Qui est le plus malhonnête : le propriétaire, l’agent immobilier, le diagnostiqueur véreux ou le journaliste du Parisien ? La question mérite d’être posée à la lecture de « l’enquête » sur l’immense fraude au DPE dans l’immobilier, publiée le 20 juin 2024. D’ailleurs, le quotidien régional cherche-t-il à dénoncer des fraudes ou à donner des voix à Jordan Bardella ?
De nombreux diagnostiqueurs véreux ?
D’abord, le Parisien affirme que les diagnostiqueurs véreux sont de plus en plus nombreux. Il se base sur des témoignages anonymes et fait des allégations non étayées. Près d’un millier de diagnostiqueurs auraient été formés gratuitement en 2023 ? D’où sort cette donnée ? Au fait, ils ne se contentent pas de se former, il doivent aussi se certifier et se recertifier.
Ensuite, les journalistes contactent des diagnostiqueurs pour leur demander de classer une passoire thermique en DPE E. Ils écrivent alors : « beaucoup refusent d’emblée mais on trouve quand même des escrocs ». Soyez cohérents face à un sujet aussi important. Vous venez à peine de nous répéter que ces pseudo-diagnostiqueurs étaient « nombreux », qu’on les trouvait en « 2 clics » et que ce milieu était un « repaire d’escrocs » !
Une étude récente et étayée, que nous vous présenterons demain, conclut au contraire à une diminution du nombre de DPE de complaisance. N’importe qui peut affirmer qu’il y a de plus en plus de diagnostiqueurs fraudeurs, sans preuve, données ou analyse. Cela s’appelle un préjugé, c’est-à-dire une opinion basée sur des critères personnels.
Pas de contrôle des DPE !?
Combien y a-t-il eu d’appels passés pour dégoter les pires, ceux qui proposent des DPE à distance, qui bidouillent les logiciels, ou qui font signer de prétendues décharges de responsabilité au propriétaire ? Par ailleurs, selon vous, ce phénomène explose, car le diagnostiqueur margoulin agirait en toute impunité en l’absence de contrôle. Tiens donc…
Entre les campagnes annuelles de la DGCCRF, les contrôles documentaires du certificateur, les recertifications, etc., peu de professions sont aussi réglementées et contrôlées. Ce discours d’ignorants, sur l’absence de formation et de contrôles, est à l’origine de l’onéreux renforcement du dispositif de certification à compter du 1er juillet 2024. Il y aurait pourtant d’autres moyens de fiabiliser la réalisation du DPE.
Propriétaires et mandataires, tous escrocs ?
Votre article laisse croire – et c’est évidemment faux – que tous les propriétaires de passoires thermiques, ou leurs mandataires, veulent frauder en dissimulant le vrai niveau de performance énergétique. Mettre le locataire en situation de précarité énergétique ? Tromper l’acquéreur ? Ruiner les efforts en matière de transition écologique ? Qu’importe ! Les voilà prêts à payer 280 € pour le DPE de complaisance d’un studio.
À ce propos, vous parlez de diagnostiqueurs sans certification, non assurés, etc. En revanche, vous oubliez de rappeler que le propriétaire et l’agent immobilier ont l’obligation légale de faire appel à une personne qui satisfait aux conditions de compétences, d’organisation, d’assurance, d’impartialité et d’indépendance. Sinon, ils s’exposent à une amende de 1 500 €, 3 000 € en cas de récidive, voire plus en cas de procès.
Papier calomnieux et conséquences
Quand on cherche à tout prix des escrocs, on les trouve, quelle que soit la filière. Ils ne sont pas nombreux, mais s’ils salissent autant la profession, c’est notamment parce que les journalistes braquent les projecteurs sur eux. On les éclaire si fort que le diagnostiqueur formé, certifié, assuré et qui bosse dur sur ses diagnostics techniques perd toute visibilité.
C’est pourtant lui qui paiera pour eux. Il devra se ruiner pour conserver sa certification DPE, voir son assurance RC Pro augmenter, faire face à des propriétaires méfiants, etc. L’entreprise du margoulin aurait disparu de toute façon, avec ou sans l’intervention de la presse. Ces sociétés sont éphémères et leurs dirigeants trouvent toujours un moyen de contourner les règles. Il est possible de les dénoncer sans généraliser leurs pratiques.
Enfin, le parti pris politique de ce papier caricatural est flagrant. Le Parisien le publie pendant les Législatives 2024, alors que la transition écologique s’affaiblit. Cela dit, c’est un choix presque assumé. En effet, plusieurs lignes sont consacrées à la décision de Jordan Bardella de revenir sur les DPE. Elles reprennent ses arguments sans aucune distance. Par conséquent, le plus malhonnête de l’histoire, c’est peut-être bien Le Parisien.
Bonjour,
Quelle honte cet article a « charge » de ce torchon de journal « LE PARISIEN » clairement pro BARDELLA dans son argumentaire BIDON sans s’appuyer sur aucune étude sérieuse !!! C’est à vomir …
Merci QUOTIDIAG pour votre article, je valide à 100%.
Et bien maintenant tout le monde sait que LE PARISIEN est un journal de désinformation caricatural, honte du journalisme.
A leur client de ne plus acheter ce pq pour ne plus les soutenir.
Là on voit bien que leur existence est similaire à celle des politiques puisqu’elle dépend des naïfs qui croient en leurs discours et allégations.
Ça se dit journaliste d’investigation mais ces reportages sont réalisés de manières plus que légère… Un de ses journaliste à peut être eu une mauvaise expérience avec un ODI et à profité de son métier pour se venger…
Effectivement il y a quelques escrocs dans notre métier, et j’ai eu l’occasion d’en rencontrer mais à quand un reportage sur justement les ODI qui restent droits dans leurs bottes malgré les sollicitations…
Combien de fois un agent immobilier m’a proposé de l’argent pour modifier la lettre, qu’un agent immobilier (encore) qui demande des rétributions ou des adresses de biens à vendre en échange de CA envoyés… Ou un autre qui refuse de me faire travailler parce que je suis trop honnête…
Là il y aurait un vrai sujet…
votre article est intéressant et oublié un acteur le notaire. expert ds le domaine énergétique et bâtiment, je constate que le DPE est un outil mal pense et mal conçu. l Ademe a de bonnes intentions vers l enfer. on chauffe d abord des M3 d air et d eau , pas de m2. le DPE fait un meli mélo des deux dans un algorithme curieux, non d ailleurs public. les certifications de diagnostiqueurs sont d un niveau insuffisants presque ridicules, il suffit de traverser la rue comme dit le Président pour être diagnostiqueur. ils remplissent un tableur et sort la classification magique. j ai aussi constaté que certains notaires veulent vendre donc obtiennent des DPE optimistes comme une maison de 1950 en D donc ayant été rénovée conformément à la RT 2005., sur la lune peut-être. Quand a l action de la DGCCRF, elle a d autres priorités. le DPE n est pas un DPR un dossier de calcul des pertes thermiques qui serait bien plus réaliste. c est un outil produit sur un coin de table truffe d’approximation et ds toute profession il y a des malins !
Je vous remercie. La méthode de calcul 3CL étant accessible gratuitement à tous dans les arrêtés relatifs au DPE, sur le site RT-RE Bâtiment et sur l’Observatoire DPE-Audit, je ne comprends pas ce reproche de l’algorithme non public. Il revient très souvent alors que n’importe qui peut avoir accès à ces 147 pages. D’abord, les obligations de formation et de certification n’ont cessées d’être renforcées au fil des années et on va passer une sacrée marche supplémentaire dès le 1er juillet 2024. Ensuite, il est impossible de généraliser tant la profession de diagnostiqueurs est hétérogène : maintenant, il y a des jeunes qui se forment aux diagnostics en alternance, des reconversions professionnelles de personnes issues du bâtiment, de la thermique, et d’autres qui n’ont aucune expérience en la matière. En tout cas, ceux qui se contentent de traverser la rue sans faire plus d’effort ne restent généralement pas longtemps dans le métier…
Le il suffit de traverser la rue pour devenir diagnostiqueur, était de trop je pense Mr Yves (parfois il faut savoir peser ses mots). Après vous avez en partie raison, pas sur votre façon de dire mais sur le fond concernant l’accès à ce métier qui se fait de façon bien trop rapide.
Les centres de formations et organismes de certifications suivent un programme imposé par la règlementation tout simplement (donc ça ne sert à rien de les accabler), pour nous apprendre exclusivement la théorie du métier de diagnostiqueur, en très peu de temps.
Il faudrait bien entendu allonger ces formations avec suffisamment de journées terrain dans tous les domaines. Mais 5 ou 6 mois de formation au lieu de 2, ça coincerait niveau budget, pour l’accès à ce métier.