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Arrêtons de prendre les diagnostiqueurs pour des ânes !

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Il y a des DPE erronés, car n’importe qui peut devenir diagnostiqueur, sans études particulières ni diplôme. Les médias et les associations de consommateurs aiment à le répéter depuis des années. Cette humiliation publique est aussi insupportable qu’injustifiée. Depuis plus de 15 ans, il faut certifier ses compétences pour réaliser des diagnostics. En outre, les prérequis et les obligations de formation n’ont cessé de se renforcer au fil des années. La réforme du dispositif de certification pour le DPE risque même de réduire encore l’accès à ce métier, qui est pourtant d’utilité publique.

Le Canard enchaîné et Libé attaquent les diagnostiqueurs

Dans une brève publiée le 7 juin 2023, le Canard enchaîné citait Libération : « il n’existe pas de cursus d’études spécialisées ou de diplôme pour devenir diagnostiqueur ». Selon le Canard « voici qui est bien pratique et ouvre la porte à toutes les irrégularités ». Le « journaliste » s’appuie sur la trop célèbre enquête de 60 millions de consommateurs. Il conclut : « peut-être ont-ils juste un peu de mal avec les sept premières lettres de l’alphabet ».

D’abord, M. le pigiste anonyme, nous vous invitons à lire notre interview de Bruno Slama : « ll faut informer 60 millions de consommateurs, l’UFC-Que choisir, etc., que la méthode du DPE elle-même peut s’appliquer de différentes manières qui fournissent des résultats différents. » Ensuite, à propos de cette mauvaise blague relative aux études et aux diplômes, par où commencer…

Formation et certification des compétences obligatoires

Au fond, le Canard Enchaîne n’a pas fait preuve d’originalité. Le cliché du diagnostiqueur ignare est très fréquent dans la presse. C’est comique, car en France, l’exercice du journalisme est libre. Il n’est pas obligatoire de suivre une formation, d’avoir un diplôme, ni d’obtenir une carte de presse. Au contraire, le diagnostiqueur a une obligation de compétences. Malgré son absence de formation, un journaliste devrait être capable de comprendre l’annexe III de l’arrêté du 24 décembre 2021.

Outre les prérequis, « Chaque étape du processus de certification participe à la vérification des compétences » théoriques et pratiques. Certaines formations peuvent être critiquées, mais elles sont obligatoires. Cette profession est réglementée et encadrée, contrairement à celle de journaliste pigiste. Le dispositif de certification vient d’ailleurs d’être renforcé par l’arrêté du 20 juillet 2023 en ce qui concerne les DPE. L’objectif est théoriquement de renforcer la qualité de réalisation des DPE.

Mauvaise foi ou ignorance des médias

Bref, prétendre que n’importe qui peut devenir diagnostiqueur du jour au lendemain, c’est faire preuve d’ignorance ou de mauvaise foi. Cette position était défendable avant l’ordonnance n°2005-655 du 8 juin 2005, à l’origine de l’obligation de certification depuis le 1er novembre 2007, sans parler des prérequis exigés à partir de 2012, de la formation obligatoire à compter de 2020, etc. Il serait temps de se mettre à jour. Un professionnel de l’information ne doit-il pas s’assurer de la véracité d’une info avant de la diffuser ?

Quand bien même ce serait vrai, l’argument pourrait être critiqué. D’abord, le métier de diagnostiqueur s’apprend beaucoup sur le terrain. Il en va de même pour nombre de professions, notamment dans le domaine du bâtiment. Ensuite, dans tous les secteurs, des personnes se distinguent par leurs mauvaises pratiques. Il faut essayer de les aider à s’améliorer et sinon, les sanctionner. Dans tous les cas, un diplôme n’est pas synonyme d’attitude professionnelle dans l’exercice du métier. On peut avoir étudié, être diplômé, et être dépourvu de conscience professionnelle. Il y a des marchands de papier, comme il y a des pisse-copies.

Critiques des journalistes et réforme de la certification DPE

L’évolution du dispositif de certification est directement liée aux critiques de la presse consumériste. Malheureusement, celle-ci continuera probablement à prétendre que n’importe qui s’improvise diagnostiqueur. D’abord, cette affirmation était déjà fausse avant la publication de l’arrêté. Ensuite, malgré le renforcement de la formation terrain, le système de surveillance reste similaire. De plus, cette réforme génère des contraintes économiques pour les diagnostiqueurs. Les clients devront accepter de payer plus cher le DPE. Certains refuseront et opteront pour des DPE à bas prix, vite et donc mal réalisés pour compenser la perte financière.

Enfin, il serait temps d’expliquer clairement au grand public que cette profession est essentielle pour la sécurité et la santé de tous les citoyens. La filière a besoin d’une reconnaissance qu’elle mérite incontestablement. Sans une campagne de communication lancée par les pouvoirs publics, les journalistes continueront à colporter des bêtises, induisant ainsi en erreur leur lectorat. Ce manque de considération démotive les diagnostiqueurs sérieux et réduit les vocations, sans améliorer pour autant la qualité de réalisation des diagnostics.

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6 Commentaires

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  1. P
    Pascal 5 septembre 2023 - 12h21

    Bien dit.

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  2. B
    Bruno 5 septembre 2023 - 12h27

    Dans une ère où l’information est devenue plus accessible que jamais, il est déconcertant de constater que certains journalistes persistent à mal informer le public sur des sujets aussi complexes que le diagnostic immobilier. Réduire cette profession sur critiques infondées est non seulement injuste, mais révèle aussi un manque flagrant de compréhension de ce métier.

    Parmi les erreurs récurrentes, la confusion entre énergie primaire et énergie finale revient souvent, engendrant des conclusions erronées sur les performances énergétiques des biens immobiliers. Ce genre de reportages contribue à semer la confusion et l’inquiétude parmi les propriétaires vendeurs, sans apporter de véritable valeur informative.

    Il est essentiel que le journalisme fasse mieux en matière de précision sur la réalité et de rigueur, surtout lorsque sont en jeu des décisions importantes comme l’achat ou la vente d’un bien immobilier et qu’ils arrêtent de dire des sottises dégradantes sur le dos des hommes et des femmes qui exercent ce metier qui permet le maintien d’une économie essentielle tout en assurant la sécurité des biens et des personnes. BRUNO Diagnostiqueur

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  3. J
    Jérôme 8 septembre 2023 - 16h19

    Les articles sur les DPE frauduleux sont beaucoup plus vendeurs que sur des DPE réalisés dans les règles de l’art, qui a envie de lire les bonnes pratiques du diagnostiqueur en matière de DPE, personne. Par contre les mauvaises pratiques font le beurre des « pisse-copies » (j’ai adoré alors je reprends l’expression). A quand des journalistes consciencieux qui iront se former et se certifier en DPE (ils sauront enfin de quoi ils parlent), que la filière du diagnostic puisse enfin sourire un peu quand les premiers DPE de ces journalistes seront édités, et que nous aurons 10 résultats différents de DPE pour dix journalistes/diagnostiqueurs différents. J’attends ce jour avec impatience, mais dans l’attente je vais me permettre de leur suggérer d’investiguer dans les collectivités locales, les communes, les départements, les régions, et l’état, ce qu’il en est de la question amiante et notamment en matière de repérage DTA ou avant travaux. La problématique vient de ressurgir à l’occasion malheureusement des émeutes du début de l’été, ou plusieurs bâtiments dont des groupes scolaires ne peuvent faire l’objet de travaux car remplis de matériaux et produits contenant de l’amiante. Sacré réveil pour les parents d’élèves et les professeurs qui ne se doutaient pas d’une telle quantité d’amiante dans leurs écoles, quid de l’information concernant l’amiante dans ces bâtiments, et ce n’est qu’une réflexion parmi d’autres. Je conseille donc aux journalistes de se pencher sur le sujet en commençant par le rapport d’information du Sénat de 2005, édifiant.

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  4. T
    Tony 21 septembre 2023 - 6h53

    Je suis au bout…
    Cela fais 17 ans que je fais ce métier en suivant l’évolution des réglementations, pas de litige enregistrés, une conscience professionnel qui m’empêche de faire de l’abattage dangereux, et bien messieurs il est temps que je laisse la place au cuistot, peintre et surtout journaliste, en face de qui je me sent humilié à longueur d’année, et oui messieurs dames il fallait avoir 10 ans d’expérience dans le bâtiment il fut un temps maintenant plus besoin 2 mois de formation à distance et hop on est diagnostiqueur!
    Moi je me suis lancé dans l’expertise et je vous laisse la place cette fin d’année demandez au électricien ou plombier ou journaliste de repasser leur diplôme tout les 5 ans pour moi cela fait 4 fois et cela coute les anciens qui ont cette compétence s’en vont tous moi aussi vous aurez ce que vous chercher!

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  5. S
    STEPHANE 21 septembre 2023 - 12h26

    La clique POLITICO MEDIATIQUE qui ne fait pas avancer notre pays mais plutôt l’inverse ferait bien de se remettre en question car les français commencent à comprendre (enfin) qu’ils sont bien manipulé par un gang de crapules (allez voir https://www.youtube.com/watch?v=EveWWX3fB2M&t=2715s)

    Je vous invite (quotidiag) à écrire un droit de réponse à ces charlots de journalistes incompétents.

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  6. A
    Antoine 21 septembre 2023 - 15h26

    Merci

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Article rédigé par Jérôme, l'ambassadeur de Quotidiag
Ancien délégué syndical, dirigeant et fondateur des sociétés Arobiz et Sogexpert. Baigne depuis plus de 15 ans dans l’univers du diagnostic immobilier.

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