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Du secteur bancaire au diagnostic, une reconversion atypique

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Yann TACUSSEL et Youssef N’AIT DRISS ont quitté le secteur bancaire pour devenir diagnostiqueurs. Leur société, DIAG YSY, existe depuis un peu plus d’un an. Rencontre avec deux professionnels complémentaires et fiers de ce qu’ils ont déjà accompli.

De la banque au diagnostic immobilier

YOUSSEF : J’étais conseiller particulier à la Caisse d’Épargne. Je travaillais dans la même agence que Yann. Nous étions arrivés à un tournant professionnel, à une réflexion sur nos métiers respectifs. Il y avait une évolution du secteur bancaire qui nous convenait de moins en moins. On voulait s’orienter vers l’entreprenariat, et le métier de diagnostiqueur est venu à nous.

Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait tout ce que nous aimions dans la banque : la relation client et avec les prescripteurs, le devoir de conseil… Nous avions trouvé notre nouveau métier ! Il a donc fallu se réorienter complètement et se reformer de nouveau. Nous avons donc appris le métier de A à Z. Et ça n’a pas toujours été simple, n’étant pas du bâtiment, mais nous y sommes parvenus

YANN : J’ai passé 17 ans dans la banque dont les 12 dernières années en tant que directeur d’agence. Comme l’a dit Youssef, à un moment donné, la situation a changé. Nous avions peu de temps à consacrer aux clients pour des raisons de productivité. Tout cela ne nous plaisait plus, alors nous avons décidé de faire autre chose. Ce n’était pas évident. Quand on a des avantages acquis, une sécurité de l’emploi, l’envie de se remettre en question n’est pas forcément naturelle.

La relation client nous plaisait beaucoup, et nous avions déjà un réseau. Les gens nous appréciaient en tant que banquiers, pourquoi serait-ce différent avec un autre métier ? Et puis l’un des aspects essentiels, pour les diagnostiqueurs, c’est la rigueur et la réglementation. Ce cadre réglementaire nous concernait déjà à la banque. Nous n’étions donc pas inquiets en choisissant l’un des métiers les plus réglementés. Restait à se lancer, Youssef avait déjà été entrepreneur mais ne voulait pas se lancer seul. Moi non plus, je ne l’aurais pas fait. Mais à plusieurs c’était une autre vision.

Une complémentarité essentielle

YANN : Sans Youssef, on ne peut pas travailler. D’un point de vue administratif, comptable, informatique et technique, il règle en trois minutes des problèmes que j’aurais mis deux jours à régler. Même un logiciel très simple, comme Liciel, nécessite un travail de mise à jour et de compréhension. Moi, je gère la partie réseau commercial. Nous sommes très complémentaires.

YOUSSEF : Je trouve que nous formons un très bon duo. Yann est un excellent commercial et une personne digne de confiance. Il arrive très bien à fédérer et à fidéliser. Moi, je me contente de mettre en place des outils pour réaliser des diags en toute sérénité.

YANN : En fait, nous sommes tous les deux conscients de ce que l’autre fait. Chacun accorde à l’autre le temps dont il a besoin. On se dépanne quand on peu. S’il y en a un qui est en galère sur un diag, l’autre arrive. Nous sommes vraiment dans le même bateau et tout le travail se fait à deux.

Nous avons toutes les certifications, PCR, SS4. Youssef a aussi les mentions amiante et DPE. Je les passerai peut-être plus tard, selon la demande. Nous pouvons donc aller, lui ou moi, sur n’importe quel chantier.

Rien ne nous a arrêté, au contraire

YANN : On a pris la décision une semaine après le tout premier confinement de mars 2020. C’est là que nous avons fait les démarches pour quitter la Caisse d’Épargne. Ensuite, c’est vrai, on a eu la foi. On croit beaucoup aux signes. À chaque fois qu’une décision a été prise, c’était la bonne. Au moindre doute, quelque chose de positif nous poussait à continuer. Par exemple, nous redoutions de devoir suivre une formation en distanciel et finalement, il y a eu un créneau en présentiel. Les exemples comme celui-ci se sont multipliés et nous ont toujours poussé à continuer.

YOUSSEF : Rien ne nous a fait douter et, au contraire, le Covid nous a permis de prendre notre temps pour choisir nos partenaires, construire au mieux notre business plan, etc. La crise nous a permis, d’une certaine manière, d’être plus sereins. Finalement, nous avons réellement débuté lorsque la crise était derrière nous.

YANN : Quand nous avons commencé à travailler, la seule difficulté liée au Covid était de se protéger, pour soi et pour les autres, et respecter les opinions de chacun à ce sujet. Bon, mettre un masque en plein été et aller ramper dans les vides sanitaires ou arpenter les combles, ça n’était pas l’idéal (rires)

Aucun regret du tout…

YANN : Dans la banque, le travail est relativement linéaire. Il n’y a pas l’incertitude de l’entrepreneur. Le mois dernier, nous étions un peu inquiets, et puis en 15 jours nous avons doublé nos espérances. On apprend donc la saisonnalité, chose que nous ne connaissions pas.

Par ailleurs, dans mon métier de directeur d’agence, j’effectuais énormément de travail court, à régler différents problèmes et jongler entre les décisions à prendre. Là, j’ai dû réapprendre à fonctionner sur des temps plus longs. Au début, c’était tout nouveau pour moi, lors des premiers diags, d’arriver sur place et de réaliser que j’en avais pour 3 heures, le cheminement de pensée est différent. Mais non, je n’ai aucun regret. Nous avons absolument tout créé de A à Z, sans être franchisés. Quand il faut prendre une décision, nous la prenons à deux, et rapidement.

YOUSSEF : Ce que j’aime beaucoup, c’est que nous avons vraiment créé une marque à notre image. On voulait faire du diag et, au-delà du conseil, accompagner nos clients finaux et nos prescripteurs. L’objectif est de leur donner des clés de lectures pour les diagnostics. Nous tenons à leur délivrer des infos, des mots clés pour les aider à dédramatiser certaines situations, à conseiller sur les points importants en cas d’anomalie ou de défaut. Tout cela s’est mis en place assez rapidement.

Ah non, aucun regret du tout. Je suis très heureux de partager cette aventure avec Yann au quotidien. C’est une vraie satisfaction d’avoir, aujourd’hui, créé une si belle entreprise. Je suis également content car notre réputation est très bonne.

…Mais une grande fierté

YANN : Cette réputation, c’est une réelle fierté car nous sommes arrivés sur un marché immobilier où les agents avaient déjà leurs diagnostiqueurs. Nous ne sommes pas passé en force. Nous leur avons simplement dit que nous étions là au cas où l’autre diagnostiqueur n’était pas disponible. Certains nous ont fait confiance tout de suite, mais très peu. Tous les autres sont revenus vers nous petit à petit, nous ont testé, et certains reviennent vers nous aujourd’hui, soit parce que le diagnostiqueur est moins disponible, soit parce qu’il a commis des erreurs, soit simplement parce qu’on est pro et sympa en plus (rires).

On apporte quelque chose en plus car on contacte l’agent immobilier après le diagnostic. On lui fait un résumé oral : présence de plomb, absence d’amiante, etc. Nous savons aussi nous mettre à leur place, gérer l’urgence, car sans DPE ils ne peuvent pas mettre d’annonce. Notre service est vraiment personnalisé. Nous sommes capables de fonctionner différemment selon les partenaires et ça, c’est la force d’être deux. On est très joignables et réactifs, et dans tous les cas, on fait en sorte de leur apporter ce qu’ils attendent.

YOUSSEF : Je suis simplement très fier de ce que nous avons déjà réussi à faire. Oui, c’est compliqué de se lancer dans quelque chose de totalement nouveau, mais c’est très formateur, et d’une grande richesse humainement parlant.

Le métier de diagnostiqueur, c’est exceptionnel

YOUSSEF : Je pense que le diag, c’est ce qu’il nous fallait. Le métier de diagnostiqueur en lui-même, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel. C’est un super job.

YANN : C’est inédit, pour nous, d’aller chez le client. Nous avions l’habitude qu’ils viennent nous voir en agence. Mais il n’y a pas 2 semaines identiques. Il n’y a même pas 2 journées identiques. Et puis, c’est un métier qui a du sens. Nos sensibilités sont un peu différentes dans ce que nous aimons dans le diagnostic : la protection de l’humain, la protection de l’environnement, le fait de contribuer à faire éviter les dangers… Mais c’est extrêmement riche, il y a beaucoup d’humain. Si un client ne veut pas parler, on ne parle pas ; s’il veut parler, on parle ; ceux qui veulent comprendre, on leur explique… À la banque, nous n’avions pas le temps de bien faire les choses.

Nous ne sommes pas obligés d’enchaîner 5 ou 6 diags par jour pour bien vivre. Alors quand on travaille sur un appartement ou une maison, on y consacre le temps nécessaire. Après, chacun a ses préférences.

YOUSSEF : Par exemple Yann n’aime pas trop les termites alors que moi, c’est quelque chose qui me passionne. Le diagnostic plomb, j’aime beaucoup le réaliser, Yann moins…

YANN : J’adore le côté enquêteur du métier, chercher l’amiante, faire le tour d’un terrain… Cette partie est très sympa. L’électricité me passionne moins car ce sont surtout des contrôles visuels et c’est plus technique. Mais ça a toujours du sens d’expliquer aux gens ce que l’on fait et pourquoi on le fait. On aime aussi beaucoup expliquer le DPE. C’est particulier en ce moment donc il faut expliquer et relativiser surtout.

Une relation de confiance

YOUSSEF : Nous ne laissons jamais une inquiétude grandir. Notre job, c’est d’expliquer pourquoi il y a un danger, et son degré d’importance. En cas d’anomalie, le client se demande toute de suite comment il va pouvoir vendre. On doit lui préciser que l’anomalie est réparable et qu’elle ne représente pas un danger immédiat.

YANN : Nous avons toujours précisé aux agents immobiliers que les acquéreurs potentiels pouvaient nous appeler. Nous sommes très joignables.

Nous ne sommes pas là pour arranger les choses mais pour être transparents et apporter du conseil. On peut revenir sur place pour modifier le rapport si l’anomalie a été réparée. Il nous est aussi déjà arrivé de demander des photos des travaux en s’assurant de leur véracité pour modifier des rapports. Nous sommes également conscients de notre responsabilité. Sur les mises à jour des diagnostics termites, nous retournons sur place. Les notaires sont étonnés car peu de diagnostiqueurs le font à Grenoble.

Perspectives de développement

YANN : Nous ne savons pas encore quel profil nous cherchons pour nous développer : un diagnostiqueur ? Un administratif ? Un développeur commercial ? En termes de chiffres, nous avons atteint nos objectifs et même mieux. On a envie de pérenniser ça tous les deux. En fait, ce que nous avons envie de développer, c’est la création d’entreprise à tous les niveaux pour faciliter la vie des diagnostiqueurs qui se lancent.

Nous avons déjà accueilli quelqu’un d’une autre région. Il ne trouvait personne pour l’accueillir en stage d’immersion près de chez lui donc il est venu chez nous. Cela nous a donné envie d’accompagner des diagnostiqueurs qui peuvent être brillants techniquement, mais qui auraient besoin d’appui sur les sujets moins naturels (comptabilité, gestion d’entreprises, développement, informatique…)

Nous avons peu d’expérience en tant que diagnostiqueurs alors que pour la création et la gestion de société, nous en avons… Youssef a été à son compte, en accompagnement de créateur de sociétés. J’ai géré moi-même des agences bancaires pendant plus de 10 ans. Nous sommes plutôt bons dans ce domaine. Alors nous pensons à développer ce genre d’offres, toujours dans le domaine du diagnostic immobilier évidemment.

Bref, nous sommes en perpétuelle réflexion.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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