Des chercheurs s’intéressent au Fardeau du mésothéliome attribuable à l’exposition professionnelle à l’amiante dans 204 pays et territoires, de 1990 à 2019. Ils espèrent que cette étude scientifique : « contribuera à sensibiliser le public à l’autoprotection, à la réduction des risques d’exposition et au dépistage proactif, en particulier dans les secteurs à haut risque ». En effet, les résultats n’ont rien de rassurant pour les années à venir.
GBD et mésothéliome lié à l’amiante
L’étude s’appuie sur les données du Global Burden of Diseases (GBD). C’est un programme de recherche, né de la collaboration de plus de 3 600 chercheurs à travers le monde. En l’occurrence, l’analyse tient compte des données suivantes :
- nombre de décès par mésothéliome après exposition professionnelle à l’amiante ;
- espérance de vie corrigée de l’incapacité (EVCI / DALY) ;
- taux de mortalité selon l’âge ;
- taux d’années de vie corrigées de l’incapacité selon l’âge, l’année, le sexe, le pays, la région et l’indice sociodémographique.
Si nous disposions déjà de données similaires, la plupart d’entre elles concernent surtout la France. De plus, elles sont souvent anciennes. Ainsi, l’Institut national du Cancer faisait un état des connaissances comparable à cette étude, mais en janvier 2012.
L’amiante, 1re cause de mésothéliome
Le nombre de décès dus au mésothéliome a fortement augmenté entre 1990 et 2019. Il en va de même pour le nombre d’années de vie en bonne santé perdues (l’EVCI ou DALY en anglais). Les pays à hauts revenus concentrent les taux d’incidence les plus élevés, mais pendant ce temps, ces taux augmentent dans les pays les plus pauvres.
Environ 125 millions de personnes dans le monde restent encore exposées à l’amiante sur leur lieu de travail. Or 91,7 % des décès par mésothéliome et 85,2 % des EVCI sont provoqués par l’exposition professionnelle à l’amiante. Certes, le nombre de décès et d’EVCI a diminué au fil des années pour les 20-64 ans. Cependant, il a augmenté chez les plus de 65 ans. Dans le triste top 3 des régions les plus touchées, on retrouve :
- l’Australasie (Australie et Nouvelle-Zélande) ;
- l’Europe occidentale ;
- l’Asie du Sud.
Parmi les pays, ce sont les États-Unis qui se classent au premier rang pour les décès, suivis du Royaume-Uni et de l’Inde. En revanche, la Chine est en tête pour l’EVCI. Par ailleurs, on constate une « augmentation mineure » en Pologne, au Koweït, en Croatie, sur l’île de Bahreïn et au Qatar. Une diminution significative ne s’observe qu’au Pérou.
Réglementation amiante au niveau mondial
Dans les pays développés et riches, l’utilisation de l’amiante a culminé en 1980. Comme la maladie se développe quelques décennies après l’exposition, le nombre de cas a fortement augmenté entre 1990 et 2019. Dans les pays les moins riches, son utilisation s’amplifie. De plus, l’insuffisance des infrastructures sanitaires fausse les données. En effet, le dépistage et le suivi des maladies professionnelles laissent à désirer. Cependant, « les régions les moins développées devraient tirer les leçons de l’expérience des régions développées et s’alerter rapidement des dangers de l’amiante ».
Par ailleurs, d’abord, le risque d’exposition à l’amiante existe toujours dans les pays ayant complètement interdit son utilisation. D’une part, environ 20 % des toits des immeubles en contiendraient sur l’ensemble des 204 pays et territoires analysés. D’autre part, les travailleurs s’exposent à l’amiante lors d’opérations d’entretien, de rénovation ou de démolition. Ensuite, l’utilisation de l’amiante persiste dans certains pays malgré les interdictions. Ainsi, en 2019, L’Inde consommait 308 000 tonnes d’amiante.
Par conséquent, « les gouvernements, les entreprises, la société, les systèmes de soin et de santé et les individus doivent travailler ensemble pour sensibiliser aux dangers de l’exposition professionnelle à l’amiante et promouvoir la mise en œuvre de politiques ». Enfin, les chercheurs invitent à mieux tenir compte des différences géographiques, de la démographie et du développement économique de chaque pays.
Surveillance des mésothéliomes en France
Récemment, le Gouvernement s’est montré rassurant quant à la surveillance des mésothéliomes en France. Toutefois, d’après Santé et Travail, la surveillance du cancer de l’amiante est toujours menacée. Apparemment, d’après des victimes de l’amiante et des professionnels de santé, les patients ne sont plus informés de leurs droits en matière de réparation. En outre, le non-recours à l’indemnisation des victimes est fréquent. Cette constatation a d’ailleurs justifié une proposition de loi visant à renforcer l’accès à l’indemnisation des victimes de l’amiante, déposée en mars 2024.
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