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Nouvelle formation / certification DPE et audit : témoignage

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Il est à l’origine de nouveaux supports de formation pour le DPE (avec et sans mention) et pour l’audit énergétique auprès d’un centre de formation. À la lecture de notre article sur le taux d’échec au nouveau QCM DPE, il nous a contactés pour en parler. Il nous a semblé important de diffuser son témoignage, ce qu’il a accepté sous condition d’anonymat.

informations vs durÉe de la formation

En tant que créateurs de supports de formation, nous avons tous rencontré énormément de difficultés pour le DPE et pour l’audit. D’abord, il y a une impréparation de l’exécutif. Tout arrive à la dernière minute, parce que les axes de réflexion n’ont pas été poussés jusqu’au bout.

Pour le nouveau DPE, mon objectif était d’avoir au maximum 100 slides par thématique. À la fin, pour répondre aux critères du gouvernement j’en avais 800. Je ne suis pas le seul dans ce cas. Pour ma part, je voulais créer un contenu qui corresponde vraiment à l’arrêté du 20 juillet 2023 et tenir compte des retours que j’avais eus sur des précédentes formations.

Il y a une hétérogénéité des profils des personnes acceptées en formation. Pour certains, c’est une petite mise à jour sur les éléments du bâtiment. Pour d’autres, c’est le grand écart. Ils passent d’une formation initiale éloignée du bâtiment à l’apprentissage d’éléments pointus sur la conception, la construction, la compréhension du bâtiment et son fonctionnement. La durée de la formation théorique n’est pas adaptée à la quantité d’informations à faire passer.

Élaborer un support de formation fiable

Le Guide du diagnostiqueur V3 a été publié alors que tous les supports étaient déjà préparés. Il aurait fallu l’avoir en janvier pour l’intégrer au mieux dans nos formations. D’ailleurs, quand un décret est venu modifier la surface de référence, j’ai aussi dû revoir mes supports, juste avant son application. Tout cela rend l’élaboration d’un support fiable difficile puisque les éléments nous arrivent au compte-gouttes.

J’ai connu une situation similaire pour le lancement de l’audit énergétique réglementaire. Il devait s’appliquer normalement au 1er janvier 2022. Le 15 décembre 2021, on apprend que c’est reporté, car rien n’est prêt. On attend, on attend encore… On a eu tous les éléments de formation en mai pour une application 4 mois plus tard. Il a fallu faire une formation, alors qu’il n’y avait pas d’arrêté, ni pour la formation ni pour la certification. Quand je ressors des réunions avec la DHUP, j’ai le sentiment que nous naviguons tous à vue.

En tant que professionnels, nous relisons les projets d’arrêté et de décret. Nous prenons sur notre temps personnel pour identifier les problèmes. Nos retours sont parfois totalement ignorés. Pour la première mouture de l’audit réglementaire, avec mes confrères, nous avions identifié une dizaine de points à revoir (l’absence de vérification de cohérence entre consommation énergétique réelles et calculées, l’ajout complexe des travaux induits, etc.). Aucune de nos recommandations n’a été prise en compte.

Trop de questions sans rÉponses

Il y a encore des points très flous à propos de l’audit. Par exemple, dans le décret relatif à la formation, on nous parle d’utiliser certains outils : caméras thermographiques, wattmètre… Dans l’arrêté qui définit la mission, ces éléments n’apparaissent pas. Il faut seulement qualifier le fonctionnement de la ventilation. Alors là, en tant que formateur, il faut faire des choix. Est-ce que le temps consacré à l’utilisation des outils est suffisant ?

Pour l’audit, il y a le problème de l’estimation du coût des travaux. La grille de notation est assez succincte à ce niveau-là, et pourtant… Quelle est la responsabilité de l’auditeur sur cette prestation ? Je suis un bureau d’étude RGE et j’ai une décennale depuis 2008, pas une assurance RC Pro. Il faut savoir que les banques tiennent compte de l’audit. J’ai l’exemple d’une banque qui veut que l’acquéreur puisse financer en fonds propre la première tranche de travaux. Si l’auditeur se plante sur l’estimatif, quelles seront les conséquences ensuite ?

Il aurait été pertinent d’avoir des juristes et des assureurs autour de la table lors des réunions avec la DHUP. Nous n’entrevoyons que le côté technicien et non toutes les implications légales. Dans les années qui viennent, des jurisprudences arriveront… Mais c’est tout de même dommage de vouloir amener toute une profession vers une montée en compétences, sans leur parler des risques auxquels ils feront face demain en faisant ces prestations.

Éditeurs de logiciels et formation À l’audit

L’animation des formations est compliquée. Aujourd’hui, l’une de nos problématiques, en audit, réside dans le logiciel. Tous les stagiaires ne viennent pas avec le même logiciel. Nous essayons d’avoir des énoncés avec des correctifs aussi neutres que possible en fonction de la typologie du logiciel. Cette semaine, j’avais un stagiaire sur LICIEL, un sur AnalysImmo et un sur DPEWIN.

Nous leur fournissions l’énoncé et le fichier XML, mais le ficher XML n’était pas vu de la même manière selon le logiciel. Je n’ai pas les 9 logiciels certifiés, j’en ai 3 et c’est déjà difficile de pouvoir produire un énoncé par logiciel. À un moment donné, le fichier XML doit être lu de manière parfaite par tous les logiciels. Là, le temps que tous le récupèrent, l’incorporent et fassent des modifications, on perd facilement une heure et demie.

Lacunes de l’exécutif et certification

Au niveau des examens de certification, il y a aussi une lacune de la part de l’exécutif. Il a fourni des bases de données QCM qu’il n’a pas totalement vérifiées. Tous les organismes de certification de France ont alimenté la base de questions. Déjà, la manière de les poser peut grandement déstabiliser le candidat, avec des questions à double négation par exemple. Mais d’après les retours que j’ai eus, il y a également des erreurs dans les questionnaires.

Par exemple, il y avait une question sur la résistance thermique. C’est censé être une connaissance de base pour le DPE comme pour l’audit. Pour les réponses, il y avait 4 choix et aucun de ces choix n’était bon. Fatalement, le candidat ne pouvait qu’avoir faux. Si un OC ne regarde pas correctement toutes les questions, il y a forcément des impairs.

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Thermiciens versus diagnostiqueurs

L’objectif actuel, c’est que le diagnostiqueur fasse le même travail, en audit énergétique, que celui fait par un thermicien ou un ingénieur thermicien qui a de l’expérience dans le bâtiment. Des stagiaires me disent « je ne suis pas thermicien ». Mais c’est un terme un peu galvaudé. Il n’y a pas de « diplôme bac + 3 thermicien ». Il y a des spécialisations dans la thermique du bâtiment. Je vois d’ailleurs de plus en plus de stagiaires qui se spécialisent dans le DPE et l’audit. La question se pose au vu des prestations et du coût.

Pour ma part, je ne prétendrais pas avoir leurs compétences en amiante, en plomb ou en électricité. Eux, ils se certifient sur tous ces domaines. Par ailleurs, sur la partie théorique de l’examen, il y a un fort taux d’échec. Mais même s’il y a peu de diagnostiqueurs qui ont atteint les 15/20, il y en avait énormément qui tournaient autour de 12-13. Sur la partie pratique, le taux de succès est très important. La marche à franchir n’est donc pas si  haute que ça, nous y sommes presque.

Sanctions des auditeurs énergétiques

Aujourd’hui, la profession des diagnostiqueurs est la plus contrôlée et la plus sanctionnée de France. Ils ont sans arrêt des formations, des examens, des contrôles documentaires et des contrôles sur ouvrage en alternance. Nos bureaux d’études RGE ne sont pas aussi encadrés, ni sanctionnés alors que nous sommes censés être exemplaires.

Nous pouvons commencer à exercer avec l’obtention d’une qualification probatoire d’un an, mais c’est une vaste blague. Les organismes de qualification OBQIBI/QUALIBAT avaient fait un retour au gouvernement à ce sujet. Les entreprises éco-délinquantes poussaient comme des champignons pour faire de l’audit alors qu’elles n’avaient aucune compétence. Il y avait juste la présence d’un référent technique, ayant suivi une formation de 3 jours, censé garantir le travail jusqu’à 20 personnes, qualifiées ou non. Si le rapport était d’une qualité désastreuse, ils pouvaient perdre leur probatoire au bout d’un an. Le lendemain, ils redéposaient le même dossier et ils étaient de nouveau en probatoire.

En 2024, si le rapport du diagnostiqueur contient des erreurs, il doit les expliquer, dire comment il va les corriger, etc., et c’est le minimum. Il peut aussi subir un CSO, devoir refaire une formation supplémentaire avec un cas test… Il peut se retrouver avec une incapacité d’exercer. Tout cela va lui coûter aux alentours de 2 500 ou 3 000 euros, sans compter les autres diagnostics. En plus, le temps passé à être contrôle n’est pas facturé à réaliser des diagnostics. On se retrouve avec une solution assez punitive.

Au fait, il y a un autre prestataire qui peut faire des audits : l’architecte. Quels sont les contrôles et les sanctions ? Les architectes sont censés avoir une base sur le bâtiment, mais il y a certains aspects qu’ils n’ont jamais étudiés. Ils ne maîtrisent pas tous les calculs. J’ai été témoin d’un architecte qui faisait des audits réglementaires sur CAP RÉNOV, logiciel qui n’est pas encore certifié pour la réalisation des DPE et des audits. Pourtant, ça passait, parce que les notaires ne font pas toujours leur devoir de vérification.

Remise en question des formateurs

Je comprends que les diagnostiqueurs s’en prennent aux centres de formation et aux centres de certification. D’abord, ce sont leurs derniers interlocuteurs avant l’examen. Ensuite, au vu des sommes conséquentes engagées pour se former, nos stagiaires ont des attentes qualitatives fortes. Mais moi, en tant que formateur, je veux qu’il en aient pour leur argent. Leur échec à l’épreuve théorique du DPE – et ça a l’air parti pour être pareil avec l’audit – je le vis comme un échec personnel. Il amène une remise en question.

Mon objectif est que mes stagiaires réussissent. Je veux leur fournir un maximum d’armes pour qu’ils fassent ce métier. Quand un prof met une note inférieure à la moyenne à tous ses étudiants, c’est que c’est un mauvais prof. Il n’a pas su leur transmettre ses connaissances pour qu’ils réussissent. En tant que formateurs, nous ne sommes pas là pour encaisser l’argent. Nous ne les voyons pas comme des vaches à lait. Sinon, on fait un MOOC en les laissant se débrouiller avec. Non, nous voulons les accompagner et avoir un échange humain.

Échec à la certif’ DPE et audit : À qui la faute ?

J’ai beaucoup d’interrogations à l’heure actuelle. Est-ce que ce que nous proposons pour les former est adéquat ? Avons-nous réussi à faire passer l’information ? Est-ce que les stagiaires travaillent suffisamment ce contenu derrière ? Est-ce la faute du questionnaire ? L’examen est-il en adéquation avec leur métier ? Est-ce parce que pendant des années, on a fait croire au diagnostiqueur que ce serait facile de réussir même sans travailler ? Il faudra analyser précisément où sont les points d’amélioration. Faut-il allonger la durée de la formation sachant que ça leur coûterait encore plus cher ?

À propos de l’aspect économique et même si c’est un autre débat, le diagnostiqueur vend très mal ses prestations. Selon moi, ce n’est pas une augmentation de 10 % ou de 15 % qu’il faudrait pour le DPE, c’est bien plus. C’est peut-être l’avantage du nouveau régime de certification : demain, ils auront moins de concurrence et ils pourront augmenter les prix, à condition que la qualité suive. En attendant, tout le monde a des torts aujourd’hui, car il n’y a pas de pilote dans l’avion. On a un comité DPE/audit d’absents, enfin de plus ou moins présents, qui suivent avec plus ou moins de sérieux ces évolutions. C’est gênant pour tous les intervenants puisque personne n’a de vision globale.

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7 Commentaires

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  1. P
    Philippe 17 septembre 2024 - 12h57

    Merci pour ce témoignage qui reflète avec objectivité la réalité de notre profession où la remise en question et l’humilité sont quotidiennes mais que ce soit sur le terrain ou en formation, le principal problème c’est bel et bien le temps alloué.

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  2. P
    Pascal 17 septembre 2024 - 13h00

    Bien dit 👌

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  3. W
    William 17 septembre 2024 - 14h35

    Merci pour ce témoignage complet, objectif et pragmatique.

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  4. M
    Michaël 17 septembre 2024 - 19h47

    Ce témoignage est le triste réalité de ce que vivent les professionnels du diagnostic aujourd’hui.
    Payer une fortune les formations, contrôles, certifications sans pour autant réussir à augmenter leurs prestations qu’ils vendent.
    Le trou se creuse et, en tant qu’indépendant, l’avenir se noircit. Tant de responsabilités pour si peu de gain!!!

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  5. S
    Stéphane 21 septembre 2024 - 19h25

    Effectivement augmenter les prestations c’est facile à dire, quand la majorité des clients et pros de l’immobiliers ont ces 2 critères en priorité pour missionner un diagnostiqueur: le 1er est le prix bon marché et le 2ème la rapidité à obtenir un rdv et restituer les rapports le plus vite possible.
    J’ajoute que bien évidemment le DPE comme les autres diagnostics est sous facturé dans l’ensemble, mais je trouve que l’audit énergétique est par contre surfacturé en général. 800€ par exemple la prestation pour ceux qui ont fait leur propre DPE est abusé. Facturer 200€ un DPE pour la même maison, ce n’est pas cohérent non plus car le DPE (fait correctement) est la moitié de l’audit énergétique. Donc 300€ pour le DPE et 600€ l’audit me parait plus cohérent. Bon chacun fait à sa guise, c’est juste mon avis par rapport à toutes les prestations que j’ai pu effectué qui me pousse à balancer ces chiffres. Bon avec l’inclusion de la classe E du DPE (dans 3 mois) pour l’audit on va s’y retrouver financièrement mais bon c’est encore et encore des formations en plus avec certifs, surveillance etc… c’est lourd c’est certain d’avancer toujours plus d’argent en attendant.

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    • S
      STEPHANE 23 septembre 2024 - 10h26

      on ne doit pas faire le même travail ! dire qu’il est abusé de vendre des audits plus de 800 € est indigent pour ne pas dire débile. Tout dépend du niveau de qualité du travail exécuté donc du risque encouru en cso et en justice, qui sont les garde-fous du grand n’importe quoi. J’ai pour ma part vendu des audits a plus de 2000€ comme quoi c’est possible. Le grand problème de notre métier est d’avoir laissé entrer un grand nombre d’amateur n’ayant pas du tout le profil de base et le niveau intellectuel (en principe filtré par le niveau d’étude ), pardon de dire des vérités qui peuvent blesser mais c’est la dure réalité.

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  6. S
    Stéphane 23 septembre 2024 - 22h06

    Bonsoir Stéphane, j’adore lire ce message pleins de mépris d’un mec qui se prend encore pour un champion du monde et qui prétend être d’un niveau intellectuel, supérieur à la moyenne des autres diagnostiqueurs. J’ai lu plusieurs de tes messages (ou tu qualifies tous les agents immobiliers d’idiots par ex, ça va te parler) ou tu as dis des sacrés grosses conneries, mais je ne t’ai jamais attaqué personnellement en te qualifiant de débile qui n’a pas été très loin à l’école (chacun son point de vue après tout). Bon mon gars je t’invite à me contacter personnellement sur mon 06 et on en débat en privé de vive voix et pas en public car je pense que tu as un gros problème dans ta tête toi de me balancer tout ça de cette façon mais tu sais tu ne m’a pas blessé dans tes propos bien au contraire, je suis vraiment impatient d’échanger avec toi de vive voix. Tu peux demander mon numéro à Cécile et on débat en toute intelligence, sur ce sujet mais je doute que tu me contacte en privé. En fait tu dois faire des audits énergétique d’une autre planète pas des audits règlementaires c’est pas possible car à 2000€ c’est de l’escroquerie mais tu vas bien tout m’expliquer et bien me former surtout et je suis même prêt à te payer mdr. Tu as voulu jouer et faire le malin de balancer ce message en public, maintenant il va falloir que tu assumes tes propos avec pleins d’arguments.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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