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SMS illégaux : les réponses des fédérations

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Après notre article sur les pratiques de Rony ZAGHDOUN et la diffusion de sa vidéo, nous avons sollicité toutes les fédérations. Nous avons invité SIDIANE, la FIDI, la CDI FNAIM et FED Experts à réagir. Deux d’entre elles, SIDIANE et FED Experts, ont pris le temps de répondre à nos trois questions. Nous les en remercions grandement.

Rappel des faits

Rony ZAGHDOUN envoie des spams SMS (une pratique illégale) aux propriétaires qui vendent ou louent un bien sur LeBonCoin, pour leur proposer tous les diags à 150 € voire moins. Dans sa vidéo postée publiquement, où il donne son identité, il explique :

  • Travailler avec des diagnostiqueurs salariés et des diagnostiqueurs partenaires
  • Verser des commissions aux agences immobilières (5% sur toutes les missions)

Si d’autres plateformes pratiquent la casse des prix, elles ne sont pas pour autant dans l’illégalité puisque les tarifs sont libres. En revanche, les SMS non consentis et le commissionnement sont interdits. Notre article visait à alerter sur l’illégalité de ces pratiques, et à permettre aux victimes d’agir légalement. À ce jour, nous n’avons pas eu vent d’une quelconque action juridique engagée contre Immodiagnostic, du moins depuis la précédente radiation de la société.

Lire la  réponse de SIDIANE et la réponse de FED Experts.

Vous pouvez aussi consulter nos articles à propos de SIDIANE et de FEDEXPERTS.

L’AVIS DE SIDIANE
QU’EST-CE QUE LA PROFESSION PEUT FAIRE CONTRE CE GENRE DE PRATIQUES ?
Comme dans toutes les professions, il y a une très petite minorité de « brebis galeuses » qui portent atteinte à la réputation de la profession dans son ensemble de manière très injuste. Le cas que vous mettez en avant est scandaleux et illégal. Il reste qu’on déplore aujourd’hui une double défiance médiatique : contre la fiabilité du diagnostic de performance (DPE) d’une part ; contre la profession d’autre part en mettant en exergue de mauvaises pratiques. Face à cette situation, il est impératif à très court terme que nous nous donnions les moyens d’aboutir à un DPE – et à un audit énergétique – incontestables (c’est le sens des travaux menés efficacement avec la DHUP).

À moyen et long terme, la filière doit se renforcer aussi bien en matière de formation que de certification, de contrôle et de sanction.  C’est dans l’intérêt général bien sûr puisque les diagnostiqueurs sont le point de départ des projets de rénovation énergétique mais sont aussi les garants de la santé et de la sécurité des occupants et des travailleurs dans le bâti existant. C’est dans l’intérêt des diagnostiqueurs évidemment. Ils méritent d’être reconnus comme des professionnels sérieux et responsables. Ils sont aussi confrontés à une montée des contentieux (rappelons que le DPE est devenu opposable) et à des primes d’assurance RC pro en augmentation quand des assureurs n’ont pas tout simplement renoncé à les assurer et donc à leur permettre d’exercer leur métier !
QUELLES SONT LES PROPOSITIONS DE VOTRE ORGANISATION ?
Tout d’abord, dès qu’un diagnostiqueur ne respecte pas les méthodes, la déontologie du métier, voire est hors la loi, alors il faut que son activité soit contrôlée et sanctionne par des instances publiques : la DGCCRF ? Un autre organisme ? Et s’il le faut, il faut engager des procédures administratives et judiciaires de sanction allant évidemment jusqu’à l’interdiction d’exercer.

Par ailleurs, il faut se poser la question de la rénovation de la filière du diagnostic immobilier. SIDIANE fait trois propositions à ce sujet.

Première proposition, nous réclamons des contenus et des durées de formation à nos métiers renforcées, harmonisées et menées par des organismes de formation mieux identifiés et pourquoi pas labellisés. Nous demandons d’ailleurs à ce qu’une étude indépendante établisse le palmarès des formations proposées pour devenir diagnostiqueur. C’est d’autant plus essentiel que nous manquons de diagnostiqueurs. Nous avons donc besoin d’organismes de formation qui permettent à des professionnels de devenir diagnostiqueurs par exemple dans le cadre d’une reconversion. Nous avons surtout besoin de recruter des talents parmi les jeunes en les attirant vers nos métiers qui ont du sens mais méconnus par eux et pour lesquels il n’y a quasiment pas de formation initiale. C’est pourquoi nous appelons à la multiplication sur les territoires de formations bac +3 dédiés à nos métiers, pouvant être prolongés par des mastères de spécialisation. C’est un processus de moyen terme pour lequel SIDIANE compte s’engager cette année.

Deuxième proposition, le renforcement de la surveillance dans le cadre du processus de certification. Aujourd’hui, disons-le honnêtement et lucidement : le contrôle sur ouvrage mené par les organismes de certification pour reconnaitre la compétence des diagnostiqueurs a une récurrence bien insuffisante et l’organisme ne contrôle jamais la production du diagnostiqueur dans son ensemble. Ce système ne fonctionne pas ou plus. Nous proposons de changer complètement le contrôle sur ouvrage : faisons de la surveillance sur les diagnostics qui ont été réalisés ; exactement comme cela existe déjà pour les métiers du contrôle réglementaire. Ce système a fait ses preuves.

Troisième proposition, la certification d’entreprise pour les plus grosses structures (seuil d’effectif à définir) tout en maintenant la certification de personne pour les indépendants et les plus petites structures. La certification d’entreprise est la solution la plus efficace et juste pour garantir l’intégrité et la qualité du travail des professionnels du diagnostic. En effet, en cas de défaillance de l’un d’eux, c’est toute l’entreprise qui perd son accréditation et donc son droit à travailler ! C’est très impliquant et très responsabilisant pour la structure comme pour ses collaborateurs. Ces entreprises seront invitées mécaniquement à mettre en place des méthodes de formation, de tutorat, de travail, de surveillance et d’audit internes rigoureuses et harmonisées. De son côté, l’organisme certificateur indépendant accrédité Cofrac vérifierait tous les ans que ces processus sont efficaces grâce à des contrôles aléatoires.

Quatrième proposition : intégrer un barème de temps à passer pour les diagnostics, à commencer par les DPE et bientôt les audits énergétiques. Ce qui permettrait aussi de défendre un juste prix plancher sans remettre en cause les principes de libre concurrence et de liberté des prix de marché.

La qualité et la pertinence du rapport d’audit énergétique sont conditionnées par un temps nécessaire requis suffisant à la réalisation du diagnostic. Le juste temps détermine le juste prix. La condition du succès de l’audit comme préalable à une rénovation efficace et au bon coût du logement impose que celui-ci ne soit pas pratiqué au rabais.

Nous le savons : un prix anormalement bas entraîne de facto un temps de réalisation anormalement bas pour garantir la qualité du rapport fourni. L’enjeu et la responsabilité du donneur d’ordre (client particulier ou grand bailleur) est de pouvoir identifier ce qu’est un prix anormalement bas. Les clients doivent être informés et vigilants. Il est important qu’ils sélectionnent le diagnostiqueur le mieux disant qualitatif et non systématiquement le moins disant sur le prix.

Pourquoi ne pas constituer un référentiel de temps par type de diagnostic, de biens, bâtiment, etc. Autrement dit, un guide permettant à l’acheteur de détecter des anomalies de faisabilité.
Ce référentiel bien entendu se devra pas constituer l’offre commerciale en tant que telle, mais un guide permettant à l’acheteur de détecter des prix laissant présager une prestation dégradée.

Évidemment, afin de garantir la libre concurrence, la régulation des prix par un tiers est impossible. Néanmoins, certaines professions proposent des méthodes simples de calcul de temps à passer en fonction des différentes données d’une mission. C’est le cas par exemple des barèmes existant pour les missions de coordination SPS.
Que conseilleriez-vous aux diagnostiqueurs exposés à cette concurrence déloyale ?
Premier conseil : avertir les autorités compétentes à savoir la DGCCRF d’une part mais aussi le ministère de l’Environnement qui tient le registre des diagnostiqueurs immobiliers certifiés. Informer également les fédérations professionnelles comme SIDIANE.

Deuxième conseil : mieux informer les clients du contenu de la prestation qui sera réalisée. Expliquer la finalité des diagnostics, ce qui va être exploré, par quelle méthode, la durée prévisionnelle de l’intervention. Il est essentiel aussi que cette pédagogie auprès du client l’informe des risques qu’il prend à choisir un diagnostiqueur qui travaille avec des prix low cost. C’est la certitude que le diagnostic sera mal réalisé, voire sera sans valeur s’il y a une manipulation sur les certifications. C’est un risque au final pour la validité de la transaction, pour la qualité de l’information fournie, c’est au final dangereux pour la sécurité et la santé. Et cela peut même s’avérer un risque juridique pour le client. Tous ces arguments permettent de justifier d’un prix raisonnable, cohérent avec l’expertise, l’expérience et le temps effectif de travail du diagnostiqueur qui mène à bien sa mission.
L’AVIS DE FED EXPERTS

Tout d’abord, je tiens à vous faire remarquer que visiblement immodiagnostic est une plateforme de mise en relation et non des diagnostiqueurs.

Ce sont des diagnostiqueurs affiliés à ce réseau qui sont censés réaliser les diagnostics. D’un point de vue juridique, si ce ne sont pas les diagnostiqueurs qui commissionnent les agences immobilières, cela reste à priori légal. C’est une manière de contourner certes, mais légale.

Concernant les tarifs, ceux-ci sont libres et ne sont pour le moment pas réglementés. On ne peut rien citer d’illégal sur cette question également. Ce qui est le plus désolant à nos yeux, sont les diagnostiqueurs qui acceptent ou ont accepté ces missions à ces prix-là, est-ce la faute d’immodiags ou de ces diagnostiqueurs ?

De plus, il existe d’autres plateformes du même type, aux tarifs similaires voir en dessous, et beaucoup de diagnostiqueurs semblant s’indigner sur les réseaux sociaux au sujet d’immodiags, sont abonnés à ces mêmes plateformes…

Les prix bas ou cassés sont un vrai sujet pour FED experts et c’est pour cela que nous militons pour des tarifs planchers. Cela a été de nombreuses fois répété et transmis aux pouvoirs publics.

En ce qui concerne les pratiques sans certifications et/ou l’usurpation présumée de certifications, fed expert a été la seule fédération à alerter sur le sujet, cela a même été l’objet de notre intervention sur TF1, intervention que votre média a jugé réducteur pour la filière car ces pratiques étaient très rares, marginales d’après vous. Or aujourd’hui vous semblez découvrir l’existence de ces pratiques…Je vous renvoie à notre livre blanc contenant nos propositions pour enrayer ces dérives, transmis aux pouvoirs publics, et autour duquel nous avons énergiquement communiqué.

Au sujet du démarchage par SMS ou appels, qui sont certes illégaux, c’est aux victimes de ces démarchages abusifs de se retourner contre ces plateformes, ce n’est pas le rôle d’une fédération ou autre acteur du diagnostic de se faire justice, en revanche, alerter sur ce que dit la loi à ce sujet est une bonne chose.

Enfin, sachez que je reste dans l’expectative quant au sérieux de cette « enquête » en effet, celle-ci elle semble ciblée car d’autres plateformes existent et ne sont pas citées dans votre communiqué. La manière dont est orienté ce communiqué et le fait d’avoir divulgué sans présomption des identités, ne rend pas service à la filière, et cela le serait davantage en cas de saisine de la juridiction par les personnes citées, ce qui compromettrait tous les travaux d’investigations réalisés jusque-là et destinés aux pouvoirs publics pour l’éradication des dérives.

En somme, le diagnostic arriverait à une faillite de crédibilité telle, qu’il perdra toute faculté d’être respecté, aussi bien par les consommateurs que par les pouvoirs publics.

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3 Commentaires

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  1. P
    Patrick 8 février 2023 - 22h25

    Bonjour

    la pratique de prix plancher ne me semble pas la bonne solution car c’est tirer vers le bas les tarifs et ainsi nous retire la libre concurrence des prix.
    La formation des diagnostiqueurs à besoin d’être améliorée notamment sur la partie terrain et sur la partie logiciel, même si les logiciels sont maintenant bien aboutis, la diversité des missions le nombre croissant de points de contrôles et la complexités des missions ne permettent pas à un jeune diagnostiqueurs d’appréhender le terrain de façon professionnel, à la sortie de ses certifications.
    Les prérequis doivent êtres réhaussés afin que le métier soit réservé à de véritables personnes compétentes Les diagnostiqueurs s’exposent à des risques professionnelles (amiante, électricité, intoxication par le CO, risque de chutes de hauteur…)
    à des risques socio-professionnels : STRESS (travail dans l’urgence) pressions des donneurs d’ordres sur la rapidités des interventions et parfois sur le contenu des rapports (mauvais DPE) et enfin une mauvaise image dans les médiats.
    Notre métier est un métiers de commerce avec du relationnel client et donneurs d’ordre, malheureusement sous prétexte que les diagnostics sont obligatoires, nous ne pouvons pas utiliser les outils commerciaux habituels ce qui laisse la porte à la création de plateformes de commercialisations.
    Sommes nous toujours indépendants et impartiaux quand la majorité de notre chiffre d’affaire dépend d’une plateforme qui impose les prix?
    Il n’y a pas de secret, qui dit prix bas dit: obligation de faire du volume et donc d’aller vite sur le terrain. C’est la porte ouverte à un travail médiocre et donc des sinistres à la clé.
    Je milite donc pour l’autorisation de rémunérer les apporteurs d’affaires, comme cela se fait dans toutes les professions mais avec un encadrement stricte par exemple 5% du montant de la mission. L’apporteur aura intérêt de recommander un diagnostiqueur sérieux et pas forcément le moins cher.
    Le métiers de diagnostiqueur immobilier est un métier important qui protège les vendeurs et les donneurs d’ordre en apportant une information impartiale et sincère. Mais surtout le rôle le plus important est d’informer et de protéger les futurs habitants du logement.
    Notre travail ne vaux pas rien.

    Répondre
  2. S
    Stephane 9 février 2023 - 11h44

    Ça fait malheureusement longtemps que notre crédibilité ne vaut plus rien, si elle a valu quelque chose un jour …
    Tant que la dhup gérera nos certif et nos prérogatives, ce sera une fumisterie, car ce sont des gens soumis au lobbie immobilier bien protégé dans ce pays, à l’égal d’autres domaines d’ailleurs, leur permettant de phaggocyter le petit peuple ignorant.
    Les odi ne sont que les dindons de la farce (avec leurs assureurs) et sont menés à la baguette afin de pouvoir leur faire porter le chapeau du problème des autres. Les jugements en sont la preuve puisque systématiquement axés sur l’indemnisation matérielle au lieu d’estimer le préjudice sur la base du rôle majeur de prévention de la sécurité/santé que nous avons et qui nécessiterait, lui, une punition pour mise en danger.

    Répondre
  3. S
    Stephane 6 mars 2023 - 12h03

    Je voudrais rappeler à Fedexpert que le décret dit « anti commissionnement » ne parle pas de commissionnement mais d’interdiction de pratiques ayant, par nature et manifestement un impact sur l’indépendance et l’impartialité du diagnostiqueur certifié.
    Or, il me semble qu’il n’est pas difficile de faire un lien entre des odi affiliés à cette « plateforme », le discours de son représentant et les agence immobilières qui passent commande directement.
    Et d’ailleurs, ce décret, interdit tacitement, qu’une personne autre que le propriétaire (puisque c’est lui qui est cité dans les textes obligeant à faire réaliser un diagnostic) passe commande d’un DDT. Pratique qui, effectivement, n’est pas respectée dans l’ensemble.
    D’ailleurs, afin de respecter cet logique, je demande systématiquement qu’on me produise un « pouvoir » du propriétaire autorisant la donneur d’ordre désigné à passer commande.
    La vérité est qu’ils savent très bien que la DGCCRF n’a pas de directives les habilitant à faire respecter cet état de fait.
    C’est çà la France, un Pays hypocrite où on fait semblant de faire des lois en s’arrangeant pour qu’elles puissent être contournées, soit par l’absence de textes d’application, soit par l’absence de moyens donnés pour les faire respecter.
    Par contre, qu’est-ce que vous me suggérez quand je reçois ce matin un SMS émis par le N° 07.67.82.08.93 qui m’écris:
    ATTENTION A FUIRE! JEROME VERGNOLLE EST LE GERANT DE AROBIZ SOGEXPERT QUOTIDIAG
    IL VOLE VOS DONNEES C EST UN HACKER ET C EST UN DELATEUR A LA DGCCRF

    Pensez vous que les odi puissent continuer à se faire insulter de la sorte sans réagir ?!?
    Jérome, en tout cas, je conserve le SMS et si tu veux ma coopération pour faire une action contre ce type, pas de problème, contacte moi !

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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