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Virginie décide d’être diagnostiqueur au féminin

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Vous connaissez peut-être Virginie Le Quernec. C’était une commerciale Arobiz très populaire. En effet, elle comprenait les diagnostiqueurs et se passionnait pour leur métier. D’ailleurs, elle a décidé de devenir « diagnostiqueur au féminin ». Nous avons souhaité la suivre pendant sa reconversion professionnelle. Aujourd’hui, elle nous raconte le premier chapitre : la prise de décision. Lors de cet entretien, Virginie attendait de savoir si Pôle Emploi financerait sa formation de diagnostiqueur immobilier. Entre-temps, son dossier a été validé.

OÙ EN ES-TU AUJOURD’HUI VIRGINIE ?

J’attends une réponse de Pôle Emploi. Elle va déterminer l’aboutissement ou pas de mon projet. Je suis un peu inquiète. En fait, la fin d’année, c’est une fin de budget pour eux. Au départ, ils voulaient que j’attende janvier pour faire ma demande. J’ai répondu que c’était hors de question, car je raterais la session de formation du 17 janvier. En effet, il faut que le dossier soit validé au minimum 20 jours avant le début de la formation. Malgré tout, j’essaie d’être optimiste…

COMMENT AS-TU PRIS CETTE DÉCISION DE RECONVERSION ?

Pour moi, c’est sans doute ce qui a été le plus long et le plus difficile. D’abord, quand je suis partie d’Arobiz, je devais faire la coupure. Ce n’était pas évident au bout de 4 ans.

Ensuite, j’ai la chance et la malchance de connaître les bons et les mauvais côtés du métier. Je savais donc très bien que je ne pouvais pas prendre cette décision à la légère. Si je m’engageais, c’était pour aller jusqu’au bout.

J’ai mis longtemps à avoir un rendez-vous avec Pôle Emploi, ce qui m’a laissé du temps pour réfléchir. Au fur et à mesure que les jours passaient, j’ai été appelée par d’anciens clients qui pensaient que je travaillais toujours chez Arobiz. En reparlant avec eux de diagnostics, j’ai ressenti un manque énorme, comme avec une drogue. Là, j’ai compris que ça me collait à la peau. Je devais foncer.

QUELLES ONT ÉTÉ LES RÉACTIONS ?

Pour le moment, je ne l’ai pas vraiment divulgué. J’ai un tout petit réseau qui sait que je suis dans les démarches de reconversion. Ces personnes étaient là pour me soutenir. J’ai énormément apprécié leurs conseils. J’avais échangé avec des diagnostiqueurs qui créaient leur société, je les ai vu évoluer. J’ai beaucoup voulu les accompagner, les mettre en relation sur des sujets de formation, d’expérience terrain, etc.

Ok, mon métier premier c’était de vendre des sites Internet, mais je militais pour l’entraide. Maintenant, il y a ce « retour de médaille », même si ça sonne trop prétentieux. J’ai l’énorme chance de pouvoir aborder ce nouveau métier avec un soutien qui m’est vital.

COMMENT S’EST PASSÉ TON RENDEZ-VOUS PÔLE EMPLOI ?

Alors sincèrement, je pense avoir complètement saoulé ma conseillère. Je lui ai parlé de diagnostics pendant une heure en long, en large et en travers. Je n’ai donc pas eu trop de mal à la convaincre de mes convictions et de ma motivation. Elle m’a volontiers aidée dans les démarches, mais je pense qu’elle était contente que je parte de son bureau !

COMMENT AS-TU CHOISI TON CENTRE DE FORMATION ?

Je connaissais déjà de nombreux centres de formation. Mon choix a surtout été dicté par deux critères. Le premier, c’est la manière de voir le métier. Je me trompe peut-être, mais j’ai le sentiment que Yann Vogel (Odi Formation) pense au métier du diagnostiqueur avant de penser à son intérêt de responsable d’un centre de formation. Le second, c’est l’aspect conseils.

À mon avis, quelqu’un qui veut se reconvertir dans ce métier devrait d’abord aller voir un centre de formation avant de se positionner avec Pôle Emploi. En fait, le centre a déjà tous les tenants et les aboutissants pour monter un dossier, notamment en fonction du niveau d’études. Ils savent évaluer approximativement les aptitudes, la facilité à revenir dans une formation, etc. Yann a insisté avec moi sur le fait que je devrai appliquer une méthodologie de travail.

J’ai eu des échanges avec lui par rapport à mon projet. Il m’a expliqué l’essentiel : le process de surveillance, l’investissement du matériel, les assurances, le statut juridique des sociétés, l’étude de marché, le passage ou non des mentions, la machine plomb en sous-traitance ou pas… Je pars avec beaucoup d’informations importantes. J’en avais déjà à titre personnel, mais il m’a donné les lignes importantes du métier. Et puis c’est quelqu’un de pédagogue qui a son franc-parler.

vas-tu CRÉER TON ENTREPRISE DE DIAGNOSTICS ?

En effet, la question se pose : est-ce que je serai salariée ou à mon compte ? Honnêtement, j’ai très envie d’être à mon compte. À l’aube de mes 50 ans, j’ai le souhait de travailler comme je l’entends, avec mes propres convictions. J’aimerais avoir cette liberté, attendue longtemps et que je peux me permettre via ma situation familiale. Et d’un autre côté, je n’écarte pas l’idée d’être salariée.

J’attends que mon dossier soit réellement validé. Quoi qu’il en soit, je vais amorcer le montage de société avant même de commencer la formation. J’ai vu trop de diagnostiqueurs sortir de certif’ et galérer administrativement. Il y en a pour qui ça va très vite, mais pour d’autres ça va prendre un mois et demi, deux mois… Ce temps-là est précieux, surtout au démarrage où il n’y a pas de Kbis, pas d’assurance, etc.

C’est comme lorsque tu passes le permis, tu ne dois pas attendre un mois avant de monter dans une voiture. Bref, j’anticiperai les deux. Yann pense que je devrais être indépendante et je suis assez d’accord. J’ai les compétences commerciales pour la prospection. J’apprendrai la rigueur et la technique tous les jours. Je n’hésiterai pas à me faire encadrer et recadrer au besoin par mon réseau.

D’ailleurs, c’est mon point fort, que je dois à Arobiz finalement : avoir un tel réseau. Je sais à quel point les diagnostiqueurs débutants, qui sortent de certif’, peuvent avoir besoin d’aide sans en trouver, par peur de la concurrence ou autre. J’ai cette vraie chance là. Pour en revenir à ma prise de décision, il y a eu l’encadrement de Yann Vogel et mon immersion terrain.

UNE IMMERSION TERRAIN AVANT MÊME DE SE FORMER ?

Oui, pour moi, c’était vital l’immersion terrain, et c’est une des rares choses intelligentes que Pôle Emploi impose. Ils obligent à faire une immersion terrain, mais pas dans la durée bizarrement. Tu peux faire 2 jours ou 1 mois, c’est toi qui décides. C’est vraiment bien, car il n’y a que comme ça que tu peux te rendre compte de la réalité du métier.

Jusqu’à cette immersion terrain, je n’avais que des échanges au téléphone à propos du « vécu » des diagnostiqueurs sur le terrain. Mais dans la réalité, c’est magique. Là, j’ai vraiment pu me dire : oui, c’est ça que je veux faire. Je pense que l’immersion terrain doit durer au minimum une semaine.

OÙ ET AVEC QUI AS-TU FAIT CETTE IMMERSION ?

J’ai eu la chance de pouvoir aller à Toulouse. Maintenant, je mets en garde quelqu’un qui, comme moi, serait Pôle Emploi. Il n’y a pas de prise en charge pour les frais d’hébergement, les frais de transport, etc., dès que tu gagnes plus de 31,50 euros et des brouettes par jour.

Heureusement, j’avais la chance de pouvoir me faire plaisir. J’avais déjà des affinités avec Ludovic Subercaze (Sud Diagnostics). C’était un client Arobiz dont je m’étais occupé, de mémoire, en août 2020. Il démarrait et il ne partait de rien. Aujourd’hui, après trois ans, il cartonne.

Et puis, il a été super formateur avec moi. Il m’expliquait tout ce qu’il faisait, il me faisait part de ses certitudes et de ses doutes. Même après trois ans, il a toujours des doutes. C’est inévitable, car les cas de figure ne sont jamais les mêmes. Ludovic encadre régulièrement des immersions terrain et franchement c’est top ! Il faudrait plus de diagnostiqueurs comme lui.

QU’AS-TU APPRIS DE CETTE EXPÉRIENCE TERRAIN ?

Je vivais chaque rendez-vous comme une nouvelle aventure. Quand tu vas dans un bien, tu dois le découvrir et ne rien oublier. C’est pour ça que Ludo est toujours en mode croquis. Il ne rédige jamais directement sur la tablette. Je prévois de faire pareil, parce qu’au moins, grâce à ton croquis, tu peux savoir si tu as oublié ou non quelque chose.

Cette immersion m’a donc aussi donné des petites billes, des choses que j’ai adorées, d’autres que j’ai moins aimées… Je suis convaincue que dans chaque métier, il faut se correspondre à soi quand on fait quelque chose. Évidemment, je veux dire qu’il faut se correspondre en appliquant les règles. Je ne vais pas inventer un métrage ! Parfois j’avoue que j’aimerais bien, car dans une maison complètement atypique, c’est compliqué.

La veille du départ, j’ai fait un resto avec une autre ancienne cliente, Alaïs Descuns (AD Diagnostic immobilier Sud Ouest). En fait, elle et Ludovic travaillent beaucoup ensemble. C’était très intéressant de les voir discuter sur leurs divergences pour essayer de trouver la bonne réponse. Je voudrais aussi travailler de cette manière. Je n’ai pas envie de me retrouver dans mon coin. Là, J’aborde le programme de formation, les diverses étapes qui mènent à la certification. J’ai déjà demandé à réserver ma chambre dans le gîte accolé au centre.

as-tu envisagé UNE FORMATION EN DISTANCIEL ?

Non, pour moi, il était hors de question de la faire en distanciel. J’en ai même parlé à Pôle Emploi. Je leur ai dit que selon moi, c’était de la folie de faire une formation initiale en distanciel. Les recertifs’, c’est autre chose. Après, pour quelqu’un qui est dans le bâtiment, qui a déjà toute cette maîtrise des matériaux, qui est salarié, qui ne veut pas ou ne peut pas lâcher son boulot, pourquoi pas, mais c’est l’exception.

QUELLES SONT LES PROCHAINES ÉTAPES ?

Si tout va bien, je débute le 17 janvier. Et ce sera fini avant les RVDI (Rendez-vous du Diag’immo) ! Par ailleurs, dans mon réseau, j’ai des copines qui font du diagnostic, salariées puis à leur compte, débutantes ou expérimentées. En discutant avec elles, j’ai constaté qu’elles travaillent dans un même état d’esprit où la rigueur prime. Alors, ce n’est encore qu’un projet, mais j’aimerais bien créer un groupe Facebook ou autre « Diagnostiqueurs au féminin ».

COMMENT TU TE PROJETTES DANS CE MÉTIER ?

Je pense que je m’installerai plutôt en zone rurale. J’ai aussi des combats personnels, notamment pour le locatif. J’en ai marre de louer des biens, pour moi ou mes enfants, où il faut pleurnicher pour avoir le DPE. Évidemment, je commencerai par développer mon activité, mais c’est mon cheval de bataille. Ça et les risques sanitaires (électrique, gaz, etc.). Mais bon, ce sont des petits projets.

Je sais que je suis au tout début de ce que je vais apprendre. En même temps, je suis sûre que ce métier rejoint mes qualités professionnelles et personnelles. Il y a tout ce relationnel qui est très important. Tu dois toujours avoir un discours de transparence. Il y a aussi la rigueur et l’investissement. En fait, ça regroupe tout ce que j’ai envie de faire au quotidien.

En revanche, il faudra que j’apprenne à prioriser le diagnostic. Par exemple, en immersion terrain, j’ai vu une jeune retraitée, locataire. Elle nous a accueillis avec toute sa gentillesse et elle avait tellement besoin de parler… J’aurais été capable de rester toute la journée à l’écouter. Bon, j’ai décidé de ne pas être dans le volume, mais il y aura un juste milieu à trouver. En tout cas, je vis une très belle expérience.

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7 Commentaires

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  1. S
    Sophie 1 décembre 2023 - 12h20

    Diagnostiqueur au féminin … kesako ??
    C’est une invention ?
    Juste pour info, même si nous ne sommes pas nombreuses nous existons déjà et pour certaines, dont moi, y sommes depuis 1996 et les premiers textes sur la recherche d’amiante.
    Plutôt que d’essayer d’être « diagnostiqueur au féminin », j’aime mieux l’idée de devenir « opératrice de diagnostics immobiliers »…
    En tout cas bon courage à Valérie, à la fois pour ses échanges avec Pôle Emploi et pour son apprentissage.
    Je lui souhaite tout le bonheur et la réussite possibles, dans ses futures fonction de « diagnostiqueur immobilier tout court » ce sera bien déjà.

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    • Cécile, le moteur de Quotidiag 1 décembre 2023 - 12h22

      Elle n’aime pas dire « diagnostiqueuse », peut-être n’est-ce qu’une question d’habitude. Comme oralement, elle m’a dit « je préfère dire diagnostiqueur au féminin », j’ai repris l’expression. Justement, elle sait que vous existez et c’est pour cela qu’elle envisage de créer un groupe Facebook ou autre dédié, comme elle le dit dans l’interview.
      Soit dit en passant, vous pouvez retrouver, dans les archives de Quotidiag, des interviews de diagnostiqueuses (car elles se sont désignées ainsi). L’un de nos premiers articles publiés s’intitulait « vive la féminisation du diag » et nous utilisions d’ailleurs l’expression « opératrice en diagnostic immobilier ».
      Merci pour elle ! 🙂

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  2. L
    Laurent 1 décembre 2023 - 12h58

    tu t’es renseigné avec la région il donne une aide pour financer ta reconversion, il faut faire un dossier après si tu as un bon conseiller pôle emploi il financera le reste pour moi sa a marché mais je te souhaite une bonne chance pour la suite…

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  3. L
    Luc 1 décembre 2023 - 13h47

    Bonne chance . A 75 ans, après 12 années de certifications, je quitte ce métier qui n’en est pas un puisque, validité limitée des certifications , on estime qu’au bout de ce temps , on ne sait rien et on doit tout recommencer, par la faute de l’Etat incapable de créer une véritable profession avec un diplôme, type BTS et qui nous oblige à dépendre de ces pompes à fric que sont les organismes de certification.
    Dommage

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  4. O
    Ouaiba 1 décembre 2023 - 13h50

    Oh la la c est top Virginie on a a échangé au tel très longtemps quand tu étais encore chez Arobiz .
    Et moi je commençais a peine dans le métier. Tu m as donné pleins de conseils.
    J adore diagnostiqueur au féminin.
    Je te souhaite pleins de bonne choses je suis pas inquiète tu vas y arriver.
    J attend le création du groupe Fb très bonne idée

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  5. S
    Sylvain 3 décembre 2023 - 20h44

    Salut Virginie, quel plaisir de savoir que tu souhaites faire parti de l’aventure… La dernière fois que nous nous sommes parlé, tu étais toujours chez Arobiz et tu t’étais sacrément investi pour me faire connaître d’autres entrepreneurs ayant réussi !
    Je te souhaite tout le meilleur

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  6. J
    Jean Pierre 18 décembre 2023 - 8h04

    Je souhaite réussite à Virginie qui est très courageuse et bien encadrée. C’est un métier passionnant même si au bout d’un moment on fait un toujours les mêmes choses mais nous rencontrons de nouvelles personnes chaque jour. Je retiens l’idée du croquis, pas con. Je retiens également le commentaire sur les recertifications, la formation plus les certifications, et recertifictaions, la somme est colossale au bout de 10 ans.
    Bon courage à tous.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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