en vous abonnant à Quotidiag
En juin 2023, nous avions rencontré Jonathan Villot, cofondateur d’U.R.B.S., pour parler de l’ONB, l’outil gratuit au service des acteurs du bâtiment. Désormais, il existe aussi une offre plus étoffée et payante : l’ONB+. De nouvelles données et thématiques y ont été intégrées, ainsi que des fonctionnalités complémentaires. Les états des risques et pollutions (ERP) sont la plus récente. Il nous a semblé intéressant de partager ces nouveautés, et de nous interroger sur l’usage des données par les diagnostiqueurs.
La vocation de l’ONB a-t-elle changé avec l’arrivée de l’ONB+ ?
Non, sa vocation reste toujours la même : alimenter en données de qualité, via des outils adaptés, l’ensemble des métiers en lien avec le bâtiment et l’immobilier, et ainsi faciliter et fiabiliser les expertises par une meilleure connaissance du parc bâti français.
Cette vocation est confirmée par la grande diversité d’acteurs qui utilisent aujourd’hui l’ONB et l’ONB+, que ce soit dans le domaine privé (architectes, bureaux d’études, diagnostiqueurs, banques, assureurs, agents immobiliers, etc.) ou public, via la version « territoire » de l’ONB+ dédiée aux collectivités.
C’est parce que nous proposons une vision complète et de qualité du bâtiment, avec à la fois des données techniques, énergétiques, sociologiques, urbanistiques, etc., que cette diversité de professions voit aujourd’hui un très grand intérêt à mobiliser nos données (issues de la base IMOPE) et nos outils au quotidien.
De manière générale, nous cherchons à apporter une connaissance holistique du parc bâti, car nous pensons que, face aux enjeux de transition du secteur, tout acteur ayant une mission en lien avec le bâti doit pouvoir disposer de la meilleure information disponible. C’est notre philosophie initiale, et c’est cette approche holistique qui nous différencie d’autres confrères proposant des solutions plus silotées.
Si l’on s’intéresse plus spécifiquement au diagnostiqueur, cette profession a la particularité d’avoir un usage plus quotidien de la donnée et des outils. En effet, tous les jours, il doit réaliser des diagnostics et les nombreuses informations que nous proposons, notamment via l’ONB+, lui confèrent un atout dans son expertise.
Qu’est-ce qui justifie le tarif de la version payante ONB+ ?
C’est la qualité, la complétude et la richesse des données et fonctionnalités disponibles qui justifient le montant de 49 € HT par mois (490 € HT à l’année). Avec l’ONB+, vous n’avez pas accès à une seule donnée ou thématique, mais à plus de 200 informations par bâtiment, réparties dans 11 catégories. Vous bénéficiez également de représentations cartographiques, de la possibilité de faire du repérage (géomarketing), et, depuis peu, de générer des ERP, etc. C’est donc une proposition de valeur complète et accessible en quelques clics.
Bien entendu et c’est normal, certains acteurs questionnent ce tarif et s’imaginent souvent que nous faisons payer des données open data. En réalité, la valeur consentie en s’abonnant à l’ONB+ c’est la certitude de manipuler des données travaillées depuis maintenant près de 10 ans par nos experts en data science, d’accéder à des données fiabilisées, et croyez-moi l’open data de base ne l’est pas, ainsi qu’aux innovations et productions inédites proposées par U.R.B.S.
L’intérêt pour l’ONB+ est certain, et nous constatons, avec un taux de résiliation inférieur à 2 %, que ceux qui ont franchi le pas ne reviennent que très rarement en arrière.
Cependant, nous avons aussi le sentiment que certains acteurs, et c’est notamment vrai pour les diagnostiqueurs, ne sont pas pleinement conscients du potentiel de la donnée dans leur métier et dans leur mission au quotidien. Ce qui peut expliquer leur perception variable des tarifs annoncés.
En général, et d’après les retours que nous avons, il semble en effet y avoir un phénomène de méfiance envers la donnée, mais aussi une très grande méconnaissance de ce qu’elle peut apporter. Nous sommes au tout début d’une phase d’acculturation pour ces acteurs.
Ce constat nous a par ailleurs amené à renforcer la pédagogie et la transparence de nos traitements mais aussi à former nos utilisateurs à ce que l’on nomme les métadonnées : qui a produit la donnée initialement, avec quelle fiabilité, à quelle période, etc.
Toutes ces productions sont disponibles à tous via le forum de la communauté de l’ONB des webinaires et tutoriels, ainsi que par la mise à disposition, dans l’interface, de « fiches récapitulatives » qui décrivent précisément les données présentées.
Avez-vous une explication à ce phénomène de méfiance ?
Outre l’acculturation déjà évoquée, il nous semble qu’il existe une confiance limitée dans l’expertise de la profession et aussi entre diagnostiqueurs. Par exemple, certains nous demandent : « Pourquoi n’avez-vous pas encore intégré le diagnostic que j’ai réalisé ? ». Outre le fait qu’il y a un temps incompressible entre la réalisation d’un DPE et son intégration dans l’ONB, nous leur faisons souvent remarquer qu’il existe d’autres diagnostics à l’adresse étudiée, réalisés par des confrères diagnostiqueurs. Or une des remarques que nous entendons le plus est la suivante : « Ce qui est généré par les confrères n’est pas forcément de qualité ».
Ce n’est pas vrai de notre point de vue. Nous avons analysé de nombreux DPE, et, dans la très grande majorité des cas, ceux-ci témoignent d’une bonne expertise de la profession et d’une très grande qualité. Et n’oublions pas qu’un DPE fait remonter des données opposables. En partageant la connaissance du parc bâti, et notamment les données issues du travail des diagnostiqueurs, nous souhaitons contribuer à mettre en avant ces expertises métiers.
Ainsi, et selon moi, les diagnostiqueurs auraient tout intérêt à valoriser leurs travaux et l’expertise de leurs collègues. Par conséquent, ils gagneraient à s’intéresser et à utiliser les données des DPE, surtout à une époque où la filière est déstabilisée et remise en question sur la fiabilité de ses rendus.
En quoi les données disponibles permettent de crédibiliser les DPE ?
Voir, à une adresse, tous les DPE réalisés permet, en quelques clics, d’accéder à une richesse d’informations sur le bâti qui fait l’objet de l’étude. Par exemple, si un DPE a été réalisé dans le même bâtiment quelques semaines auparavant et qu’il indique un chauffage urbain, c’est une information supplémentaire très utile pour réaliser son étude. De même, si un confrère, sur des logements similaires du même bâtiment, a établi une résistance thermique précise pour un mur extérieur isolé par l’extérieur, ce partage d’informations me semble pertinent à intégrer pour renforcer la fiabilité du diagnostic en cours.
Et dans l’ONB, pour chaque adresse, nous listons tous les DPE en affichant la version de la méthode 3CL utilisée, afin de tenir compte des évolutions réglementaires des DPE. Si les diagnostiqueurs veulent aller plus loin dans le détail, nous avons créé des hyperliens vers l’Observatoire des DPE de l’ADEME. Là encore, c’est un apport majeur de l’ONB : pouvoir rechercher un DPE par l’adresse. En effet, si vous utilisez le site de l’ADEME, il vous faut connaître le numéro des DPE. C’est très rarement le cas et retrouver un DPE devient alors très chronophage.
Nous proposons également des prédictions de DPE là où aucun diagnostic n’a été réalisé. Plus exactement, nous présentons une probabilité que le bâtiment appartienne à une étiquette donnée. Cela peut paraître « approximatif » mais c’est une innovation majeure et un apport indéniable. Là encore, l’objectif reste toujours d’apporter des éléments aux diagnostiqueurs pour les accompagner dans leur étude.
En résumé, tout comme les diagnostiqueurs suivent l’évolution des métiers et affinent leur expertise via la lecture de revues comme Quotidiag, l’ONB par la mise à disposition d’une connaissance actualisée et fiabilisé du parc bâti peut contribuer à améliorer cette expertise.
Comment en êtes-vous arrivés à intégrer les états des risques et pollutions ?
Nous avons beaucoup travaillé au cours des six dernières années, notamment avec une structure d’urbanisme réglementaire dénommée Terranota, sur les états des risques. Nous avions développé pour elle un outil de génération principalement axé sur la partie pollution des sols. En tant qu’expert sur ces sujets, Terranota a tout de suite confirmé les apports et l’intérêt des données d’U.R.B.S. pour la génération de tels documents. Étant donné que les ERP n’étaient qu’une prolongation de ce savoir-faire et que notre expertise améliorait grandement la qualité des documents générés, il nous a paru intéressant de les proposer aux diagnostiqueurs.
Certains diagnostiqueurs s’étonnent de la forme de l’ERP, différente du modèle « officiel » ?
Oui. Nous nous en sommes aperçus en échangeant avec eux, et cela nous a surpris. Certains diagnostiqueurs semblent persuadés que la forme de l’état des risques et pollutions est réglementée. Or, le code de l’environnement ne réglemente que le fond des ERP, c’est-à-dire leur contenu.
Nous avons donc beaucoup étudié les ERP du marché et travaillé à fournir un format plus compréhensible pour les cibles de ces diagnostics, à savoir les propriétaires et les locataires. Nous avons veillé à ne faire apparaître que les informations réglementaires et pertinentes pour l’adresse. En effet, beaucoup de confrères indiquent des risques sur l’ERP, alors que le bien n’y est pas soumis. L’acquéreur ou le locataire se retrouve alors bien souvent avec un document dense, où une part importante des informations est inutile, puisque le bien n’y est pas assujetti. Nous sommes convaincus qu’à l’usage, ce format démontrera de sa pertinence.
La data peut-elle révolutionner le secteur du bâtiment ?
Oui, tout à fait. Mais comme évoqué précédemment, il y a un fort besoin d’acculturation pour que son plein potentiel soit perçu. En un sens, cela me fait penser, aux aides à la conduite dans l’automobile. Lorsque le maintien dans la voie, le radar de recul, les caméras, etc., ont commencé à apparaître, nombreux étaient les conducteurs à remettre en cause l’intérêt de ces technologies et à critiquer leur coût. Pourtant, à l’usage, elles ont démontré un apport indéniable, tant pour le confort de conduite que pour la sécurité. De nos jours, ce sont des acquis, et personne n’imagine acheter une voiture sans ces équipements.
C’est la même chose pour la donnée : demain, dans de nombreux métiers dont celui du diagnostic, elle deviendra indispensable et plus personne ne se demandera si et à quoi elle peut servir.
Bien entendu, et nous le reconnaissons, il peut y avoir des erreurs dans certaines données. Cependant, structurellement, elles sont rares, et nous travaillons au quotidien pour les fiabiliser. Par ailleurs, l’ensemble de la communauté de l’ONB peut y contribuer. En effet, que l’on soit sur l’ONB ou sur la version premium, l’ONB+, il est possible de nous faire remonter des anomalies et de partager les usages de la donnée dans différents contextes. Les retours utilisateurs et les contributions sont un vecteur important, qui contribue à notre objectif initial : rendre accessible à tous une information pertinente et de qualité.




De la donnée sur le bâtiment, je suis pour. Difficile à trouver pour un diagnostiqueur alors si tout est regroupé dans un même outil, c’est pratique.
Qu’en est-il de la justification pour le DPE ?
Peut-on citer L’ONB et cet outil dans nos rapports pour justifier une résistance thermique sur un bien de 1977, un type de chaudière alors que nous n’avons pas eu accès à la chaufferie ? etc etc
C’est toujours à vous de contrôler la véracité des infos, à partir de ce que vous constatez sur place le jour de la visite. Tous les textes réglementaires le disent. Néanmoins, il me semble que ces informations peuvent vous faire gagner du temps et vous aider.
49€ HT/mois c’est hors de prix pour avoir une date de construction et des infos non légalement utilisables comme le type de chauffage !
A 49€ HT/an peut être que je verrais les choses avec plus de tolérance.
Justement, ce n’est pas uniquement pour avoir une date de construction et le type de chauffage. C’est exactement ce que Jonathan Villot explique dans cette interview. Il y a plus de 200 données par bâtiment dont tout l’historique des DPE, les DPE prédits, les matériaux de construction, la possibilité de générer des ERP, etc.
Bien sûr que ce tarif, si c’est juste pour une date de construction, est excessif, sauf que ce n’est pas tout ce que vous avez en vous abonnant. Les autres infos peuvent vous être utiles aussi.
Cécile, en général vous connaissez notre métier alors arrêtez svp de défendre l’indéfendable: toutes ces données aussi intéressantes soient elles sont invérifiables, non garanties et donc INUTILISABLES pour nous autres diagnostiqueurs.
Petite piqure de rappel : un diagnostiqueur ne peut prendre en compte que des élements constatés par lui même ou corroborés par un document qui engage la responsabilité de l’entreprise émettrice (facture, notice technique). Ce n’est absolument pas le cas des données ONB+
Le mot « indéfendable » me semble un peu extrême. D’une part, concernant les DPE précédents, ils ont été établis par un diagnostiqueur certifié qui a constaté des éléments par lui-même, obtenu un document engageant la responsabilité du propriétaire (ou utilisé les valeurs par défaut bien entendu, qui se basent sur des données publiques). Ce diagnostiqueur a mis des données d’entrée opposables et son DPE a été enregistré à l’ADEME.
D’ailleurs, dans le cadre d’un audit énergétique préalable à la vente d’un logement, la réglementation demande à l’auditeur à reprendre un DPE qu’il n’a pas réalisé, il doit seulement le corriger le cas échéant. Alors, comment peut-on prétendre que les données de ce DPE antérieur sont « invérifiables, non garanties et donc inutilisables » ? Il ne faut certes pas se contenter de les reprendre sans vérification, mais cela reste une information exploitable.
D’autre part, la légalité et donc la fiabilité des données bâtimentaires viennent, d’une certaine manière, d’être reconnues avec l’intégration du RNB dans le code de la construction et de l’habitation, mais ce sera l’objet d’un prochain article…
Je trouve l’approche de l’ONB+ vraiment intéressante.
C’est une source absolument non fiable !!! comment engager nos responsabilités sur la base de sources non fiables ? cela n’est pas possible sauf quand on est prêt à faire n’importe quoi pour gagner du temps.
J’apprécie beaucoup ce travail titanesque réalisé par l’ONB et cet article qui en témoigne. Ces informations, avec des métadonnées très pertinentes sur leurs fiabilités respectives révèlent le potentiel de la combinaison d’autant d’autres bases de données Open source (BDNB, ADEME, CEREMA, DVF…).
Cependant, je ne suis pas d’accord sur le choix de la tarification mensuelle ou récurrente de manière générale. Je conçois que le développement ait nécessité beaucoup de travail, mais pourquoi ne pas opter pour une tarification initiale seulement (par exemple une centaine ou quelques centaines d’euros) pour les coûts de développement et sous subvention publique pour les coûts de fonctionnement (serveurs, infrastructures…) ?
Il y a tellement d’acteurs dans le bâtiment et vision naïve peut-être, mais quel dommage de ne pas les voir partager leurs données pour contribuer à une unique source de données fiable et exhaustive. Quelle perte de temps collective de refaire le travail de diagnostic plusieurs fois. Peut être est-ce tout un système économique qui doit être remis en cause ?
Aligné avec cette philosophie : il faut rappeler un point essentiel — l’ONB ne bénéficie d’aucune subvention publique. Son modèle est une initiative indépendante, fondée sur un effort collectif de consolidation et de structuration de données — sans financement public direct.
Dans la même logique, U.R.B.S développe et maintient depuis 2019, sur fonds propres, la base de données nationale IMOPE, sans recourir ni aux subventions publiques ni aux financements de fonds privés.
C’est précisément ce qui illustre la complexité du sujet : la donnée peut être ouverte, mais sa maintenance, sa qualification, son enrichissement, sa documentation et sa mise à jour représentent un coût réel et récurrent. Si le développement initial est conséquent, c’est bien l’effort continu qui pèse le plus lourd, pour garantir la fiabilité scientifique, la cohérence géographique et la pérennité des données.
C’est pour cette raison qu’un modèle de tarification récurrente s’avère souvent le seul viable — non pas pour “faire payer la donnée publique”, mais pour financer la partie invisible : le contrôle qualité, la documentation, les mises à jour, les corrections, l’enrichissement et l’adaptation permanente aux évolutions réglementaires. Un paiement unique rendrait impossible ce suivi dans le temps, alors même que la stabilité, la documentation et la rigueur sont essentielles à la confiance dans la donnée.
Nous partageons pleinement votre souhait d’une mutualisation plus forte entre acteurs. Pourtant et à ce jour, malgré près d’une décennie d’efforts en ce sens, les logiques de silo persistent, y compris au sein des structures publiques. Résultat : la collaboration entre institutions, acteurs économiques et société civile reste complexe, alors qu’un co-portage véritablement partagé est indispensable pour faire vivre et améliorer nos grands référentiels nationaux. De nombreuses initiatives font toutefois bouger les lignes et favorisent une meilleure interopérabilité entre acteurs.
C’est dans ce contexte qu’est né le projet U.R.B.S et l’ONB : garantir indépendance et objectivité, et rendre ces ensembles de données cohérents, exploitables et accessibles au plus grand nombre, à grande échelle. Le modèle économique, pensé pour être durable et réaliste, reflète le coût réel de l’ingénierie tout en permettant un accès équitable à la donnée — sans dépendre de subventions publiques souvent disproportionnées par rapport aux besoins concrets, in fine, bien plus coûteuses pour le contribuable.