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Mission impossible pour les bailleurs sociaux

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Réduire la consommation énergétique de 68 % et faire remonter la classe DPE de E à C d’ici 2024, tel est l’objectif du bailleur social Paris habitat. Ailleurs aussi, la rénovation du parc HLM s’accélère. Malgré tout, le rythme reste trop faible. En prime, une nouvelle étude de la Banque des territoires prévoit une forte dégradation de l’autofinancement des bailleurs sociaux.

Mise en œuvre du plan Climat de la capitale

La révision du Plan Climat de Paris sera lancée le 15 septembre 2022. La maire, Anne Hidalgo, doit aussi bientôt dévoiler le plan de sobriété énergétique de la capitale. La rénovation de 285 logements sociaux s’inscrit dans ce vaste chantier de la rénovation énergétique à Paris. L’opération se déroule dans le XIIIe arrondissement. C’est une rénovation en tiroirs : les locataires s’installent dans un autre appartement le temps des travaux, puis réintègrent le bien, et un nouveau locataire prend place dans le logement tiroir, etc.

Le bailleur social Paris Habitat vise un ambitieux gain énergétique de 68 %. En moyenne, d’habitude, les travaux de réhabilitation permettent de diminuer les consommations de 55 % dans le parc social et de 30 % dans le parc privé. L’opération, financée à 74 % par le bailleur, à 22 % par la ville de Paris, et à 4 % par l’État, coûte environ 88 000 euros par logement rénové. Selon Jacques Baudrier, adjoint à la maire de Paris, 140 000 rénovations énergétiques de logements sociaux doivent être financées d’ici 2050.

Atteindre 90% de DPE A ou B après travaux

L’étude sur la rénovation thermique des logements du parc social de l’ANCOLS (Agence nationale de contrôle du logement social), parue cet été, montre l’ampleur de la tâche, en France, pour respecter les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC). Il faudrait rénover 90 à 135 000 logements sociaux par an, « dont plus de 90 % devraient atteindre un DPE A ou B ». Sur les 522 000 logements rénovés entre 2016 et 2020, majoritairement classés D et E avant travaux, 49 % affichaient un DPE C après travaux et 24 % un DPE B. Environ 50 000 passoires thermiques, dans le parc social, pourraient sortir du marché locatif dès 2023.

Outre le coût des travaux, 32 % des bailleurs déclarent avoir rencontré « des difficultés assez ou très importantes » à cause de matériaux ou produits contenant de l’amiante. La présence d’amiante a d’ailleurs conduit les bailleurs à reloger les locataires, durant les travaux, dans 46 % des cas. La complexité des dispositifs de financement fait aussi partie des freins à la rénovation. Le montage des dossiers leur paraît beaucoup trop lourd.

Perspectives à court ou à long terme pour les bailleurs sociaux

Selon la nouvelle étude sur le logement social de la Banque des Territoires, l’objectif de rénovation énergétique du parc existant sera « difficile à tenir ». Les bailleurs sociaux sont confrontés à une double injonction, construire des logements neufs et rénover les logements existants, dans un contexte rendu incertain par l’inflation.

Il y a actuellement 1,7 million de demandes de logement social en attente. Le protocole signé avec l’État prévoit 250 000 constructions neuves sur 2 ans, or il semble difficile d’en construire plus de 100 000 par an, surtout en tenant compte de la hausse des coûts de construction. D’après cette étude, le rythme de rénovation doit augmenter progressivement jusqu’à atteindre 125 000 réhabilitations en 2026 et en 2027. Après cette phase d’accélération, le secteur HLM pourrait avoir la capacité financière nécessaire pour construire et réhabiliter 100 000 logements par an jusqu’en 2059.

Dans tous les cas, ces objectifs ne pourront être atteint qu’au prix « d’un fort alourdissement de la dette des bailleurs ». L’autofinancement pourrait ainsi avoir été divisé par deux en 2060 par rapport à 2020, et le potentiel financier baisserait considérablement. Ces enjeux devraient être abordés au 82e congrès HLM de l’Union sociale pour l’habitat, à la fin du mois.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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