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+10 Md€/an pour les passoires thermiques et les PAC

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La DG Trésor dévoile son Rapport intermédiaire consacré aux enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone. Le ministre de l’Économie l’a présenté à la presse dans le cadre des Rendez-vous de Bercy la semaine dernière. On y découvre que la décarbonation des logements du parc privé pourrait nécessiter 10 milliards d’euros supplémentaires par an. Ce budget sera principalement consacré aux rénovations des passoires thermiques et à l’installation de pompes à chaleur (PAC).

+10 Md€/an pour décarboner les logements

Le dernier chapitre du rapport intermédiaire de la DG Trésor (Direction générale du Trésor) concerne les politiques de décarbonation du parc privé de logements. Les leviers pour atteindre un parc privé de logements complètement décarboné à l’horizon 2050 sont déjà connus  :

  • recours à une énergie bas-carbone ou décarbonation des vecteurs ;
  • amélioration de la performance énergétique des bâtiments ;
  • comportements sobres en énergie.

Ceci implique des besoins d’investissements supplémentaires bruts élevés, +5 à +15 Md€/an. Plus précisément, d’après les calculs de la DG Trésor, « les besoins du résidentiel seraient plafonnés à +10Md€/an en moyenne en ciblant des gestes parmi les plus coûts-efficaces, consistant à l’horizon 2030 en une combinaison de rénovations globales de passoires thermiques et d’installation de pompes à chaleur ».

Rénovation, coûts d’abattement et incertitudes

Beaucoup d’incertitudes compliquent l’atteinte de la neutralité carbone via la rénovation du parc :

  • économies d’énergie réelles après une rénovation énergétique,
  • coûts réels de la rénovation pour les ménages,
  • manque de main d’œuvre dans la filière rénovation,
  • coûts indirects (désagréments liés aux travaux, coûts de transaction…)…

Ainsi « les économies d’énergie constatées après une rénovation énergétique apparaissent bien inférieures à ce qui était anticipé par des modèles de thermique du bâtiment, qui sont apparus trop optimistes, même si cela serait moins le cas pour des rénovations performantes et accompagnées. »

La DG Trésor calcule aussi le coût réel de la rénovation. Pour un saut de 2 classes DPE à partir d’une passoire énergétique, les coûts moyens seraient de 270 €/m² pour les maisons individuelles et de 360 €/m² pour les appartements. Avec un saut de 3 classes énergétiques, il faudrait prévoir 320 €/m² pour les maisons, 640 €/m² en habitat collectif.

Enfin, le secteur de la construction étant « très fragmenté », la décroissance future des coûts de la rénovation sera très difficile à obtenir. La prévalence des TPE/PME, le déséquilibre entre l’offre et la demande, etc. pourraient même les rehausser.

Travaux à cibler sur les passoires thermiques

Pour les ménages en situation de précarité énergétique, les rénovations ambitieuses de passoires thermiques sont avantageuses. En effet, elles permettent de concilier le confort, la décence, la santé, la réduction des factures d’énergie et la décarbonation. En revanche, les bénéfices/coûts varient pour le reste du parc, individuel ou collectif. Cette situation complexe invite à :

  • cibler en priorité les travaux d’isolation sur les passoires thermiques,
  • favoriser la décarbonation des modes de chauffage pour le reste du parc.

D’ailleurs, c’est ce que prévoit la réforme de MaPrimeRénov’ version 2024. Les propriétaires de logements classés DPE F et G feront des travaux d’isolation avant toute installation de PAC. Le changement de système de chauffage sera réservé aux logements classés de A à E. Il y a aussi une certaine cohérence entre ces choix et la prochaine DPEB révisée.

Information sur la performance énergétique

La décarbonation du parc privé doit également surmonter les « asymétries d’information sur la performance énergétique du bâtiment : entre propriétaire et locataire, entre propriétaire et artisan, ou encore entre propriétaire vendeur et potentiel acquéreur ».

D’abord, les propriétaires de logements connaissent mieux la performance énergétique de leur bien que les locataires ou les potentiels acheteurs. Cette situation réduit l’incitation à investir dans la performance énergétique, malgré la valeur verte. Ensuite, sur le marché de la rénovation énergétique, les artisans savent mieux juger de la qualité des travaux que les maîtres d’ouvrage. D’où une possible « qualité dégradée des rénovations énergétiques proposées sur le marché ».

Enfin, les ménages prennent des décisions « entachées de biais comportementaux ». Ils raisonnent à court terme et sous-estiment les économies d’énergies futures. De plus, ils seraient inattentifs au prix de l’énergie, d’où leur sous-investissement. La DG Trésor cite d’autres obstacles plus évidents, dont les contraintes de crédit.

évaluer les dispositifs de rénovation énergétique

Le rapport insiste sur l’importance d’évaluer les instruments mis en place par les pouvoirs publics. On entend par là MaPrimeRénov’, les CEE / certificats d’économie d’énergie, la tarification du carbone, mais aussi l’interdiction de location des passoires thermiques, la RE2020, le DPE

Bref, on réunit les dispositifs incitatifs, informationnels et réglementaires. En effet, « l’efficience et l’équité de la politique de décarbonation du parc privé de logements dépendent de la bonne cohérence d’ensemble des différents éléments mobilisés, qui ne peuvent être analysés séparément ».

La diversité des ménages et des logements complique cette évaluation. Globalement, le recours aux obligations présente des risques d’efficacité, d’efficience et d’acceptabilité. Exemples :

  • niveau de performance énergétique requis excessif ou insuffisant,
  • problème d’acceptation sociale des coûts supportés par les ménages,
  • travaux de faible qualité juste pour éviter l’interdiction de location…

Par ailleurs, « se pose également la question de la métrique sur laquelle s’adosse la réglementation. Le DPE n’a en effet pas été conçu originellement pour y adosser une obligation/interdiction. »

Découvrez le rapport intermédiaire sur les enjeux économiques de la transition vers la neutralité carbone de la DG Trésor. La section consacrée au logement commence à la 100e page du rapport et le conclut. L’étude finale paraîtra en 2024.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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