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Amiante : exposition professionnelle des pompiers classée cancérogène

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Le risque de mésothéliome serait 58% plus élevé chez les pompiers que dans la population générale à cause de l’exposition à l’amiante. C’est l’un des arguments du CICR, agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) spécialisée dans la lutte contre le cancer, pour classer l’exposition professionnelle des pompiers comme cancérogène pour l’homme. Cette décision survient alors que l’année 2022 bat des records en matière d’incendies, en France et dans l’Union européenne.

Exposition professionnelle cancérogène pour l’homme

Le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) réalise des monographies sur l’identification des dangers cancérogènes pour l’homme. 25 experts internationaux se sont récemment réunis à Lyon pour évaluer l’exposition professionnelle des pompiers, sujet du volume 132 des monographies. Ils l’ont classée comme cancérogène pour l’homme (Groupe 1), pour « preuves suffisantes ». Autrement dit, l’exposition à des agents cancérogènes pour l’homme provoque la survenue de cancers chez les pompiers. 

Plus précisément, l’exposition professionnelle est clairement associée à 2 maladies : le mésothéliome et le cancer de la vessie. La première s’expliquerait de manière plausible par une exposition à l’amiante. La seconde serait liée à l’inhalation de substances suspectées cancérigènes pour la vessie (HAP, suie…). Les preuves sont plus limitées pour d’autres cancers (côlon, prostate, testicules, mélanome…).

Sources d’exposition professionnelle pour les pompiers

Les soldats du feu sont exposés à de nombreuses substances dangereuses selon le contexte d’intervention (milieu naturel, urbain, industriel…) :

  • Matériaux de construction, contenant de l’amiante par exemple
  • Produits de combustion (hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP…)
  • Produits chimiques (substances per et polyfluoroalkylées PFAS), etc.

Les pompiers s’exposent par voie cutanée, par inhalation ou par ingestion. La complexité des situations rend difficile la traçabilité des expositions professionnelles. Les experts font aussi un constat inquiétant : le risque d’exposition existe malgré le port d’un EPI (équipement de protection individuelle). Ce phénomène s’expliquerait entre autres par la conception, l’ajustement, l’entretien et la décontamination des EPI.

Risque amiante et maladies professionnelles chez les pompiers

Le risque accru de développer une maladie professionnelle liée à l’amiante, pour les pompiers, est déjà largement documenté. Quelques exemples : le rapport sur les risques sanitaires liés aux expositions professionnelles des sapeurs-pompiers (ANSES, 2019), L’étude sur le risque amiante et les sapeurs-pompiers (SDIS 44, 2019), le dossier sur les pompiers et le risque amiante de l’ANDEVA

Dans un document intitulé « Impacts et prévention des risques relatifs aux fumées d’incendie pour les sapeurs-pompiers » paru en 2017, la caisse nationale de retraite des agents de collectivités locales (CNRACL) constatait ainsi « un fort taux de mésothéliomes induits vraisemblablement par des expositions à l’amiante ». Bref, la littérature scientifique sur le sujet est abondante depuis les années 1990, y compris à l’étranger.

Prévention des expositions aux CRM et à l’amiante

Des efforts ont été fournis ces dernières années pour améliorer la formation au risque amiante et mettre en place un suivi médical post-professionnel, mais sont-ils suffisants ? Selon les prévisions des experts, le réchauffement climatique va entraîner davantage d’incendies extrêmes. Le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et du GRID-Arendal prévoit une augmentation mondiale de 30% des feux incontrôlés d’ici 2050.

Le résumé des évaluations finales du CIRC est accessible en ligne dans la revue The Lancet Oncology. L’évaluation finale détaillée sera publiée en 2023 dans le volume 132 des Monographies du CIRC.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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