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Que Choisir et le DPE : nouvel épisode !

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Aujourd’hui, Que Choisir publie une « enquête » sur la fiabilité du DPE. Il était temps, car la précédente datait du 22 septembre 2022. Depuis, l’association s’était contentée de lancer des piques contre les diagnostiqueurs et les auditeurs, au gré de ses articles sur la rénovation énergétique. Alors, est-il plus fiable ce maudit DPE ?

Une enquête sur la fiabilité du DPE ?

Une enquête est une recherche systématique de la vérité par interrogation de témoins et réunions d’éléments d’information. C’est un bien grand mot pour ce papier. Tout commence avec une certaine Amélie (prénom modifié). Elle a acheté une maison classée D. L’hiver venu, ayant des difficultés à se chauffer, elle fait intervenir un diagnostiqueur. Son pavillon tombe à F.

À partir de cet unique exemple, le journaliste de Que Choisir essaie de comprendre pourquoi le DPE, incontournable, n’est pas toujours fiable. Il fait appel à trois témoins :

  • Yannick Ainouche, président de la CDI-FNAIM, « le syndicat du secteur » ;
  • Maria Gracia, directrice d’Effinergie ;
  • Danyel Dubreuil, coordinateur de projets de l’ONG CLER – Réseau pour la transition énergétique.

Le premier évoque l’absence de diplôme du diagnostiqueur et la méthode de calcul inadaptée aux bâtiments anciens. La seconde signale que les diagnostiqueurs ne sont pas seuls en cause, car le propriétaire contribue beaucoup à la fiabilité du DPE (merci madame !). Le troisième déplore la modification des seuils pour les petites surfaces.

Manifestement, on ne se soucie plus du problème d’Amélie, qui habite dans un pavillon, pas dans un studio ni dans un immeuble haussmannien. Cependant, intéressons-nous aux arguments de nos intervenants.

Diplôme de diagnostiqueur vs certification

M. Ainouche explique : « En quelques mois on peut devenir diagnostiqueur en s’inscrivant dans l’un des 37 organismes de formation, puis parmi l’un des 13 centres de certification. Il faudrait créer un vrai diplôme d’État de niveau bac +2 ». Le président de la CDI-FNAIM milite de longue date pour la création d’un tel diplôme. Pourquoi pas ? Ce combat a du sens.

En revanche, à l’heure où les candidats échouent massivement à l’examen théorique de la nouvelle certification DPE, il est malvenu de sous-entendre qu’il suffit de s’inscrire dans un OF puis chez un OC pour faire ce métier. En fait, le nouveau dispositif de certification n’est jamais évoqué dans l’article. Pourtant, il résulte d’un chantier de fiabilisation du DPE en réaction aux articles assassins dans la presse consumériste.

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Faire plusieurs DPE à bas prix

Mentionner le nouveau régime de certification aurait aussi été un moyen de parler de la nécessaire augmentation du tarif des DPE. Au contraire, Que Choisir conseille aux propriétaires : « Vous avez intérêt à en faire réaliser un second. Vous débourserez de 100 à 150 €, mais le jeu en vaut la chandelle ». Ben non. Ce n’est pas en prenant plusieurs diagnostiqueurs au hasard dans l’annuaire, avec le bas prix pour boussole, que vous aurez un diagnostic fiable.

C’est alors que Mme Gracia nous rappelle, fort à propos, que « les propriétaires doivent aussi fournir les données exactes sur l’année de construction, les travaux effectués, les matériaux utilisés. Sans ces informations, le DPE s’appuie sur des valeurs par défaut, moins précises ». En effet, faire plusieurs DPE sans fournir d’infos ne sert à rien non plus. Il était nécessaire de le préciser et nous ne pouvons que l’en remercier.

Fiabilité de la méthode de calcul du DPE

Yannick Ainouche ajoute que la méthode de calcul est inadaptée au bâti ancien. Hélas, ce chantier « n’a pas été lancé à ce jour ». Pourtant, les ministères de la Culture et de la Transition écologique n’ont cessé de répéter qu’il était en cours. Un rapport sur la place des patrimoines et de l’architecture dans la transition écologique a d’ailleurs été publié en juillet dernier. Mais enfin, cet argument limite au moins la responsabilité du diagnostiqueur en cas de DPE erroné.

Puis, M. Dubreuil avertit : « le DPE ne doit pas être un instrument politique que l’on manipule afin de sortir des habitations du statut de passoire thermique artificiellement, sans les rénover ». Outre le risque de précarité énergétique des ménages, l’ajout de coefficients peut amplifier l’écart entre les consommations théoriques et réelles. Tout cela relève incontestablement le niveau du débat. Hélas, c’est l’heure de la conclusion.

L’audit énergétique sauvera-t-il le DPE ?

La conclusion de cet article est incroyable. « L’audit énergétique serait-il le remplaçant tout trouvé d’un DPE à bout de souffle ? », s’interroge le journaliste. Oui, pourrait-on croire, car il va plus loin que le DPE en fournissant des scénarios de travaux. Mais non, il y a un hic. « Notre enquête fin 2023, concluait que les 2000 diagnostiqueurs alors certifiés pour conduire cet audit ne le maîtrisaient pas mieux que le… DPE ».

C’est le comble de la mauvaise foi. En effet, dans ladite enquête, Audit énergétique : pas mieux que le DPE !, il n’y avait aucun diagnostiqueur immobilier ! Que Choisir avait fait intervenir sept entreprises certifiées RGE OPQIBI et un cabinet d’architectes. À ce jour, l’association de consommateurs n’a jamais évalué la fiabilité des audits réalisés par des diagnostiqueurs formés ou certifiés. Conclure ainsi en dit long sur l’étendue de ses partis pris.

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6 Commentaires

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  1. T
    Tonino 19 septembre 2024 - 14h30

    Il y a un point qui vraiment me flingue.
    Je fais faire un DPE, j’ai une note X. Je refais faire ce DPE j’ai une note Y. J’en conclu donc Y est vrai et X est faux.
    Pourquoi ?

    Peut-être que c’est X qui est vrai et Y qui est faux. Ou peut-être que X ET Y sont faux.
    Et même pire, peut-être que X ET Y sont vrais, cas envisageable si chacun a respecté la règlementation au moment de sa réalisation et qu’elle a changé entre la réalisation des 2 DPE

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    • Cécile, le moteur de Quotidiag 19 septembre 2024 - 14h53

      En théorie, selon Mme Tchang qui dirige le BET responsable du moteur de calcul, avec son DPE 3CL « pour 2 bâtiments identiques, les résultats doivent être strictement identiques puisqu’ils sont indépendants des conditions d’usage. » En pratique, cette affirmation a été contredite par d’autres, notamment par Bruno Slama dans nos pages.

      X et Y peuvent même être vrais uniquement parce que tel diagnostiqueur, n’ayant pas les données communiquées par le propriétaire, utilise des valeurs par défaut (le cadre réglementaire l’y autorise), quand tel autre les a ou essaiera de les trouver par lui-même (démontage de prise, etc.). Et en effet, l’écart peut aussi s’expliquer par un changement de la réglementation.

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  2. F
    François-Eric de la société DIAG 33 19 septembre 2024 - 15h01

    Vu comment vous racontez l’article, la cas pratique présenté ne sert à rien. Les intervenants parlent des problèmes du DPE de façon globale pas du cas pratique de l’article.

    Quand on a deux DPE avec des écarts importants sur un même bien, il faut savoir d’où ils viennent. Cela peut venir du professionnel, qui fait mal son boulot. Cela peut venir du DPE en lui même, où on peut par exemple saisir une isolation de trois façons différentes avec trois résultats différents. On peut aussi avoir des pertes d’information entre deux propriétaires, par exemple le premier a fait isoler les murs en 2010 et donne la facture au diagnostiqueur ; le nouveau propriétaire n’a pas cette facture, et quand le deuxième diagnostiqueur intervient, il constate un doublage des murs, ne peut pas mesurer l’isolant, et donc utilise l’année de construction pour mettre une valeur par défaut.

    Si on veut améliorer la situation, il faut savoir d’où viennent les écarts, ça permet d’orienter la réflexion dans la bonne direction.

    Répondre
    • Cécile, le moteur de Quotidiag 19 septembre 2024 - 15h15

      Oui, bien sûr. Le « cas pratique » est un prétexte. Il permet à chacun des protagonistes de donner son avis global à propos du manque de fiabilité du DPE : problème de compétences du diagnostiqueur, manque de données fournies par le propriétaire ou faiblesse de la méthode de calcul.
      Si on ne s’intéresse pas au contexte de réalisation du diagnostic et si on ne compare pas les rapports, il est impossible d’expliquer un écart entre deux DPE réalisés sur un même bien.

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  3. S
    Stephane 20 septembre 2024 - 8h30

    A quand la mise en responsabilité des organismes de certification?
    A quand la mise en responsabilité des organismes de formation ?
    A quand la mise en responsabilité des éditeurs de logiciels ?
    A quand des prix plancher pour éviter les malfrats low cost
    A quand un syndicat pour la défense des indépendants

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  4. A
    Antoine 3 octobre 2024 - 9h38

    Je m’étonne toujours des arguments avancés dans l’éternel débat sur le DPE…
    Le propriétaire ne communique pas les infos… l’excuse magique! quand vous réalisez un état termites ou une mission amiante, vous attendez que le propriétaire vous dise: la charpente n’est pas accessible mais j’ai une facture d’un charpentier qui dit que tout va bien… ou encore si vous trouvez des dalles de sol, vous ne prélevez pas car le propriétaire vous dit qu’il ne veut pas de prélèvement pour ne pas les abimer, vous n’ouvrez pas les placards, ne soulevez pas les tapis,…? je caricature mais vous m’avez compris 😉

    Personne ne va conclure sur toutes ces missions sans avoir fait d’investigations approfondies mais sur un DPE alors là plus rien ! je vois qu’il y a un doublage mais surtout pas d’effort, je démonte surtout pas de prise! encore moins faire un sondage de type poinçon avec l’autorisation du propriétaire pour savoir ce qu’il y a derrière (pour info ce type de sondage très légèrement « destructif » est préconisé dans le guide à destination des diagnostiqueurs, rappelez vous de la fameuse vidéo) on est en 2024, une petite caméra endoscopique vaut à peut près 20€ sur la plupart des plateforme de e-commerce….

    Et ne me dites pas qu’on va vous refuser de faire un petit trou discret dans un mur pour savoir de quoi il est fait… je ne connait pas un propriétaire qui refuse sachant qu’avec une valeur par défaut il peut perdre 20% de sa note DPE….

    Idem sur les appareils de chauffage. trouver une plaque signalétique sur une chaudière ne relève pas de l’exploit ! c’est la base.

    Bref, essayons d’être cohérents, pour être compréhensible du publique appliquons les mêmes règles pour tous les diags: dans la profession beaucoup ne sont pas avares de réserves diverses et variées dans les rapports. A plus ou moins juste titre et en oubliant parfois notre obligation de moyens… et bien faisons pareil avec le DPE, expliquez sur vos rapports que le résultat n’est pas correct car vous n’avez pas eu accès à telle ou telle partie ou mieux ne publiez pas de DPE sans avoir récolté toutes les données réelles et mesurées pour le faire correctement!

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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