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Les femmes ont droit à un logement décent

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Le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre a mis en évidence une discrimination ancienne, mais longtemps ignorée. Les femmes sont directement concernées par le mal-logement et la précarité. En ce 8 mars 2023, défendons ce droit fondamental, l’accès à un logement décent, pour toutes les femmes.

Les problèmes de logements ont un genre

À première vue, l’accès au logement et l’insalubrité de l’habitat ne sont pas des problématiques genrées. En réalité, les femmes sont les premières victimes du mal-logement, en France, mais aussi au niveau international. L’édition 2023 du rapport annuel de la fondation Abbé Pierre insiste notamment sur la précarité vécue par les femmes :

  • discrimination : de la part des propriétaires, des agents immobiliers, etc.,
  • ruptures résidentielles complexes : du logement à la rue, au squat, aux foyers…
  • Violences sexuelles et sexistes : risque d’exposition au sans-abrisme et d’errance.

La fondation note : « face au logement, être un homme ou une femme affecte considérablement les risques de subir diverses dimensions du mal-logement et bouleverse la manière même de vivre ce mal-logement. L’aide institutionnelle apparaît elle aussi fortement genrée ».

Déjà en 2007, dans la revue du CRISP (Centre de recherche et d’information socio-politiques en Belgique), on pouvait lire : « la problématique du mal-logement est profondément sexuée. Elle se décline majoritairement au féminin. Les femmes, en effet, subissent de plein fouet les ravages de la crise de l’habitat, avec plus d’acuité encore et d’intensité que leurs congénères masculins ».

En fait, une accumulation d’inégalités – économiques, domestiques, sociales, etc. – explique la vulnérabilité des femmes.

Le mal-logement et les femmes en 2023

La précarité économique est le premier obstacle pour accéder au logement. Les femmes ont un revenu salarial inférieur à celui des hommes. On les retrouve aussi davantage dans des emplois précaires, moins rémunérés et à temps partiel. Comme les cotisations pour la retraite sont faibles, le risque de pauvreté est durable. Le manque d’argent les prive aussi d’un patrimoine.

Les plus mal loties sont les mères célibataires. De nombreux propriétaires hésitent à leur louer un logement pour diverses raisons, outre l’aspect purement financier. La mère célibataire est tantôt associée à une personne irresponsable, tantôt à une personne vulnérable. Dans les deux cas, pour le bailleur, elle risque de créer des problèmes. Et puis, une femme seule, y compris sans enfant, ne saurait pas bricoler, s’occuper du jardin, et autres stéréotypes.

En prime, les femmes enceintes et les jeunes mères avec des nourrissons sont fréquemment refusées par les services d’hébergement. Auparavant, au contraire, leur accès aux dispositifs d’hébergement était facilité. Avec la pénurie de places actuelle, elles perdent cette solution vitale. Le nombre de mères, avec enfants en bas âge, qui dorment dans la rue, augmente et inquiète les associations.

Toutefois, l’accès au logement social semble relativement équitable… sauf dans les zones tendues. En outre, les familles monoparentales doivent souvent accepter un logement trop petit. Une femme seule avec un enfant se voit proposer un T1 ou un T2.

Enfin, lors de violences conjugales, ce sont surtout les femmes qui perdent leur logement. D’ailleurs, elles restent parfois dans le logement malgré les violences par peur de la rue. Les femmes en détresse se voient aussi proposer des colocations contre paiement en nature.

femmes et mal-logement : quelques chiffres
  • Emploi à temps partiel : 28 % des femmes (contre 8,3 % des hommes) ;
  • revenu salarial : -28 % pour les femmes par rapport aux hommes en 2019 ;
  • familles monoparentales : constituées à 83 % de femmes seules avec enfants ;
  • propriété pour un seul membre du couple : 15 % des femmes ;
  • héritage : inégalité de patrimoine de 16 % en France en 2015 contre 6 % en 1998 ;
  • revenus après séparation conjugale : -20 % pour les femmes, -2,5 % pour les hommes ;
  • pensions alimentaires : 18 % des revenus des familles monoparentales ;
  • conjoint violent : 210 000 femmes par an en sont victimes.

La séparation conjugale fait fréquemment basculer les femmes sous le seuil de pauvreté. Comme l’homme a des revenus plus importants, il se charge du crédit immobilier. Pendant ce temps, madame se contente de gérer les dépenses courantes du ménage (pour l’alimentation, les enfants, etc.).

Les séparations conjugales augmentent également le risque d’expulsions locatives des femmes. En outre, 80 % des femmes victimes de violences sont hébergées dans des dispositifs inadaptés. Pire, elles sont 40 % à être en demande d’hébergement et sans solution.

Logement insalubre : aux femmes de réagir

En raison des représentations sociales genrées, les femmes sont responsables du confort et de la salubrité du logement. C’est donc à elles de régler les problèmes liés à l’humidité, aux risques structurels, au rangement dans un espace trop petit pour être habitable, etc. Il en résulte une importante charge mentale et un sentiment de culpabilité.

En cas d’impayés de loyers, quel que soit le responsable, les femmes doivent plus souvent affronter le propriétaire bailleur. Par ailleurs, lorsqu’elles font face à des violences domestiques ou à une grossesse inattendue, il leur faut trouver un logement rapidement, y compris indécent.

C’est d’ailleurs à l’intérieur des logements que les femmes sont victimes de la majorité des violences physiques, et ce tout au long de leur vie. En résumé, le mal-logement au féminin est la conséquence d’un ensemble de mécanismes sociaux inégalitaires.

amélioration de la situation des femmes ?

Une question au gouvernement, relative à la situation du logement en France, et une réponse ministérielle, datées du 16 février 2023, viennent d’être dévoilées. Mme Amel Gacquerre, sénatrice du Pas-de-Calais évoque notamment la situation des mères de familles monoparentales. « 40 % des femmes avec un enfant vivent dans de mauvaises conditions de logement, contre 20 % pour la moyenne de la population. »

D’après le ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, Olivier Klein, le gouvernement travaille « spécifiquement sur la situation des femmes. Pour les femmes victimes de violence, 10 000 places d’hébergement supplémentaires ont été ouvertes. La Première ministre a annoncé que 1 000 places supplémentaires seraient créées en 2023. »

Aides et démarches pour sortir du mal-logement

Il est désormais impossible d’ignorer l’ampleur du phénomène. Depuis une dizaine d’années, les études se succèdent et les associations réagissent. Si vous êtes une femme victime du mal-logement, voici quelques lieux où trouver de l’écoute et de l’aide :

  • Les Agences régionales de la fondation Abbé Pierre
  • Les Compagnons du Marais à Creil
  • Habitat et Humanisme
  • Le SAMU social
  • Les Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)
  • Les Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF)
  • La maison des femmes de l’AP-HP (Assistance publique – hôpitaux de Paris)
  • La Maison Solidarité Femmes à Montgeron (91)
Quelques ressources pour s’informer
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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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