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Étude : les pros de l’immobilier et la rénovation énergétique

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Les échéances de la loi Climat et Résilience obligent les acteurs de l’immobilier à acquérir de nouvelles compétences et donc à se former. Connaissent-ils assez le DPE, le DTG, le PPT, l’audit énergétique et les obligations associées ? Sont-ils aptes à sensibiliser les ménages sur ces sujets ? Disposent-ils d’une offre de formation suffisante pour monter en compétences dans le domaine de la rénovation énergétique ? Tels sont les sujets abordés dans une étude réalisée par le cabinet NOOUS en mars et publiée par l’Ademe ce mois-ci.

Rénovation énergétique et métiers de l’immo

L’Ademe a mandaté NOOUS pour réaliser un État des lieux des formations du secteur de l’immobilier, en lien avec la rénovation énergétique des bâtiments. Qui sont les professionnels du secteur de l’immobilier concernés par cette étude ? En fait, les auteurs distinguent trois familles de métiers directement impactés par l’obligation de rénovation énergétique des logements :

  • transaction immobilière : agents immobiliers, mandataires immobilier, négociateurs…
  • gérance immobilière : administrateurs de biens, syndics de copropriétés…
  • notariat : notaires, assistants juridiques, clercs de notaire.

D’une part, ces professionnels ont conscience des enjeux de la rénovation énergétique, mais la vivent souvent comme une contrainte. En effet, ces enjeux s’opposent à leurs priorités métiers. Par exemple, les agents immobiliers veulent vendre dans les meilleurs délais ; le gestionnaire de biens veut d’abord faire rentrer des biens dans son portefeuille… Autant d’objectifs ralentis voire empêchés par les nouvelles obligations réglementaires.

D’autre part, ils jouent tous un rôle clé dans la massification des travaux de rénovation énergétique. Ils doivent informer et conseiller les ménages (mission des agents immobiliers et des notaires), voire piloter les travaux (pour les syndics entre autres).

Compétences à acquérir et défis communs

L’étude identifie des défis communs aux métiers de la transaction, de la gérance et du notariat :

  • dispositions réglementaires (interdiction de location des passoires thermiques…),
  • crédibilité du DPE auprès du public,
  • coût des travaux et lisibilité des aides à la rénovation énergétique,
  • complexités techniques et patrimoniales des travaux de rénovation,
  • situation économique (crise du marché immobilier, prix de l’énergie…).

Les différents acteurs de l’immobilier doivent donc acquérir de nouvelles compétences. Certaines sont communes, comme « la compréhension et l’interprétation des outils de diagnostics : notamment du DPE (diagnostic de performance énergétique) mais aussi du DTG (diagnostic technique global), du projet de PPT (plan pluriannuel de travaux), de l’audit énergétique, etc. ».

Globalement, les trois familles de métiers doivent maîtriser le cadre juridique de la rénovation énergétique et posséder des connaissances de base en la matière. En revanche, certains besoins de compétences sont spécifiques à leur famille de métier.

métiers transaction : compétences, maturité

L’acquisition d’un logement est le moment idéal pour faire des travaux. C’est là qu’interviennent les métiers de la transaction immobilière. Ils sont « des interlocuteurs idéaux pour instaurer le réflexe de la rénovation énergétique auprès des particuliers acquéreurs ». Ils doivent alors pouvoir :

  • anticiper et maîtriser la notion de valeur verte,
  • intégrer la rénovation énergétique dans l’argumentaire de vente,
  • être capables de dialoguer avec l’acquéreur ou le vendeur à propos des diagnostics,
  • orienter les vendeurs et les acquéreurs dans leurs projets de rénovation (aides, etc.).

« De manière globale, on identifie aujourd’hui des niveaux de maturité insuffisants […] tout particulièrement sur la maîtrise des connaissances de base liées à la rénovation énergétique », constatent les auteurs.

Certes, la loi Alur impose une formation continue aux « transactionnaires ». Celle-ci peut porter sur le domaine technique relatif à l’habitation, la construction, l’urbanisme et la transition énergétique. Cependant, « aucun agrément ni aucune certification n’existe en la matière […]. Il n’y a aujourd’hui pas d’obligation de formation spécifique à la rénovation énergétique ».

gérance immobilière : compétences, maturité

Les gérants immobiliers partagent de nombreux points communs avec les pros de la transaction. D’ailleurs, la loi Hoguet encadre aussi leur activité. En revanche, eux doivent s’assurer de la pérennité et de la longévité du bien. Les syndics et les gérants interviennent également à des moments charnières pour se lancer dans un projet de rénovation : mise en conformité d’un bien pour les uns, changement de locataire pour les autres, etc. Il leur faut notamment :

  • avoir assez de connaissances techniques pour piloter des travaux conséquents,
  • connaître les missions de France Rénov’ et les aides spécifiques aux copropriétés.

« On identifie des niveaux de maturité plus élevés pour cette famille de métiers ». Toutefois, « la mobilisation du collectif en amont du projet ainsi que la connaissance des dispositifs de financements […] restent à développer / renforcer pour les syndics de copropriété ». Ils doivent également travailler sur leur capacité à gérer les conflits et à construire « une relation client ».

Métiers du notariat : compétences, maturité

Le notaire est incontournable lors d’une transaction immobilière puisqu’il est le référent légal pour le particulier. De plus, un notaire sur deux se positionne aussi sur des opérations de négociation immobilière. Ils sont un tiers de confiance pour le particulier, outre leur rôle de conseiller patrimonial vis-à-vis des investisseurs ou bailleurs. Ils doivent impérativement :

  • présenter le rôle et les objectifs du DPE, alerter sur les obligations réglementaires,
  • être capable de vulgariser la réglementation auprès des acquéreurs,
  • connaître l’écosystème de la rénovation énergétique pour orienter les clients.

« Cette famille de métier est marquée par une grande hétérogénéité des niveaux de maturité. Pour les notaires, la rénovation énergétique apparaît, non pas comme un incontournable, mais plutôt comme un sujet de spécialisation. » L’offre de formation à la rénovation est peu développée pour eux.

Améliorer la formation des acteurs de l’immo

L’étude recense 48 formations relatives à la rénovation énergétique pour ces acteurs de l’immobilier. Ce nombre assez faible témoigne du « caractère non prioritaire du sujet pour ces professionnels ». De plus, cette offre cible principalement les métiers de la gérance immobilière. Globalement, les préconisations de NOOUS, qui s’adressent aux acteurs de la formation, aux fédérations et aux branches professionnelles, se divisent en 4 grands axes :

  • Améliorer la visibilité et l’attractivité de l’offre de formation.
  • Diversifier les modalités pédagogiques pour s’adapter aux différents publics et niveaux.
  • Développer et renforcer l’offre de thématiques transversales.
  • Clarifier le positionnement de l’Ademe (elle peut jouer un rôle de facilitateur).

Pour connaître l’ensemble des recommandations, consultez les pages 34 à 45 du rapport final. Les annexes fournissent la méthodologie, les réponses aux questionnaires, les acteurs rencontrés, les offres de formations analysées, etc.

État des lieux des formations du secteur de l’immobilier en lien avec la rénovation énergétique des bâtiments (octobre 2023), téléchargement gratuit sur la Librairie Ademe.

Et les diagnostiqueurs immobiliers ?

On peut s’étonner de l’absence des diagnostiqueurs parmi les acteurs de l’immobilier jouant un rôle clé dans la rénovation énergétique des logements. Ceci s’explique sans doute par leurs connaissances des diagnostics, leur obligation de veille réglementaire et la formation continue obligatoire. De plus, leur rôle consiste d’abord à informer les propriétaires des caractéristiques du bien, même si la réalisation du DPE, de l’audit réglementaire, etc. contribue nécessairement à la réalisation des projets de rénovation.

Le technicien n’a pas non plus pour mission de « former » ses prescripteurs (agents immobiliers, notaires ou syndics). En revanche, de nombreux diagnostiqueurs organisent des moments d’échanges avec les autres professionnels de l’immobilier. Ils peuvent ainsi leur présenter les diagnostics et/ou les évolutions réglementaires. De plus en plus, ils seront aussi amenés à accompagner les ménages vers la rénovation dans le cadre de l’audit énergétique.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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