revenir à l'Accueil
Toute l'actualitéEntretiens

La nouvelle certification DPE : comme le code de la route

Partager cet article sur

Sébastien Paumier est responsable pédagogique de la filière Énergie chez Compétences et Métiers. À ce titre, il dispense des formations au DPE. Un matin, ses apprenants lui ont parlé avec inquiétude de Quotidiag. En effet, nous avions publié un article sur le taux d’échec à la certification DPE, suivi d’un témoignage sur la formation DPE et audit. À la lecture, il a décidé de changer de méthode pédagogique. Il vise un taux de 100 % de réussite à l’épreuve théorique (QCM) du DPE. Comment ? Il nous l’explique.*

Quodiag a perturbé votre session de formation DPE ?

Oui, en quelque sorte. Tout a commencé fin septembre, lors de notre 2e session de formation au DPE. Je débute toujours avec des questions. Elles portent sur le marché, la certification, etc. Ce jour-là, les apprenants m’ont parlé de l’article de Quotidiag sur le taux d’échec au QCM. Le soir, dans le train, j’ai lu le texte… J’ai pensé qu’il y avait de quoi partir perdants directement et abandonner la formation au DPE, avant de l’avoir commencée. Je me suis donc demandé ce que je pouvais faire pour les motiver.

Dans l’arrêté, les jours de présentiel sont dédiés à la pratique. Théoriquement, quand les futurs diagnostiqueurs arrivent sur ces 3 jours, ils sont censés avoir déjà le niveau du QCM. Le 1er jour, en fin de matinée, je leur ai préparé un QCM blanc pour qu’ils puissent se positionner et démystifier l’épreuve. Ils s’imaginaient que 75 questions en 90 minutes, ce serait trop court. Finalement, le plus rapide a mis 26 minutes et le plus long 39 minutes. Les scores oscillaient entre 51 % et 74 %.

Malgré tout, les craintes restaient présentes. À l’issue des 3 jours, ils sont tous repartis. Ils venaient de Montpellier, Marseille, Nantes, Lille ou encore Mulhouse… À leur départ, ils avaient peur. Alors j’ai eu l’idée d’ajouter une formation de préparation au QCM. C’est une formation que nous allons intégrer de facto dans le RNCP, car le QCM doit vraiment se travailler. Elle comporte un générateur de QCM.

Pourquoi et comment se préparer au QCM DPE ?

En fait, la tournure des questions peut entraîner des erreurs. C’est alambiqué, tordu, un peu comme les questions du Code de la route. Parfois, on vous demande l’opposé de l’opposé de l’opposé dans l’énoncé.

Il faut s’entraîner pour comprendre ce formalisme. Personne ne réussit le Code de la route dès le premier essai sans s’être exercé. Il faut du travail et de la motivation. Et puis, dans ma classe, le plus jeune avait 29 ans et le plus âgé 56 ans. C’est de la reconversion professionnelle. Il y a très longtemps que certains n’ont pas passé un examen de ce genre.

Par conséquent, j’ai créé un outil avec l’intelligence artificielle. J’y ai mis tous nos supports de cours et le Guide du diagnostiqueur pour avoir un générateur de QCM. Il comporte trois niveaux de questions et un mode examen où, s’ils n’ont pas fini de répondre aux 75 questions au bout de 90 minutes, ça coupe automatiquement et ils ont leur score. Ils peuvent s’entraîner constamment dessus, y compris sur leur téléphone.

On leur conseille de le faire dès qu’ils ont quelques minutes. D’une part, ça aide à mieux mémoriser. D’autre part, l’outil explique pourquoi une réponse est fausse. Nous avons aussi mis des cas pratiques supplémentaires, mais il n’y avait pas trop de problème dans ce domaine. Les cas pratiques relèvent de la logique de la thermique, y compris en 3CL.

Exagère-t-on la difficulté de l’épreuve théorique du DPE ?

Je suis certifié DPE depuis un an et demi. Initialement, je suis dirigeant du bureau d’étude E=CO2, fondateur du groupement E-copropriété. En voyant l’évolution de la réglementation sur les audits énergétiques, j’ai décidé de me former à la méthode 3CL. En tant que bureau d’étude thermique, j’avais un avis négatif sur les diagnostiqueurs. Après avoir passé la certification 3CL, je suis devenu admiratif.

Un bon DPE peut valoir certains audits réalisés par des BET. Un bon auditeur en extension de certification DPE vaut parfois mieux qu’un bureau d’étude Qualibat 8731 ou OPQIBI 1911. Je pense qu’aujourd’hui, il faut insister sur le fait que c’est dur, mais que c’est une bonne chose. Nous avons une exigence de compétences qui est nettement supérieure.

C’était nécessaire, parce qu’il y avait des escroqueries. L’État a dit « stop » et c’est bien. On monte le niveau de façon drastique, mais c’est un mal nécessaire. Il ne pas faut pas tout voir en noir. L’examen reste faisable. La réussite, c’est aussi une responsabilité individuelle et une question d’état d’esprit. Je parle à mes stagiaires de la gagne et j’intègre des vidéos de motivation. Le mindset compte énormément.

La suite de l'article est disponible après la publicité.
En savoir plus
Contenus sponsorisés
Contenu sponsorisé

Comment rester motivé malgré des taux d’échec alarmants ?

Je comprends que les taux d’échec importants angoissent les candidats. Si je compare l’époque où j’ai passé ma certification et la formation complète d’aujourd’hui, c’est le jour et la nuit. Pour autant, il y a des raisons d’être motivé. D’abord, à partir du moment où le DPE se complique, le prix va remonter. La valeur de la certification n’est plus la même. Là, je fais mon CSO et entre la formation et la certification, je suis déjà à 2 000 €. Le DPE à 60 euros, c’est fini et tant mieux !

Ensuite, aujourd’hui, nous avons besoin du DPE pour tout. Le bailleur social doit avoir un DPE projeté pour monter son PALULOS. La vente et la location exigent un DPE. Lors d’une rénovation énergétique, l’audit est basé sur la méthode 3CL du DPE, etc. Dans le résidentiel, tout part du DPE pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050.

Ce métier de diagnostiqueur est essentiel, donc c’est important d’attirer de nouveaux profils motivés et compétents. La méthode 3CL n’est pas parfaite. Néanmoins, dans un contexte d’urgence climatique, le mieux est l’ennemi du bien. D’accord, c’est plus dur, mais nous sommes plus professionnels. Pendant plusieurs années, il y a eu un laisser-aller. Je suis certain que notre filière est capable de se former et de faire face aux enjeux de la transition écologique. Gardons un message positif !

Enfin, ce qui est investi en formation en amont est une économie pour les entreprises. Avant l’arrêté du 20 juillet 2023, l’utilisation d’un logiciel n’était pas obligatoire en formation, maintenant si. En général, les boîtes devaient former leurs salariés en sortie de certification. Là, nous formons des pros qui sont prêts pour leur première embauche.

Les organismes de formation ont aussi un rôle à jouer…

Oui, précisément, les OF se mobilisent ! C’est à nous de trouver des moyens et de développer des techniques d’apprentissage. Actuellement, nous revoyons toutes nos méthodes pédagogiques. La lecture de l’article de Quotidiag m’a poussé à me dire : OK, nous devons être meilleurs. Il y a sûrement des diagnostiqueurs qui réagiront aussi comme ça. Mais il y en a beaucoup qui vont se décourager alors qu’ils peuvent y arriver.

Nous avons demandé à nos apprenants de nous faire un retour sur leur réussite à l’examen de certification. Je m’engage à communiquer à Quotidiag notre taux de réussite, qu’il soit bon ou mauvais. J’ai conscience que je prends un risque, mais j’y crois. Je veux montrer qu’avec une bonne méthode pédagogique, de la motivation et de l’entraînement, on peut réussir.

L’autre défi, c’est la pédagogie pour les diagnostiqueurs, afin de réduire l’écart entre le particulier et le professionnel. Le DPE est un outil sous-utilisé et mal compris par le public. Dans le cadre d’un DPE collectif, il y a une restitution en assemblée générale. Ce n’est pas le cas avec le DPE individuel. Or il faut expliquer aux gens que c’est dans leur intérêt de le réaliser.

Déjà, avec cette certification DPE renforcée, l’obligation de DPE collectif, le PPPT (projet de plan pluriannuel de travaux) et le MAR (Mon Accompagnateur Rénov’), nous sommes sur la bonne voie ! Globalement, un dispositif efficace se met en place.

* Cet échange a eu lieu avant l’alerte de la CDI-FNAIM et son soutien à l’AOCP sur les taux d’échecs aux certifications DPE/audit.

Partager cet article sur

1 Commentaire

Commenter
  1. J
    Jehan 16 octobre 2024 - 11h21

    100% en phase avec l’approche et le verbatim. Toujours intéressant d’avoir un oeil neuf sur ce métier et la méthode 3CL2021. Cela diffère tellement du discours des organismes types OF, OC et autres syndicats de diagnostiqueurs.
    Inutile d’incriminer la méthode 3CL2021 ou les QCM’s.
    C’est toute la filière Diag qui va progresser en compétence.
    Les OF’s vont former des praticiens opérationnels le jour d’après leur certification ET les former au passage des QCM’s.
    En tant qu’opérateur DPE/Audit, nous n’avons pas à rougir ni de nos méthodes d’investigations, ni de notre logiciel 3CL-2021 au service des acteurs et usagers du bâti.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

.
Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

Les Français et la rénovation énergétique en 2024 (TEKSIAL)

Previous article

Audit énergétique bâti ancien : exit les diagnostiqueurs ?

Next article