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L’auto-rénovation et ses risques

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L’Agence nationale de l’habitat (Anah) envisage d’ouvrir les aides aux bricoleurs qui réalisent eux-mêmes les travaux de rénovation énergétique. Les particuliers bénéficieraient de MaPrimeRénov’ (MPR) en auto-réhabilitation. Cette solution pourrait accélérer la décarbonation du parc résidentiel existant. Mais elle comporte des risques sanitaires, techniques et juridiques.

Pourquoi encourager l’auto-rénovation ?

Le rythme actuel des chantiers de rénovation énergétique ne permet pas d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050. Les principaux freins aux travaux sont désormais bien connus, et l’auto-réhabilitation aiderait à franchir certains de ses obstacles :

  • Nombre insuffisant de rénovations globales (10 % des dossiers MPR) ;
  • Manque de professionnels et d’artisans RGE face à la demande ;
  • Complexité des dispositifs de subventions pour les particuliers ;
  • Crainte des escroqueries et autres arnaques à la rénovation énergétique ;
  • Délais de versement des aides trop long, reste à charge trop élevé.

Selon l’indice de tension artisanale (ITA) créé par Heero, il n’y a que 5 % d’entreprises labellisées RGE (reconnu garant de l’environnement) sur le territoire français.

Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l’Anah, a donc déclaré au journal Le Monde : « L’autoréhabilitation est un sujet qui mérite d’être travaillé. […] C’est une voie, un axe de travail vraiment pertinent et intéressant ». Nous nous permettons d’ajouter que c’est aussi une voie semée de dangers et de potentielles déceptions.

Qu’est-ce que l’autoréhabilitation ?

En réalité, il est déjà possible de bénéficier de subventions de l’Anah pour réaliser un projet d’auto-réhabilitation (accompagnée). Les ménages doivent alors signer un contrat avec un organisme habilité par l’Anah. Ce dispositif s’applique surtout aux logements indignes ou concernés par l’adaptation au handicap ou au vieillissement. En général, on opère une distinction entre 3 types d’auto-rénovation : accompagnée (ARA), hybride, auto-rénovation de 100 % aussi dite autonome.

En auto-rénovation autonome, le maître d’ouvrage réalise tous les travaux sans l’intervention de professionnels. Concrètement, cette situation semble assez rare aujourd’hui. Les diverses études OPEN et TREMI révèlent qu’il s’agit surtout de monogestes et non de rénovation globale. Quel que soit le degré d’autonomie du maître d’ouvrage, il doit être conscient des risques auxquels il s’expose. Plus il agit seul face à un chantier d’envergure, plus la démarche est périlleuse.

Amiante, plomb, DPE, justice et assurance

D’abord, il y a un risque sanitaire lié à la présence de polluants dans le bâtiment (amiante, plomb…). L’obligation de repérage amiante avant travaux est ainsi massivement ignorée des particuliers. À l’inverse, les professionnels y seront vraisemblablement de plus en plus sensibilisés. Les bricoleurs sont déjà trop exposés aux risques amiante et plomb, et insuffisamment aidés en la matière.

Ensuite, des propriétaires se lancent déjà dans des projets de rénovation énergétique à l’aveugle. Ce sont ceux qui disent ensuite au diagnostiqueur : « mon logement ne peut pas être classé DPE F, j’ai changé les fenêtres ». Idem, d’ailleurs, avec les radiateurs « grille-pain » remplacés par de beaux convecteurs NF. L’audit énergétique – et dans une moindre mesure le diagnostic de performance énergétique (DPE) – sert précisément à guider les travaux pour aboutir à une rénovation efficace.

De plus, en cas de future transaction immobilière, le vendeur ou le bailleur est responsable des travaux effectués. Des travaux mal réalisés génèrent des malfaçons, des désordres, etc. qui se régleront au tribunal. En outre, les droits des tiers, par exemple des voisins, doivent être respectés. Par conséquent, il faut absolument souscrire une assurance adaptée pour sécuriser le chantier. Le particulier « rénovateur » est assujetti à la responsabilité décennale.

Rénovation énergétique dans les règles de l’art

Bref, tout faire soi-même, c’est évidemment gratifiant. Bien sûr, cela peut contribuer à l’éradication des passoires thermiques et des logements énergivores. Mais une vigilance extrême s’impose même pour un bricoleur chevronné. Le projet de rénovation doit être muri en amont, surtout dans le cadre d’une future vente ou d’un investissement locatif. Si l’auto-réhabilitation n’est choisie que pour pallier un manque d’auditeurs et d’artisans qualifiés, le pire est à redouter.

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1 Commentaire

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  1. D
    Dupont 1 août 2023 - 16h58

    On ne dit pas assez aux propriétaires ce qui impacte vraiment le DPE avec le calcul actuel :
    – une isolation des murs, intérieure ou extérieure, même mince impacte franchement la note
    – une pompe à chaleur diminue par 3 ou 4 le coût de chauffage même sans isolation (en note DPE donc en théorie, en pratique c’est autre chose)
    – un chauffe eau thermodynamique diminue par 5 le coût de l’eau chaude par rapport à un chauffe eau électrique standard, peu importe son année (aucun impact), si impossible il faut diminuer le nombre de litres au risque de ne pas avoir assez d’eau chaude…
    Changer les grille-pains par des convecteurs à inertie, changer des fenêtres déjà en double vitrage, mettre une VMC plus performante, l’impact est mineur niveau DPE et ne suffira pas à baisser de note en passoire thermique

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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