Le diagnostiqueur établit régulièrement des attestations. Certaines sont obligatoires, imposées par la réglementation. C’est notamment le cas de l’attestation sur l’honneur remise au client avant la réalisation des diagnostics. Et puis, il y a toutes les autres, par exemple celles exigées par certains professionnels de la transaction immobilière. Elles n’ont aucune valeur juridique, mais on peut vous les reprocher si elles sont mensongères.
Exemples d’attestations inutiles
Dans le dossier de diagnostic technique, il y a parfois des documents inattendus, rédigés par un diagnostiqueur :
- attestation de bien non soumis au DPE ;
- attestation d’absence d’un mode de chauffage fixe ;
- attestation d’absence de termites ou de mérule ;
- attestation de non présence d’installation de gaz ou d’électricité ;
- attestation d’absence de revêtement contenant du plomb…
La demande provient souvent d’un prescripteur, notaire ou agence immobilière. D’ailleurs, des techniciens nous contactent parfois pour savoir où trouver un modèle d’attestation. La réponse est facile : nulle part. En effet, au niveau réglementaire, ces attestations n’existent pas.
Mais après tout, si untel veut une attestation, autant lui faire plaisir, se disent certains d’entre vous. Cette réaction est classique et compréhensible, à condition de facturer l’attestation (cela reste un travail supplémentaire)… et d’être conscient des risques liés à cette pratique.
Diagnostics et danger des attestations
D’abord, en général, l’assurance RC Pro ne couvre pas la rédaction d’une attestation non réglementaire. Ensuite, prenons l’exemple de l’attestation d’absence de chauffage. Si le bien est non soumis au DPE, le notaire doit l’indiquer dans l’acte de vente et renvoyer à l’article R.126-15 du code de la construction et de l’habitation (CCH). Cela fait partie de ses missions.
De plus, le vendeur peut être de mauvaise foi, par exemple pour éviter la réalisation du DPE. Certes, normalement vous avez visité le bien immobilier et mené des investigations avant d’attester. Néanmoins, imaginez, par exemple, que le propriétaire remette le radiateur retiré juste avant votre visite… Votre écrit pourrait alors se retourner contre vous.
Enfin, l’objectif réel de l’attestation est de dégager la responsabilité du donneur d’ordre, du notaire, voire de l’agent immobilier. En clair, c’est une manière de vous faire endosser toutes les responsabilités, alors qu’aucun texte ne vous oblige à fournir un tel document. De toute façon, si quelqu’un doit déclarer l’absence de chauffage, c’est d’abord le propriétaire.
Attestation à risque variable
À partir du moment où vous avez tous ces éléments en tête, vous êtes évidemment libre de vos décisions. Le risque pris dépend aussi du contexte d’intervention. L’attestation d’absence de chauffage, faite pour rendre service au notaire, correspond réellement à un cas d’exemption du DPE. En revanche, il y a des attestations nettement plus douteuses.
Il en va ainsi de l’attestation équivalent à une prorogation d’un diagnostic dont la durée de validité a expiré. Le document dit, par exemple, qu’il n’y a eu aucune évolution dans le bien depuis la précédente visite. Moyennant quoi, un nouveau diag ne s’impose pas. Là, ce n’est pas seulement non réglementaire, c’est interdit, à l’instar des renouvellements de diagnostic sans visite. S’il n’est plus valable, le diag est à refaire intégralement, point barre.
Enfin, de manière générale, le diagnostiqueur n’est pas formé, assuré et payé pour établir des attestations à tort et à travers. Au début, elles étaient rarement demandées. Au fil des années, elles se multiplient. L’augmentation des sinistres pousse chaque partie prenante à se protéger à coup d’attestations. Et si nous prônions plutôt le respect de la réglementation ?
Téléchargez la version PDF de l’article sur les attestations non réglementaires.
Bonjour Cécile,
Pourriez-vous m’envoyer une version pdf de cet article, svp? Car si je veux l’imprimer il y a beaucoup de caractères qui s’imbriquent et c’est illisible. Merci,
Bonjour Thierry,
Oui bien sûr. Je vous envoie ça rapidement. Je vais aussi modifier l’article pour ajouter une version PDF à télécharger au cas où vous ne seriez pas le seul à vouloir l’imprimer.
Quand on nous demande une attestation pour justifier que le DPE est non fourni. Que doit-on faire concrètement ?
Vous pouvez accepter ou refuser. Cet article vous donne notamment des arguments pour justifier votre refus (pratique non réglementaire, non assurée, qui n’est pas censée relever de vos compétences…).
Non mais arrêtez de dévoiler toutes mes astuces !!! 😉
Effectivement, je confirme avoir déjà eu (très peu) ce type de demande, surtout pour l’absence d’obligation de fournir le dpe.
J’ai toujours systématiquement rappelé que si quelqu’un doit attester de quelque chose concernant le bien, ça ne peut être que le propriétaire du bien, en rappelant la valeur non légale de la mienne.
Une petite leçon de droit à un clerc, ça calme toujours…
Pour les autres exemples que vous donnez que je n’ai jamais rencontré, on est diagnostiqueur et pas attesteur, et de rappeler que l’agent immobilier est considéré comme un pro de l’immobilier et de par son rôle, constate l’absence dans son acte puisqu’il visite le bien (pas le notaire).
En toute franchise, il me semble que pour chaque diagnostics effectués, nous mettons déjà assez nos responsabilité en jeu. Des notaires ou agents immobiliers qui osent demander à un diagnostiqueur de fournir ce genres d’attestations, est quand même sacrément gonflé je trouve. On marche sur la tête sérieux, on est diagnostiqueur immobilier et le fait de fournir ce genre d’attestations ne fait pas partie de notre fonction.
En plus si ce n’est pas couvert par la rc pro, ça veut qu’en cas de litige il faudra payer de sa propre poche tout ça pour être arrangeant et rendre service (c’est quoi la suite, faire les diags gratuits).
Enfin chacun fait comme il veut après tout, de mon côté j’essai d’être un commerçant arrangeant et professionnel et rigoureux dans mon travail (c’est déjà pas mal je trouve).