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Jean-Jacques Molezun, de diagnostiqueur à certificateur

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Jean-Jacques Molezun, président de LCP Certification, a été diagnostiqueur, puis formateur, et enfin certificateur. Nous avons rencontré l’ancien homme de terrain, devenu dirigeant d’un organisme de certification.

Comment est-ce que tout a commencé ?

Je suis dans le métier depuis 1990 environ. Auparavant, dans les années 1980, j’étais directeur d’une société de traitement des bois, charpentes et traitement des termites. À l’époque, les artisans faisaient les contrôles. J’ai vite compris qu’une séparation des rôles serait nécessaire. Après avoir fait du traitement, j’ai créé ma propre société de diagnostics. Nous étions 7 en France. Le terme de « diagnostiqueur » n’existait même pas, nous étions des sortes « d’experts ».

Comment êtes-vous passé du diagnostic à la certification ?

D’abord, je me suis rendu compte que la formation n’était pas au point. On faisait très peu de terrain lors des formations, or ce métier est quand même très axé sur la pratique. J’ai monté ma société de formation pour amener quelque chose de plus, une formation terrain. Maintenant, tous les centres de formation le font et c’est très bien.

Au bout de 5 ans, j’ai arrêté d’être formateur car nous étions devenus certificateurs. Il y a évidemment une incompatibilité entre le fait de former quelqu’un et, derrière, de lui faire passer son examen.

Est-ce que des expériences décisives ont jalonné votre parcours ?

C’est le courant de la vie… Je me suis retrouvé dans le traitement de termites et bois de charpente par hasard lors d’un déménagement à Bordeaux. Je me suis formé au Centre Technique du Bois d’Ameublement (CTBA) car il n’y avait même pas de formation. Cela se passait en interne avec des associations.

Quand on est curieux, on avance dans un métier, on ouvre une porte, on s’aperçoit qu’il y en a une autre, etc. Mais oui, il y a eu des moments décisifs. J’avais vu des gens passer leurs certifications, obtenir leurs examens, et être incapables, ensuite, de réaliser un diagnostic. Je n’aurais pas monté ma boîte de formation s’il n’y avait pas un besoin de formation terrain à ce moment-là.

Est-ce que les formations sont au point maintenant ?

Ce n’est pas du tout simple, aujourd’hui, d’exercer le métier de diagnostiqueur. Il faut des compétences multiples et on en rajoute, encore et encore. Au ministère, ce problème de compétences se pose. Les opérateurs sont formés en 4-5 semaines et ils continuent à ne pas faire assez de pratique avant de se lancer dans le métier. Il faudrait doubler, en temps, la durée de la formation mais ce serait impossible économiquement. Cela dit, l’amélioration de la formation est réellement un souhait ministériel.

Avoir l’expérience du terrain, ça fait une différence en tant que certificateur ?

C’est un point très important. Moi et mon associé, Jean-Michel Alabouvette, nous émanons tous les deux du terrain. Nous avons été diagnostiqueurs pendant plus de 20 ans donc nous connaissons leurs problématiques. Un diagnostiqueur doit gérer les rendez-vous, le secrétariat, le téléphone, la prospection… Il enchaîne les tâches et les missions. Nous l’avons vécu en tant qu’indépendants et comme chefs d’entreprise.

Par rapport à nos confrères, nous sommes quasiment les seuls à avoir cette expérience de la pratique. C’est d’ailleurs quelque chose qui a été apprécié par le Comité français d’accréditation (COFRAC). Lors de nos examens, nous axions sur la pratique. Pour nous, l’examen doit correspondre à ce que le diagnostiqueur va devoir faire au travers de la réglementation. L’objectif est de vérifier qu’il sait le faire.

Y a-t-il des axes d’amélioration au niveau du processus de certification ?

Il y a toujours des améliorations à apporter ! (rires) C’est un travail qui est administratif à 90%. Par conséquent, nous avons des tâches répétitives, contrôlées par le COFRAC une fois par an. Nous avons compris qu’en diminuant les charges de travail, nous pourrions réduire la liste des erreurs humaines. Nous avons créé un progiciel qui est en cours d’élaboration.

Aujourd’hui, nous pouvons donner les résultats d’examen immédiatement. En quelques secondes, le candidat a les résultats de son QCM sur son écran. La machine calcule sans erreurs. C’est plus confortable pour tout le monde. Habituellement, vous corrigez un examen, qui oblige à créer plusieurs documents, des validations, la création d’un certificat, etc. Tout cela est en cours d’automatisation et c’est un axe de progrès. D’ailleurs, pour la pratique aussi, le candidat sait s’il a ou non l’examen immédiatement.

L’autre axe de progrès souhaitable serait d’accompagner davantage la personne qui s’engage pour 7 ans dans le métier et la certification. Dans l’idéal, il faudrait qu’un examinateur puisse aller vérifier au moins 2 fois. Ce n’est pas en regardant un dossier que l’on peut juger du travail sur le terrain. Mais encore une fois, c’est compliqué d’un point de vue économique.

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui hésite à faire ce métier ?

C’est une question à laquelle il est très difficile de répondre. Il y a X raisons de faire ce métier. Certains sont très motivés car lors de la vente de leur maison, ils ont discuté avec un diagnostiqueur qui aimait son travail. D’autres entrent dans la profession parce que Pôle Emploi les oblige à faire des stages.

En général, je dirais que c’est un métier sympa, surtout si on aime les contacts humains. Techniquement, c’est agréable puisque c’est en constante mutation et progression. Bref, ce métier est plaisant et il y a encore beaucoup de choses à découvrir. Si on a la motivation, l’envie d’y aller, alors il ne faut pas hésiter.

Est-ce que vous avez des passions ?

J’ai des hobbies. J’aime beaucoup les sports nautiques et je fais du golf, entre autres. Ma passion, comme tout le monde, ce sont mes enfants. Ma passion première est bien ma famille, en particulier mes enfants. Les conjoints et les conjointes, malheureusement, peuvent venir et repartir. Les enfants sont l’essence de la vie.

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1 Commentaire

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  1. F
    François-Félix BLANDIN 2 octobre 2022 - 19h08

    Parcours intéressant et inspirant.

    Répondre

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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