Le diagnostic a changé ma vie

Pendant 18 ans, Edmond DA SILVA a été chef de chantier. À force de tirer sur la corde, il a eu une crise cardiaque. Le médecin du travail a rendu un avis d’inaptitude au poste, l’obligeant à entreprendre une reconversion professionnelle. Comme il était spécialisé dans les désordres du bâtiment, le métier de diagnostiqueur lui est apparu comme une suite logique. 

En 2018, il crée la société Expertises et Diagnostics Spécialisés (EDS) dans l’arrondissement de Bordeaux. Pleinement satisfait de sa reconversion, il affirme : « Le diagnostic a vraiment changé ma vie ».

l’énorme liberté de l’indépendant

En se mettant à son compte, le diagnostiqueur solo a découvert un sentiment de liberté incomparable. Passer du statut de salarié à celui d’indépendant, c’était une grosse barrière à franchir pour se libérer d’un stress oppressant. 

Il ne se sent plus « entre le marteau et l’enclume ». Même s’il est encore stressé parfois lors de la remise des rapports, ce n’est pas comparable. Pour l’aider, il n’a pourtant qu’une comptable. 

« L’administratif c’est une contrainte comme pour tout le monde. Je me considère plus comme un technicien que comme un administrateur, un bureaucrate ou un commercial. »

De belles rencontres et de l’humain

« Je n’ai jamais eu le cas de la dame qui se présente en petite tenue, jamais vu, je crois que c’est plus de l’ordre du fantasme de diagnostiqueur. En revanche, j’ai fait de très belles rencontres, et d’autres moins belles, avec plein de gens différents, et je continue d’en faire ». 

Quand on est salarié, remarque-t-il, on est plutôt enfermé avec ses collègues de l’entreprise. En devenant diagnostiqueur, il a vécu une ouverture sur l’extérieur. Cette nouvelle expérience lui a permis de rencontrer des gens de tous bords qu’il n’aurait jamais connus sur les chantiers.

« Le côté humain, c’est très important dans ce métier ». 

Réussir son développement économique

« Quand on travaille, on gagne de l’argent et on sait pourquoi on travaille à la fin du mois ». 

Même si au début c’est dur, il faut passer les premiers mois et s’accrocher. Le technicien a commencé par faire beaucoup de prospection, mais c’est le bouche-à-oreille qui a accompli le travail. Désormais, il n’a plus besoin de publicité, son agenda est plein. 

« Un bon client ne laisse pas tomber un professionnel en qui il a confiance et qui lui rend un bon service, en tout cas pas pour avoir un meilleur tarif. Quand on fait de bonnes actions, ça paye toujours. »

Miser sur l’entraide, non sur la concurrence

« Je me suis aperçu que beaucoup de diagnostiqueurs considèrent les autres comme des concurrents ». Il regrette cette mentalité-là. Lui estime qu’il n’a que des confrères. 

« Notre métier est déjà bien assez compliqué sans avoir besoin de se tirer dans les pattes les uns les autres, ça n’apporte rien et ça discrédite la profession ». 

Les personnes qui hésitent à se lancer peuvent d’ailleurs l’accompagner dans ses missions. Pour lui, passer 2-3 jours sur le terrain reste le meilleur moyen de découvrir le métier. Il s’est ainsi créé un gros réseau de diagnostiqueurs autour de Bordeaux. Même si chacun fait sa vie et ses devis, l’entraide est là en cas de besoin. 

« Les opérateurs devraient travailler sur les moyens de renforcer le lien avec leurs clients, en termes d’aides et de services, plutôt que de démolir les autres en se prétendant meilleurs qu’eux. »

Une profession de la deuxième chance

Le dirigeant d’EDS espère que cette profession ne sera jamais élitiste. Il serait dommage, selon lui, de devoir posséder un Bac+5 pour arriver à être diagnostiqueur, même s’il reconnaît que ce métier a des côtés très techniques et pointus. 

« Cette profession a le pouvoir de permettre à des gens comme moi, qui ont eu des problèmes de santé ou d’autres difficultés quelconques dans la vie, d’avoir une deuxième chance, de pouvoir se reconvertir sans se retrouver sur le bas-côté de la route. »