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Nous avons interviewé Virginie pour la première fois en décembre 2023. Elle quittait son métier de commerciale Arobiz pour devenir diagnostiqueur. Nous l’avions retrouvée en mai 2024, pour qu’elle nous raconte sa formation. Jeune certifiée, elle s’apprêtait à rejoindre un cabinet de diagnostics. Il nous manquait un élément essentiel dans le parcours de tout diagnostiqueur : les premières expériences terrain, d’où cet entretien.
Quand nous t’avons quittée, tu rejoignais un cabinet de diagnostics assez loin de chez toi. Que s’est-il passé depuis ?
J’avais mis en place une POEC (préparation opérationnelle à l’emploi collective). Elle permettait au cabinet de me prendre en formation. Malgré l’absence de rendement, c’était un bon compromis. Quand tu sors de formation, tu n’as malheureusement que peu, voire aucune, expérience terrain et encore plus lorsque tu n’es pas issu du bâtiment.
Le cabinet était super. Il faisait vraiment un travail de qualité. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé, mais j’ai craqué au bout d’un mois et demi. Cela dit, je préfère rester sur le côté positif, car ils m’ont appris des choses, notamment sur l’électricité et le plomb. Aujourd’hui, j’y vois une expérience formatrice, mais l’été dernier, je le vivais comme un gros échec.
Qu’est-ce qui t’a permis de remonter la pente ?
Déjà, ma conseillère Pôle Emploi (France Travail) m’a proposé de consulter la psy de l’établissement. Mine de rien, en trois séances, elle m’a fait beaucoup de bien. Elle m’a aidé à reprendre confiance en moi sur ce métier.
Mais le vrai déclencheur, pour que je me remette sur les rails en continuant à y croire, a été ma formation chez DIT·FORMATION. Je suis partie une semaine près du Mans. Là, j’ai décidé que je n’abandonnerai rien et que j’irai jusqu’au bout. Nous n’étions que deux et Vincent a une vraie pédagogie. Tu peux poser toutes les questions que tu veux sans subir un jugement parfois difficile à supporter quand tu es novice.
Ensuite, j’ai cherché un travail sur la Côte basque, ça n’a pas abouti. Pendant ce temps, la date butoir pour les contrôles de surveillance arrivait à grands pas. J’ai vu une offre d’emploi à Clermont-Ferrand. Je suis partie une semaine en immersion pour voir. Finalement, je suis chez eux depuis le 3 février. J’ai pris un studio d’étudiante à Clermont.
Tu as donc dû faire une forme de sacrifice familial ?
Oui, mais il est consenti, d’autant que je me rapproche de mon fils. Et puis, c’est à la fois un choix personnel et une chance que j’ai aujourd’hui. Je n’aurais pas pu le faire il y a 10 ans, quand mes enfants étaient encore petits. Il y a des diagnostiqueurs qui entament leur « seconde journée » en rentrant chez eux, alors que je peux vraiment me concentrer sur mon travail.
Est-ce que tu te sens plus à l’aise sur le terrain aujourd’hui ?
Oui, c’est certain et c’est là que je m’éclate d’ailleurs. Sans prétention, j’ai un contact facile qui m’aide énormément, y compris face aux personnes qui se braquent, par exemple lorsque tu leur demandes une facture d’isolation. J’essaie d’expliquer et de relativiser la note du DPE, puisque c’est la seule chose qui importe aux clients. En revanche, je ne m’engage jamais à leur dire une lettre lors de la visite. C’est un terrain beaucoup trop glissant.
Mon cheval de bataille, ça reste l’importance des diags qui touchent à la sécurité des personnes. Parfois, c’est compliqué, parce que notre mission est super intrusive. Il faut enquêter, ouvrir tous les placards. J’ai eu un cas d’école d’ailleurs avec l’amiante, un conduit fibro que j’ai failli ne pas voir. Je me suis fait peur ce jour-là.
Au début, je faisais ma petite répétition de tout ce que je devais faire dans ma tête, comme si j’allais jouer une pièce de théâtre, pour ne rien oublier. Avec le temps, ça devient des automatismes, mais j’en suis encore à la phase où je consolide mes automatismes. Maintenant, c’est surtout pour mes rapports que je me prends la tête. Je pense que je mets deux fois plus de temps à les faire que quelqu’un qui a l’habitude, mais c’est normal.
Tu n’envisages pas de te mettre à ton compte pour le moment…
Non, je ne suis pas prête et pas certaine de l’être un jour. J’ai encore la pression de la petite nouvelle pleine d’inquiétudes. Je m’inquiète aussi au niveau des certifications, surtout du CSO [contrôle sur ouvrage] qui peut être assez arbitraire. Et puis, un diagnostiqueur solo a tellement de choses à gérer que je n’ai pas. En étant salariée, je peux me concentrer uniquement sur mes interventions, rapports et sur l’AS-DPE (Assistanat social du DPE). Cela me laisse le temps de continuer à revoir mes supports de cours, faire des recherches et me concerter avec des confrères dans le but de m’améliorer tous les jours.
Pour rien au monde, je ne referai machine arrière. Chaque journée est différente et agrémentée de rencontres magiques (bon, parfois un peu moins et c’est rare). Les débuts ont été difficiles, mais positifs. Je sais que j’ai beaucoup de chances sur pleins d’aspects : avoir eu une formation de qualité avec ODI, pouvoir compter au quotidien et en toute bienveillance sur des confrères (et non plus des clients) comme Nathalie Depaoli, Ludovic Subercaze, Alain Kerbrat, Olivier Debout, Vincent Delaroche, etc. C’est avec conviction et détermination sur j’avance jour après jour sur ce long chemin, compliqué mais passionnant.
Propos recueillis le 31 mars 2025. Mise à jour du 30 avril 2025 :
Depuis cette interview, il y a eu des changements bienvenus. Je viens de rejoindre Diag Plus, l’équipe de Florian Ganne. Je persiste et signe à Clermont-Ferrand et j’en suis ravie.
Bravo Virginie !!!
Tu es au top, ne change rien.
Quelles bonnes nouvelles !
Je profite de Quotidiag pour faire une grosse bise à Virginie que j’ai rencontrée chez ODI à sa fin de formation.
Les débuts sont compliqués, et cela peut être effrayant, c’est normal et plutôt sain.
N’oublions pas que le stress n’est que temporaire, et au lieu de se tracasser, il faut se souvenir de tous ces éléments qui nous ont motivés à ouvrir ce nouveau chapitre professionnel. Que de raisons d’être enthousiaste !
Les compétences peuvent être développées, en se posant les bonnes questions, en observant, et grâce au soutien des autres. Abordez donc vos missions comme une occasion d’apprendre de nouvelles choses et d’évoluer, plutôt que comme quelque chose qui vous effraie.
De plus, rappelons-nous que nous avons déjà traversé des moments difficiles et connu des changements tout au long de notre vie. Nous avons vécu de nombreux « premiers jours » par le passé !
Nous avons tous débuté un jour, et nous savons tous, que nous sommes parfaitement imparfaits.
Belles continuations à toi Virginie et à tous !
Bravo pour ce parcours et ce courage bienvenue dans la profession
Bravo Virginie,
Tiens le coup, on y est tous passé et c’est un métier difficile mais passionnant ! et je sais que tu vas y arriver…
Félicitations Virginie !
Virginie,
tu t’es fait peur avec ce conduit caché dans un placard, mais pense aux plafonds, aux plaques derrière les radiateurs, aux murs sonnant comme du placo mais dur comme du carton amianté, etc
Ce métier est bourré de pièges, pour les novices comme pour les anciens blasés, qui peuvent prendre des facilités, et c’est ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais diagnostiqueur, le sens de l’investigation avec perspicacité et connaissance. et donc une différence de prix car le temps a passer n’est plus le même quand on s’améliore et que l’on prend conscience.
Et c’est ce qui désespère les anciens, de constater qu’on leur a injecté des novices en masse, à peine formés, et à leur compte sans expérience et sans base technique adaptée, une catastrophe qui démoli la trop longue construction de ce métier, pourtant mature aujourd’hui.
Un conseil: prends des photos systématiquement de tous les angles, histoire d’avoir un mémo (bien pratique lors de la rédaction des rapports et protecteur en cas de mauvaise foi), pour l’anecdote, j’ai eu un litige à cause d’un petit bac fibro dans des combles qui était caché sous un tas d’immondice, sans photo, je n’ai pas pu prouver que je ne pouvais le voir, heureusement qu’il n’y a pas eu de conséquence financière mais çà a été une bonne piqûre de rappel il y a bien longtemps maintenant.