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Se lancer en solo sans expérience pro, est-ce suicidaire ?

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Après avoir achevé votre formation et validé vos certifications, vous prévoyez de vous mettre à votre compte ? Discutez-en avec des diagnostiqueurs expérimentés. Vous constaterez que pour beaucoup d’entre eux, c’est suicidaire. Pourtant, parmi eux, il y a des « petits », des indépendants, des solos, qui n’ont jamais été salariés. Leur discours alarmiste doit-il contrecarrer votre projet professionnel ?

Informations sur le métier de diagnostiqueur

Trop souvent, l’individu qui veut devenir diagnostiqueur ne sait pas réellement dans quoi il s’engage. D’une part, des publicités vous promettent le pactole grâce au DPE et à l’audit énergétique. D’autre part, l’immersion proposée par France Travail (ex-Pôle Emploi) – quoique bienvenue – ne montre que la facette la plus plaisante du métier. En effet, on y voit les rencontres humaines, la diversité des biens, l’absence de routine…

C’est fréquemment en fin de formation, voire après, que le futur opérateur de diagnostic immobilier déchante. Il découvre alors les contrôles à répétition, le coût du matériel, la tension sur le marché des assurances, le travail de bureau pour la rédaction des rapports, les lourdeurs administratives, la concurrence, etc. Finalement, ses revenus ne lui paraissent pas à la hauteur de l’investissement et des risques encourus. L’avertissement des « anciens du diagnostic » s’explique en partie ainsi.

De la formation à la pratique terrain

Cela dit, le véritable argument pour ne pas se mettre à son compte réside dans la formation, malgré la récente mise en place du tutorat pour le DPE. Après avoir été formés, beaucoup de diagnostiqueurs ne se sentent pas aptes à exercer ce métier, sans être supervisés, pour tous les domaines (amiante, plomb, gaz, électricité, énergie, termites outre les mesurages).

La formation obligatoire, très théorique, leur a permis de valider les certifications. En général, elle ne leur a pas appris la réalité du métier. Autrement dit, elle ne leur fait pas acquérir toutes les compétences requises pour sécuriser leurs interventions dès la première mission. Ils peuvent alors :

  • Payer une nouvelle formation pratique facultative.
  • Essayer de trouver un tuteur ou un stage avec un confrère expérimenté.
  • Opter pour le salariat le temps d’apprendre davantage le métier.
  • Compter sur une franchise ou un réseau pour être accompagné.
  • Prendre le risque de se lancer seul, sans garde-fou, malgré tout.

Ce dernier choix peut paraître suicidaire aux professionnels expérimentés. D’une part, ces derniers se sont formés au fur et à mesure que surgissaient les nouveaux diagnostics obligatoires. L’acquisition des compétences nécessaires a donc été progressive. D’autre part, ils étaient parfois issus du bâtiment. Bref, la situation leur paraît plus compliquée qu’autrefois pour un nouveau venu en reconversion professionnelle.

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Le salariat est-il la solution ?

Bien entendu, il y a des exceptions. Certains diagnostiqueurs sortent d’alternance, d’autres ont suivi l’une des rares formations universitaires existantes. De plus, il existe des formations plus axées sur la pratique que d’autres. Bref, nous généralisons sciemment pour aller à l’essentiel : sans expérience, faut-il renoncer à être son propre patron ?

En fait, le salariat n’est pas la solution miracle, car tous les employeurs ne se valent pas. Nous avons reçu des témoignages de diagnostiqueurs inexpérimentés, lâchés seuls sur le terrain juste après leur embauche. On leur donne un max de diags à réaliser dans la journée. Et puis, sans généraliser non plus, les conditions de travail imposées par certaines entreprises ne favorisent pas la montée en compétences. Oui, c’est un moyen d’acquérir de l’expérience avant de se lancer, à condition de bien choisir sa boîte.

Par ailleurs, la filière et les missions sont hétérogènes. À peu de chose près, chacun rencontre des difficultés similaires (clarifier les flous réglementaires, se faire connaître, éviter les impayés, financer les contrôles…). Tout le monde fait plus ou moins face aux mêmes craintes (passer à côté de quelque chose, subir un sinistre, s’endetter, perdre sa certification…). Au contraire, la capacité à les surmonter varie selon les personnes.

Mise en garde avant de devenir diagnostiqueur

Primo, dans un grand nombre de métiers, l’essentiel s’apprend sur le terrain. Cependant, les sanctions, voire les condamnations, ne sont pas toujours aussi importantes en cas d’erreur. Secundo, de toute façon, un diagnostiqueur se forme constamment, au gré des évolutions réglementaires, normatives, etc. De plus, la peur de mal faire rend parfois le novice plus prudent que son confrère aguerri.

Bref, selon nous, l’important est d’être prévenu pour prendre les bonnes décisions. Ceci est donc une forme de mise en garde aux personnes qui s’imaginent qu’il suffit de (faire) financer la formation, puis de passer des QCM, pour être un expert et se lancer en indépendant avec succès. Évitez-vous des déconvenues, ou pire, dès maintenant.

En définitive, l’important pour nous est d’abord et avant tout d’informer les candidats à la certification de diagnostiqueur. Avertissons les futurs ODI avec transparence, donnons-leur les clés pour décider de leur avenir, mais sans décourager d’emblée ceux et celles qui ont potentiellement beaucoup à apporter au métier.

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2 Commentaires

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  1. V
    Vincent 27 mai 2025 - 14h14

    Se lancer en solo est tout à fait réalisable, seulement il ne faut pas le faire naïvement. Il est important d’être bien entouré, de faire une bonne étude de marché (trop souvent négligé de nos jours) en anticipant tous les frais, notamment ceux dédiés aux contrôles, contacter les banques, un expert comptable, faire une formation terrain au préalable (je prêche pour ma paroisse), etc. Les différents statuts d’auto-entrepreneurs ont certes minimisés le fait de se mettre à son compte, mais n’oublions pas que cela revient avant tout à créer une entreprise et à en devenir responsable… Il faut donc avant tout s’assurer d’en avoir les compétences.

    Répondre
    • Cécile, le moteur de Quotidiag 27 mai 2025 - 14h19

      Nous n’avons pas parlé de l’étude de marché, car c’est un sujet que nous avons abordé à plusieurs reprises dans de précédents articles sur la création ou la reprise d’entreprise. Un renvoi à ces sources aurait effectivement été utile. Merci de rappeler l’importance de ces démarches préalables. Cependant, cette étude de marché a toujours été nécessaire. En l’occurrence, nous souhaitions plutôt expliquer pourquoi des diagnostiqueurs qui ont commencé en solo découragent parfois ceux qui souhaiteraient à leur tour se lancer en se mettant à leur compte. Cet article s’inspire aussi de témoignages de diagnostiqueurs tentés de renoncer en découvrant tout ce qu’ils ignoraient du métier, malgré une immersion terrain demandée par France Travail.

      Répondre

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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