Joole promet des « DPE rapides, fiables au juste prix » aux particuliers, aux professionnels de l’immobilier et aux diagnostiqueurs. D’ores et déjà, il y a un intrus, car un diagnostic n’a pas à être rapide. Au-delà de ce constat, c’est un beau projet, mais permettez-nous d’être circonspects. Primo, derrière cette société, il y a un spécialiste de la Data Science, Nicolas Laloum, dont l’univers semble éloigné du diagnostic immobilier. Secundo, ses arguments et ses interventions dans la presse nous laissent perplexes.
Fiabilité de l’étude Joole sur les DPE à Paris
M. Laloum, nous avons découvert l’existence de Joole Diagnostics en lisant un article de BFM TV : Joole, cet outil qui veut fiabiliser les DPE. Vous êtes le fondateur de cette société, spécialisée dans les portails Internet, créée le 14 novembre 2023 et qui ne compte aucun salarié. Vous auriez décidé d’agir pour fiabiliser les diagnostics après avoir réalisé une Étude sur la fiabilité des DPE en 2023. Elle vous aurait convaincu. Regardons-la de plus près.
Comme dans beaucoup d’études, on y trouve des pourcentages. Ainsi, « 20 % des DPE réalisés à Paris en 2023 contiennent une erreur sur au moins l’une des données d’entrée ». 20 % sur combien de DPE ? Pour quels types de logements ? Comment ces erreurs ont-elles été identifiées ? Bref, comment évaluer la fiabilité de cette étude ? Vous dîtes seulement avoir comparé les données des DPE aux données publiques sur les chaudières.
Néanmoins, la conclusion de l’étude est crédible, car elle attribue ces erreurs à des facteurs connus de toute personne qui s’intéresse au DPE. D’une part, le propriétaire ne fournit pas les documents nécessaires au diagnostiqueur. D’autre part, la pression concurrentielle, sur le marché du diagnostic immobilier, empêche le technicien de mener une investigation minutieuse. Entre nous, il n’y avait pas besoin de s’intéresser aux chaudières pour faire ces trouvailles. Bref, heureusement, vous avez la solution.
Tarifs des diagnostics et assistance technique
Afin de régler le problème de la pression sur le marché, vous décidez de créer un réseau de diagnostiqueurs. « Pour les particuliers, cela permettra de trouver un diagnostiqueur fiable et certifié et dont les prix ne varieront plus de 200 à 900 euros pour une même prestation. Pour les diagnostiqueurs, cela permettra de pouvoir s’appuyer sur les expertises des uns et des autres. » Des réseaux de diagnostiqueurs existent déjà, mais enfin, un de plus ou un de moins… Le passage sur les prix nous gêne davantage.
Nous ne sommes pas opposés à des tarifs réglementés. À dire vrai, nous n’avons pas d’opinion tranchée. En revanche, la réglementation des tarifs ne doit venir que des pouvoirs publics. De quel droit imposeriez-vous des tarifs standardisés à des diagnostiqueurs indépendants ? D’après votre CV, vous n’êtes ni formé aux diagnostics ni certifié. Vous n’avez aucune connaissance du terrain. En prime, votre site permet aux particuliers, aux agences immobilières, aux notaires, etc., de commander des diagnostics. À votre avis, vont-ils chercher le prix le plus juste ou le moins cher ?
Nous aborderons ultérieurement la question du partage d’expertises. Mis à part ça, vous prétendez fournir aux diagnostiqueurs « une assistance technique pour accélérer vos diagnostics et éliminer le risque d’erreur ». Qui s’en charge et surtout comment ? Vous affirmez aussi : « rendez-vous, collecte de documents, paiement : on s’occupe de tout ! » Est-ce que vous engagez aussi votre responsabilité à la place du diagnostiqueur ?
rôle des propriétaires et qualité de la donnée
Outre le problème de la concurrence, il reste à résoudre celui du manque d’implication des propriétaires, « qui ne sont pas au fait et ne fournissent pas les documents demandés ». Faire de la pédagogie ? Que nenni ! Puisqu’ils ne s’impliquent pas assez, autant les déresponsabiliser totalement. En effet, vous proposez la mise à disposition d’une base de données collaborative gratuite pour pallier la carence d’informations.
En fait, il y a de nombreuses bases de données gratuites sur les bâtiments. Les diagnostiqueurs n’ont pas attendu Joole pour les utiliser. Cependant, elles présentent des limites. D’abord, toutes les informations nécessaires n’y sont pas. Ensuite, à ce jour, elles servent surtout à réaliser des DPE. Or, en réalité, les diagnostics amiante et termites entraînent davantage de litiges. De plus, il faut vérifier la qualité de la donnée, comme nous l’expliquait le co-fondateur de l’ONB, qui fournit aussi un accès gratuit aux données du parc bâti. Enfin, le diagnostiqueur, conscient de sa responsabilité, ne fait pas forcément confiance aux infos transmises par son confrère.
De manière générale, personne ne nie l’intérêt des bases de données pour extraire des informations sur les bâtiments, mieux connaître l’état du parc résidentiel ou tertiaire, suivre son évolution, etc. Mais pour améliorer la fiabilité des DPE, il faut également responsabiliser le propriétaire. Au contraire, vous lui annoncez « des diagnostics sans prise de tête » grâce à des « outils technologiques uniques pour éradiquer les erreurs ». En outre, vous précisez que vos diagnostiqueurs partenaires suivent « la charte de qualité la plus exigeante du marché ». Laquelle ? Son contenu n’est pas public.
fiabilisation du dpe ou casse des prix des diags ?
Bref, vos arguments nous rendent méfiants. Nous craignons qu’en définitive, Joole soit une machine à casser les prix, qui altère l’indépendance du diagnostiqueur. Cependant, M. Nicolas Laloum, si vous acceptez de répondre sans détour aux questions posées dans cet article, nous vous interviewerons volontiers. Comme tout un chacun, nous rêvons de diagnostics pouvant être à la fois rapides, fiables et payés au juste prix.
Il y a malheureusement des bandits partout… et vous faites bien de dénoncer
Laissez tomber, c’est encore un guignol de plus.
Il y en a un dans le genre qui a son siège social à la Banque de France d’Agen (si si j’ai vérifié), c’est du genre « diagnostics malins.com », idem un DPE à 14€, un diag Pb à 28€, avec là aussi une assistance rapide, un diagnostic commandé avant 10h le matin est réalisé dans la journée ….Soit c’est de la com pour se lancer et ça peut marcher si tu as une belle trésorerie d’avance et rapidement tu augmentes tes prix car ce n’est pas viable, soit ce sont des personnes généreuses comme Cresus.
En tout cas ça rend la réalité sur le terrain très compliquée pour qui vient de se lancer, c’est sûr que ce ne sont pas des boîtes qui vont perdurer mais en attendant ça fait du tord à la profession car des particuliers et certains professionnels pensent que l’on se gave.
En l’occurence celui d’Agen affiche les mêmes assureurs et OC que moi….
Le problème de notre profession est que c’est un métier bouche-trou accessible à n’importe qui à l’issue de formations pour le moins légères…
A minima il faudrait un bac + 2 dans le bâtiment avant de pouvoir entrer dans le processus de certification ou un nouveau cursus BTS diagnostiqueur immobilier. En quelques années le métier pourrait être bien apuré.
Quand à monsieur Laloum il fait partie de ces gens que je qualifierais d’opportunidtes aussi malins que nuisibles !