Dans votre maison ou votre appartement RT2012, vous souffrez de la chaleur depuis le début de l’alerte canicule ? Vous n’êtes pas un cas isolé. Ces logements performants, hyper isolés, bien étanches, aux surfaces vitrées orientées Sud, subissent une surchauffe. Le réchauffement climatique a pourtant été pris en compte lors de l’élaboration de la réglementation thermique.
Les limites de l’indicateur TIC
La réglementation thermique RT2012 a intégré l’exigence de confort d’été dans les bâtiments non climatisés. La TIC (température intérieure conventionnelle d’été), complétée par la DIES (degré d’inconfort d’été statistique) en E+C-, fixe un seuil à ne pas dépasser. C’est la température maximale qui doit être ressentie, pendant 5 jours de canicule, dans un bâtiment non climatisé.
Mais voilà, cet indicateur réglementaire est rarement corrélé à l’inconfort ressenti par les occupants. Certes, entre isolation, étanchéité et maximisation des apports solaires, on ne souffre pas du froid, durant les périodes hivernales, dans ces biens conformes RT2012. Malheureusement, les épisodes caniculaires peuvent transformer le logement en fournaise.
Vivre dans une bouteille thermos
« Les bâtiments à faible consommation d’énergie sont des bouteilles thermos dans lesquelles tout apport d’énergie est piégé, ne peut pas ressortir et se transforme en chaleur ». Tels sont les termes utilisés dans le rapport de l’Agence Qualité Construction Retours d’expériences (REX) : bâtiments performants et risques, rédigé dans le cadre du dispositif RAGE (Règles de l’Art Grenelle Environnement 2012).
Même si cela peut paraître contre-intuitif, la forte chaleur est souvent beaucoup mieux supportée dans un immeuble construit avant 1950. En effet, l’importante inertie thermique protège des vagues de chaleur. Des propriétaires de logements RT2012 ont d’ailleurs choisi d’installer la climatisation, or les climatiseurs contribuent au réchauffement climatique.
Confort d’été, un pilier RE2020
Avec la nouvelle RE2020, la TIC a donc été supprimée pour laisser place aux Degrés-Heures (DH). La RE2020 intègre en outre un scénario caniculaire, basé sur l’expérience de la canicule de 2003. L’obligation de procéder à un contrôle du système de ventilation, en fin de chantier, favorise aussi un meilleur rafraichissement des logements en été.
Cela dit, la notion de « confort », est globalement complexe car subjective. D’une personne à l’autre et selon la température extérieure, la perception de chacun varie. De plus, le mode de vie des occupants doit aussi être pris en compte (fermeture des protections extérieures en journée, ouverture des baies vitrées la nuit, etc.). L’usage réel du bâtiment importe également.
Essor des solutions de rafraichissement passif
La crise du Covid-19 a contribué à donner davantage d’importance au confort dans les habitations. Le lien entre confort thermique, qualité de l’air intérieur, bien-être et résilience du bâti aux aléas, est désormais mieux compris. Plusieurs pistes sont étudiées pour améliorer le confort d’été dans les constructions neuves, et optimiser la rénovation de l’existant.
Les solutions passives de rafraichissement semblent être un bon moyen d’adapter les bâtiments aux risques climatiques, sans augmenter les émissions de gaz à effet de serre. La végétalisation des toitures et façades, les brises soleil, les puits canadiens, etc. aident aussi à lutter contre les ilots de chaleur. Soit dit en passant, le CEREMA, qui a travaillé sur des outils d’évaluation du Risque d’Inconfort Thermique (RITE) dans l’habitat, a publié, la semaine dernière, une étude sur les alternatives à la climatisation.
Anticiper la hausse du mercure
La canicule actuelle va s’achever. Bientôt, vous pourrez de nouveau respirer dans votre logement RT2012 ou BBC 2005. En revanche, le problème de l’adaptation des bâtiments aux périodes de canicule est loin d’être résolu. À l’horizon 2050, de nombreuses constructions resteront potentiellement très vulnérables aux aléas climatiques.
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