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Frédéric Mirabel-Chambaud : LDI a fait avancer la profession

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Rencontre avec Frédéric Mirabel-Chambaud alors que l’association Les Diagnostiqueurs Indépendants (LDI) vient d’être mise en sommeil. Son président revient sur l’historique de la création de LDI, sur ce que l’association a accompli et sur ce qui pourrait l’éveiller. Il dispense également quelques conseils aux diagnostiqueurs indépendants pour l’année 2023.

Depuis combien de temps étiez-vous président de LDI ?

Nous avons créé LDI en 2016. Dès le départ, j’ai été nommé et je suis resté le président.

Yvan Marzolf était alors secrétaire, n’est-ce pas ?

Voilà. Yvan Marzolf m’avait demandé d’être président car lui, pour des raisons personnelles, il n’y tenait pas. Malheureusement, très peu de temps après, il est décédé. Il nous a quittés pratiquement au début.

Le combat contre la recertification à répétition était déjà le sien…

L’association LDI est née de notre rencontre. De mon côté, j’en avais assez des recertifications à répétition qui sont vraiment du bachotage. Un jour, j’en ai parlé à un de mes confrères. Il m’a dit : « il y a un gars, qui s’appelle Yvan Marzolf et qui est aussi contre ce principe. Il a un blog, tu devrais le contacter… » Nous nous sommes rencontrés à Paris. Nous avons alors décidé de créer une association et il m’a demandé d’en être le président.

Notre cheval de bataille dès le départ – et ça l’est resté principalement – c’était ces recertifications tous les 5 ans. Nous demandions une certification beaucoup plus complète et plus poussée au démarrage, quand on commence dans la profession. Rien n’était fait pour que ce soit adapté au terrain. J’avais fait 20 ans de bâtiment avant, mais lorsque je me suis retrouvé dans une maison pour réaliser ma première expertise, je n’étais pas très fier.

Nous voulions surtout :

  • une certification qui colle au terrain, pour les jeunes et les moins jeunes qui se lancent,
  • un contrôle in situ, après un an mais qui soit pédagogique et non sanction pour éviter les mauvais plis,
  • et après, remplacer ces certifications à répétition par des formations obligatoires.

Toutes les professions techniques sont obligatoirement soumises à des mises à jour. Les techniques évoluent. C’était notre principal cheval de bataille, mais ce n’était pas le seul.

L’association est en sommeil, mais elle n’est pas complètement éteinte ?

Non, parce que d’une part, nous avons encore une action judiciaire. D’autre part, pour l’instant, nous n’avons plus assez de bénévoles. C’était prévu depuis début 2022. Deux bénévoles, retraités, nous ont dit qu’ils restaient pour l’année 2022, mais qu’ensuite, ils souhaitaient profiter de leur retraite. D’autres, en activité, nous ont prévenus qu’ils continuaient en 2022, mais qu’après, ce serait compliqué car c’est chronophage. Il leur était difficile de gérer à la fois leur boulot et la partie bénévolat pour LDI.

Nous avions donc convenu de maintenir notre activité sur tout 2022, mais de prévenir tout le monde dès 2023. Pour nous, cela n’aurait pas été correct ni sérieux, de faire payer des cotisations à des adhérents en sachant que le travail n’aurait été fait qu’à moitié. Nous avons du monde mobilisé, mais pas suffisamment. Il faut faire des courriers aux députés, aller aux réunions, participer aux visios avec les ministères, rencontrer les sénateurs, participer aux réunions avec les ministères… Tout cela prend beaucoup de temps. Ce n’est pas parce que nous sommes bénévoles qu’il faut faire un mauvais boulot.

Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

Nous sommes satisfaits d’avoir fait avancer la profession. D’abord, nous avons reçu une avalanche de mails de regrets d’adhérents et de non-adhérents d’ailleurs. Des gens saluent notre action. Cela fait toujours plaisir parce que notre action a été notamment de faire un référé au Conseil d’État pour essayer de faire reporter le DPE, qui est toujours critiqué aujourd’hui.

Nous avons aussi réalisé – et cette action a été beaucoup appréciée – des formations juridiques avec le cabinet Jost, qui défend la profession depuis des années. C’est une chose qui manquait aux professionnels. Il ne suffit pas de respecter la législation et de suivre les logiciels pour être inattaquable sur le terrain. Nous avons pu leur expliquer ce qu’il fallait faire et ne surtout pas faire, quelles étaient les phrases à ajouter dans leurs rapports pour ne pas être pris en défaut, quelles étaient les erreurs souvent commises qui provoquaient des condamnations… C’était très intéressant pour de nombreux diagnostiqueurs.

Nous avons réussi, enfin, à mettre un coup de pied dans la fourmilière, en quelque sorte. Nous avons pu nous exprimer d’une seule voix avec d’autres fédérations au lieu de nous battre entre nous. Les ministères savaient que nous n’étions pas unis et ils en bénéficiaient beaucoup. Nous sommes parvenus à obtenir certaines avancées, ensemble. Nous avons fait des réclamations au ministère d’une voix commune et c’est une très bonne chose.

Quand la DGCCRF a fait une descente sur la profession, elle a pointé du doigt l’obligation de pouvoir nommer un médiateur. Il faut noter dans nos rapports les coordonnées d’un médiateur or personne n’en avait. Nous avons fait un tour de France pour trouver un médiateur qui soit spécialisé dans le bâtiment et dans le domaine du diagnostic. On en a trouvé un, ou plutôt une, et nous avons pu diffuser cette information, à nos adhérents et aux autres concernés. Il n’y a pas de sectarisme chez LDI. Nous sommes là pour aider l’ensemble de la profession.

Nous avons également pu faire avancer, un petit peu, ces recertifications à répétition, passées de 5 à 7 ans. Par ailleurs, nous avons pu faire remonter de nombreuses doléances. Les adhérents nous faisaient part de leurs idées. À chaque fois qu’il y a eu un faisceau d’idées communes, nous avons su les faire remonter aux députés, aux sénateurs et auprès du ministère surtout.

Nous sommes tous issus du terrain. Tous nos bénévoles et y compris la secrétaire, dans l’association, sont des diagnostiqueurs. Nous connaissons donc très bien le travail et nous l’avons défendu le mieux possible, avec une réelle conviction, dans toutes les réunions auprès du ministère.

L’association LDI pourrait se réveiller si…

C’est une mise en sommeil parce qu’il peut y avoir un événement susceptible de la réveiller. Nous avons des ouvertures sur certains partis politiques et si des choses changent, dans les mois ou les années à venir, il y aura peut-être un réveil. En effet, ce qui compte pour que ça avance, c’est la décision politique. Si on n’a pas d’oreilles du côté des politiques, ce n’est pas vraiment la peine de militer. Il faut non seulement dire les choses, mais il faut également être entendu.

Qu’est-ce que vous conseilleriez aux diagnostiqueurs indépendants qui restent ?

Je leur conseillerais d’être très prudents sur l’audit énergétique. C’est délicat. Certains pensent que ça ouvre sur un chiffre d’affaires plus important. Mais nous pensons que ça va aussi ouvrir sur de grosses difficultés au niveau judiciaire. C’est partiellement notre boulot, l’audit énergétique, mais c’est aussi celui des économistes de la construction. C’est un travail assez pointu. Il faudra être particulièrement prudent là-dessus et, avant tout, avant de se lancer dans les formations, vérifier que les assurances couvrent les diagnostiqueurs et si oui, à quel prix.

Nous avons eu beaucoup de retours d’adhérents qui ont fait une formation à l’audit, et qui maintenant se retrouvent avec une assurance qui refuse de les couvrir. Nous avons eu des exemples où le coût s’élevait à 4 000 euros par an en plus de la partie assurance sur le reste des diagnostics. En somme, l’audit énergétique peut s’avérer plus problématique que rémunérateur.

Vous aimeriez ajouter quelque chose pour nos lecteurs et lectrices ?

Avant tout, nous remercions tous les diagnostiqueurs qui nous ont suivis. Ils nous ont soutenus, au niveau financier, mais pas seulement. Beaucoup nous ont aidés. Nous avons eu un représentant par département. Nous avons vu nos membres se dévouer pour aller voir leurs députés. Quand on a eu besoin de faire des actions judiciaires, beaucoup d’entre eux ont été très actifs. Alors même si nous n’avons pas changé la face du monde, nous sommes contents d’avoir pu faire un peu avancer les intérêts de la profession. C’est toujours satisfaisant.

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5 Commentaires

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  1. B
    BRUEL 12 janvier 2023 - 17h52

    Bonjour
    Si je peux me permettre une remarque : C’était le regretté Yvan MARZOLF, et non Yann

    Pascal

    Répondre
  2. F
    François-Félix 13 janvier 2023 - 8h15

    Dommage que l’association LDI ne poursuive pas sa course …
    Nobles combats, défense de la profession par des pairs, je serais bien resté membre de l’association pour un bon moment.

    Répondre

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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