Diagnostiqueur certifié, vous réalisez des DPE depuis 5 ans ? Vous respectez l’unique condition, imposée par l’arrêté du 20 juillet 2023, pour dispenser la formation continue en milieu professionnel (tutorat) de la nouvelle certification DPE. Mais encore faut-il être recruté par un organisme de formation et réussir cette mission, plus exigeante qu’elle n’en a l’air.
Prérequis pour faire du tutorat DPE
L’arrêté du 20 juillet 2023 impose un tutorat à tous les nouveaux diagnostiqueurs dans le cadre de la certification DPE, avec mention ou sans mention. En effet, le diagnostiqueur doit suivre cette formation continue dans l’année suivant sa formation initiale. Il remettra ensuite une attestation de suivi de formation en milieu professionnel à son organisme de certification (OC).
Qui peut faire du tutorat ? Il suffit d’être un diagnostiqueur certifié avec 5 ans d’expérience dans le DPE ou un formateur professionnel tout aussi expérimenté. L’arrêté DPE met donc dos à dos l’opérateur de diagnostic immobilier et le professionnel de la formation. Ce parti pris n’est pas incohérent, mais il est néanmoins dangereux.
En effet, des ODI pourraient s’imaginer que le métier de formateur est facile, alors qu’il s’apprend et que cet apprentissage prend du temps. Cependant, certains diagnostiqueurs jouaient déjà le rôle de tuteur avant le 1er juillet 2024, en accueillant leurs confrères sur le terrain.
Du tutorat informel au tutorat réglementaire
Des diagnostiqueurs ont fait du tutorat avant que cela devienne une obligation réglementaire. En effet, il y a toujours une vraie demande de la part de techniciens fraîchement certifiés. Nous l’expliquions en avril 2023 dans l’article Diagnostiqueur cherche tuteur. D’ailleurs, cette recherche d’immersion terrain perdure dans les autres domaines de certification.
En général, s’il est une mesure sensée qui gagnerait à être élargie aux diagnostics amiante, plomb, gaz, électricité, termites, etc., c’est bien le tutorat. Le manque de pratique terrain explique également le succès de diverses initiatives individuelles comme le Bootcamp Diag, voire la journée de partage sur le terrain entre dix diagnostiqueurs.
Contrairement à un préjugé tenace, il y a de nombreux diagnostiqueurs consciencieux, désireux de faire leur travail le mieux possible, qui vivent parfois avec la peur de commettre une erreur. La mission de tutorat est valorisante, car elle aide le confrère à s’améliorer. Mais attention, le tutorat DPE s’effectue dans un cadre réglementaire.
Organisation du tutorat DPE par l’OF
L’organisme de formation organise le tutorat. D’ores et déjà, cela change tout, car le tuteur représente l’OF. Si le diagnostiqueur tuteur réalise mal sa mission, il altère la crédibilité de l’OF qui l’emploie. Les organismes de formation nous ont dit avoir reçu beaucoup de candidatures durant l’été, sans pour autant recruter en masse.
C’est normal, car il ne suffit pas d’être un technicien expérimenté pour avoir toutes les compétences recherchées. Le DPE ne cesse d’évoluer et certains points restent encore assez flous au niveau réglementaire, suscitant d’interminables débats. Or le tuteur doit pouvoir répondre au tutoré de manière claire, équilibrée et étayée.
« N’est pas tuteur qui veut. Chacun a l’impression d’avoir la réponse technique, mais il faut avoir une perception technique, juridique, réglementaire. C’est tout un ensemble. Par exemple, il ne faut en aucun cas se contenter de dire : je suis pour ou contre le démontage de prise », explique Yann Vogel (ODI formation), co-fondateur de la récente structure indépendante Formentora, dédiée au tutorat.
Quelle est la mission du tuteur DPE ?
Le tuteur accompagne le diagnostiqueur « débutant » sur deux missions réelles et complètes de DPE, du début à la fin, de la visite du logement jusqu’à la rédaction du rapport envoyé à l’ADEME. C’est donc une mise en pratique globale des acquis théoriques. En prime, elle prépare les tutorés au CSO (contrôle sur ouvrage) qui les attend après.
Les compétences techniques, les qualités pédagogiques (l’envie et la capacité à transmettre ses connaissances avec clarté), mais aussi la maîtrise de la réglementation constituent autant de prérequis absents de l’arrêté, et néanmoins indispensables pour réaliser au mieux cette prestation. En somme, il faut du savoir-faire, mais aussi du savoir-être.
Le dernier paramètre à prendre en compte est le temps à consacrer au tutorat. Malheureusement, la réalisation des diagnostics techniques se fait souvent dans l’urgence. Or le tuteur s’engage, auprès du centre de formation, à intervenir sur demande. Cela dit, la plupart des formateurs et tuteurs actuels ont une autre activité. Au bout du compte, l’important est d’être conscient de ses limites avant de candidater.
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