Les articles de presse et autres reportages relatifs aux DPE sont souvent illustrés avec une photo de caméra thermique. Pourtant, à ce jour, aucune caméra thermique n’est requise pour réaliser un DPE ou un audit énergétique. Cet outil peut néanmoins présenter un intérêt, notamment pour les DPE et audits avant travaux MaPrimeRénov’, amenés à augmenter.
Caméra thermique et DPE, c’est facultatif
Malheureusement, les médias parlent souvent du DPE sans savoir de quoi il s’agit précisément. C’est pour cette raison que leurs articles comportent une image de caméra thermique ou infrarouge, voire de machine plomb (parfaitement inutile dans ce contexte). La multiplication des opérations de thermographie aérienne, par des communautés de communes, ajoute à la confusion pour les particuliers. Dans l’imaginaire collectif, la thermographie et la performance énergétique vont forcément de pair.
D’ailleurs, on pourrait aussi citer cette initiative de la CC Loue Brison. Il s’agit de proposer une « mallette énergie » qui « permet de faire soi-même le diagnostic énergétique de son bien ». La CC précise qu’il ne remplace pas un DPE, et pour cause. La mallette contient une caméra thermique et d’autres outils inutiles pour faire un DPE. À titre d’exemple, qu’est-ce que le dosimètre radon vient faire là ? Comment pourrait-il permettre de « mesurer sa consommation d’énergie » ? En réalité, l’information sur la concentration en radon est utile avant des travaux de rénovation. Qu’en est-il de la caméra thermique ?
Caméra thermique et audit réglementaire
L’audit énergétique obligatoire, dans sa version actuelle, n’oblige pas à se servir d’une caméra thermique non plus. En audit incitatif, l’inspection thermique est quelquefois synonyme d’arnaque. Des publicités vendent du rêve aux propriétaires en leur promettant un audit énergétique gratuit basé sur une inspection du logement par thermographie. Non, il est impossible de réaliser un audit énergétique uniquement avec une caméra thermique.
En revanche, cet instrument peut fournir un éclairage complémentaire en matière de déperditions thermiques. À compter d’avril 2024, le contenu de l’audit énergétique inclut d’ailleurs, parmi les exigences relatives aux propositions de travaux de rénovation, « l’atteinte d’un niveau satisfaisant de confort hygrothermique ». En général, dans le cadre des DPE et audits avant travaux, le professionnel peut donc trouver un intérêt à cette technologie… Mais attention, elle présente ses avantages et ses limites.
Atouts et défauts de la thermographie
La caméra thermique, dans un contexte de DPE ou d’audit énergétique, facilite notamment la détection des ponts thermiques avant des travaux d’isolation. Cependant, cette inspection thermographique n’est efficace s’il y a un écart de température suffisant entre l’intérieur et l’extérieur. On comprend donc aisément son intérêt en hiver, mais beaucoup moins son utilité en été, à juste titre.
C’est pour cette raison que le guide DPE du Cerema précise : « les relevés à la caméra thermique, qui ne peuvent pas être réalisés tout au long de l’année sont interdits ». Particuliers, si vous voyez un technicien effectuer un DPE caméra thermique au poing, en pleine canicule, interrogez-vous sur ses compétences. Cela dit, les diagnostiqueurs peuvent toujours l’utiliser. Simplement, les relevés ne justifient pas les données d’entrée du DPE.
Par ailleurs, même si n’importe qui peut acheter ou louer un tel appareil, mieux vaut se former à son utilisation. Dans le cas contraire, le risque d’erreur dans les mesures ou dans l’interprétation des images n’est pas négligeable. Bref, il ne faut l’utiliser qu’en complément des autres investigations de terrain. Sans être un gadget, ce n’est pas la solution miracle avant de rénover une passoire thermique.
Audit, DPE avant travaux et thermographie
Au bout du compte, c’est aux diagnostiqueurs qui réalisent des DPE d’évaluer la pertinence de cet investissement. En soi, chacun peut s’en passer. Néanmoins, les clients qui ont un projet de travaux apprécient ce service. D’une certaine manière, ils ont ainsi des éléments concrets, une preuve illustrative réelle, en plus des calculs conventionnels. Avec la généralisation des DPE et audits associés à MaPrimeRénov’, la demande pourrait augmenter.
Pour les auditeurs, la situation est plus incertaine. Actuellement, dans les textes réglementaires, rien ne les oblige à en acquérir une. À titre d’exemple, le thermomètre laser et l’humidimètre informent aussi de l’inconfort thermique. Dans le même temps, des organismes de formation conseillent déjà aux apprenants d’investir dans cet outil. Il se murmure que la caméra thermique fera bientôt obligatoirement partie de l’attirail de l’auditeur énergétique.
Choix de la caméra thermique et inspections
En l’absence d’obligation réglementaire, chacun décide du matériel nécessaire pour mener à bien sa mission ou se différencier de la concurrence. L’important est de ne pas acheter une caméra thermique haut de gamme pour finalement s’en servir de bibelot sur son bureau. Si vous décidez d’en acquérir une, les principaux critères à prendre en compte sont l’IFOV (Field of view) ou résolution spatiale et la NETD (Noise Equivalent Thermal Difference) ou sensibilité thermique. Enfin, bien évidemment, il convient de comparer ses fonctionnalités et options à l’usage que vous en ferez réellement sur le terrain.
La thermographie est réellement très incomprise. Même par vous dans cet article.
Car elle s’utilise très bien l’été comme l’hiver. C’est à la mi-saison qu’elle fonctionne le moins bien. Et encore que tout dépend de sa précision, des températures réfléchirs et de l’écart de température durant les 12 dernières heures…
Je ne comprends pas non plus votre lien réalisé dans un paragraphe avec l’étude du « confort hygrométrique » ?
Elle affiche la température… émise et réfléchie sous forme de rayonnement. Elle nécessite donc une très bonne connaissance des phénomènes d’émission et de réflexion. Mais elle ne dit pas tout sur les pertes par transmission et encore moins par convection. C’est là qu’intervient l’intelligence de l’analyste et son analyse des réactions du bâti au cours des 12 dernières heures. Par exemple, le pan de mur a-t-il été exposé au soleil avant mon arrivée ?
La lecture est rapidement perturbée par des taux d’humidité différents, des températures de chauffe différentes, des flux d’air différents, des surfaces aux rayonnements différents…
Alors utiliser une caméra pour faire de l’esbroufe et vendre des produits miracles, c’est facile… mais l’utiliser pour déterminer le U d’un mur ou le Ug d’une fenêtre… c’est faisable… mais faut bien maîtriser son sujet et connaître les formules mathématiques qui vont bien…
La thermographie, dans le cadre d’un DPE ou d’un audit énergétique (j’insiste sur ce point, car son usage pour d’autres expertises n’est pas abordé ni remis en question) fait débat au sein des professionnels et nous le savions en publiant cet article.
L’objectif était surtout de dire qu’à ce jour, la caméra thermique n’est pas exigée pour réaliser un DPE ou un audit énergétique obligatoire. Il nous semble important de le rappeler, à force de voir des caméras thermiques illustrer des articles consacrés au DPE, et ce depuis plusieurs années. Idem avec l’audit : toutes ces pubs pour des audits gratuits faits uniquement avec une caméra thermique finissent par exaspérer.
Concernant le paragraphe avec « hygrométrique », c’était bien sûr une coquille. Je reprenais l’arrêté du 29 décembre 2023 qui impose, parmi ces exigences, le « confort hygrothermique ». Je vous remercie de me l’avoir signalée, c’est corrigé.
À propos de son efficacité en été, je cite le Cerema et encore une fois, uniquement dans le cadre d’un DPE. Je n’ai jamais prétendu qu’elle était parfaitement inefficace l’été. Je doute en revanche de son utilité en période de canicule pour réaliser un DPE. Enfin, je précise qu’elle complète très bien d’autres investigations de terrain.
Très surprenant ce commentaire !
Réaliser un DPE ou Audit avec une caméra thermique entre mai et octobre ??? et surtout en juillet et aout !
C’est une arnaque !???