Faut-il être certifié pour ouvrir une boîte de diags ?

La certification est obligatoire pour réaliser des diagnostics. Cependant, est-elle nécessaire pour créer et développer une boîte de diags ? Non, car un technicien peut avoir pour patron une personne inconnue dans l’annuaire des diagnostiqueurs immobiliers certifiés. Doit-on le déplorer ?

Pourquoi exiger un chef d’entreprise certifié ?

Le technicien doit se former, passer ses certifications, bref prouver ses compétences avant d’intervenir sur le terrain. La certification de personnes ne concerne que l’opérateur qui réalise les diagnostics, lequel engage sa  responsabilité couverte par son assurance. En cas de litige, il assume les conséquences et doit être sanctionné. Mais pour diriger une entreprise de diagnostics, il suffit de disposer d’une assurance RC Pro suffisante (500 k€ par an, 300 k€ par sinistre) et de faire travailler des techniciens certifiés.

Cependant, le lien de subordination oblige le diagnostiqueur salarié à obéir à son patron. Or ce dernier risque d’être plus motivé par son chiffre d’affaires que par la qualité des diagnostics. Cette situation pourrait rendre la notion de responsabilité juridique incohérente, et encourager les « marchands de papier ». Dans le jargon, le marchand de papier, affairiste, se rapproche du « margoulin ». Il veut du volume et de l’argent, quitte à prendre des libertés avec la réglementation.

Boîtes de diags et certification

Certains gros groupes ont des dirigeants non certifiés. Comme par hasard, ils réclament parfois la mise en place d’une certification d’entreprise. C’est aussi dans ces structures que des usurpations de certifications ont été constatées. (Forcément, c’est plus difficile pour un diagnostiqueur solo d’usurper une certif’ !). L’exemple des faux DPE, réalisés dans l’agence Bureau Veritas Exploitation à Narbonne, justifie déjà de mener ce débat. En effet, son gérant n’est pas recensé dans l’annuaire des diagnostiqueurs certifiés. Il est d’ailleurs toujours le président de la société.

Toutefois, en réalité, de nombreuses boîtes de diags sont gérées par des diagnostiqueurs ou d’anciens diagnostiqueurs. Certains patrons ont renoncé à renouveler leurs certifications. Ils les ont néanmoins obtenues par le passé. De plus, un individu peut être un excellent dirigeant d’entreprise sans avoir à réaliser des diagnostics sur le terrain. Et pour diverses raisons, un diagnostiqueur intègre et compétent ne désire pas pour autant être son propre patron.

Une vision caricaturale du patron ?

Des diagnostiqueurs essaient actuellement de tirer la filière vers le haut, alors qu’elle se fait sans cesse attaquer. Parmi eux, Patrick Gombaud a cherché des solutions. Dans un document, encore en cours d’élaboration, il émet plusieurs propositions destinées aux députés. Il souhaite notamment empêcher toute personne non certifiée de proposer et de vendre du diagnostic. En outre, selon lui, « il ne doit y avoir AUCUN lien de subordination susceptible d’influencer [l]es conclusions » de l’opérateur. L’intention est louable et défendable, mais aussi discutable.

Cette vision d’un employeur qui chercherait systématiquement à engranger un maximum d’argent nous semble caricaturale. L’appât du gain, humain, ne concerne pas uniquement les patrons des grosses sociétés. En revanche, il nous semble judicieux de réfléchir à l’étendue de la responsabilité juridique de chacun. Nous sommes également plutôt opposés à la certification d’entreprise, susceptible d’augmenter les abus de pouvoir.

Par ailleurs, nous soutiendrons toujours les diagnostiqueurs qui proposent, débattent et agissent pour la profession. En effet, comme nous l’a autrefois dit Olivier Jourdan, diagnostiqueur certifié et formateur : « nous sommes tous acteurs de la notoriété de ce métier ».