Riche comme un diagnostiqueur immobilier ?

La rémunération des diagnostiqueurs était à l’honneur cette semaine. En effet, d’après le dernier baromètre sur les salaires des cadres, la profession aurait connu une augmentation de 8,7 % en un an. Si on peut s’en réjouir, surtout en ces temps pécuniairement compliqués pour les opérateurs certifiés, il nous semble utile d’apporter quelques nuances.

Progression salariale des diagnostiqueurs

Le 29 août 2024, Expectra (groupe Randstadt) publiait son communiqué de presse annuel sur la progression salariale des cadres. On y lit  : « la troisième meilleure progression revient au métier de diagnostiqueur immobilier dont les compétences en termes de décarbonation sont très recherchées. La profession tire son épingle du jeu avec une avancée de +8,7 %… ».

Une semaine plus tard, plusieurs médias relaient cette information. Sur les réseaux sociaux, les intéressés oscillent entre l’hilarité et l’incrédulité. Effectivement, quand Le Figaro écrit « heureux comme un diagnostiqueur immobilier », il y a de quoi rigoler.

Nous sommes tout de même à l’an 17 de l’ère de la certification, marquée par la mise en place de contrôles coûteux et punitifs. En prime, la crise de l’immobilier a ralenti l’activité de certains cabinets. Cependant, si des diagnostiqueurs ne se reconnaissent pas dans cette publication, c’est parce qu’une grande majorité d’entre eux n’est pas concernée.

Qui sont les diagnostiqueurs concernés ?

Les médias qui reprennent cette info ne parlent généralement pas de la méthodologie utilisée pour arriver à ces résultats. L’étude se base, tous domaines d’activité confondus (aéronautique, industrie, finance…), sur les postes pourvus par Expectra (interim, CDD et CDI). Il y a 10 700 entreprises représentées, dont 72 % en province et 28 % en Île-de-France.

Il existe peu de données publiques récentes sur la part de TPE, de PME, etc. parmi les sociétés de diagnostics. Xerfi s’intéresse régulièrement au sujet, mais le prix de ses études les rend inaccessibles au commun des mortels. Toutefois, d’après les estimations de ces dernières années, il y aurait deux tiers de diagnostiqueurs en solo (65 % à 70 % selon les sources).

Par ailleurs, la carte interactive Map-diag localise les diagnostiqueurs. S’ils sont présents dans l’ensemble de la France, leur répartition géographique n’en est pas moins inégale. Elle ne semble pas vraiment coïncider avec les entreprises représentées dans le baromètre.

Enfin, nous avons recherché les offres d’emploi de diagnostiqueurs associées à Expectra. D’une part, il y en a peu. D’autre part, nous trouvons surtout des offres de « diagnostiqueur avant travaux / avant démolition ». Bref, nous ne remettons pas en question les données du baromètre. En revanche, elles ne concernent qu’une minorité de la filière.

Devenez riche avec le diagnostic immobilier

Depuis plusieurs mois, nous sommes inondés de publicités mensongères. Vous les avez peut-être vu passer. Elles annoncent que l’État ou la France a besoin de vous pour réaliser des DPE ou des audits. Suivez une formation DPE / audit (totalement bidon, d’un obscur centre non certifié) pour gagner 600 €, 800 €, 1000 € — qui dit mieux ? — par jour.

Ce discours n’est pas nouveau. Ainsi, en avril 2022, Marc nous expliquait déjà comment devenir millionnaire en réalisant des DPE. (Soit dit en passant, avec un salaire médian annuel de 30 690 € selon Expectra, ce n’est pas encore ça). Loin de nous l’envie de décourager qui que ce soit de devenir diagnostiqueur, mais gare aux illusions. On nous répète que c’est un métier qui recrute, boosté par les échéances de la loi Climat Résilience… Oui, certes, sans doute.

Néanmoins, les personnes accueillies en formation ne savent pas toujours dans quoi elles se lancent. Le coût d’un cycle de certification est souvent passé sous silence, or il a énormément d’importance. Quant à l’augmentation des salaires, elle n’implique pas une hausse des recrutements partout. Devenez diagnostiqueur parce que c’est un beau métier, quoique mal aimé, difficile mais passionnant. Quant à la richesse, on vous la souhaite.