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Le fiasco du carnet d’information du logement (CIL)

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Deux ans après son instauration, le carnet d’information du logement (CIL) est un fiasco. Ce serait pourtant un outil essentiel pour suivre la performance énergétique des logements. Il contribuerait à la sécurité des occupants. Enfin, il aiderait le diagnostiqueur à obtenir les pièces justificatives pour les données d’entrée du DPE. D’où vient cet échec ?

CIL : espoirs et réalité

Nous avons cru au CIL. Nous espérions même qu’il aboutisse à la réalisation de diagnostics périodiques. En général, comment ne pas approuver sa mise en place, sachant que le CIL :

  • est gratuit, même si des sociétés le commercialisent ;
  • conserve la mémoire du logement pendant toute sa durée de vie ;
  • permet de suivre et d’améliorer la performance énergétique ;
  • aide à entretenir les appareils et équipements ;
  • est transmis à l’acquéreur, peut être fourni au locataire ;
  • contient les justificatifs pour fiabiliser les données d’entrée du DPE ;
  • peut inclure, outre le DPE et l’audit énergétique, tous les diagnostics.

Enfin, il est obligatoire pour les logements neufs ou lors de travaux dans un logement existant. Néanmoins, tous les professionnels concernés constatent son échec. Le journal Les Échos l’a confirmé cette semaine en publiant l’article : Immobilier, deux ans après son lancement, le carnet d’information du logement reste méconnu.

Selon le média, « l’exécutif avait estimé que ce carnet concernerait quelque 2,5 millions de logements par an – 400 000 logements neufs, 1,4 million de maisons rénovées et 700 000 appartements rénovés. À ce stade, les principaux acteurs du secteur – Qualitel, Mon Suivi Logement, NRGYS et PMB Software – disent en avoir enregistré 80 000 par an depuis le 1er janvier 2023 pour les logements neufs et moins de 5 000 pour les logements anciens ».

D’où vient l’échec du CIL ?

Ce démarrage raté s’explique en partie par la crise du logement. Dans la construction neuve, les mises en chantier se sont effondrées. Dans l’existant, le CIL n’est obligatoire qu’en cas de travaux ayant une « incidence significative sur la performance énergétique » (arrêté du 27 décembre 2022). Or les rénovations aidées ont baissé ces deux dernières années.

Cependant, il y a également un problème majeur de communication. Les particuliers n’ont pas conscience de cette obligation ou de ses bénéfices. Quid des professionnels qui contribuent à la création du CIL ? D’abord, les promoteurs ne fourniraient pas toujours le CIL à la livraison d’un logement neuf. Ensuite, dans leur rapport sur le logement et la transition climatique, le Conseil supérieur du notariat listait déjà les problèmes liés au CIL :

  • difficulté à appréhender les travaux nécessitant l’élaboration du CIL ;
  • aucune définition des résultats minimaux de performance énergétique ;
  • abondante documentation technique, sans précision sur qui la maîtrisera…

« Il est dès lors permis de s’interroger sur l’intérêt réel de faire peser une nouvelle obligation documentaire sur les propriétaires », écrivaient-ils. En prime, à quoi bon faire cet effort sachant que le non-respect de cette obligation n’entraîne aucune sanction ?

Un carnet d’information du logement enterré ?

Bref, le CIL a été lancé au mauvais moment et rien n’a été fait pour assurer son succès. Certaines entreprises ont retiré le CIL qu’elles commercialisaient. D’autres envisagent de créer une association pour faire pression auprès des pouvoirs publics. Elles attendent que l’État communique davantage, voire instaure des sanctions en l’absence de CIL. En effet, sans une action du législateur, le carnet d’information du logement risque de rester dans les oubliettes où il est hélas tombé.

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4 Commentaires

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  1. D
    David 8 janvier 2025 - 12h49

    Bonjour,
    Le CIL est certes un outil intéressant mais je ne comprends pas pourquoi vous dites que ce dernier est gratuit.
    Pour avoir une coquille complètement vide de la part des entreprises qui ont mis en place la gestion de ce documents, c’est gratuit. Pour avoir une coquille à peu près pré-défini, c’est payant, de mémoire c’est il faudrait commercialiser ce documents autour de 200€/250€ pour qu’un professionnel soit rentable dans la réalisation de cette démarche.
    Concernant les prospects (particuliers, agences, bailleurs et certaines promoteurs) , déjà qu’ils ne comprennent pas les diagnostics de « base » et se mélange les pinceaux avec les termes et considère les diagnostics comme de la spoliation pécuniaire.
    Sans compter sur, et c’est selon moi le point le plus important, la multiplication de la quantité des documents obligatoires n’est pas positive.
    Nos prospects s’y perdent.
    Déjà que en tant que professionnel, les syndics n’arrive pas à faire la réalisation de ces carnets d’informations pour les copropriétés.
    Bref, il serait temps selon moi de faire retomber le soufflé dans l’immobilier et de faire baisser la pression sur les obligations.

    Répondre
    • Cécile, le moteur de Quotidiag 8 janvier 2025 - 13h09

      Bonjour,
      Au niveau réglementaire, il n’y a absolument aucune obligation de payer pour le CIL. C’est le propriétaire qui doit l’établir, dans un format papier ou numérique selon ses préférences. Des entreprises y ont vu un marché et un moyen de répondre aux besoins des propriétaires, alors elles l’ont « vendu ».
      Peut-être devrait-il être systématiquement payant pour être réellement complet, mais c’est un autre débat.
      Précisément, comme indiqué dans l’article, nous pensions, à tort manifestement, que cet outil pouvait aider à sortir des diagnostics à la transaction, en remettant le propriétaire du logement au cœur du processus.
      L’obligation du CIL constitue aussi un gain de temps futur, puisque le carnet du logement centralise toutes les informations.

      Répondre
  2. S
    Stockage 12 janvier 2025 - 20h51

    Merci pour cet article intéressant qui met en lumière les problèmes du carnet d’information. Bien qu’il s’agisse à la base d’un bon d’un outil pour améliorer la performance énergétique et la sécurité des logements, l’échec semble bien dû à plusieurs facteurs cumulés : une communication insuffisante, un démarrage difficile lié à la crise du logement, et une absence de sanctions pour non-respect. Et puis le manque de définition claire et de responsabilité des acteurs n’a pas amélioré la chose. N’est-il pas temps d’instaurer des mesures incitatives pour en assurer l’efficacité et la pérennité ?

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  3. B
    BE 13 janvier 2025 - 17h57

    C’est effectivement étrange d’utiliser pour métrique les ventes de CIL numériques, alors que le CIL peut tout-à-fait prendre la forme d’un dossier papier gratuit. Si ça se trouve, le nombre réel de CIL mis en place est 2 fois, 10 fois, 100 fois plus important ! Personne ne peut le savoir. Pourquoi parler d’un fiasco ? Parce qu’il ne génère pas d’activité économique forcée ?

    Répondre

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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