revenir à l'Accueil
Toute l'actualité

Webinaire DPE : pourquoi un tel fiasco ?

Partager cet article sur
Partager sur

Le webinaire organisé pour améliorer la qualité de réalisation des DPE commence mal. Il est inaudible. Quand les problèmes techniques sont résolus, les diagnostiqueurs présents constatent que les participants s’écoutent parler. Le décalage entre leurs propos convenus et l’exaspération des auditeurs peut néanmoins surprendre. Que s’est-il donc passé ce 4 avril ?

Extraits du discours de M. Olivier Klein

Jusqu’à la 3e minute, personne n’entend le discours du ministre du Logement. L’assemblée est déjà agacée. « Il n’y a pas que nos DPE qui ne sont pas fiables ! I-N-A-U-D-I-B-L-E » lit-on dans le chat. On distingue toutefois quelques mots pour reconstituer l’ensemble : MaPrimeRénov’, loi Climat Résilience, passoires thermiques, audit énergétique… Bref, Olivier Klein se satisfait des efforts du Gouvernement en matière de rénovation énergétique des logements. Grand bien lui fasse, mais venons-en au DPE :

« Quand j’entends les professionnels de l’immobilier me dire que dorénavant, la première chose que demande un client quand il entre dans une agence immobilière, c’est l’étiquette du DPE, alors permettez-moi d’affirmer, et je crois avec vous, que c’est une réussite. […] Soyez fiers de participer utilement à cette transition. […] Depuis la refonte du DPE en 2021, nous disposons d’un outil robuste avec une méthode fiable et éprouvée. »

On pourrait presque entendre des rires nerveux dans la salle virtuelle. Le ministre, qui se présente en « farouche défenseur du DPE », en arrive enfin aux annonces importantes pour l’avenir de la filière. Mais il ne lui apprend rien.

la feuille de route fiabilisation du DPE

« La réalisation d’un DPE sur un même bien par deux diagnostiqueurs différents doit conduire bien sûr à attribuer une même étiquette ». Pour atteindre cet objectif, le ministre annonce la révision de l’arrêté encadrant la certification, avec une publication dès cet été. Ce nouvel arrêté conduira :

  • Au renforcement de la formation initiale, des CSO (contrôles sur ouvrage), etc. ;
  • Au renforcement de la formation continue avec la mise en place de cas tests ;
  • À l’harmonisation des pratiques des organismes de certification sur ces opérations.

Nous avions dévoilé les documents de travail relatifs à la fiabilisation du DPE. Il restait à découvrir le nombre d’heures, de jours et de contrôles définitif. Or, il n’a pas encore été fixé.

Olivier Klein annonce aussi « se rapprocher de Bercy afin de renforcer les contrôles de la DGCCRF. » Il rappelle ses objectifs : sanctionner les responsables de dérives, renforcer les compétences des diagnostiqueurs, uniformiser les pratiques et conforter le rôle de sentinelle des organismes de certification (OC).*

Des tables rondes qui tournent en rond

Une pause musicale de 5 minutes ponctue les interventions. Les diagnostiqueurs ont déjà l’impression de perdre leur temps, alors cette attente n’arrange rien. La table ronde rassemble François Adam et Antoine Caron (DHUP), Yannick Ainouche (CDI FNAIM), Guillaume Exbrayat (SIDIANE), Lionel Janot (FIDI), Juliette Jeannot (I.Cert) et Séverine Micheau (AFNOR Compétences).

La première question posée à M. Adam est presque inconvenante : « Pourquoi cette réforme du DPE de juillet 2021 ? ». Qui l’ignore en 2023 ? Le directeur de la DHUP recrache le contenu du guide DPE de juin 2021 : un outil plus fiable, plus lisible, bla-bla-bla. On apprend toutefois que pour permettre l’homogénéisation des examens entre les OC, la création d’une banque nationale de questions est envisagée. Ce n’est probablement pas la préoccupation première des diagnostiqueurs.

Les responsables de la DHUP tentent ensuite de rassurer la profession quant à l’aspect financier. « On fera en sorte que le surcoût soit tenable ». Personne ne semble convaincu. Mis à part ça, chacun ressasse ce qu’il a déjà dit par le passé. M. Ainouche veut une vraie filière avec un vrai diplôme ; M. Exbrayat insiste sur l’importance de la complétude documentaire, etc. Dans l’intervalle, les uns et les autres se félicitent de leurs actions.

Le webinaire s’achève par la présentation de la journée de sensibilisation obligatoire pour les diagnostiqueurs. Mais celle-ci sera de toute façon mise en ligne sur le MOOC Bâtiment Durable en début d’après-midi. Au fait, cette « journée » durera en réalité 2 heures. **

On avait promis aux diagnostiqueurs qu’ils pourraient poser des questions. Pour l’essentiel, elles sont restées sans réponse. D’ailleurs, bien avant la fin de la réunion, beaucoup d’entre eux n’arrivaient plus à accéder à l’espace de discussions.

Une déception à la hauteur des attentes

La question de la fiabilité du DPE génère du stress, de la tristesse et de la colère depuis des années. Ce rendez-vous entre la filière et le ministère était donc très attendu. Malheureusement, il n’a pas répondu aux attentes de la profession, loin de là. « La rénovation énergétique est un immense chantier que nous mènerons tous ensemble », a déclaré Olivier Klein. Mais les diagnostiqueurs en ont assez des belles formules factices. Pour les rassembler, il faut les écouter et répondre aux problématiques qu’ils rencontrent sur le terrain. Lors de ce webinaire, personne n’a su le faire.

* Voir le communiqué officiel du ministère de la Transition écologique.

** D’après les premiers témoignages, certains ont suivi le MOOC hier soir, sans obtenir l’attestation de suivi de formation.

Partager sur
Partager cet article sur

9 Commentaires

Commenter
  1. G
    Guy 5 avril 2023 - 12h44

    Suivre le MOOC c’est bien,
    Mais ont ils obtenu plus de 70% de bonnes réponses ?
    Pour rappel c’est le minimum requis pour obtenir l’attestation ?

    Concernant le mécontentement global, que ces personnes viennent adhérer à une fédération et viennent offrir de leur temps au sein de celle-ci en participant aux commissions, en apportant leur savoir pour proposer des solutions globales qui permettront d’améliorer les choses.

    Certains ont fait des tests à plusieurs dans un même logement et démontré que la fiabilité était bien au rendez-vous (même lettre obtenue mais des notes différentes dues à des interprétations divergentes d’un même point à saisir).

    Critiquer, manifester son mécontentement pourquoi pas, mais proposer de vraies solutions c’est mieux.

    Citer ce qui se fait chez d’autres ne fera pas avancer les choix effectués par la France. Revenir sur des combats d’arrière garde n’est pas une solution pour aller de l’avant.

    Tous les jours j’améliore mon travail, tous les jours je dois expliquer et justifier les raisons qui font que mon rapport est différent de celui d’un confrère.
    Pour le dernier, j’ai juste eu a indiquer que le mien était enregistré ADEME et pas celui du confrère.

    Commençons donc par balayer chacun devant notre porte.
    A n’intervenir qu’après avoir transmis un devis, des CGV/CGE détaillées, un ordre de missions et réceptionné tant le devis accepté, que l’ ordre de mission paraphé, daté et signé.

    A améliorer nos prestations en prenant le temps de réaliser les missions pour lesquelles nous sommes missionner, prenons le temps de saisir sans coquille les informations collectées, et d’indiquer pour chacune pourquoi et comment nous l’avons pris en compte.
    Améliorons nos rapports en indiquant pour chaque dossier les réserve propre à ce dossier et les raisons de ces réserves.

    Répondre
    • Cécile, le moteur de Quotidiag 5 avril 2023 - 13h34

      Il s’agit bien de personnes qui ont suivi le MOOC et réussi les quizz sans recevoir d’attestation.

      Concernant le reste de votre commentaire, nous respectons votre avis.
      D’ailleurs, et nos articles précédents en témoignent, nous encourageons aussi ces bonnes pratiques (CGV/CGI, ODM, etc.).

      Répondre
  2. R
    Romy 5 avril 2023 - 12h45

    Une intervention Lamentable ! 👎
    Il y a de quoi être écœurée par ces messieurs bien pensants

    Répondre
  3. B
    Bernard 5 avril 2023 - 13h19

    Une bonne grève des diagnostiqueurs …cela pourrait faire revenir sur terre tous ces technocrates ?!!!

    Répondre
  4. T
    Thomas 5 avril 2023 - 23h12

    Je me permets de réagir sur le message de Guy qui est certes plein de bon sens mais que je trouve moralisateur envers les professionnels qui s’efforcent à appliquer, tant bien que mal, les bonnes pratiques (je m’inclus dedans).
    Ce n’est pas aux diagnostiqueurs et aux syndicats de corriger les dérives mais bien à la hiérarchie instaurée dans notre profession et ça commence au COFFRAC.
    On le sait, une grande partie des diagnostiqueurs œuvrent seuls ou en petit cabinets, ils sont simultanément gérants, commerciaux, secrétaires, assistants comptables, bref ! Tout ces profils nécessaires à leur activité et maitrisés au risque de commettre une faute au regard de la DGCCRF. Pour beaucoup, les heures ne se comptent pas, parfois au détriment de la vie familiale ou sociales car au final le travail, c’est une histoire d’équilibre. Peut-être que Guy a la solution et pourrait nous éclairer, ce serait plus concret.
    L’attente des diagnostiqueurs est grande car la tâche qui nous est confiée l’est tout autant. Malheureusement, seul l’autosatisfaction et le sentiment que l’on va encore devoir mettre la main au portefeuille étaient au rendez-vous. Aussi, l’impression d’une volonté de professionnaliser (encore) la filiale qui me rappelle les discours de 2012 (trois années d’expériences dans les techniques du bâtiment ou un diplôme bac+2 dans le bâtiment ou équivalent) et la belle arnaque des formations qui ont fleuries offrant le grâle pour quelques centaines d’euros.
    Cette mise en scène était aussi inutile que consternante. J’aurai personnellement aimé que l’on parle des vraies problématiques que Guy semble gérer avec aisance.
    Le manque d’informations pratiques du guide du DPE 2021 nous imposant régulièrement de creuser en profondeur les arrêtés comme si nous n’avions que ça à faire.
    Les difficultés rencontrées lors de la collecte d’informations auprès des DO, syndic, agents, etc. car soyons honnêtes, tout le monde ne conserve pas 30 ans d’archives classées chronologiquement par thèmes.
    La guerre des prix qui n’a jamais cessée depuis 12 ans que je suis dans le métier.
    La sourde oreille des administrations face aux remontées des syndicats de diagnostiqueurs.
    Le manque de communication auprès du grand public (qui aura certainement bien entendu parlé du travail bâclé d’un ODI sur M6 ou lu la dernière enquête scandaleuse sur le DPE mais pas de comment se préparer au DPE).
    Je ne me voile pas la face, la profession héberge encore beaucoup de dérives, on est bien loin de la même étiquette pour un même bien, le logiciel n’est pas aussi fiable qu’ils l’entendent (surtout lorsque l’on fait face à des ouvrages atypiques). Mais face à tout ça, il y a énormément de gens qui bossent avec un objectif commun : faire du bon travail. Malheureusement, je n’ai pas le sentiment que les belles promesses que j’ai entendues nous offrent un meilleur avenir et à par ça, bien, c’était plutôt creux.

    Répondre
  5. C
    Caso 6 avril 2023 - 7h00

    Il y a 10.000 diagnostiqueurs en France, qui oeuvrent chaques jours à qualifier avec conscience des missions complexes, les propriétaires ne fournissent pas souvent les éléments, documentaires, essayez de demander à un syndic le type de chaudière collective, sa puissance, son année, réponse dans 10 jours ! notre profession ne peut faire des observations destructives , en d’autres termes nous sommes livré aux facteurs humains de décision.
    Question : comment imaginer avoir les mêmes résultats pour chacune des missions réalisées par des diagnostiqueurs différents? Mathématiquement et logiquement impossible.
    D’autre part il faudrait que la responsabilité de l’opposabilité au DPE soit partagé car si il est faux c’est probablement que nous n’avons pas accès aux données.
    Je rappel que tout nos dpe sont envoyé à l’ADEME et donc qu’ils sont la base des statistiques sur les bâtiments energivores est-ce que cela voudrait dire qu’elles sont fausses, en fait tout serait virtuelles ?
    Pour les élus tour d’ivoire :
    Contrôle oui.
    Montée en compétences oui.
    Accompagnement surtout.
    Répression discriminative des Diagnostiqueurs Non .

    De toutes manières l’IA va tout bousculer les robots arrivent.

    Répondre
  6. B
    Bruno 6 avril 2023 - 12h20

    Il y a des choses tellement simples a faire dans un premier temps, chez nous les deux « gros » diagnostiqueurs n’enregistrent pas les dpe à l’ademe et les notaires signent des ventes tous les jours avec ces dpe….. le gouvernement ne devrait il pas simplement rappeler aux notaires cette obligation? Parce que moi j’ai beau le faire il s’en ******

    Répondre
    • B
      Bruno 6 avril 2023 - 12h50

      Et qu’on ne deforme pas mes propos, je n’attaque pas les confrères qui n’envoient pas a l’ademe, ils font ce qu’ils veulent, je suis juste étonné que ces dpe sans numéros Ademe soient utilisés tous les jours pour des ventes!!!

      Répondre
      • T
        Thomas 8 avril 2023 - 12h45

        Constat identique, et je rejoins ce qui est dit plus haut, on réforme, on réforme et on réprimande à gauche à droite pour faire des exemples mais les instances ministérielles ne mettent rien en place pour régler le problème à la source. Nous avons un stagiaire qui nous parle de sa formation et c’est affligeant, on en est toujours à « former pour passer des examens » pas pour faire des bons diagnostiqueurs. Et si on commençait par là. Imposer une vraie formation (longue) pour les nouveaux arrivants pour qu’on arrête les désillusions du terrain, de la gestion administrative, de la découverte des responsabilités. Et pour les « anciens », imposer par exemple une ou deux semaines de formation par an prises en charge par nos OPCO afin d’assurer le maintient et/ou l’amélioration des compétences. Mais pour moi, il faudrait déjà faire un peu le ménage dans la formation avec des vrais centres de formations, le domaine est tellement vasque et complexe qu’on ne peut pas imaginer tout apprendre assis sur une chaise ou dans un studio de 16m².

        Répondre

Répondre à PRADEL Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

.
Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

Inscription à la journée de sensibilisation DPE

Previous article

Agrément Mon Accompagnateur Rénov’ : calendrier

Next article