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Les propriétaires qui louent un logement classé DPE G passionnent les médias, surtout depuis le 1er janvier 2025. Les sondages sur leurs intentions se multiplient. Vont-ils rénover, vendre ou se mettre hors la loi ? Les résultats diffèrent. Cependant, la part de propriétaires prêts à engager des travaux est toujours minoritaire. Pour autant, prenons garde aux déductions hâtives et aux conclusions alarmistes.
Sondage de l’Observatoire Guy Hoquet
L’un des sondages les plus récents sur les intentions des bailleurs et des locataires est une étude menée par Guy Hoquet l’immobilier ce mois-ci. Les bailleurs de logements classés G auraient l’intention de :
- faire des travaux de rénovation pour continuer à louer : 26 %,
- continuer à louer sans faire de travaux (illégalement) : 27 %,
- vendre leur logement pour s’en débarrasser : 40 %,
- laisser le bien inoccupé : 7 %.
Toutefois « 1 bailleur sur 2 seulement serait conscient des risques encourus à mettre en location un bien classé en DPE G ». L’étude insiste alors sur le rôle des professionnels de l’immobilier : conformité des annonces, accompagnement des propriétaires, etc.
Sondage PAP sur les passoires énergétiques
La présidente de PAP (Particulier à Particulier) n’a cessé de répéter aux journalistes : « la loi [Climat Résilience] ne sera pas appliquée en l’état parce que pas réaliste ». Le sondage, mené sur plus de 1 000 propriétaires de logements énergivores, est postérieur à cette déclaration. Les bailleurs de passoires thermiques projetteraient de :
- rénover : 46,27 %
- ne rien faire : 36,08 %
- vendre : 17,65 %
Les chiffres sont assez différents de ceux mentionnés plus haut alors qu’ils ont tous été publiés en janvier 2025. En revanche, dans les deux cas, beaucoup de propriétaires envisageraient de se mettre hors la loi. La méconnaissance des aides à la rénovation expliquerait en partie ce choix selon PAP.
Logements classés G dans le marché locatif
Rappelons quelques faits. D’abord, selon les dernières statistiques sur le parc de logements par classe énergétique en 2024, il y aurait 8 % de logements classés G dans le parc locatif privé, 6,9% dans le parc social. À ce jour, l’obligation de décence énergétique ne les concerne pas tous. Elle s’applique aux nouveaux contrats ou à la date de reconduction / renouvellement.
Ensuite, les propriétaires les plus aisés possèdent 51 % des passoires thermiques (classes F et G). De plus, le calendrier d’interdiction à la location des passoires thermiques était annoncé depuis la loi du 22 août 2021. Beaucoup de ceux qui se disent au pied du mur aujourd’hui étaient très mal informés ou volontairement ignorants.
D’ailleurs, certains propriétaires ont immédiatement entrepris des travaux de rénovation énergétique. La diminution du nombre de logements classés F et G au fil des dernières années et l’augmentation des rénovations d’ampleur en 2024 (+27 par rapport à 2023) s’expliquent notamment ainsi.
Les sondages réalisés en 2025 portent donc sur des personnes qui se savent propriétaires d’un logement classé G et qui n’ont pas voulu réaliser des travaux avant l’échéance du 1er janvier 2025 (obligation de rénover les classes G). Forcément, ce ne sont pas les propriétaires les plus motivés à rénover.
Les locataires vont-ils aller en justice ?
Des diagnostiqueurs nous demandent de plus en plus régulièrement s’ils ont le droit de réaliser un DPE à la demande du locataire. Nous pourrions en déduire que la part de locataires prêts à contraindre le bailleur à faire des travaux augmente. Cela dit, parmi eux, il y a ceux qui souhaitent uniquement le gel des loyers, imposé pour les classes F et G.
D’après l’étude de Guy Hoquet L’immobilier, « 55 % des locataires seraient prêts à louer un bien classé G à cause des difficultés qu’ils rencontrent actuellement pour trouver un logement. Pour autant, ¾ d’entre eux seraient prêts à engager une action en justice contre leurs propriétaires afin de les obliger à effectuer des travaux de rénovation énergétique ».
PAP ne s’intéresse pas à cette question. Le site d’annonces immobilières préfère donner aux propriétaires des conseils pour éviter au locataire d’imposer des travaux. Par exemple, « une prise en charge de 20 % de la facture énergétique » permettrait de trouver un accord. Au fait, la mise en location d’un logement non décent est interdite, même lorsque le bailleur s’engage à prendre en charge une partie de la facture énergétique…
Pourquoi refuser de faire des travaux ?
Nous n’allons pas revenir sur les multiples études relatives aux freins à la réalisation des travaux de rénovation. En effet, elles citent toutes les mêmes obstacles :
- travaux coûteux et aides à la rénovation mal connues ;
- complexité des démarches administratives ;
- DPE inconnu et/ou surestimé par le propriétaire ;
- espoir d’échapper aux contraintes : report des obligations de rénovation énergétique, évolution « favorable » du DPE, etc.
Par conséquent, les professionnels de l’immobilier certes, mais aussi les pouvoirs publics peuvent contribuer à une meilleure information et sensibilisation des bailleurs. Cela passe notamment par moins d’instabilité réglementaire et d’annonces contradictoires.
En tout cas, si des changements sont annoncés (adaptation des obligations en copropriété, évolution du DPE…) à une date inconnue, aucun report du calendrier de la loi Climat Résilience n’est envisagé. Il est encore temps d’inciter à rénover, y compris pour les bailleurs de logements classés F, concernés à compter de janvier 2028.
Merci pour l’article top ! Pensez-vous que les propriétaires de logements vont réellement s’engager dans des travaux de rénovation ? Car en l’absence d’incitations suffisantes çane change rien ?
Merci. L’interdiction de louer est une incitation non négligeable…