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Le CSCEE « doute plus largement de la capacité des diagnostiqueurs immobiliers à réaliser des audits énergétiques de qualité ». L’avis défavorable du CSCEE, à propos du décret définissant le référentiel de compétences pour réaliser audit énergétique, était déjà connu. Nous vous l’avions annoncé dans un précédent article relatif à l’audit réglementaire. En revanche, la raison invoquée peut surprendre. En effet, le Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique semble mépriser les diagnostiqueurs auditeurs. Pourquoi remet-il en cause leurs compétences ?
audit des passoires thermiques : avis du CSCEE
Remontons un peu le temps. En novembre 2021, le CSCEE désapprouvait le décret définissant les conditions de qualification pour réaliser l’audit réglementaire. « Ce minima d’exigence pour les diagnostiqueurs est disproportionné au regard des obligations actuelles concernant les auditeurs historiques tels que les bureaux d’études qualifiés ». Il s’inquiétait aussi de « l’absence d’un vivier suffisant de professionnels compétents ». Enfin, il souhaitait que tous les audits énergétiques, incitatifs et réglementaires, soient réalisés avec la même méthode de calcul.
En mars 2022, le CSCEE émettait un avis favorable au projet d’arrêté définissant le contenu de l’audit énergétique réglementaire. Toutefois, d’une part, il rappelait la nécessité d’harmoniser les audits énergétiques. D’autre part, le CSCEE recommandait d’intégrer la problématique du renouvellement d’air dans les scénarios de travaux. Le Comité Audit énergétique l’a entendu, puisqu’il prévoit :
- de renforcer la formation des diagnostiqueurs et les contrôles,
- d’appliquer la méthode de calcul 3CL à tous les audits, incitatifs inclus,
- d’intégrer une mesure de la ventilation (et la thermographie en bonus).
Néanmoins, fin octobre 2023, concernant ce référentiel de compétences pour les diagnostiqueurs réalisant des audits, le CSCEE reste dubitatif. « La formation prévue, notamment pour ce qui concerne le volet pratique, est insuffisante pour leur permettre d’effectuer des diagnostics de qualité ».
Et si le problème venait de la méthode 3CL ?
Le Comité Audit Énergétique a d’ores et déjà intégré ces remarques au futur texte réglementaire. La formation initiale, qui avait été raccourcie à 56 heures, serait de 70 heures minimum. Aux dernières nouvelles, le Comité proposait également d’ajouter un jour de formation continue obligatoire pour bénéficier de la prorogation de 14 mois de l’attestation. Enfin, il hésitait à imposer une assurance décennale. Quand bien même, cela pourrait ne pas contenter le Conseil.
En réalité, on peut les suspecter de déplorer le recours à la méthode 3CL pour tous les audits, y compris ceux adossés à des aides. Primo, les bureaux d’études et autres « auditeurs historiques » tendent à mépriser la 3CL. La TH-C-E ex, qu’ils utilisent depuis des années, leur paraît plus précise. Secundo, cela les force à changer leurs méthodes et leurs logiciels dans le cadre d’audits incitatifs. Tertio et surtout, le marché de l’audit échappe ainsi en partie aux BET et aux architectes.
Certes, ils ont Mon Accompagnateur Rénov’… et encore. L’accompagnateur pourra bientôt solliciter le diagnostiqueur pour la réalisation de l’audit. Manifestement, le CSCEE fait davantage confiance aux auditeurs de longue date qu’aux diagnostiqueurs. Sinon, le vivier de professionnels compétents, prêts à se former, nous l’aurions déjà eu en novembre 2021.
Laisser jaser et réaliser des audits de qualité
Cette attitude est démoralisante pour deux raisons. D’abord, elle se justifie difficilement puisque les bureaux d’études ont aussi subi des critiques. Selon l’UFC-Que-Choisir, les entreprises certifiées RGE OPQIBI ne font « pas mieux que les diagnostiqueurs » en matière d’audit réglementaire. Ensuite, on dirait que rien ne suffirait à donner aux diagnostiqueurs la reconnaissance qu’ils méritent. Les formations et les contrôles augmentent, les sanctions se durcissent, le mépris à leur égard reste intact.
Cependant, qu’importe puisque l’État a fait son choix. Ce sera la méthode 3CL, celle du DPE. Les diagnostiqueurs, qui se forment à son utilisation depuis plus de 15 ans, pourront continuer à réaliser des audits énergétiques s’ils le souhaitent. Tant mieux, car nous sommes convaincus qu’ils sauront prouver leur capacité à effectuer des audits de qualité.
Faire des audits de qualité avec une methode aussi inadaptée va être difficile!
Dans ce cas, il faut critiquer la méthode 3CL conservée par le ministère, et non les compétences des diagnostiqueurs.
Merci encore une fois Cécile pour cet article.
Ça parait fou, le législateur a eu besoin des diagnostiqueurs pour poser les premières briques de la transition énergétique du bâtiment (DPE 2021 et Audit règlementaire). Nous avons porté le discours (même si nous n’étions pas franchement convaincus), nous nous somme formés, puis nous avons accepté l’opposabilité etc etc … et maintenant on ne peut pas réaliser un audit incitatif. Résumons : je peux réaliser un DPE et un audit obligatoire opposables mais pas un audit incitatif, de qui se moque-t-on ! Ça n’a pas de sens !
Par ailleurs, c’est une légende urbaine de penser que dans tous les bureaux d’étude il y a des thermiciens. La plupart qui se sont créés, l’on fait dans le cadre de l’effet d’aubaine de l’audit incitatif Ma Prime Renov et ne sont absolument pas thermiciens ni formés. Il y a bcp d’affairiste dont le modèle économique est sur 3 ans. Et leur audit n’est pas opposable …
Autre point, et pas des moindre, personne ne s’est posé la question de savoir comment faisant les BE pour réaliser des audits énergétiques obligatoires ? Ben en réalité il est impossible qu’ils aient pu le faire dans les règles de l’art. Ils prenaient les fichiers XML (inopérants !) , les intégrer et même s’il voulait compléter le DPE, ils ne pouvaient pas car la note aurait été modifiée et ils ne sont pas habilités à réaliser des DPE.
Personnellement je dis à qui veut l’entendre qu’un bon thermicien à qui on donne 150 E pour faire un DPE, fera exactement le même job qu’un diagnostiqueur : le temps c’est de l’argent … et la réciproque est vraie.
L’autre point débilitant : lorsque je fais un audit, je réponds à un bon de commande de l’état sans avoir le porteur du projet en face de moi (donc j’imagine au mieux un programme de reno dans l’ancien avec des contraintes de budget et mon client qui EST VENDEUR).
Ce matin j’ai fait un audit énergétique obligatoire et j’avais l’acquéreur avec moi (chouette). Malheureusement, il va pouvoir le jeter l’audit énergétique obligatoire et refaire un audit énergétique incitatif (même si à terme il s’agit du même document) car il n’a pas les mêmes contraintes … et si je réponds à la demande du client, ben je ne peux pas répondre à la commande de l’état concernant ce fameux audit énergétiques obligatoire ultra normé. Intéressant non ?
Bref, le problème n’est pas le diagnostiqueur. On l’accuse de la rage pour lui faire endosser les innombrables disfonctionnement des règlementations pondues par ces esprits stériles.
Et pourquoi se gêner … d’autant que notre profession n’est pas franchement défendue et que ce pauvre diagnostiqueur finit par souffrir d’un complexe d’infériorité 😉
A ce rythme, les meilleurs devraient rapidement quitter la profession 😉
Bonne fin de journée
Laetitia
Merci infiniment pour ce témoignage, Laëtitia.
Nous espérons qu’il sera lu par le plus grand nombre.
Vous pourrez bientôt réaliser aussi des audits incitatifs, l’harmonisation est en cours.
En attendant et quoi qu’il en soit, vous avez tout notre soutien.
Bonne journée à vous aussi
Laeticia, tout est dit, merci
Vive le DPE incitatif fait par les diagnostiqueurs à 500€.
MERCI LETITIA pour ces quels que mots.
Suite a l harmonisation des audits, va t il falloir etre RGE pour pouvoir les realiser. je ne vois aucune communication sur ce point. puisqu il y n aura plus qu un seul audit pour la vente et les travaux, va t il falloir etre RGE ?
Non. Le décret définissant le référentiel de compétences des diagnostiqueurs pour la réalisation des audits énergétiques ne prévoit aucune obligation d’être RGE. Il faudra obtenir une extension de certification DPE. Ce décret doit être publié avant la fin de l’année. Les diagnostiqueurs pourront réaliser des audits des maisons individuelles pour la vente et les travaux sans être RGE. Les autres professionnels qualifiés pourront continuer d’intervenir, notamment en logement collectif, en appliquant la méthode 3CL.
pourrons nous diagnostiqueur non rge ou le client beneficier de l aide ma primrenov pour l audit ?
L’audit permettra d’obtenir MaPrimeRénov’, ça c’est certain, c’est déjà acté, il reste juste des éléments administratifs à mettre à jour. En revanche, quant à savoir si l’audit avant vente pourra être financé par MaPrimeRénov’, je n’ai honnêtement rien vu à ce sujet dans les documents de travail auxquels j’ai eu accès.
Peu importe la méthode, 3cl ou th-c-ex
On ne se contente pas de remplir ou sélectionner des cases !
Réaliser un Audit énergétique demande des compétences sur le calcul de l’enveloppe (thermicien), sur les pathologies, sur les systèmes de productions et émetteurs de chaleur, renouvellement d’air, et bien plus.
Proposer un scénario d’amélioration énergétique par exemple avec une pompe à chaleur sans vérifier le régime d’eau, c’est de l’inconscience : soit l’auditeur n’y connait rien, ou bien c’est par mépris.
Installer un pompe à chaleur THT (très haute température) avec un cop qui s’tréfondre à 0° et 60°C de sortie d’eau ! C’est même pas envisageable !
Les prévisionnels annoncés sur les économies d’énergies ne tiendront pas la route, les clients vont se plaindre , voir déposé un référé à l’en contre de l’Auditeur.
On ne improvise pas Auditeur en 2 jours !
Un Auditeur c’est avant tout un Thermicien, technicien bureau d’étude en génie climatique.
Attendons une à deux saison de chauffe pour faire le point à ce sujet.
Chaleureuses salutations (je ne suis un Auditeur)