revenir à l'Accueil
Toute l'actualité

Baromètre rénovation énergétique vs politique publique

Partager cet article sur

Deux sondages récents montrent l’intérêt croissant des ménages pour la rénovation énergétique. Ils témoignent aussi d’un déficit d’information vis-à-vis des propriétaires et des locataires, notamment à propos du DPE. De plus, il y a un décalage entre la perception positive des travaux de rénovation et les projets des particuliers. Comparons les résultats de ces enquêtes avec la politique de rénovation énergétique des logements prévue en 2024.

Méconnaissance du DPE

Dans le cadre de la 9e édition du baromètre TEKSIAL réalisé avec OpinionWay, 2 065 personnes ont été interrogées. L’échantillon compte 58 % de propriétaires et 36 % de locataires. Les 6 % restants sont, par exemple, des occupants logés à titre gratuit. La proportion de propriétaires de biens mis en location est sous-représentée (1 %). Au total, en moyenne, 51 % des sondés ignorent l’étiquette DPE de leur logement. Chez les locataires, le chiffre monte à 56 %. La situation est pire dans les logements sociaux où ils sont 72 % à ne pas connaître l’étiquette énergétique.

Pour la 7e édition 2023 du Baromètre Qualitel, 3 414 personnes ont été interrogées. Comme pour le baromètre TEKSIAL « Les Français et la rénovation énergétique », elles sont représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. 48 % des Français déclarent « ne pas connaître ou avoir une vague connaissance de ce qu’est le DPE ». Quand ils savent ce qu’est un diagnostic de performance énergétique, 41 % ne connaissent pas l’étiquette énergétique du logement. Encore plus étonnant, parmi les personnes ayant emménagé depuis moins de 5 ans, 27 % ignorent l’étiquette DPE de leur logement. Sa remise était pourtant déjà obligatoire, à l’achat et à la location, en 2018.

Le DPE en 2024

Pour toute personne qui s’intéresse à l’immobilier, cette méconnaissance du DPE surprend. Ce diagnostic nous semble être au cœur de l’actualité. Cette ignorance est peut-être liée à la manière de présenter le DPE, à savoir une contrainte mensongère pour louer ou vendre un logement, et non un outil pour faire des économies d’énergie. Aucune campagne d’information sur le DPE ne semble prévue. En revanche, d’une part sa méthode de calcul va évoluer, au moins pour ne plus pénaliser les petites surfaces. D’autre part, dès 2024, il sera obligatoire de fournir un DPE à l’entrée d’un parcours de rénovation pour obtenir la prime de transition énergétique. Enfin, le calendrier d’interdiction de location des passoires thermiques contribuera à le mettre en lumière.

Intérêt pour la rénovation énergétique

Selon le baromètre TEKSIAL, 58 % des Français jugent les travaux de rénovation énergétique nécessaires dans leur logement, +7 par rapport à septembre 2022. La question est toutefois un peu orientée. En effet, contrairement aux années précédentes, on leur demande si ces travaux sont nécessaires ou pas « autant pour lutter contre le froid que la canicule ». D’autres arguments auraient peut-être modifié le résultat : économies, valeur verte, lutte contre le réchauffement climatique… Par ailleurs, 51 % des Français n’envisagent pas de faire les travaux qu’ils estiment nécessaires.

Ceci s’explique notamment par le budget qu’ils se disent prêts à investir. Il est en moyenne de 3 816 €, mais 29 % des interrogés y consacreraient au maximum 100 €. D’ailleurs, 58 % des Français sont incapables de citer une seule aide à la rénovation énergétique. MaPrimeRénov’(MPR) est toutefois l’aide la plus populaire, puisqu’ils sont 22 % à la citer. Enfin, ils ne sont que 5 % à envisager une rénovation globale du logement dans les 2 ans à venir. Les occupants s’orientent plutôt vers des travaux isolés : changement des fenêtres, isolation des comble, nouveau système de chauffage…

D’après le baromètre Qualitel, 45 % des propriétaires pensent devoir réaliser des travaux « pour améliorer la performance énergétique ». Cependant, 72 % des Français ne souhaitent pas remplacer leur chaudière au fioul. Parmi les 47 % de propriétaires ayant réalisé des travaux de rénovation énergétiques, on retrouve aussi majoritairement des mono-gestes. Ainsi 26 % d’entre eux se sont contentés de remplacer le système de chauffage, 23 % ont isolé les combles, toitures… Plus inquiétant, 10 % de ces propriétaires n’ont constaté aucune amélioration après les travaux.

2024, en avant les rénovations globales

Les projets de rénovation énergétique des personnes interrogées ne coïncident pas avec les intentions du gouvernement. En effet, ce dernier souhaite réussir 200 000 rénovations globales par an. De plus, l’exécutif veut supprimer 75 % des chaudières au fioul d’ici 2030. Toutefois, la réforme de MaPrimeRénov’ en 2024 débouchera aussi sur sa simplification. Au congrès de l’Anah, le ministre du Logement a confirmé qu’il n’y aurait plus qu’un seul dossier à remplir pour toutes les aides. L’Agence nationale de l’habitat valorisera elle-même les aides au titre des certificats d’économies d’énergie (CEE). Ce montant sera directement intégré dans celui de MPR.

Obstacles aux projets de rénovation énergétique

Les données du sondage TEKSIAL corroborent les précédentes enquêtes sur les freins à la rénovation :

  • moyens financiers pour se lancer (43 %) ;
  • manque d’informations (sur le DPE, les aides financières, etc.) ;
  • complexité des démarches (18 %)
  • incapacité à savoir à qui s’adresser (13 %).

Concernant le manque d’informations, Qualitel met aussi en évidence l’ignorance relative au carnet d’information du logement (CIL). 78 % des Français ne connaissent pas cette obligation. Pourtant, ils aimeraient disposer de certains outils qui existent déjà dans le CIL (suivi de la performance énergétique, données relatives aux équipements, etc.) !

Accompagnement à la rénovation énergétique en 2024

La réforme de MaPrimeRénov’ et l’aide fournie par Mon Accompagnateur Rénov’ peuvent aider à lever certains obstacles. En effet, les démarches seront moins complexes et il n’y aura plus qu’un seul interlocuteur : France Rénov’. Cependant, d’abord cela nécessite de la stabilité. Mieux vaut éviter de modifier MPR tous les 6 mois ou de multiplier les annonces incohérentes. Ensuite, il faudra suffisamment de MAR qualifiés, indépendants et impartiaux. Toutes les entreprises de bricolage et de services en efficacité énergétique se prétendent déjà accompagnateurs. De plus, les subventions ne seront pas forcément à la hauteur du coût réel des travaux. Enfin, il faudra réellement faire un effort de pédagogie et de sensibilisation des ménages.

* Baromètre TEKSIAL / Promee / OpinionWay, 9e édition : Les Français et la rénovation énergétique, présentation des résultats, octobre 2023.

** Baromètre Qualitel, 7e édition : Le logement, grand témoin des nouveaux modes de vie des Français, octobre 2023.

Partager cet article sur

2 Commentaires

Commenter
  1. J
    Jeremy 16 octobre 2023 - 21h44

    En effet faudrait déjà arrêter de changer MPR tous les 6 mois, j’ai appris aujourd’hui que pour 2024 ça n’allait plus être mpr efficacité et performance alors que ca fait deux mois qu’il communique avec ses mots la.. insupportable..

    Répondre
    • Cécile, le moteur de Quotidiag 17 octobre 2023 - 6h17

      Tout à fait. L’absence de ces termes dans le dossier de presse « MaPrimeRénov’ 2024 : accélérons la rénovation énergétique » m’a surprise, même si le principe d’un dispositif scindé en deux reste. Maintenant, il semble y avoir le « parcours accompagné » (pour les rénovations d’ampleur) d’un côté et MaPrimeRénov’ (pour accélérer la sortie des énergies fossiles, sans accompagnement) de l’autre.

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

.
Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

Amiante et maladies professionnelles : décret n°2023-946

Previous article

Le diagnostic obligatoire de la santé des sols

Next article