Le mathématicien Bruno Slama, dirigeant de BBS Slama, est notamment l’auteur de moteurs de calcul pour les DPE. En mai 2022, son article Nouveau DPE : chronique d’un désastre annoncé, publié sur XPair, avait été très remarqué. Alors qu’une fiabilisation de la réalisation du DPE est en cours et qu’un audit énergétique réglementaire s’annonce, nous avons souhaité recueillir son avis aujourd’hui. Selon lui, au 1er avril 2023, il se passera la même chose, avec l’audit réglementaire, qu’avec le DPE au 1er juillet 2021.
LES DIAGNOSTIQUEURS ONT ÉTÉ CRITIQUÉS PAR 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS, UFC-QUE CHOISIR ET AUTRES MÉDIAS À PROPOS DU DPE, QU’EN PENSEZ-VOUS ?
Il faut informer 60 millions de consommateurs, l’UFC-Que choisir, etc., que la méthode du DPE elle-même peut s’appliquer de différentes manières qui fournissent des résultats différents. C’est dans la nature même de la méthode, selon que l’on utilise les valeurs par défaut ou pas. Il n’est pas du tout impossible d’avoir, sur une même maison, 2 DPE qui respectent la méthode, avec 2 classes d’écart. Le diagnostiqueur est tout à fait autorisé à utiliser les valeurs par défaut.
Je pense même que l’opposabilité du DPE l’incite à les utiliser. Si le diagnostiqueur calcule la valeur du mur, par exemple, il faut qu’il puisse la justifier. S’il utilise la valeur par défaut, il devra seulement justifier l’année de construction. Pour ne pas engager sa responsabilité, il est poussé à prendre des valeurs par défauts.
Tout le monde peut se tromper, mais il ne faut pas tout mettre sur le dos des diagnostiqueurs. Il peut y avoir 2 DPE très bien réalisés, et un écart important entre la valeur par défaut et la valeur calculée. Ce sont pourtant 2 vrais DPE et c’est un réel problème.
Le problème est moindre dans l’habitat social. Les propriétaires connaissent mieux leur bâtiment et les appartements de l’immeuble sont assez similaires. Il est donc beaucoup plus pertinent de faire des calculs précis. Mais l’audit réglementaire, qui va utiliser la méthode DPE, s’appliquera surtout aux maisons individuelles.
VOUS AVEZ REPROCHÉ À LA MÉTHODE DE CALCUL D’ÊTRE GLOBALE ?
Oui, car mettre au point une méthode globale, dans le temps et avec le budget imparti, était une mission impossible.
Dans les méthodes de calcul dites globales, on part des degrés-jours annuels, la quantité de froid ou de chaud sur une année. Ensuite, par rapport au bâtiment, il faut ramener chaque paramètre à une valeur valable tout le temps. C’est extrêmement compliqué.
Par exemple, s’il y a une fenêtre et un balcon dessus, selon le moment de l’année, une partie plus ou moins grande de la fenêtre sera masquée. Avec un calcul annuel, la difficulté consiste à avoir un seul chiffre pour caractériser l’ombrage dû au balcon. En revanche, avec une méthode au pas de temps horaire, il est possible de calculer, de manière à peu près juste, l’ombre portée du balcon sur la fenêtre à chaque heure.
Autrefois, les méthodes annuelles étaient utilisées, car le calcul se faisait de façon manuelle. Les calculs étaient réalisés avec l’aide de règles de calcul qui ont été ensuite remplacées par des calculatrices. C’était inenvisageable de faire 8 760 fois le calcul. Mais en contrepartie, toute une équipe du CSTB travaillait pour savoir comment un paramètre allait être traduit pour obtenir une seule valeur annuelle.
CE TRAVAIL N’A PAS ÉTÉ RÉALISÉ POUR LA MÉTHODE DU DPE ?
Non, le DPE ne s’est pas appuyé sur des recherches importantes. Le DPE a repris, au départ, la méthode de la RT 1988 qui avait été écrite en mobilisant de gros moyens humains. Pour tenir compte des évolutions depuis plus de 30 ans, le ministère s’est essentiellement appuyé sur le travail d’une seule personne, qui n’avait même pas un mi-temps à y consacrer. Cette personne est tout à fait compétente, mais à l’impossible nul n’est tenu.
Il était inévitable que la méthode accumule des faiblesses.
Un exemple. Pour tenir compte de l’inoccupation des logements en journée, le calcul des degrés-heures a été modifié. La base est ramenée à 16 degrés au lieu de 19 degrés sur une partie de la journée. L’idée est intéressante, même si nous aurions aimé avoir des références de travaux attestant de l’efficacité de ce principe. En outre, ce qui pose problème, c’est que la méthode comportait déjà un coefficient d’intermittence pour tenir compte de la baisse de température en journée, et que ce coefficient d’intermittence est toujours présent dans la méthode. Le résultat est que l’intermittence est en fait prise en compte 2 fois.
Autre exemple, la méthode pour calculer la climatisation. On ignore sur quels travaux elle s’appuie. On voit qu’elle a été réalisée par analogie avec le calcul du chauffage. Ça ne peut pas marcher. En climatisation, il faut tenir compte des conditions extrêmes, des apports internes, calculer soigneusement les apports solaires, etc.
Les défauts du DPE auraient pu être tempérés par l’utilisation de travaux européens, car des pays ont continué à travailler avec des méthodes annuelles, mais cela n’a pas été le cas. Au départ, la méthode, basée sur des travaux déjà anciens, n’est pas très bonne, sans être mauvaise. En revanche, pour les parties ajoutées à cette base RT 88, nous sommes proches du n’importe quoi.
CE N’IMPORTE QUOI, C’EST NOTAMMENT LA MÉTHODE D’ÉCHANTILLONNAGE ?
Effectivement. Premièrement, pour calculer efficacement un paramètre d’une population, il faut généralement prendre au moins un millier d’éléments dans l’échantillon, car l’incertitude diminue en fonction de la racine carrée du nombre d’éléments. Deuxièmement, les lois mathématiques ne fonctionnent plus du tout si l’échantillon a moins de 30 éléments. Appliquer, malgré tout, les mêmes calculs pour de petits échantillons, c’est aller vers une incertitude géante.
Or nous pouvons avoir des échantillons de 6-7 logements. On va parler d’échantillonnage, mais il s’agit d’autre chose. C’est, peut-être, la prime aux débrouillards qui sauront faire parler l’échantillon.
Ce qui est curieux, c’est que la méthode commence par une espèce de figure de style. Il est dit que « nous réalisons un échantillon représentatif ». Mais tout est fait, au contraire, pour qu’il ne soit pas représentatif, et tout au plus exhaustif avec tous les types de logements. S’il y a un seul F5 dans l’immeuble, il doit être dans l’échantillon, et son poids sera démesuré par rapport aux autres types de logements.
CETTE MÉTHODE DU DPE N’A PAS ÉTÉ MODIFIÉE DEPUIS ?
En fait, personne ne sait très bien qui est le pilote dans l’avion. En ce qui concerne l’échantillonnage, j’ai écrit plusieurs fois au ministère. Le responsable m’a dit qu’effectivement, ce serait bien d’en discuter, mais ce n’est pas allé plus loin. C’est très difficile de comprendre pourquoi il y a toujours eu cette volonté, de la part du ministère, de ne pas mettre les moyens pour finaliser une méthode et concevoir un outil qui aille avec. Le budget consacré au DPE 2020, sorti en 2021, est ridicule.
À un moment, ils ont dû refaire des DPE parce qu’il y avait trop de logements en F ou en G. Faute de disposer assez tôt de moyens de calcul efficaces, le ministère a fixé les niveaux des classes « au doigt mouillé ». Les classes F et G ont été positionnées beaucoup trop bas par rapport au parc. Pour ne pas se dédire – il aurait été facile de changer les classes – il a prétendu ne pas avoir vu des erreurs dans la méthode.
Mais souvent, il ne s’agissait pas d’erreurs et ils ont au contraire introduit des erreurs pour que le résultat soit meilleur. Après ces changements, le ministère a dit que les DPE les plus mauvais pouvaient être réédités et qu’il financerait cette réédition. Ce qui est surprenant c’est que le budget prévu pour la réédition des DPE était bien supérieur à celui qu’ils avaient mis dans la méthode. Nous marchons parfois sur la tête…
CETTE MÉTHODE EST DONC AUSSI CELLE DE L’AUDIT RÉGLEMENTAIRE ?
Lorsque le coup est mal parti, on le poursuit. La preuve, au moment de faire l’audit, il a été choisi non seulement de continuer à utiliser une méthode annuelle, mais aussi de conserver la méthode DPE. Toutes ses faiblesses étaient pourtant connues. Déjà, dans l’audit, a minima, il faudrait supprimer la possibilité d’utiliser les valeurs par défaut. Or beaucoup d’éditeurs tiennent à ce que leurs logiciels puissent récupérer le DPE déjà fait pour calculer l’audit.
Même en récupérant les données du DPE, l’auditeur doit absolument vérifier, sur place, que le DPE ne comporte pas d’erreur. Il faudrait qu’il puisse sortir de toutes les valeurs par défaut. Et l’important, pour bien rénover, est de savoir quelles sont les caractéristiques des matériaux mis en place. Sauf à se dire que pour éviter de trop se creuser la tête, on va isoler les murs par l’extérieur, changer les fenêtres, mettre une pompe à chaleur et installer une VMC.
Mais encore faut-il savoir ce que cela coûte. Comment les diagnostiqueurs pourront-ils donner le coup des travaux ? Il faut quasiment suivre au jour le jour le prix des matériaux. J’utilise parfois le terme de « t(h)ermiticien » pour le diagnostiqueur, pour désigner celui qui devrait être le spécialiste, entre autres, de la thermique et des termites. Même s’il est très sérieux et très compétent, il lui sera très difficile de prévoir le coût des travaux, et de ce fait de pouvoir évaluer le temps de retour des travaux.
Des confrères avaient demandé si nous allions avoir des bases de données de prix. Effectivement, à une époque, l’Ademe avait fourni des fourchettes de prix. Mais en y réfléchissant, c’est ce qu’il ne faut surtout pas faire. L’important, pour un audit, est d’indiquer à chaque individu combien il va payer lui, et pas combien ça coûte en moyenne en France. Celui qui habite en centre-ville ou au fin fond de la campagne paiera plus cher que celui qui habite juste en périphérie.
VOUS AVIEZ AUSSI CRITIQUÉ LE PROCESSUS D’ÉVALUATION DES LOGICIELS ?
Ce processus d’évaluation a été fait en dépit du bon sens. Nous avions une méthode annuelle, ou au pire mensuelle, qui présente l’avantage, non négligeable, de permettre des calculs à la main. La logique aurait été de produire un certain nombre d’exemples, faits à la main, avec le détail des calculs. Les éditeurs auraient ainsi pu corriger leur logiciel et contribuer à fiabiliser les jeux d’essais. C’est le cas dans certaines normes. La norme est livrée avec des exemples et chacun autoévalue son logiciel en vérifiant que les exemples sont bons. On est là dans un travail collaboratif, pour une démarche qualité.
En fait, rien ne s’est passé de cette manière-là. C’était une souffrance épouvantable. Le processus d’évaluation, qui aurait dû être terminé avant la sortie du DPE, c’est-à-dire en juin 2021, n’est pas fini à ce jour, même si on a avancé. En ce début d’année 2023, nous avons eu des retours, mais le ministère a précisé que nous devions nous-mêmes faire l’amélioration si nécessaire. Ils n’avaient pas les moyens de réengager un nouveau processus pour vérifier. J’ai peur que pour le DPE neuf et le DPE tertiaire, nous restions en évaluation provisoire jusqu’au prochain DPE.
ET OÙ EN EST LE PROCESSUS D’ÉVALUATION POUR L’AUDIT ?
Le bureau d’études Tribu Energie en a la charge, mais je ne suis pas sûr qu’il ait exactement compris quelle va être sa mission.
SUR LE SITE RT-RE BÂTIMENT, IL Y A POURTANT UNE LISTE DE LOGICIELS ?
Oui, mais pour être sur cette liste, il faut simplement s’inscrire auprès du CSTB et payer l’évaluation.
JUSTE PAYER L’ÉVALUATION ?
Eh bien, il vaut mieux avoir quand même un logiciel, sinon cela ne servirait à rien. Comme la méthode de calcul est la même que celle du DPE, il n’y aura pas de nouvelle vérification des calculs pour les logiciels qui font déjà le DPE. Mais en audit, il faut aussi être capable, à partir d’un bâtiment, de faire des variantes pour améliorer successivement sa performance. Le jeu d’essais doit également être compatible avec les façons de faire des différents logiciels. Ceux mandatés pour faire les jeux d’essais ne savent pas forcément comment fonctionnent les différents logiciels. Que pourront-ils évaluer ?
Nous nous sommes inscrits, mais nous n’avons reçu aucun jeu d’essais et nous n’avons pas encore été sollicités.
MAIS ALORS, QUE SE PASSERA-T-IL AU 1ER AVRIL 2023 ?
Il se passera la même chose que pour le DPE au 1er juillet 2021. Nous aurons une évaluation provisoire et chacun essaiera de faire au mieux. Pour le moment, en matière d’évaluation des logiciels d’audits réglementaires, seul le processus administratif est engagé. Nous sommes quand même à moins de 2 mois de l’entrée en vigueur de l’audit énergétique réglementaire. Alors, mettons-nous à rêver que cet article suscite une réaction du ministère. C’est tout le mal que l’on se souhaite.
Quand on se rend compte que les pouvoirs publics à grand renfort de communication appuyant sur l’importance et l’urgence de réformer le DPE n’ont mis que des moyens limités en ne pensant en fait qu’à l’urgence électorale.
Que pouvons nous attendre pour l’Audit réglementaire du 1er avril ? La date a été judicieusement choisie.
Très intéressant
Merci pour cet eclairage
Bizarre ça … Jusqu’à preuve du contraire c’est Tribu Energie depuis 2005 qui a conçu la méthode de calcul (les algorithmes) du DPE .. en tous cas c’est ce qui est écrit dans les documents en ma possession ! Par ailleurs celui qui est présenté comme l’auteur des moteurs de calculs du DPE parle du CSTB qui travaillait sur le calcul de certaines valeurs annuelles, il dit ensuite « le ministère s’est essentiellement appuyé sur le travail d’une seule personne, qui n’avait même pas un mi-temps à y consacrer », ensuite il dénonce une prise en compte double de l’intermittence, ensuite il dit concernant « la méthode pour calculer la climatisation. On ignore sur quels travaux elle s’appuie », un peu plus loin « Au départ, la méthode, basée sur des travaux déjà anciens, n’est pas très bonne, sans être mauvaise. En revanche, pour les parties ajoutées à cette base RT 88, nous sommes proches du n’importe quoi. » … Je ne suis donc pas sûr qu’il soit à la fois l’auteur de ces moteurs et l’auteur de ces réparties … ou alors je loupe qq chose 😉
Quand aux degrés-jours ont les a abandonné au profit des degrés-heures et ils ne sont plus annualisés mais mensualisés (faute de ne pouvoir être journalisés ou horarisés en effet).
Pour la clim il est clair qu’il y a un bug .. il suffit de voir les équivalent en euros du cout de cette climatisation (qq €uros), … ils auraient oublié de multiplier par la surface que cela ne m’étonnerait pas.
Entièrement d’accord avec le grand n’importe quoi de la méthode par échantillonnage et je le félicite de dénoncer haut et fort la réalité que certains ont probablement du mal à croire, à savoir le fait que « Le processus d’évaluation, qui aurait dû être terminé avant la sortie du DPE, c’est-à-dire en juin 2021, n’est pas fini à ce jour, même si on a avancé. En ce début d’année 2023, nous avons eu des retours, mais le ministère a précisé que nous devions nous-mêmes faire l’amélioration si nécessaire. Ils n’avaient pas les moyens de réengager un nouveau processus pour vérifier. J’ai peur que pour le DPE neuf et le DPE tertiaire, nous restions en évaluation provisoire jusqu’au prochain DPE.
En ce qui concerne la dernière version du DPE, Tribu Energie a géré la méthode de calcul. Bruno Slama l’a dit très clairement lors de notre long (et riche) entretien. J’ai malheureusement dû omettre certains passages pour raccourcir l’article. En introduction, nous ne faisions donc pas référence à la méthode de calcul du DPE parue en juillet 2021. Pour le reste, je pense que c’est à l’intéressé de vous répondre s’il le souhaite.
Merci, Pascal, pour ces commentaires toujours pertinents.
J’en parlais jeudi dernier à ErnerJ meeting, avec Bernard Sésolis, ancien gérant de Tribu Energie, qui a rédigé le premier DPE. Il me disait que pour l’essentiel il n’avait fait que rassembler les travaux de la RT 88, réalisés par le CSTB, et les travaux sur les facteurs de forme des bâtiments.
Depuis il n’y a pas eu en France de travaux importants sur les méthodes globales. On peut donc bien dire que la paternité de la méthode se trouve dans des travaux anciens du CSTB. De plus, malheureusement, la dernière méthode du DPE ajoute parfois des incohérences.
Bonjour Pascal,
La phrase d’intro peut prêter à confusion mais il est écrit : « Le mathématicien Bruno Slama, dirigeant de BBS Slama, est notamment l’auteur DE moteurs de calcul pour les DPE ». Comprendre que B. Salma, en tant qu’éditeur, a travaillé à l’implémentation des méthodes DPE dans les logiciels qu’il vend. Il n’est pas l’auteur DU moteur de calcul. D’ailleurs, à ma connaissance, le CSTB n’a pas participé à l’élaboration de la 3CL DPE et n’a produit aucun moteur de calcul.
Je pense que cela lève le voile sur certaines de vos incompréhensions.
Bonjour
Je n’ai rien contre vous, car maintenant chacun sait que les diagnostics énergétiques (y compris les personnes habilitées à faire ces diagnostics) sont entâchés d’une énorme incertitude quant à la réalité de la consommation effective du logement.
Nous avons eu une expérience malheureuse pour la résidence à propos d’une étude faite par une société nationale appelée QCS.
Devant l’aberration des consommations indiquées et des gains annoncés, nous avons fait une étude contradictoire faite par 2 personnes dont on ne peut soupçonner les connaissances scientifiques.
Je ne reviens pas sur l’histoire, mais in fine QCS nous a remboursé son étude fouareuse.
Pour cette contradiction j’ai utilisé un logiciel appelé JCG2 , en confrontant ce logiciel au consommation réelle en kwgaz par an des appartements exploitables (exploitable veut dire appartement occupé toute l’année). Les factures m’ayant été communiquées par les occupants.
Ce logiciel a corroboré les consommations réelles , mais j’ai fait un diagnostic par étage et non pas par appartement.
Quand j’ai vu votre diagnostic qui qualifie l’appartement d’une consommation de 162 kwh/m2/an, je me suis étonné.
Non pas sur le classement en D qui peut se justifier par la consommation en CO2.(je ne sais pas)
Ce qui m’a choqué c’est d’annoncer à un futur locataire qu’il paierait de l’ordre de 750 € pour le chauffage.
Je vous ai communiqué pour l’appartement du dessus de 110 m2 pour l’année 2022 dans des conditions moins favorables d’échange thermique, la facture s’élevait à 948 € pour 2 personnes, chauffage-sanitaire-cuisson, c’est-à-dire pratiquement du même niveau que l’appartement de 43 m2 diagnostiqué en ce qui concerne le chauffage.
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Donc j’ai repris mes calculs pour l’appartement en question avec le même logiciel.
Ce calcul donne, non pas 162 mais 100, ce qui le met à la limite d’être classé B.
Avec une dépense programmée au prix actuel du kw gaz et non pas celui de début 2021 le montant s’élève à 400€ par an pour le chauffage.
Par ailleurs vous estimez que la consommation au m2 est de 162 kwh/m2 qui effectivement le place en classe D.
Le calcul ci-dessous corroboré par les factures me donne 100 kwh/m2.ce qui place l’appartement à la limite de la classe B dont la limite basse est 90.
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L’étude faite il y a 2 ans et corroborée par les factures montrait des dépenses énergétiques par étage suivantes :
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Bien sur je n’ai pas redemandé les factures des occupants, suite à votre étude.
Mais j’ai repris les dépenses en KWh sur une année complète décembre 2021 à décembre 2022 de l’appartement que j’occupe qui s’élève à 928€ pour le chauffage- l’eau chaude et la cuisson, appartement de 110 m2 avec la même chaudière, avec la même surface de baies vitrées de même qualité et un un côté au nord donc complétement défavorable, occupé par 2 personnes.
Si j’enlève 10% pour l’eau chaude et la cuisson on arrive à 827 €, ce qui est la médiane de coût que vous indiquez pour l’appartement de 43 m2.
Si je compte le kwh gaz à 0.09 € (pour cette période) on arrive à une consommation de 827kwh gaz, soit au m2 de 75 kwh/m2.Ceci corrobore l’étude d’il y a 2 ans où j’indiquais que la consommation était de 79 kwh/m2 pour les appartements du troisième étage.
Je pense qu’il y a un petit problème dans les calculs ou le logiciel utilisé.
Ce qui me gêne c’est moins la classification que le coût moyen affiché de 765 € (médiane) avec une base de début 2021 pour le prix du kwh gaz soit au moins de l’ordre de 800 € avec les prix actuels, de quoi faire fuir tout locataire potentiel de France et de Navarre alors que la facture sera de l’ordre de 400€.
Par contre si le logement est classé D pour ses émissions de co2, je ne suis pas compétent pour en juger, je suis prêt à l’admettre, puisque la règle est d’attribuer le classement le plus mauvais entre consommation énergétique et émission de co2.
A vous lire
Jean Plé
Article très intéressant.
Effectivement une des difficultés sera d’estimer au mieux le coût des travaux. Il y a tellement de disparités et de fluctuations de prix !
Bjr, peut être devrait t on effectivement faire suivre et donner des explications à 60 Millions et Que Choisir ?? voire inciter leurs journalistes à aller plus loin et interviewer M. Slama ??
ou peut être même leur proposer un complément de formations !! 😉
Et merci aussi à M.Slama de me renforcer dans l’idée que l’opposabilité du DPE est finalement une fausse bonne idée … même si évidemment cela semblait logique dans un 1er temps
les valeurs par défaut pour se « protéger » plombent les résultats des DPE … et créent des passoires …
Article très intéressant !
Effectivement, inviter les quechoisir et autres à le lire serait bienvenu, afin qu’ils s’en prennent enfin aux bons intéressés, seulement, pour cela, il faut avoir du courage politique, ce dont je doute de la part de ces gens là…
bonjour, Il semble que les audits énergétiques dont le prix est beaucoup plus élevé que celui du DPE, ne vaillent pas mieux que ce dernier.
Un logement a eu 3 audits énergétiques qui non seulement ne disaient pas la même chose, mais en plus un auditeur conseillait comme isolant l’isolant mince réfléchissant qui n’a jamais été considéré comme isolant par le CSTB, mais comme un complément d’isolation. D’ailleurs quelqu’un a fait d’isoler une pièce avec l’isolant mince réfléchissant épaisseur maxi et du polystyrène 5cm d’épaisseur. Il n’y a pas photo, il fait bien meilleur dans la pièce isolée en polystyrène et froid dans l’autre. Les auditeurs ont une formation de quelques jours, et aucun ne loupe l’examen.
Un DPE ou un audit valable devrait distinguer l’isolation des parois, donc la capacité de ralentir considérablement la fuite des calories (et toutes les parois : sol, plafond et murs donnant sur l’extérieur, et indépendamment le chauffage.
On pousse pour les pompes à chaleur, mais ce n’est pas évident pour un logement en copropriété. Et en cas de chauffage collectif, on ne peut rien faire individuellement, il faut que toute la copro soit d’accord.
Et les notations sont tellement sévères (et ne correspondent à rien) que ça décourage même de faire des travaux, car on n’est pas sûr d’avoir une amélioration, surtout avec des renseignements dont il n’est pas toujours tenu compte. Beaucoup de propriétaires jettent l’éponge, et les logements en location commencent à manquer.
Autre chose, lorsqu’on a bien rénové, il y a des abrutis de locataires qui ne trouvent rien de mieux que de boucher complètement les aérations sur fenêtres ce qui ruine le logement. Et le DPE opposable, là je me marre, beaucoup ne savent même pas gérer le chauffage, ferment la moitié des radiateurs en chauffage central car ils ont pris des logements trop grands (65 m2 pour une seule personne), ils ouvrent les fenêtres 2 heures alors qu’ils ont une VMC dont ils ont bouché les entrées d’air…. Il faudrait à un moment être sérieux.
Après avoir lu l’article de Bruno SALMA, je me suis senti comme un touriste perdu dans un labyrinthe de jargon technique. Il est clair que l’auteur a une maîtrise impressionnante de son sujet, mais il aurait peut-être dû fournir une carte pour nous guider. À défaut, je me suis senti comme un pingouin en vacances dans le désert, complètement désemparé. »
« La clarté est la lumière qui guide le lecteur dans le labyrinthe des idées complexes. »
Merci à Bruno pour son exposé très clair et éclairant.
je viens donner le point de vue d’un utilisateur qui vient de faire faire les DPE de 3 immeubles.
Dans chacun des cas le résultat du calcul DPE pour le chauffage est de 30% supérieur à la consommation réelle constatée sur plusieurs années.
– un immeuble moderne d’environ 1000m² mis en service en 2010 bien isolé et équipé d' »une PAC aqua-thermique pour le chauffage et la production ECS
– un immeuble de 1000m² construit en 1930, équipé d’une chaufferie gaz de 2x50KW ne faisant que le chauffage dont la consommation est connue depuis 15 ans ;
– un immeuble de 950m² 1848 équipé avec chauffage électrique ; les compteurs Linky permettent d’approcher assez bien la surconsommation hiver correspondant au chauffage.
Les trois immeubles sont équipés de fenêtres isolantes, VMC et isolation des façades des pièces de vie et je ne vois pas bien comment justifier des investissements à faire sur des bases dramatiquement fausses.
Questions :
– pourquoi les resultats des DPE ne sont ils pas comparés à la réalité des consommations ?
– pourquoi un immeuble chauffé au gaz ou au charbon, producteur de CO², doit il être moins bien isolé qu’un immeuble chauffé à l’électricité ?
Merci