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Recherche technicien diagnostiqueur désespérément

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L’employeur met des annonces partout et vante les atouts de sa société. Malgré tout, il peine à recruter des techniciens. Cette situation est très fréquente. Pourtant, entre l’audit réglementaire, le futur PPT (projet de plan pluriannuel de travaux), le nouveau diag PEMD, etc., les besoins sont réels. Pourquoi est-ce aussi compliqué, pour les employeurs, de trouver de nouveaux diagnostiqueurs ? Pistes et témoignage d’un employeur concerné.

Du rêve à la réalité du métier de diagnostiqueur

En juillet 2022, Fanny Moratal, responsable de Diafym, écrivait : « c’est le technicien qui choisit son employeur mais plus l’inverse ! ». Le constat reste d’actualité, surtout quand le candidat est déjà expérimenté. Il veut tout immédiatement, du meilleur salaire jusqu’à la flexibilité horaire. Même le diagnostiqueur sans expérience, qui cherche un premier poste en entreprise, peut avoir des exigences importantes. On lui a souvent vendu du rêve pendant sa formation.

En effet, certains se lancent, dans le cadre d’une reconversion professionnelle, sans savoir ce qui les attend réellement. Avec les nouvelles réglementations, les exigences et la responsabilité du technicien augmentent. Tout le monde n’a pas la polyvalence (savoir-faire technique, fibre commerciale, pédagogie, etc.) pour faire ce métier. Quand les jeunes salariés s’en aperçoivent, ils abandonnent cette voie, d’où un important turnover.

Paradoxale pénurie de techniciens

Puisque le droit à l’erreur n’est plus permis, l’employeur ne va pas d’emblée proposer une multitude d’avantages à sa nouvelle recrue. Une relation de confiance doit d’abord s’instaurer. Par ailleurs, l’employeur recrute parce qu’il a beaucoup de travail. Dans une TPE ou une PME, on veut quelqu’un d’autonome rapidement. Or former un débutant prend du temps.

Enfin, tout chef d’entreprise sait qu’un salarié est susceptible de partir monter sa propre boîte, parfois dans le même secteur géographique. À quoi bon former un technicien de A à Z, si c’est pour le voir quitter la société 6 mois ou un an après ? Bref, la difficulté est double : embaucher et conserver un salarié qualifié dans son équipe.

Des sociétés de toute taille constatent donc la pénurie de techniciens. Certains gros groupes ont trouvé la parade en développant l’alternance auprès des jeunes. Mais ces grandes sociétés privilégient souvent les repérages avant travaux / démolitions. Les petites entreprises qui interviennent auprès de particuliers, pour des diags avant transaction, se sentent donc démunies.

témoignage de Guillaume Trincal

La société Proxi-contrôles, basée à Lyon, existe depuis 2014. Elle gère les diagnostics réglementaires avant transaction/location autour de Lyon, et les repérages avant travaux/démolitions en région Rhône-Alpes. Son dirigeant, Guillaume Trincal, cherche en vain deux techniciens à intégrer à son équipe. Il a accepté d’en témoigner ci-dessous.

« Nous avons beaucoup de clients et de travail en ce moment. Je mets des annonces partout et personne ne postule. À mon avis, il y a plusieurs raisons. Certaines personnes, qui sortent de formation, ne savent pas que c’est un métier complet, polyvalent, où il faut être rigoureux et pédagogue. Elles ne perdurent pas car finalement, ça ne leur plaît pas. Avec le nouveau DPE, les propriétaires sont très exigeants. Pour ma part, je privilégie le travail qualitatif. D’autres personnes, déjà formées, préfèrent aller vers de grosses sociétés en pensant qu’il y aura plus d’avantages.

Pourtant, chez nous, il y a des avantages. Nous ne sommes que quatre donc c’est une petite famille. Il y a de la flexibilité. Si un technicien a besoin de temps libre, on s’arrange entre nous. La situation est différente dans une grosse société où les plannings sont préétablis. Contrairement à certaines entreprises, nous ne rémunérons pas le salarié au chiffre d’affaires. Il y a du chiffre parce que tout le monde a fait un effort. Je verse donc une prime mensuelle au niveau du chiffre de l’agence. S’il y a des aides de l’État, par exemple la prime Macron, je donne tout ce que je peux aux techniciens.

J’ai un stagiaire qui débutera au mois de juin. Avec ce stage, il pourra voir si ce travail l’intéresse. Je m’engage à le recruter si tout se passe bien. J’ai aussi recruté un collaborateur que je vais former de A à Z. La difficulté, c’est de trouver le temps de former des personnes quand on a soi-même beaucoup de travail. Quand je forme une personne, je ne l’envoie pas tout de suite sur le terrain, il y a d’abord une pratique en binôme. Je crois qu’il faut 3-4 mois pour des missions simples et 6 mois à 1 an pour des missions complètes avant d’être autonome. La formation est un travail de longue haleine.

Les gros groupes n’arrivent pas tous à recruter non plus. Ils ont lancé plusieurs cursus en alternance. Je pense que c’est vraiment l’avenir. L’alternant est accompagné. Quand il commence à travailler, il est plus à l’aise qu’après 3 mois de formation. Le problème, c’est que je suis chef d’une petite entreprise. Nous sommes tout le temps sur le terrain, alors même les entretiens prennent du temps. En général, tout le monde veut recruter de la main-d’œuvre, mais c’est très compliqué. »

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10 Commentaires

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  1. L
    Laurent 10 août 2023 - 12h53

    Et vue la situation actuelle avec les problèmes d’assurances et la peur du procès tout les débutants rencontre le même problème aucun intérêt des employeurs aucune réponse après les entretiens salaire au minimum limite le SMIC et que des techniciens avec 3 ou 5 ans d’ancienneté…. continuer comme sa vous vous mettez vous même en difficulté au bout de 2 ans de recherches je jette l’éponge. Je déconseille ce métier a qui veut faire une reconversion si vous ne venez pas du bâtiment c’est pas la peine de postuler..

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  2. A
    Achraf 11 août 2023 - 0h50

    Bonjour j’ai passé ma formation au mois de septembre 2023 nous étions 22 élèves et j’ai commencé à rechercher activement des la fin septembre alors que ma formation n’était pas fini .
    Aucune entreprise ne veut recruter de débutants alors vous étonnez pas que quand les débutants prennent de l’expérience ils soient exigeants c’est tout à fait normal
    Diafym en fait parties je leurs est envoyé au moins 3 fois mon cv sans réponses bénéfiques donc arrêtez de faire les étonnés si vous ne voulez pas laisser la chance au débutant ou alors avec vos exigences à vous c’est un peu normal…
    Pour info nous étions 22 personnes a passé la formation et seulement 4 personne on trouver du travail
    Bon courage à tous ….

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    • M
      Moyeux 18 août 2023 - 11h48

      Bonjour !
      Aujourd’hui il faut savoir négocier ! je suis moi même débutant mais je me suis permis de refuser une offre de mon premier employeur. Salaire autour de 1580 euros net et pas de véhicule alors que j’avais 3h de route aller retour chaque jour. J’ai étais contacté par un autre employeur qui lui est plus tourné vers l’industrie (diag plomb et amiante). Sa proposition était de 1800 euros net avec un véhicule et les divers avantage (tel, pc, matos et prime)et deux mois d’essais. c’est la loi du marché. Maintenant a moi de faire mes preuves.
      Bon courages a tous pour la suite !

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  3. B
    Bertrand 11 août 2023 - 18h47

    j’ai juste répondu à une annonce d’un grand groupe en sortant de formation. la drh pouvait me placer où je voulais en france, par contre salaire faible et perspectives tout autant. ceux qui étaient embauchés depuis trois ans étaient en dessous de 2000 euros net.

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  4. S
    Stéphane 13 août 2023 - 19h09

    Je me reconnais dans le témoignage de Guillaume Trincal.
    C’est très compliqué, j’ai réussi à trouver un futur collaborateur sur mon secteur qui débutera fin septembre, l’exigence en terme de salaire est élevé pour un débutant et il a fallu discuter.
    C’est parti pour moi pour 6 à 12 mois d’accompagnement, même si son impression est d’être prêt (mensonge du centre de formation 🙄).
    Maintenant 🤞

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  5. P
    Philippe 22 août 2023 - 12h09

    Les petites structures qui font essentiellement de la transaction/location ne pourront pas s’en sortir si les prix des diagnostics ne sont pas revus très nettement à la hausse. Ils sont globalement trop faibles compte tenu du temps nécessaire pour réaliser des diagnostics « sérieux », et des responsabilités prises par l’entreprise et le certifié; c’est économiquement intenable, mais personne ne semble prendre la mesure de ce problème.
    Quand les diagnostics seront facturés de façon réaliste, les employeurs pourront proposer de salaires attractifs et les candidats seront là ! Alors qu’aujourd’hui le secteur s’enferme dans une spirale déflationniste sans espoir.

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    • S
      STEPHANE 24 août 2023 - 10h30

      Et ça a toujours existé ! Il y a eu trop de margoulins ou d’incompétents entrés dans cette filière, le tri n’a pas été fait, résultat quand on ne fait pas d’effort pour obtenir un statut et une vrai compétence, on se moque de prendre des risques donc on fait du travail de m….e grâce à des tarifs ridicules (parce qu’on est le meilleur vu qu’on est le moins cher (ironie).
      Quand vous voyez que même chez les médecins il y a des brebis galeuses, pour notre métier il y a du boulot avant de faire le ménage …
      Il est tout de même étonnant de lire ça vu la saturation du marché, moi je pense que ce ne sont que des sociétés pourries qui recrutent car recrutement au plus bas pour vendre au plus bas. Même à 2500 net, ce n’est pas cher payé pour exercer dans ce métier difficile par sa charge et par son niveau de technicité, et des heures à faire, pour faire un travail irréprochable.

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      • H
        Hugues 1 septembre 2023 - 4h07

        bonjour,
        2500 net , je ne les fais pas après 11 ans d’expérience en diagnostic amiante et travaux / démolition .( j’ai espoir de gagner 1000/mois de plus bientôt )
        Le problème c’est certains certificateurs qui certifient des gens qui n’ont rien à voir avec ce métier ( voir même des gens avec des pb mentaux ou autres) et cela tire les salaires vers le bas , car certaine boite n’ont rien à foutre de la qualité , elles veulent du chiffre et si ces gens la font un DPE sur un T5 en 30 mn car ils ont rien compris, ces boites trouvent cela super: car ils peuvent vite aller en faire un autre …..

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  6. W
    William 1 septembre 2023 - 0h27

    Quand le marché a explosé en 2021, j’avais pensé recruter.
    Aujourd’hui, je suis dans la capacité de le faire mais j’ai préféré, jusqu’à présent, rester seul. Moins de responsabilités, moins de problèmes à gérer. Au final, on n’est pas plus mal.

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  7. J
    20 novembre 2023 - 15h39

    On va simplifier :

    Pour les entreprises qui recrutent, y a 3 cas :
    1. Les entreprises situées dans une tres grande ville à forte concentration de logement (type Paris). Pour ces entreprises, il est assez simple de faire du chiffre car la presque totalité des missions constituent des appartements de petites tailles. C’est vite plié, à la chaine.
    Ca permet de faire du chiffre rapidement, et donc d’embaucher bcp.
    Mais pour faire des marges interessantes sur la quantité avec des petits prix, elles saignent leurs salariés avec des paies de merde. Cc’est à dire 1600, 1800net max. Ce qui est PITOYABLE en 40h/semaine, surtout pour habiter dans une grande ville.
    Cependant, dans les grandes villes le boulot est rare comparativement au nombre de chomeurs donc elles parviennent en général à recruter un heureux « bénéficiaire » d’un contrat en CDI.

    2. Les entreprises de zone rurale ou petites villes.
    On passe bcp plus de temps sur les biens. Il est compliqué d’en effectuer plus de 2 par jour (quand on fait le double à Paris), en travaillant correctement. Et on ne marge pas plus que le cas 1. puisqu’on y passe bcp plus de temps… Et de plus en plus vu comment on nous emmerde de partout. Et avec des tarifs qui ont fortement diminué en plus !
    Cependant en campagne la main d’oeuvre est bien plus rare. Surtout car elles sont en concurrence avec pléthore de boite (usine etc) qui recrutent toutes en offrant des salaires similaire… Mais sans les emmerdes du boulot de diagnostiqueur.
    Ces entreprises ont donc plus de difficulté à recruter car elles peuvent en réalité difficilement offrir un salaire à la hauteur du travail. C’est à dire 2200 net minimum pour un 35h. … qui dans les faits sera très souvent un 1800 net pour 45h de boulot réel… Donc de la merde, surtout au coût de la vie actuel.

    3. Les vieilles entreprises de diag.
    Elles ont eu le privilège de se faire des couilles en or à l’époque où le métier était facile, presque sans emmerde, avec des tarifs de fou. Et elles ont encore leur vieilles relations attritrées : des notaires qui leur vendent leur prix de fou aux clients qui leur font confiance.
    Ces entreprises peuvent proposer des salaires plus élevés, car elles peuvent vendre cher leurs prestations. Mais en général ces vieux patrons sont radins et peu enclin à payer. Donc ils se plaignent aussi de ne pas parvenir à recruter…

    Voici la situation des entreprises de diag qui « ne parviennent pas à recruter ».

    Moralité : si vous voulez devenir diagnostiqueur vous n’avez qu’une option : vous mettre à votre compte. Mais cela suppose que vous connaissiez déjà le boulot (car la formation ne sert à rien… sauf peut-être la nouvelle blague du contrat pro en 2 ans où vous allez vous faire exploiter pendant 2 ans. lol)
    Donc soit vous êtes déjà expert du bâtiment, soit vous avec un ami qui accepte de vous former… Sinon je vous conseille fortement de passer votre chemin.

    Surtout que la concurrence est de plus en plus forte, vu que les incompétents de pole emploi redirigent tout le monde vers ce boulot !

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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