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Lettre ouverte à UFC-Que Choisir concernant le DPE

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Nous avions décidé de ne pas parler de votre énième article sur le diagnostic énergétique. À quoi bon ? Le DPE devient un marronnier pour la presse consumériste. Qu’il soit ancien ou nouveau, le DPE fait vendre et cliquer. Mais le diagnostic de performance énergétique sert ici de prétexte pour faire du diagnostiqueurs bashing. Vos conseils aux consommateurs et vos demandes aux pouvoirs publics nous poussent aussi à vous adresser ces quelques lignes.

Défense des consommateurs ou volonté de vendre du papier ?

Vous écrivez : « Que Choisir n’imaginait pas voir une horreur pareille ». Allons donc… Vous réalisez la même enquête depuis l’entrée en vigueur du DPE. Le processus est identique : des maisons visitées par plusieurs diagnostiqueurs, des classements différents, des conclusions assassines.

Aujourd’hui, vous brandissez la loi Climat et Résilience pour souligner les conséquences dramatiques des résultats ; en 2011, c’était l’obligation d’afficher les étiquettes DPE dans les annonces immobilières. Alors certes, l’existence de DPE erronés suffit à justifier vos enquêtes, me direz-vous. Mais décrédibiliser toute la filière, est-ce le meilleur moyen de défendre les consommateurs ?

Des bons et des mauvais professionnels dans tous les métiers

Ne versons pas dans l’angélisme. Il existe des diagnostiqueurs incompétents comme il y a de mauvais journalistes. Certaines des fautes mises en évidence dans votre article sont indéfendables. Mais d’une part, beaucoup d’opérateurs sont des passionnés qui font un travail de qualité. D’autre part, nous constatons des imprécisions dans les résultats de votre enquête.

Combien de temps a duré chaque intervention ? Quels sont les documents et informations transmis aux diagnostiqueurs ? Le propriétaire a-t-il respecté son obligation de fournir des moyens d’accès ? Quel a été le coût du DPE ? Ces éléments pourraient aider le propriétaire à choisir un diagnostiqueur (c’est censé être l’objectif de votre journal, non ?).

Choisir le DPE le plus favorable, un conseil absurde et dangereux

Chaque donneur d’ordre contribue à la fiabilité du nouveau DPE. Trop souvent, les éléments indispensables pour effectuer le diagnostic énergétique ne sont pas fournis. Au lieu d’insister sur ce point, vous recommandez aux « propriétaires désireux de vendre ou de louer de faire réaliser d’autres DPE lorsque le premier est défavorable ». Pardon ?

Imaginons la même situation avec un diagnostic amiante ou, d’ailleurs, n’importe quel diagnostic immobilier. Le diagnostic le plus fiable serait le plus favorable au propriétaire qui cède son bien ? Est-ce que vous percevez les conséquences et les risques d’un tel discours ? Pour « protéger » les consommateurs vendeurs et bailleurs (d’une négociation à la baisse du prix ? D’une interdiction de louer ?), vous mettriez en danger les futurs occupants.

Rendre opposables les préconisations de travaux, à quoi bon ?

Le DPE est une évaluation de la performance énergétique. Ce n’est ni une étude thermique, ni un audit énergétique. La valeur informative des recommandations de travaux est donc logique. N’importe quel quidam peut d’ailleurs obtenir des préconisations de travaux non opposables dans une enseigne de bricolage depuis son canapé. Au moins, avec le diagnostiqueur, il n’y a pas de conflit d’intérêts.

Par ailleurs, si le logement est énergivore, le propriétaire devra faire réaliser un audit énergétique pour obtenir des aides financières. Enfin, l’audit énergétique réglementaire complètera bientôt le DPE avec des scénarios de travaux détaillés, par étapes, etc. Les recommandations de travaux de l’audit sont opposables. Votre demande n’a donc pas grand sens.

À propos de la formation et la certification des diagnostiqueurs

Vous proposez enfin de suspendre tous les DPE (!) jusqu’à ce que la profession soit à la hauteur. Dans un contexte de crise climatique et de précarité énergétique, il fallait oser. Cependant, rassurez-vous, le ministère travaille à la fiabilisation de la réalisation des DPE. En effet, L’enquête publiée par vos confrères et consœurs de 60 millions de consommateurs a déjà bien échaudé le gouvernement.

Il y aurait néanmoins d’autres pistes à explorer pour fiabiliser les DPE : logiciel utilisé, communication entre l’ODI et son client, prix pratiqués… Car non, l’incompétence de quelques-uns ne suffit pas à expliquer les écarts entre les DPE, ni à jeter l’opprobre sur tous les diagnostiqueurs immobiliers.

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12 Commentaires

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  1. L
    LANDI 26 septembre 2022 - 12h35

    Totalement en accord avec votre billet d’humeur. Ce sujet est trop souvent abordé par le petit bout de la lorgnette de la part de « journalistes » dont l’impartialité me semble quelque peu douteuse. La responsabilité des organismes publics n’étant que trop peu souvent abordée. Votre conclusion portant sur la recommandation de UFC-Que choisir de faire réaliser un nouveau DPE pour en obtenir un plus favorable a mis le doigt sur ce qui va arriver si nous diagnostiqueurs ne parvenons pas à faire partager la responsabilité des informations fournies avec le propriétaire. Combien de fois recevons nous les informations qu’après avoir rendu un DPE « non favorable » ?

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    • G
      Guillaume 26 septembre 2022 - 22h38

      C’est effectivement une bonne technique pour leur faire chercher les documents. 100% les fournissent à réception du DPE avec les valeurs « défaut pénalisante » sous 24/48h. Alors qu’on les relance 3 fois en 10 jours.
      Par contre, on se retape une partie des saisies…

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      • C
        Cabinet ETIC 29 septembre 2022 - 19h06

        Désolé de vous contrarier, mais une mission bien préparée (donc avec ordre de mission pour ma part de 5 pages) permet d’éviter les aléas dus aux propriétaires non coopératifs.
        Enfin, une fois le DPE rendu, il n’y a pas lieu de le refaire dans ce contexte, même si le client revient avec cette fois ci les données nécessaires, car elle est terminée.
        S’il veut refaire son DPE après avoir compris pourquoi on lui demande des justificatifs, et bien il paie !
        Et ne me dites pas que ce n’est pas possible car c’est comme çà que je procède depuis le DPE2012.
        Amicalement

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  2. G
    Guillaume 26 septembre 2022 - 22h35

    Bravo pour le coup de gueule de la rédaction ! Mais seuls les professionnels consciencieux l’auront lu (oui cette fois, je l’ai lu, l’article 😉), ceux qui s’en foutent…

    Il y a plusieurs facteurs qui rentrent en compte dans ce grand bazard, le 1er étant effectivement la formation, il n’est pas évident que le formateur soit… pédagogue, et que les stagiaires sortent de formation avec la compréhension nécessaire au terrain. Les connaissances, sans doute, mais avoir compris comment s’en servir en réel, et pas sur un croquis, c’est pas sûr. Les opérateurs qui sortent fraichement certifiés, pour la plupart, se retrouvent bien embêtés devant leurs premiers dossiers. La conscience professionnelle, et le cadre (nouveau certifié salarié avec 4 à 6 missions par jour !!???) leur permettront de monter en compétence, et de faire le travail correctement. Mais ça prend du temps, et donc des erreurs sur le chemin. Le 2ème étant l’usine à gaz (ou autre combustible si ça vous fait plaisir) de documents administratifs, techniques à réunir, sans parler des surfaces en SHAB ou non, des demandes d’informations auprès des interlocuteurs (agents immo, syndic, gestionnaires…) qui ne comprennent pas ce qu’on leur demande (je ne jette la pierre à personne). Le 3ème est la pression d’une activité commerciale, où les prix des missions n’ont fait que baisser, et les responsabilités des opérateurs augmenté. Concernant les tarifs, les contraintes du nouveau DPE doivent être prises en compte dans les prix des missions. Mais seuls les indépendants expérimentés et sérieux, ou les petites structures, avec une clientèle fidèle, sauront faire passer le message, à mon avis.

    Quant aux résultats « variables » du DPE, la raison est à mon sens un mix de tout ça. Il sera fidèle à la réalité si les donneurs d’ordres respectent le prix du travail (opérateur expérimenté, sérieux, etc..) sans faire 3 fois le tour des pages jaunes pour trouver le moins cher. (on est bien d’accord, cependant que si un opérateur se dit « compétent » pour réaliser la mission, peu importe le prix, il DOIT réaliser la mission, et pas un torchon avec un tampon)

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  3. R
    Romain 27 septembre 2022 - 0h43

    Parfait, je partage à 100% ce billet d’humeur.
    Ras le bol de tous ces « journalistes » dont on peut se questionner sur leur professionnalisme tant leurs articles transpirent d’une éblouissante partialité !

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  4. D
    Docteur houses 29 septembre 2022 - 17h39

    Bravo !

    Répondre
  5. 4
    4U 29 septembre 2022 - 17h52

    Bravo pour cette Lettre ouverte à UFC-Que Choisir.
    Vos propos sont objectifs et les questions pertinentes.
    Les journalistes vendent trop souvent du sensationnel, non représentatif du professionnalisme d’une très grande partie des diagnostiqueurs.

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  6. P
    Paul 29 septembre 2022 - 17h57

    Je partage a 100%
    bravo

    Répondre
  7. V
    Verguet jean-Marc 29 septembre 2022 - 18h17

    Je crois qu’il est plus facile de tirer sur l’ambulance que de proposer des solutions fiables, comme de l’obligation de fournir au diagnostiqueur tous les documents en sa possession tels que les factures d’énergies, de travaux, réalisés par un professionnel reconnu, avec le détail des matériaux utilisés, de créer une classe spécial  » pas d’accès, pas de factures énergétique, pas de justificatif » permettant de déclasser ces habitations en catégorie non conformes, ou habitation indécente, avec toutes les conséquences qui vont avec, permettant au mal classé de bonne foi de louer et de bénéficier des subsides qui vont avec…
    Mettre fin, par une règlementation claire et appliquée au dumping pratiqué par des boites à diags, un syndicat professionnel qui crédibilise ses adhérents par une excellence reconnue, une pratique honnête et respectueuse du client, mais exigeante sur la déontologie.
    Bref, n’attendez pas que la règlementation imposé par le législateur ne viennent impose son diktats aussi inutile que mal adapté.
    Enfin une question se pose sur la consultation des milieux professionnels du diagnostics, la cohésion de ceux-ci et donc des outils employés, visiblement pas tous adaptés ou satisfaisant aux exigences de la profession.
    Le ménage semble rester à faire, dans chaque catégorie, diagnostiqués et diagnostiqueurs…

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  8. J
    JAMMES William 29 septembre 2022 - 18h48

    Merci pour cet article qui relève quelques incohérences que j’avais aussi remarqué.

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  9. V
    VERDIER 29 septembre 2022 - 23h34

    Il faut quand même reconnaitre qu’il y a au moins 50% d’incompétents chez les diagnostiqueurs ! Et ce sont souvent les mêmes qui cassent les prix. Un bon nettoyage s’imposerait mais les certificateurs ne sont guère plus trustable que ceux qu’ils certifient. Ah pognon quand tu nous tiens !!!
    En ce sens les articles de 60 millions et Que choisir ne sont pas si faux que cela !!!

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  10. P
    Perrard 30 septembre 2022 - 7h41

    Bonjour
    deux points
    A quand la mise en cause/responsabilités des société de formation ?
    A quand la mise en cause/responsabilités des société des OC vereux ?
    tout le monde les connais du cofrac au ministère mais il est plus facile de mettre en cause les diagnostiqueurs

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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