Stéphane Prouzeau constate que certains diagnostiqueurs tiennent un discours pessimiste. Le président du réseau AGENDA Diagnostics considère qu’au contraire, ils doivent croire en la mission qu’ils accomplissent et donc en eux.
depuis 20 ans dans le diagnostic immobilier
Je dirige le réseau AGENDA Diagnostics depuis 20 ans et suis vice-président de la FIDI. Nous sommes régulièrement attaqués de par les missions que nous réalisons.
- Le vendeur ne comprend pas qu’il faille un DPE pour mettre en vente son bien ou qu’il faille passer par un professionnel pour réaliser un mesurage
- L’agent immobilier veut les diagnostics tout de suite et régulièrement aimerait que nous ne retournions pas sur le bien pour faire une réactualisation termites ou plomb
- Et puis nous venons d’avoir un article dans 60 millions de consommateurs
Commençons par commenter cet article. Je ne le dramatise pas car tous les mois une dizaine de « métiers » sont passés au crible. Mais, néanmoins, il met l’accent sur plusieurs enseignements :
Le DPE a évolué techniquement et juridiquement. Nous devons faire évoluer nos pratiques :
- La surface habitable doit être mesurée ou avoir été mesurée par un professionnel et nous n’avons pas à interpréter une quelconque surface « chauffée ».
- Les propriétaires ou les professionnels doivent nous donner certaines informations comme la date de construction.
- Nous n’avons pas le droit de nous tromper sur l’énergie ou le nombre d’ouvrants…
J’entends quelques diagnostiqueurs qui remettent en cause la possibilité de faire un audit s’ils ont réalisé le DPE.
Je rappelle qu’il n’y a ni conflit d’intérêt, ni problème d’impartialité. Nous œuvrons pour un même commanditaire qui est le vendeur et pour un même bien. L’incitation à produire une étiquette artificiellement qui imposerait un audit énergétique relèverait de la faute professionnelle.
Le jour où l’acquéreur nous sollicitera dans les cinq années suivant le rapport d’audit, nous devrons expliquer le rapport réalisé « à l’époque » et non refaire un audit, même si des travaux ont été réalisés depuis.
l’importance du diagnostic dans la transaction
Pourquoi le diagnostiqueur doit-il croire en lui ? D’abord parce que le rôle du diagnostic, dans les transactions immobilières, est extrêmement important. S’il n’y a pas de diagnostic immobilier, la transaction ne peut être signée. Le DPE est un élément majeur à la signature du mandat. Aujourd’hui, le prix des bien immobiliers baisse entre 6% et 15% suite à un mauvais classement du bien.
Le diagnostiqueur doit être bien conscient de la responsabilité qui lui incombe, faire son travail avec la rigueur qu’il a apprise, et être fier de lui. Tous les acteurs de la transaction ont besoin de lui.
une réflexion plus calculée lors de l’achat
Auparavant, les acquéreurs achetaient surtout un bien immobilier sur l’affect. Autrement dit, ils visitaient le bien et ils se projetaient avec leur famille. Avec le DPE et l’audit énergétique, nous mettons en évidence des caractéristiques techniques. Il y aura une réflexion beaucoup plus importante de la part de l’acquéreur quant aux conséquences d’un bien mal classé.
Sur une possible location, mais surtout sur sa future facture d’énergie ou le prix de revente du bien !
Petit à petit, nous passons de la réaction latine – nous latins, nous avons tendance à acheter à l’affect – à un achat beaucoup plus mesuré, une réflexion plus anglo-saxonne. C’est un phénomène très intéressant. L’ensemble des professionnels de l’immobilier doivent en être conscients.
la relation humaine est un mirroir
Il faut comprendre que le propriétaire qui met en vente un bien, se détache, émotionnellement, de celui-ci, et qu’il n’a aucune envie de faire des travaux. Car, bien souvent, il est déjà dans son projet d’achat ou son projet de déménagement. Psychologiquement, il a alors vraiment envie de mettre tous les défauts sous le tapis pour partir.
Mais si j’arrive en expliquant la réalité du diagnostic et la protection que ce dernier lui offre, je vais rassurer le propriétaire.
Certains vendeurs disent que la loi Carrez ne sert à rien ? Je peux leur répondre : vous savez, avant que la loi Carrez ne paraisse, c’est-à-dire il y a 26 ans, de nombreux biens étaient vendus avec des surfaces annoncées très au-dessus de la réalité.
Quand nous réalisons un diagnostic amiante, c’est pris en compte par un certain nombre d’artisans. Nous devons informer l’acquéreur de ce qu’il achète. Les diagnostics existent pour protéger le vendeur, pour protéger les professionnels de l’immobilier et pour protéger les acquéreurs. Si nous savons bien expliquer le sens du diagnostic, personne n’a de raison de douter de nous.
La relation humaine est un miroir. Si nous sommes consciencieux et fiers d’être diagnostiqueurs, le propriétaire va le ressentir. Il nous remettra moins en cause. L’inverse se produit si nous doutons de nous.
le diagnostiqueur doit être heureux du métier qu’il fait
Nous avons un beau métier. C’est un métier de relations, un métier de déplacements (mais pas trop loin non plus), un métier de connaissances de l’habitat… On a besoin de nous. Nous devons croire en notre métier et l’aimer. Et, bien sûr, remettre régulièrement en cause notre savoir.
Le diagnostiqueur doit être heureux et fier du métier qu’il fait.
Il faut peut être au il retourne sur le terrain. Moi je suis fier de mon activi6, mais je ne suis pas dupé.
Merci Monsieur pour ces commentaires.
Récemment reconverti dans cette activité, je trouve ce métier très intéressant sur les plans techniques et enrichissant d’un point de vue relationnel.
Je me permets de souligner l’importance de préparer l’intervention chez les clients, d’expliquer le pourquoi des diagnostics et en fin de prestation, d’interpréter les diagnostics. Le diagnostiqueur a un rôle important d’accompagnement et doit donc s’impliquer pleinement.
J’apprends tous les jours car toutes les configurations et équipements des biens immobiliers sont distincts.
Il est regrettable de constater que la plupart des clients ne cherchent qu’un « papier » et par voie de conséquence, on assiste à une concurrence sur les prix des prestations. La pratique des prix bas en « faisant du volume » n’est pas favorable à la bonne image de ce métier. Peut-être est-ce une retombée directe d’un manque d’implication ?
La profession traverse une période critique, certes; il n’en demeure pas moins qu’il me paraît nécessaire de redorer son blason et de mettre en avant les rôles, les qualités et compétences du diagnostiqueur.
Soyons optimistes!