L’ADEME recommande « en particulier, [de] continuer les travaux engagés sur le DPE pour qu’il intègre progressivement et pleinement l’adaptation aux vagues de chaleur ». Cette phrase est extraite de l’avis Vagues de chaleur : la climatisation va-t-elle devenir indispensable ? Le DPE est loin d’être le sujet principal de cette analyse. Cependant, l’idée d’intégrer le changement climatique au DPE est récurrente ces derniers mois.
Vagues de chaleur et climatisation
Les publications sur le confort d’été, les bouilloires thermiques et la climatisation reviennent chaque année en période estivale. L’avis de l’ADEME, daté de juin 2024, n’en est pas moins intéressant. En effet, les vagues de chaleur constituent des enjeux nouveaux auxquels les bâtiments et leurs occupants sont mal préparés.
Même en respectant les enjeux climatiques, 26 % à 27 % des bâtiments seront situés sur un territoire exposé à des températures fortes et/ou dans un îlot de chaleur. Sans régulation climatique, ce risque concernera 61 % à 65 % des bâtiments. Or la chaleur pose des problèmes de santé, aggrave des maladies existantes et provoque des décès.
Avec l’augmentation des besoins de froid, les équipements de climatisation deviendront indispensables. La production photovoltaïque d’électricité, à l’horizon 2035, devrait être suffisante pour alimenter les principales solutions actives du marché. Il faudra seulement veiller à respecter certains horaires et la maîtrise de la température de consigne.
Cependant, l’utilisation des climatiseurs a des conséquences à limiter : îlot de chaleur urbain, facture énergétique, émission de gaz à effet de serre, nuisances sonores et visuelles, etc. Dans ce contexte, la rénovation énergétique est un moment clé. Elle permet de déployer des solutions passives et d’agir sur l’enveloppe des bâtiments dès maintenant.
Confort d’été et politique de rénovation
Actuellement, estime l’ADEME, la rénovation n’inclut pas une stratégie de gestion des surchauffes. Il faut donc « intégrer dès aujourd’hui la problématique du confort d’été dans toutes les rénovations ». L’approche doit être globale :
- installation systématique de protection solaires extérieures ;
- isolation, idéalement par l’extérieur, des bâtiments ;
- prise en compte de l’aération nocturne (protection contre la pluie, les intrusions…) ;
- systèmes actifs de rafraichissement à haute efficacité énergétique et/ou à base d’énergie renouvelable (brasseurs d’air, puits climatiques, PAC géothermiques…).
L’Agence insiste aussi sur la nécessité d’inclure un volet d’adaptation aux vagues de chaleur dans le politique de rénovation. Enfin, elle propose aux pouvoirs publics de « clarifier la définition de bouilloire thermique et d’y adosser une politique publique ». C’est vraisemblablement là que le DPE pourrait jouer un rôle important.
DPE et résilience des bâtiments
Au-delà du confort d’été, les appels à intégrer l’adaptation au changement climatique dans la rénovation énergétique se multiplient. C’est le point commun entre le rapport de la Cour des comptes sur la résilience des logements (mars 2024), l’avis d’experts sur la rénovation performante des logements (mai 2024) et le rapport annuel du Haut Conseil pour le climat invitant à tenir le cap de la décarbonation (juin 2024) entre autres.
Par ailleurs, dans son document pour réconcilier les Français avec le DPE, l’IFPEB écrit : « Le DPE traite essentiellement des enjeux liés à l’atténuation du changement climatique. […] Mais il ne traite pas la problématique de l’adaptation. Pour ce faire toute rénovation pour améliorer son étiquette DPE devrait impliquer la prise en compte de questions de résilience pour pérenniser la valeur du bien ». L’Institut Français pour la Performance du Bâtiment invite ensuite à intégrer :
- la résilience aux canicules, au lieu d’un smiley sur le confort d’été ;
- la résilience face au changement climatique (sécheresse et retrait-gonflement des sols argileux, inondations, submersion marine, etc.).
Enfin, la nouvelle directive sur la performance énergétique des bâtiments nous y incite. D’après la DPEB, la rénovation « doit être une occasion privilégiée d’aborder […] le renforcement de la résilience face au climat, la résilience en cas de catastrophes », etc.
Le contenu du DPE pourrait donc évoluer afin d’informer l’acquéreur ou le locataire du niveau de résilience du logement, et d’aider les futurs occupants à anticiper les travaux d’adaptation au changement climatique.
J’ignore comment il faut interpréter le besoin de climatisation à travers les équipements de froid. La construction neuve ne fait rien pour intégrer les technologies qui pourraient améliorer le confort d’été. Des techniques ancestrales et des évolutions technologiques existent, mais ne sont pas utilisées. Le DPE n’est qu’un constat, il vaudrait peut-être mieux exiger l’utilisation des techniques de construction qui répondent à ces besoins. Il est dommage que notre politique de concentration urbaine soit antagoniste avec ces techniques.