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Les barbus et le repérage amiante

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L’opérateur amiante ne devrait jamais porter d’appareil de protection respiratoire (APR) sans s’être rasé de près. Les risques pour la santé sont pourtant souvent pris à la légère. D’ailleurs, tous les masques, y compris FFP, perdent en efficacité en cas de pilosité faciale. Mais en ce qui concerne l’amiante et ce type d’EPI, le port de la barbe est interdit. Si vous participez au Movember cette année, pensez à reporter vos chantiers en présence d’amiante. Votre moustache vous mettrait réellement en danger.

Pourquoi barbe et amiante forment un duo dangereux ?

Il suffit de lire la notice utilisateur associée aux APR pour comprendre le lien entre barbe, amiante et danger. Les fournisseurs d’équipements de protection individuelle l’expliquent très clairement. La pilosité faciale pose un problème d’étanchéité du masque. L’APR n’est plus hermétique et l’opérateur barbu, ou simplement mal rasé, s’expose alors au risque amiante. Le danger existe avec quelques poils de barbe, mais aussi les bijoux faciaux, la moustache, les favoris, les cicatrices, les éruptions cutanées…

Pour un ajustement optimal du masque, l’opérateur doit donc idéalement s’être rasé très peu de temps avant la prise de poste. Cette règle vaut quels que soient le niveau d’empoussièrement et le masque privilégié (FFP3, APR filtrant, TM2P, TMP3, TH3P, APR filtrant à ventilation assistée, APR isolants, etc.) C’est d’ailleurs l’un des principes enseignés lors des formations amiante obligatoires, en sous-section 4 (SS4) et en sous-section  (SS3).

La loi oblige-t-elle l’opérateur à se raser ?

Référons-nous à l’arrêté du 7 mars 2013 relatif au choix, à l’entretien et à la vérification des équipements de protection individuelle utilisés lors d’opérations comportant un risque d’exposition à l’amiante. L’article 3 mentionne, pour l’employeur, l’obligation de réaliser un essai d’ajustement (Fit Test). L’article 5 précise qu’avant chaque utilisation, l’APR doit faire l’objet « d’un test d’étanchéité permettant de vérifier que la pièce faciale est correctement ajustée par le travailleur ».

La norme AFNOR NF EN 529, sur les appareils de protection respiratoire, liste aussi, entre autres, les recommandations liées au port du masque… Tout professionnel amené à intervenir sur des matériaux susceptibles de contenir de l’amiante doit donc se protéger, et cela passe par le rasage. Pour les opérateurs salariés, l’article L.1121-1 du Code du travail n’est pas une excuse valable. Non, dans ces circonstances, l’obligation de rasage n’est pas une atteinte à la liberté individuelle. L’employeur a le droit d’obliger un porteur de moustache, de barbe ou de bouc à se raser avant le port d’un APR.

L’amiante et tout type de travail en milieu contaminé

La présence de poils sur le visage et sur le cou n’est bien entendu pas l’unique facteur de risque. Le masque doit aussi être adapté à la morphologie du porteur et aux risques, évalués au préalable. En outre, il ne faut pas négliger les équipements de protection collective (EPC). Le rasage est néanmoins l’un des facteurs de protection individuelle les plus faciles à mettre en place. Pourquoi alors faire passer la coquetterie ou la paresse avant la santé ?

Les opérateurs intervenant dans le cadre de chantiers ne sont pas les seuls concernés. Les pompiers, par exemple, doivent aussi veiller à être bien rasés. En fait, l’INRS préconise la réalisation de tests (évaluation qualitative ou quantitative de l’étanchéité) pour tous les porteurs de masques filtrants. Cependant, leur réalisation n’est obligatoire, d’un point de vue réglementaire, qu’en cas de risque d’exposition à l’amiante.

En mars 2021, l’INRS a aussi publié une évaluation de l’ajustement des APR de type FFP en milieu de soins. L’objectif étant de savoir si le personnel soignant était suffisamment protégé du risque infectieux. Dans ce contexte également et sans réelle surprise, « la présence d’une barbe, même de quelques jours, dégrade l’ajustement qui n’est plus du tout maîtrisé ». L’INRS insistait aussi sur la nécessité de sensibiliser les professionnels aux enjeux de la pilosité faciale sous le masque.

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

Diagnostiqueur, j’ai été contrôlé par la DGCCRF-DDPP

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