revenir à l'Accueil
Toute l'actualitéEntretiens

Olivier et Sandra : diagnostiqueurs, amoureux et concurrents

Partager cet article sur

Sandra Berlet et Olivier Charbonnier sont diagnostiqueurs, amoureux et concurrents. Sandra gère le cabinet Berlet DEFIM Besançon, Olivier le cabinet AGENDA Diagnostics Doubs Ouest. Ils font donc partie de deux franchises différentes sur un territoire commun. L’un a 15 ans d’expérience, l’autre est dans sa première année d’activité solo. Leur situation hors du commun nous a intrigués, alors nous les avons contactés. Ils ont gentiment accepté de nous raconter leur quotidien de « diagnosticœur avec un cœur à la fin ».

La rencontre dans un cabinet de diagnostics

Sandra a d’abord travaillé chez Olivier en tant que salariée, après avoir été salariée dans un bureau d’étude thermique. C’est là qu’est née leur histoire d’amour. Cependant, dès le départ, elle lui avait annoncé son intention de créer sa propre société, après avoir acquis de l’expérience terrain. « Sincèrement, je pense que le côté terrain, avant de se lancer à son compte, est essentiel. Je me demande comment on peut se lancer seul, en sortant de formation, sans expérience terrain. Ce doit être très dur, même si je sais que certains le font. »

Après une année au sein du Cabinet AGENDA Diagnostics Doubs Ouest, Sandra a donc créé sa propre société, le Cabinet Berlet avec la franchise DEFIM. Pourquoi ne pas avoir pris la même franchise ? « Je m’étais renseignée, mais elle était déjà prise sur mon territoire d’origine, et Besançon est trop petite pour avoir plusieurs cabinets AGENDA Diagnostics ». Et pourquoi ne pas former un cabinet de diagnostics à deux ? « Olivier n’a pas voulu qu’on s’associe, alors je lui ai annoncé : OK, je te ferai concurrence ! », dit-elle avec un grand sourire. Ensuite, elle relativise « il est là depuis 15 ans, il est connu… »

Quitter AGENDA Diagnostics et se lancer à son compte

Voir partir sa salariée, ce n’est pas forcément évident. « Il a mis une semaine à digérer ma décision, mais il s’en est remis. La preuve, il ne m’a pas quittée ! », nous rassure-t-elle en riant. Ce départ s’est fait à l’entrée en vigueur de l’audit énergétique réglementaire, ce qui a eu des conséquences ambivalentes. En effet, Olivier était alors le seul diagnostiqueur de son secteur à réaliser des audits énergétiques. « J’avais une charge de travail très importante », souligne-t-il.

Dans le même temps, c’est aussi ce qui a permis à Sandra de se lancer. Olivier a basculé une grande partie de ses diagnostics chez Sandra. « Elle était à son compte, sous sa franchise, mais elle connaissait mon logiciel, ma façon de travailler, elle intervenait en sous-traitance. » Ainsi, il lui a été possible de développer son chiffre, sans qu’Olivier perde sa clientèle. Au 1er avril 2024, Sandra fêtera sa première année d’activité en indépendante. Cela fera donc un an que les amoureux sont aussi des concurrents sur le même secteur géographique.

Gérer la concurrence professionnelle

Pour Sandra, il n’y a pas réellement de concurrence dans le sens où Olivier est implanté à Besançon depuis beaucoup plus longtemps qu’elle. Il a donc déjà sa clientèle et son réseau. Ce dernier émet davantage de réserves. « La concurrence, ce n’est pas trop contraignant, mais un peu quand même. Le marché est vaste et il y a assez de professionnels de l’immobilier pour que l’on ne se marche pas dessus ce qui serait, de plus, non constructif. Par ailleurs, nous veillons à ne pas « chasser » sur le territoire de l’autre.

 Néanmoins, ça reste compliqué. Il y a des partenaires qui travaillent avec moi depuis plusieurs années. Avant, si je leur avais demandé d’attendre 15 jours, ils l’auraient fait. Maintenant, au lieu de patienter, certains vont se diriger vers Sandra puisque son emploi du temps est plus allégé que le mien. »

Cependant, Olivier propose un éventail de prestations plus large. « Je fais aussi tout ce qui est DTG (diagnostic technique global), mise en copropriété… » Par conséquent, Sandra lui transmet les demandes qu’elle ne peut pas encore gérer, donc ça s’équilibre malgré tout.

Son compagnon confirme que petit à petit, elle développe son propre réseau avec des personnes qui n’étaient pas ses partenaires à lui. En résumé, « On s’entend très bien, mais on reste concurrents. » Chacun a également son caractère et sa propre manière d’appréhender les diagnostics. Ils sont complémentaires, sans pour autant être toujours en accord sur tout. Leurs différences sont aussi liées à leur ancienneté professionnelle.

Deux regards sur le diagnostic immobilier

Quand on leur demande quel est leur diagnostic préféré, tous deux citent le DPE, mais pas pour les mêmes raisons. En effet, Olivier a vu le diagnostic immobilier se professionnaliser au fil des années, notamment grâce au DPE. « C’est celui qui peut apporter le plus de valorisation à notre métier, de lumière. Le DPE a toujours été opposable, malgré ce que tout le monde pense, mais maintenant, il a plus de poids… J’ai commencé il y a 15 ans. À l’époque, même si les diagnostics avaient le mérite d’être là, tout le monde s’en fichait. Aujourd’hui, le diagnostic a un vrai poids dans la transaction, dans la négociation et dans la recherche des gens d’un bien. »

Cette expérience est également importante pour Sandra. « Quand j’ai des questions techniques, mon premier référent est forcément Olivier, même si j’ai un service technique. On échange énormément. » Chacun perçoit ainsi différemment le marché. Se faire sa place la première année, c’est difficile. L’une craint de ne pas avoir de travail, quand l’autre se sent assez souvent débordé, même s’ils redoutent tous deux la crise immobilière.

Cela crée parfois des difficultés au sein du couple, tout en ayant des retombées positives pour l’un et l’autre. Si Olivier est surbooké, il peut faire appel à Sandra sans perdre réellement sa clientèle. Tous leurs partenaires savent qu’ils sont en couple.

Vie de couple entre diagnosticœurs

Est-ce qu’ils arrivent à ne pas parler uniquement de travail dans leur vie quotidienne ? Oui, ou du moins, ils essaient. C’est une profession très prenante, « 14 heures de travail par jour ». Cependant, « je trouve formidable qu’il soit diagnostiqueur, car qui aimerait avoir un conjoint ou une conjointe qui travaille autant ? », nous dit Sandra. En l’occurrence, aucun des deux ne peut reprocher à l’autre de travailler trop, puisqu’ils ont le même rythme.

« Dans la journée, on va chacun sur le terrain. Le soir, nous sommes côte à côte devant nos ordinateurs à rédiger, et puis au milieu il y a Netflix ou autre. C’est notre soirée de diagnosticœur avec un cœur à la fin. Finalement, on fait tout en commun. » On ressent d’ailleurs, en leur parlant, l’étendue de leurs différences, mais aussi de leur complicité. En définitive, chacun semble trouver son équilibre dans ces circonstances quelque peu inhabituelles.

Et après ? Si Sandra est très occupée à prendre son élan pour développer son activité, elle nourrit quand même un projet professionnel. « Ma fille est aussi dans le diagnostic, salariée. À terme, j’aimerais réussir à développer assez mon activité pour que nous soyons deux. J’étais la première femme, depuis des années, à me lancer dans le diagnostic sur Besançon. J’aimerais bien qu’elle vienne me retrouver. Décidément, ça commence à devenir une affaire de famille ! ».

Partager cet article sur

2 Commentaires

Commenter
  1. W
    William 14 février 2024 - 15h50

    J’ai eu l’occasion de les rencontrer avant qu’elle fasse le choix de l’indépendance. C’est un très beau couple !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

.
Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

Seuils des DPE de moins de 40 m² sur l’Observatoire DPE-AUDIT

Previous article

Contenu du projet d’arrêté DPE des petites surfaces

Next article