diag immo à distance, une nécessité

Des diagnostiqueurs se lancent dans la formation alors qu’ils exercent encore un autre métier. Parfois, leur localisation géographique, leurs contraintes familiales voire leur budget les contraint à opter pour le distanciel. Faut-il pour autant en déduire qu’ils seront incompétents ? Non, car ils peuvent être bien plus motivés que ceux qui optent pour le présentiel. En outre, il y a de bonnes formations distancielles et d’exécrables formations présentielles. La qualité de l’enseignement dépend beaucoup du formateur, mais aussi de l’assiduité de l’apprenant.

Oui, il semble plus cohérent de choisir le présentiel, surtout comparativement à l’e-learning (sans formateur en ligne). Pour autant, le travail personnel, l’envie d’apprendre et de comprendre sont des facteurs déterminants. Que l’on sorte du présentiel ou du distanciel, l’idéal est d’avoir rapidement un accompagnement terrain. Heureusement, l’entraide, en ligne sur les groupes Facebook ou WhatsApp, et physique via le tutorat, s’est fortement développée ces dernières années.

Ne pas mettre le distanciel à la poubelle

Lorsqu’il se lance, le diagnostiqueur fraîchement certifié est bien moins seul aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 20 ans. En outre, tout dépend de l’expérience et des sensibilités de chacun. Les professionnels du bâtiment auront plus de facilités à se former à distance grâce à leurs bases techniques. Mais les apprenants studieux qui font des recherches réglementaires, travaillent sur les livres de référence, etc. peuvent tout à fait progresser.

Le système du tutorat, intégré dès juillet 2024 pour le DPE, gagnerait à être systématisé pour tous les domaines du diagnostic… Et on y vient petit à petit. De plus en plus de diagnostiqueurs en acceptent d’autres sur le terrain. Par ailleurs, certains patrons promettent d’embaucher, après l’obtention des certifications, pour dispenser une formation pratique au salarié. Enfin, dans le cadre de la formation continue, le distanciel suffit dans la grande majorité des situations.

Mieux tirer parti de la technologie

Il serait également possible de mieux utiliser l’innovation technologique pour améliorer les formations à distance. La réalité augmentée, la Matterport, etc. sont riches en promesses et amenées, tôt ou tard, à se démocratiser. Elles offrent une forme d’immersion terrain. D’accord, elles n’auront jamais la dimension humaine du présentiel. Néanmoins, elles peuvent compenser certains des défauts associés au distanciel et combler des lacunes.

De toute façon, il y aurait beaucoup à faire pour améliorer la qualité des formations terrain dispensées aux techniciens, et cela vaut aussi pour le présentiel. Dans tous les cas, ne sous-estimons pas le facteur passion dans l’apprentissage. La curiosité, l’humilité et la motivation limitent très fortement la sinistralité liée aux diagnostics immobiliers, et ce quel que soit le type d’apprentissage.

bien choisir son Organisme de formation

L’organisme de formation doit obligatoirement être certifié. Actuellement, le certificateur est I.Cert ou Global Certification. Le prix est loin d’être le seul élément à prendre en compte. En effet, un OF peut choisir le distanciel pour économiser, éventuellement au détriment de la qualité des formations. N’hésitez donc pas à interroger d’anciens stagiaires pour connaître leur expérience.

Textes réglementaires et (re)lectures
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6 Commentaires

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  1. A
    Antoine 13 octobre 2023 - 12h12

    Merci d’avoir aussi clairement rappelé cette obligation (et cette nécessité pratique) de SS4 en présentiel.

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    • Cécile, le moteur de Quotidiag 13 octobre 2023 - 22h53

      Lors de notre entretien pour Quotidiag, vous m’avez clairement expliqué que c’était indispensable, avec des arguments imparables. Je le savais déjà pour avoir lu les textes réglementaires, mais vous m’avez bien montré que c’était une nécessité, merci à vous. Il est essentiel de le rappeler clairement à chaque fois que le contexte s’y prête.

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    • N
      Nassere 14 octobre 2023 - 8h33

      J’ai beau lire et relire les textes je ne trouve pas l’obligation de présentiel notamment sur l’aspect théorique des formations SS4 ainsi que Habilitation électrique , par contre pour la mise en situation pratique sur une plate-forme pédagogique c’est du bon sens peut être pouvez-vous m’éclairer . Je précise également que SS4 , HE et PCR sont des formations complémentaires à celle du Diagnostiqueur et n’entrent pas dans le champs des compétences attendues à l’annexe 3 de l’arrêté du 24 décembre 2021, ni à une obligation de certification du centre de formation ( hormis pour PCR) . Enfin pour obtenir un financement public, seule les formations menant à une certification inscrit auprès de France compétences sont autorisées ( RNCP et RS) il faut vérifier si le titre visé est actif ET que le programme de formation soit conforme avec les blocs de compétences .

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      • Cécile, le moteur de Quotidiag 15 octobre 2023 - 8h53

        Je n’ai sans doute pas été assez précise. Dans ce texte, je m’intéressais aux avantages et inconvénients des formations 100 % à distance aux diagnostics. En préambule, j’ai précisé que la question ne se posait pas pour certaines formations pratiques qui incluent forcément une partie en présentiel. Par ailleurs, j’aurais effectivement dû utiliser le terme « formation complémentaire ». C’est ce que je voulais dire en écrivant : « il n’en va pas de même pour les formations aux diagnostics immobiliers ». En quelque sorte, je prenais l’angle de l’interdiction de distanciel, non celui de l’obligation de présentiel.
        Je vois souvent des réactions très négatives face à des diagnostiqueurs qui se sont formés entièrement depuis chez eux et elles me semblent parfois injustifiées, c’était l’objet de ce billet d’humeur : nuancer.
        Au fait, Nassere, nous pouvons aussi en parler de vive voix, au téléphone, notamment si ma réponse ne répond pas aux questions posées en commentaire. Cela peut éviter les erreurs d’interprétation de part et d’autre.

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  2. L
    Ludovic 14 octobre 2023 - 10h18

    Distanciel ou presentiel, si la formation est de qualité, ce n’est pas important. Concernant la SS4, la mienne a été une vaste farce et c’était en presentiel.
    pour moi, rien ne remplace la curiosité, l’envie de progresser. Sur la formation initiale, une mise en pratique sur le terrain avec un confrère est le meilleur moyen de démarrer et de progresser.

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    • A
      ANTOINE 15 octobre 2023 - 17h00

      SS4 = vaste farce. 🙁
      Comme j’ai du mal à lire cela. Et je compatis totalement.
      Cela devrait être un des moments les plus importants de toute notre formation. Je regrette que certains OF ne voient cette nécessité que comme un moyen de faire de la tréso.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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