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Si le travail tue, l’amiante tue plus encore

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En 2020 malgré la pandémie qui a retenu à leur domicile bon nombre de travailleurs, la branche accidents du travail et maladies professionnelles de l’Assurance Maladie a affiché un résultat déficitaire pour la première fois depuis 2012. Même si l’on prend en compte que le flux de cotisations des entreprises a fléchi toujours en raison de la pandémie, il est indéniable que les prestations servies par la branche AT/MP (Accidents du Travail/ Maladies Professionnelle) ont augmenté.

C’est dire à quel point, malgré les progrès technologiques dont la robotisation et les mesures de prévention, le travail tue ou rend malade davantage de travailleurs. Parmi les pathologies, il y a l’amiante bien sûr, encore et pour de nombreuses années. Mais il n’y a pas que l’amiante puisque depuis 30 ans, le nombre de nouveaux cas de cancers en France augmente chaque année et qu’une bonne proportion de ceux-ci est attribuable aux expositions professionnelles.  

Les cancers professionnels

Les 7 et 8 mars 2022 s’est tenue à Paris une conférence intitulée « Agir contre les cancers professionnels : pour une meilleure effectivité de la réglementation », dans la lignée du « Plan européen pour vaincre le cancer ».

A cette occasion la revue Travail et Sécurité (le mensuel de l’INRS pour la prévention des risques professionnels) a fait un point de la situation avec Bernard Siano, chef du département études et assistance médicales à l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité). L’occasion de rappeler que selon l’enquête Sumer 2017, 2,7 millions de salariés se déclarent exposés à au moins un produit chimique cancérogène au cours de la semaine précédant l’enquête soit 11 % de l’ensemble des travailleurs.

« Concernant les expositions, on retrouve les émissions de moteurs diesel qui concernent près d’un million de salariés exposés, soit 4 % de l’ensemble des salariés, les fumées de soudage (2,1 %), les poussières de bois (1,8 %), les huiles minérales (2 %), la silice cristalline (1,4%), le plomb (0,8 %), le formaldéhyde (0,7 %) et l’amiante (0,5 %) ».

Le poids de l’amiante

Donc si l’amiante ne représente que 0,5% des expositions, il faut noter que ne sont comptabilisées ici que les expositions professionnelles et non toutes les expositions notamment celles du grand-public.

Mais notons également que si les expositions professionnelles à l’amiante ne représentent que 0,5% du total des expositions professionnelles ; de 2013 à 2017, 1 840 cancers d’origine professionnelle ont été reconnus chaque année. « Parmi ceux-ci, la part liée à l’amiante est prépondérante (80 %). Il s’agit de cancers du poumon dans 70 % des cas et de mésothéliomes dans 30 % des cas. » Source Travail et Sécurité

En 2020, 2 488 maladies professionnelles liées à l’amiante ont été déclarées mais la part des cancers professionnels liées à l’amiante diminue un peu et s’établit désormais à 1 210 cancers et mésothéliomes par an. Bien sûr, 630 cas de cancers et mésothéliomes en moins par an est un progrès mais qui n’efface pas les cas restants qui sont pour chacun un drame familial et une souffrance humaine.

Mais il n’y a pas de quoi se réjouir trop vite puisque la part de l’amiante dans les cancers d’origine professionnelle demeure toujours prépondérante et représente encore 75% des cas.

On peut également remarquer la forte variabilité régionale des maladies professionnelles liées à l’amiante, mise en évidence ci-dessous (image réalisée par la Caisse nationale de l’Assurance Maladie).

Et les diagnostiqueurs immobiliers ?

On peut raisonnablement penser que les diagnostiqueurs immobiliers sont assurément une des professions les plus au fait du risque amiante. Mais il est difficile de retrouver des statistiques les concernant.

Dans le rapport annuel 2020 de l’Assurance Maladie – Risques professionnels, nous avons cherché vainement la profession de diagnostiqueur immobilier ou une rubrique les concernant si ce n’est dans une classification fourre-tout, celle des ‘services’.

Quant à leurs risques d’expositions à des sources radioactives émanant des analyseurs de plomb dans les peintures à source radioactive seule figure la mention ‘Substances chimiques, explosives, radioactives, biologiques’ dans le schéma de description des circonstances des accidents.

Est-ce un manque de reconnaissance de la profession ? Ou plutôt, et on l’espère, un taux de sinistralité tellement faible que la profession n’est même pas mentionnée dans le rapport (alors que celle d’agent immobilier y figure).

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Article rédigé par Claude, le râleur de Quotidiag
A passé 30 années dans la Marine nationale, au service de la sauvegarde de la vie humaine, la prévention des pollutions et la surveillance du trafic maritime. Récompensé par la médaille du mérite maritime. Aujourd'hui, nomade digital entre les Pyrénées et l'Andalousie.

Est-ce que Marc connaît vraiment le métier de diagnostiqueur ?

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