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Mission impossible, non accessible

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Le syndrome de Diogène est plus fréquent qu’on ne l’imagine. Nombre de diagnostiqueurs, confrontés à un logement sale et encombré, peuvent en témoigner. Faut-il accepter ou refuser la mission ? Comment le diagnostiqueur doit-il se comporter lorsque l’accumulation d’objets et de déchets entraîne un risque sanitaire ?

Syndrome de Diogène ou syllogomanie

La syllogomanie désigne l’accumulation excessive d’objets, même inutiles et sans valeur. L’incurie se définit par une autonégligence, une incapacité à avoir une bonne hygiène et à maintenir son domicile en bon état. Le syndrome de Diogène inclut la syllogomanie, l’incurie et l’isolement social. C’est un grave trouble du comportement.

La personne qui en souffre vit au milieu d’objets entassés et de détritus en tout genre. Le logement est donc fréquemment insalubre et toujours inaccessible. C’est une mer de déchets du sol au plafond. Comme les victimes sont très isolées, le diagnostiqueur est parfois le premier à entrer dans le logement depuis des années. C’est un baptême du feu assez inoubliable, compliqué à gérer pour un débutant.

Habitat non accessible, mission impossible ?

Le diagnostiqueur salarié a le droit de faire valoir son droit de retrait. En effet, un logement trop sale et encombré porte atteinte à sa santé et à sa sécurité. Cependant, entre conscience professionnelle et pression de l’employeur, la décision n’est pas toujours évidente à prendre. Bien entendu, le diagnostiqueur à son compte peut choisir de faire demi-tour. L’un ou l’autre reste aussi libre d’intervenir malgré tout. Dans ce cas, il faudra émettre des réserves dans le rapport pour impossibilité d’accès aux locaux. Mais le dossier de diagnostic technique sera quelque peu vidé de son sens.

Il est évidemment impossible de diagnostiquer un bien dans ce contexte. Le technicien peut toujours demander au donneur d’ordre de faire nettoyer les lieux pour revenir ultérieurement. Si l’occupant est présent et atteint du syndrome de Diogène, il ne pourra pas faire le vide dans son logement. Il aura assurément besoin d’être accompagné par des professionnels des services sociaux et sanitaires. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas au diagnostiqueur de faire le ménage. Cette mission revient à des sociétés de nettoyage spécialisées et équipées. En revanche, il peut avoir un rôle de « lanceur d’alerte ».

Signaler les situations d’incurie et l’insalubrité

Les signalements liés à un syndrome de Diogène sont en forte augmentation depuis dix ans. Toutefois, il serait précipité d’en déduire qu’il y a davantage de personnes concernées. En fait, d’une part, les symptômes sont mieux connus. D’autre part, les acteurs qui luttent contre l’habitat indigne sont sensibilisés au risque. L’alerte est souvent lancée par :

  • un voisin, gêné par les odeurs pestilentielles ;
  • le syndic de copropriété ;
  • le bailleur social ou privé ;
  • les pompiers ;
  • les élus et agents territoriaux ;
  • les associations bénévoles ;
  • les diagnostiqueurs, les techniciens de l’habitat…

Bref, toute personne confrontée à une situation d’incurie ou d’insalubrité peut la signaler, notamment au préfet. D’ailleurs, les diagnostiqueurs font partie des « acteurs de proximité » ciblés par le guide Accompagner une personne atteinte du syndrome de Diogène.

Quelle que soit votre attitude, sachez que nous vous soutenons de tout cœur dans ces missions difficiles. Rares sont les ODI qui ne sont pas confrontés à « des Diogène », sur le terrain, au moins une fois dans leur vie.

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2 Commentaires

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  1. F
    FRANCK 25 mai 2023 - 12h11

    Bonjour,
    En effet c’est un sujet important, mais phénomène assez en marge…
    Cela me rappelle aussi un dossier dans un appartement, squatté pendant 3 années par des pigeons, avec plus de 15 cm de fiente au sol…
    Le titre est bien trouvé « Mission impossible, non accessible », mais ce titre pourrait il s’appliquer au DPE, dans certaine configurations architecturales et locaux non visitables?!…

    Répondre
    • Cécile, le moteur de Quotidiag 25 mai 2023 - 12h21

      Bonjour,
      Vous avez effectivement « l’honneur » d’entrer dans des lieux qui effraieraient nombre de personnes.
      Je pense que le titre doit pouvoir s’appliquer à différentes situations, qu’il s’agisse du DPE où d’autres diagnostics.

      Répondre

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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