Simon Chicot a lancé le premier « Bootcamp Diag, l’immersion terrain des diagnostiqueurs ». Pendant 5 jours, du 12 au 16 juin 2023, des diagnostiqueurs nouvellement certifiés n’ont fait que du diagnostic, dans un lieu qui n’était pas forcément proche de chez eux. Nous avons demandé à Simon de nous raconter cette expérience, du début à la fin.
Quand est née cette idée ? Y a-t-il eu un évènement déclencheur ?
Depuis assez longtemps, je constate que beaucoup de diagnostiqueurs se plaignent de l’absence de mise en pratique des connaissances théoriques acquises en formation. J’ai réservé le nom de domaine vers la fin du mois d’octobre dernier, mais je ne trouvais pas le temps de développer mon idée ni de la concrétiser. Et puis, un organisme de formation m’a fait faire une journée d’immersion terrain dans le cadre de la formation de leurs diagnostiqueurs. Cela a été l’élément déclencheur du projet qui avait éclot quelques mois auparavant. Dans la foulée, j’ai lancé l’évènement.
L’idée plaisait aux candidats que j’avais rencontrés. Certains étaient réticents à payer des frais parfois très élevés pour une franchise. Ils se disaient que l’accompagnement technique ne serait peut-être pas à la hauteur du prix. Ils préféraient donc payer une somme accessible pour faire une première immersion terrain et mettre en pratique ce qu’ils avaient appris en formation. Alors je me suis lancé.
Est-ce difficile à organiser et à mettre en œuvre en termes de planification ?
En fait, j’ai mixé des biens que nous avions spécialement pour le bootcamp et des biens avec des clients véritables. Il me paraissait important, dans la mise en situation, d’avoir de vraies missions avec de vrais clients. Il y a donc eu les deux : des biens réservés pour l’évènement et d’autres biens qui étaient de véritables missions. Celles-ci ont été offertes aux clients qui avaient accepté de nous recevoir. Nous arrivions à 4 ou 5 et il fallait qu’ils soient d’accord, donc en contrepartie, j’ai décidé de leur offrir les diagnostics. Je ne le ferai pas forcément pour la prochaine session, il y aura des ajustements. Mais je voulais vraiment qu’ils aient l’immersion, avec le vrai client derrière eux, à qui ils puissent demander des informations, etc.
Le planning s’est réellement fait la semaine avant le démarrage. Je leur avais envoyé les grandes lignes et j’ai affiné au jour le jour. Nous avons visité un peu plus de 10 biens différents, du studio à la maison de 180 m², dans divers lieux : à la montagne, en plaine, en bord de mer… Ainsi, ils ont vraiment pu voir un large panel de biens. En fait, nous avions un mini bus. Nous nous donnions un point de rendez-vous le matin, puis nous circulions tous ensemble. Cela nous permettait d’avoir des échanges pendant le trajet et de créer une cohésion d’équipe pour toute la semaine.
Le mardi soir, nous avons organisé une soirée de cohésion, que nous ne ferons peut-être pas un mardi soir la prochaine fois (rires). Mais c’était assez festif, en bord de mer, ce qui nous a permis d’échanger encore plus. Et puis le dernier jour, nous avons fait un repas de clôture à midi, avec un professionnel du traitement de termites. Il nous a donné accès à un site infesté, donc les participants ont pu voir de vrais termites de visu avec toutes les infestations. En quelque sorte, c’était la cerise sur le gâteau.
Le bootcamp leur a aussi permis, pour ceux qui n’avaient pas encore acheté leur matériel, de le prendre en main et d’avoir une idée de ce qu’il fallait acheter. De plus, ils ont pu échanger sur les logiciels. Moi, j’étais équipé d’un logiciel et certains en avaient un autre, donc il y a pu avoir une comparaison des logiciels. Là aussi, ça pouvait aider ceux qui ne l’avaient pas encore acheté. Il y a eu d’autres échanges sur les pratiques tarifaires, outre l’aspect technique. C’était assez complet.
Y avait-il toujours une bonne ambiance, même si ces personnes ne se connaissaient pas ?
Oui. Il y avait un Narbonnais, une personne originaire du Var, une autre de Nice et un Parisien descendu exprès. Il y en avait deux qui avaient suivi une formation ensemble donc ils se connaissaient un petit peu, mais les autres pas du tout. Ils étaient tous dans la même optique. Ce sont des personnes qui vont se mettre à leur compte, sans passer par la franchise, et il leur paraissait indispensable de pratiquer un peu et d’avoir un accompagnement avant de se lancer tout seul dans le grand bain. Je crois que c’était très positif pour eux. Ils se sont montrés très impliqués.
Pour vous aussi, le bilan a été très positif ?
Pour moi, c’était très intense. Je ne pensais pas que ce serait aussi intense, car c’est quasiment du 8h-19h. Nous avons passé 45 heures ensemble. Oui, c’est aussi une très bonne expérience que je vais un peu adapter pour les prochaines fois. Je vais réitérer avec des ajustements.
Le bootcamp diag restera réservé aux nouveaux diagnostiqueurs ?
Après, si un ancien a besoin d’une immersion terrain… Pour moi, la cible, c’est le nouveau diagnostiqueur certifié qui veut se lancer seul à son compte. J’ai aussi pensé à proposer mes services, par exemple, aux réseaux de franchise et aux organismes de formation, s’ils veulent ajouter, dans leur offre, une immersion terrain pour les nouveaux entrants. Pourquoi ne pas l’externaliser et me la confier de façon impartiale et indépendante dans un lieu neutre. Mais je n’ai pas encore développé tout cet aspect.
Est-ce que cela peut devenir une activité à temps plein ?
Non. Si j’arrive à faire une session par mois, ce sera beau déjà. Cela dit, je pense que les organismes de formation vont être obligés de s’y mettre avec l’arrêté encadrant la réalisation du DPE, qui augmente la pratique obligatoire. Mais je tiens à préciser clairement que je ne suis pas un organisme de formation. Ce bootcamp ne s’inscrit pas dans la formation professionnelle, ce qui a été confirmé par l’Inspection du travail. C’est vraiment un stage de mise en pratique des connaissances théoriques qu’ils ont appris en formation. Ce sont de bonnes pratiques sur site.
Les participants ont-ils eu plus de difficultés d’ordre pratique pour certains diagnostics ?
Nous avons passé beaucoup de temps sur l’électricité. Ils ont eu aussi un peu de difficultés sur le gaz et ensuite, le DPE bien sûr. Sinon, la crainte qu’ils ont, c’est l’amiante. Ils redoutent de passer à côté de certains matériaux, car à part en photo et sur des PowerPoint, ils n’en ont pas rencontré. Et puis, sur les termites, ils se rendent compte que leur responsabilité peut être engagée, sachant qu’on peut vite passer à côté d’une infestation.
Il n’y a personne que cette expérience a dissuadé ?
Apparemment, non. Ils sont toujours motivés. Mais c’est vrai qu’ils ont vu des cas d’école qui leur ont fait prendre conscience des enjeux et des risques du métier. Ils ont compris qu’il y avait des pièges et que s’ils étaient partis seuls sur le terrain, ils auraient pu passer à côté. Malgré tout, je crois que personne n’a décidé d’arrêter. Ils ont surtout pu affiner leur expertise avant de lancer leurs sociétés respectives.
Quand aura lieu le prochain bootcamp diag ?
Sans doute en septembre même si je n’ai pas encore communiqué dessus. J’ai mis des dates sur le site et il devrait avoir lieu du 18 au 22 septembre. En juillet-août, cela me semble compliqué surtout à Perpignan où il y a beaucoup de touristes l’été.
Qu’en ont pensé les participants ? Témoignages datés du 23 juin 2023 :
Benjamin : En sortant de formation, je sentais que je n’étais pas prêt à aller seul sur le terrain. Je n’avais manipulé le matériel et fait des diagnostics en conditions réelles que durant une journée. Le bootcamp de Simon m’a permis, sur une semaine, de voir de nombreux types de biens (maisons individuelles, jumelées, de village, appartements) et de réaliser tous les diagnostics réglementaires. J’ai aussi bénéficié de ses conseils avisés sur de nombreux sujets : choix du matériel, des partenaires, habitudes de travail, gestion. J’ai toujours besoin d’acquérir de l’expérience, mais je me sens bien mieux préparé après ce stage.
Jeremy : Cela apporte beaucoup de sérénité pour se lancer seul dans le grand bain, dans le monde du diagnostic, car ce n’est pas évident. Maintenant, ça fait une semaine que le bootcamp est fini et que j’ai commencé mon activité. J’en suis mon septième rendez-vous. Il est certain que cette expérience assure une base nécessaire à un début d’activité en tant qu’indépendant.
C’est vrai que j’ai appris le métier sur le terrain, pas dans une salle de cours !
J’ai eu la chance de faire toutes mes interventions amiante sur la période 1995 – 1998 supervisées soit par mon père ou mon oncle, des spécialistes de l’utilisation des fibres dans le bâtiment.
Qu’espérer de mieux ?