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Représentativité du métier : Replay et synthèse

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Mercredi dernier, nous avons organisé un débat sur la représentativité du métier de diagnostiqueur. Si vous l’avez manqué ou si vous voulez le revoir, vous pouvez désormais visionner le replay du webinaire du 16 avril 2025. Même s’il n’y avait qu’une trentaine de participants, la discussion a été animée et révélatrice d’un profond malaise.

Des imprévus d’un débat de diagnostiqueurs

Personne ne pouvait prévoir comment ce débat se déroulerait. En effet, cet évènement Quotidiag avait un certain nombre de particularités. D’abord, il était diffusé en direct. Ensuite, le thème, actuel, était susceptible de déclencher des polémiques.

Et puis, d’une part, il réunissait Romy Payot, co-fondatrice de l’ANDI (Association Nationale du Diagnostic Immobilier), administratrice du groupe Facebook « Nous Diagnostiqueurs » et Gaëtan Saint Dizier, administrateur à l’Alliance du Diagnostic Immobilier. Tous deux sont diagnostiqueurs, mais ils s’engagent différemment pour défendre et valoriser la profession.

D’autre part, nous ne savions pas si les personnes présentes adhéraient ou non à une fédération. Certes, nous avions posé cette question dans un sondage préalable : vous sentez-vous représenté par l’une de ces organisations professionnelles… Cependant, la moitié des répondants avait coché la case « aucune d’entre elles ».

Enfin, contrairement au webinaire sur la création d’un ordre professionnel, il ne pouvait se résumer à la question « pour ou contre ». Bien entendu, les diagnostiqueurs veulent être représentés. Néanmoins, ils ne semblent pas parvenir à s’unir derrière une organisation.

Pourquoi y a-t-il autant d’organisations professionnelles ?

Après avoir rappelé la raison d’être de ce débat, j’ai demandé à nos invités pourquoi, selon eux, il y avait autant d’organisations professionnelles s’affirmant « représentatives ».

Romy Payot a notamment répondu : « on est un métier jeune, encore en structuration et finalement, on rassemble des profils très variés avec des intérêts qui sont parfois divergents. […] Je crois que chaque organisation créée dernièrement est là pour porter une voix. Ce qui est malheureux, c’est qu’on ne porte pas cette voix tous ensemble. » À ce stade de la discussion, nos orateurs semblaient plutôt sur la même longueur d’onde.

Pour Gaëtan Saint Dizier : « La filière est complètement morcelée, ce qui nuit à notre influence collective. Ce constat, partagé par les professionnels et par les pouvoirs publics, nous a poussé à fusionner les deux fédérations historiques, c’est-à-dire la CDI FNAIM et la FIDI pour l’Alliance du diagnostic immobilier. C’est un choix fort d’unité qui va dans le sens d’une parole consolidée, plus lisible et plus crédible. »

Qui faut-il représenter exactement ?

La situation s’est tendue lorsque j’ai posé ma deuxième question : qui doit-on représenter ? Uniquement les diagnostiqueurs certifiés de terrain ? Ou tous les acteurs du diagnostic, du solo au dirigeant d’un réseau ? Ou la filière dans son ensemble, en incluant les organismes de formation, les organismes de certification, etc., tous concernés par les décrets et arrêtés relatifs au métier ?

Pour Romy, « la représentation doit revenir uniquement au diagnostiqueur certifié de terrain […] Ce sont les diagnostiqueurs qui rédigent les rapports, mettent en jeu leur responsabilité, subissent les contrôles et la pression du client. Bref, ce sont eux, les professionnels, qui ont besoin d’être représentés. Évidemment, les OF, les OC, les éditeurs de logiciels, sont nos partenaires importants et indispensables […] mais ils ne font pas notre métier. Ils ne subissent pas la réalité et du terrain. »

Gaëtan a commencé par rappeler que l’Alliance était le seul syndicat régi par les lois de 1871 et 1884. Ensuite, il a donné son avis : « je pense qu’il faut intégrer tout l’environnement métier, mais le vote, les décisions, doivent être prises par les diagnostiqueurs. » À cet instant-là, le public s’est emparé du micro. Il y a alors une succession de prises de position, à entendre dans le replay. En effet, retranscrire 1h30 d’échanges serait indigeste à lire. Cependant, nous les résumons rapidement ci-dessous.

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A-t-on besoin de toute la « filière » ?

Tout au long du débat, Gaëtan a défendu son point de vue : « on a tous notre mot à dire. On est tous des acteurs de notre profession. Le morcellement n’est pas la solution ». Cependant, il n’a pas réussi à convaincre l’assemblée, constituée notamment d’adhérents à l’ONEDI (Organisation Nationale d’Éthique du Diagnostic Immobilier) ou de sympathisants. Les participants ont tour à tour évoqué :

  • la nécessité d’avoir « chacun sa fédération » où être représenté (une pour les diagnostiqueurs, une pour les organismes de formation…) ;
  • le rôle de prestataire ou fournisseur d’un OF, d’un éditeur de logiciel, etc.
  • l’impression que les décisions se prennent à Paris sans les intéressés ;
  • les conflits et divergences d’intérêts entre OF, OC, dirigeants de réseaux et de franchises d’un côté, et diagnostiqueurs indépendants de l’autre.

Sam, qui est dans l’Alliance du diagnostic immobilier, a insisté sur la nécessité de défendre collectivement la profession. « Pour la sérénité des débats actuels et pour le devenir de notre profession, c’est important qu’on soit effectivement tous solidaires et qu’on se regroupe tous dans la défense de notre métier. Par exemple, certaines personnes de l’Alliance ne sont pas certifiées diagnostiqueurs, mais elle défendent le métier. »

Selon Romy, « les diagnostiqueurs sont mis à part. C’est infantilisant, car ça veut dire qu’on est incapables de nous représenter nous-mêmes. On paye pour se former, on paye pour se certifier, on paye pour se faire contrôler, on paye tout le temps, on en a ras-le-bol. […] On est tous dans le même bateau, mais on n’a pas tous les mêmes intérêts. »

Critique des fédérations historiques

J’avais demandé aux participants d’éviter le trop facile « Fédérations bashing ». Néanmoins, le débat s’est (inévitablement ?) orienté vers une critique des actions des fédérations historiques et une remise en question de leur légitimité à représenter les diagnostiqueurs.

« Qu’est-ce que les fédérations ont fait pour nous ? Je constate que c’est de plus en plus compliqué, qu’il y a de plus en plus d’administratif,  les certifications et les contrôles coûtent cher. On continue à se former pour aller passer des certifications et non pour apprendre un métier. […]  Il est grand temps de mettre un coup de pied dans tout ça et de revoir les choses », s’est agacée Romy.

Gaëtan a précisé que les fédérations n’étaient pas responsables du plan de fiabilisation du DPE. Il y a eu des discussions, mais « personne ne commande le gouvernement ». On jette la pierre aux fédérations alors qu’il y a tout de même un gros travail effectué derrière.

Individualisme du diagnostiqueur

Plusieurs participants ont également insisté sur la difficulté, pour un diagnostiqueur indépendant de s’engager pour représenter les intérêts d’autrui. D’une part, le solo est souvent individualiste, il pense d’abord à ses intérêts. D’autre part, en travaillant 70 heures par semaine, il lui est difficile de se syndiquer et d’agir. Il a « la tête dans le guidon ».

L’administrateur de l’Alliance du Diagnostic Immobilier a terminé en expliquant pourquoi lui, diagnostiqueur solo indépendant, il s’est engagé bénévolement, « pour donner de soi, essayer de participer, défendre certaines idées ». Romy a clos le débat en se disant dépitée de voir que la profession ne s’organise pas, ne se rassemble pas.

« Maintenant, la question c’est : qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on continue à faire comme ça ? Des visios de temps en temps à venir se plaindre, raconter chacun nos petits malheurs ? Ou est-ce qu’enfin on s’unit […] ? Comment on fait pour structurer cette profession ? » Pour elle, la solution réside dans l’ordre des diagnostiqueurs.

De la représentativité à l’action

Le débat a illustré le morcellement de la filière. En dépit d’échanges parfois houleux, toutes les personnes présentes s’accordaient sur la nécessité de parler d’une seule voix pour défendre les intérêts des diagnostiqueurs. En revanche, d’une part, nombre d’entre eux ne font plus confiance aux fédérations historiques pour les représenter.

D’autre part, tous sont conscients de la difficulté, pour un diagnostiqueur solo, indépendant, de s’engager dans ce projet commun. C’est une raison supplémentaire de remercier tous les participants qui, malgré leur travail prenant et leurs obligations professionnelles, ont fait l’effort de venir défendre leurs idées lors de ce webinaire.

Un grand merci, notamment, à : Romy Payot, Gaëtan Saint Dizier, Smeralda Marzano, Samir Zanoun, Patrick Gombaud, Hervé, Antoine Pietrini, Laurent Cayla, Francis Tisserand, Luc Guerder et David Rossin pour leur implication dans la discussion.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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