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Fin du gaz à tous les étages ?

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Depuis quelques années, la filière gaz se sent en sursis. Le mois dernier, la Première ministre a ravivé les inquiétudes en parlant d’interdire l’installation des chaudières gaz THPE. Une récente étude montre pourtant l’intérêt du biogaz pour atteindre la classe B du DPE lors d’une rénovation énergétique. Des énergéticiens soulignent aussi les limites des pompes à chaleur, alors que les pouvoirs publics parient sur ces équipements.

Énergies fossiles, biocombustibles et DPE

Après s’être attaqué au fioul, Matignon s’en prend au gaz pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Il faut à tout prix se passer des énergies fossiles. Pourtant, le biogaz pourrait aider à massifier la rénovation énergétique des logements. C’est du moins ce que laisse penser la dernière étude menée par Tribu Énergie pour l’association Énergies et Avenir. Celle-ci, dévoilée fin mars, est passée relativement inaperçue. Or, elle est d’actualité en ce moment.

Après l’enquête sur les chaudières THPE et le label BBC Rénovation, le bureau d’études à l’origine du moteur de calcul du DPE s’est intéressé aux biocombustibles (biométhane, biopropane…). Concrètement, Tribu Énergie a fait une simulation pour déterminer l’incidence du biogaz sur le niveau de performance énergétique lors de certains bouquets de travaux. Ce sont les postes classiques : changement de système de chauffage, puis travaux complémentaires. Les calculs sont réalisés avec la méthode 3CL-DPE-2021. Il y a bien sûr eu un post-traitement pour tenir compte des coefficients CO2.

En conclusion, les pourcentages de biogaz nécessaires pour atteindre la classe DPE B varient selon le type d’habitat (maisons individuelles ou logements collectifs) et la zone climatique. Mais les résultats sont prometteurs. Ils « appellent au développement encore plus soutenu des biocombustibles pour diversifier les bouquets de travaux performants ».

La chaudière, une alliée à conserver

Le bureau d’études a comparé les économies d’énergie, les émissions de GES et les conséquences économiques des solutions pour les ménages. En maison individuelle, les solutions de la boucle à eau chaude sont idéales. Il s’agit par exemple de combiner une chaudière THPE à des chauffe-eaux solaires et des pompes à chaleur (PAC hybrides ou air/eau). Cependant, la faisabilité technique est parfois problématique. Dans les logements collectifs, les pompes à chaleur hybrides ou collectives, associées ou non à un chauffe-eau thermodynamique l’emportent. Mais là encore, ce n’est pas toujours faisable.

Par conséquent, selon l’étude, « la chaudière [est] une alliée à conserver pour répondre aux contraintes techniques dans le logement ». En effet, concernant les pompes à chaleur « force est de constater que nous nous heurtons régulièrement à des contraintes techniques qui ne sont jusqu’à présent pas prises en compte par les pouvoirs publics qui misent sur ces équipements au détriment des chaudières à très haute performance énergétique qui […] peuvent atteindre de hauts niveaux de performance et continuer à se décarboner grâce aux biocombustibles ».

Absence d’entretien des PAC et pannes

Dans une lettre ouverte à la Première ministre Elisabeth Borne signée par Synasav, le président du Syndicat national de la Maintenance et des Services en efficacité énergétique souligne d’autres problèmes liés à la massification des PAC. « 50% des PAC installées actuellement ne sont pas entretenues. […] Une PAC non entretenue a une surconsommation de plus de 20% dès la deuxième année (sans parler de l’impact sur la durée de vie de l’appareil). »

Selon lui, les bénéficiaires des aides pour les PAC ne parviennent pas à prendre en charge financièrement les réparations. « Non entretenue, une PAC peut rapidement tomber en panne (sous 2 à 3 ans) engendrant des coûts de réparation dépassant rapidement le millier d’euros. » Il défend l’utilisation de la chaudière THPE comme solution de transition pour remplacer les 6 millions de chaudières BT (basse température) existantes. « Passer d’une BT à une THPE c’est 20 à 30% de consommation en moins immédiatement (chiffres ADEME). »

Valeur des émissions du biogaz dans le DPE

Cette position semble défendue par le directeur général d’Engie, auditionné par la Commission d’enquête sur la rénovation énergétique. M. Franck Lacroix s’oppose à l’interdiction des chaudières à gaz, remplacées par des PAC. À la place, il préconise « d’améliorer la performance énergétique des bâtiments équipés de chaudières à gaz » :

  • remplacer la moitié de ces chaudières par des chaudières THPE,
  • mettre des PAC hybrides (électricité et gaz) pour l’autre moitié,
  • utiliser le biogaz et poursuivre son développement,
  • prendre en compte la valeur des émissions de biogaz dans le DPE.

Bref, le verdissement du gaz pourrait être l’un des points clés pour résoudre les difficultés techniques, économiques et sociales dans le cadre d’une massification des rénovations.

L’UMGCCP (Union des Métiers du Génie Climatique, de la Couverture et de la Plomberie) a aussi réagi. Après la publication du rapport France Stratégie, actant l’arrêt de l’installation de nouvelles chaudières à gaz à partir de 2026, l’organisation demande une concertation avec les pouvoirs publics. La ministre de la Transition énergétique l’a apparemment entendu. « Nous lancerons une concertation sur la baisse du gaz fossile dans le secteur du bâtiment », a-t-elle annoncé au Sénat.

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1 Commentaire

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  1. B
    Bernard 7 juin 2023 - 12h58

    Le verdissement du gaz est une foutaise. A quelques km de chez moi, un agriculteur a décidé d’investir dans un méthaniseur pour consommer les effluents agricoles organiques des fermes alentours. Au fil de sa réflexion, il s’est rendu compte que la rentabilité de son installation (productrice de gaz pour un chauffage urbain) imposait qu’il la surdimensionne. Résultat : il s’est rapidement trouvé en difficulté pour alimenter son installation.
    Il a donc arrêté completement ses productions agricoles au profit de semis d’herbe et de maïs, copieusement assaisonnés de pesticides, pour faire de l’ensilage afin de nourrir son méthaniseur. Ce qui veut dire qu’à chaque récolte , une noria de tracteurs (entre 5 et 10 selon la distance de la « récolte », l’ensileuse facturée à l’heure ne doit jamais s’arrêter) fait le transport en remorque de l’ensilage. Toutes ces belles mécaniques consomment entre 20 et 30 l de GNR à l’heure. Mais comme ça ne suffit encore pas, une série de camion vient vider des effluents divers, lisiers, mélasse, etc.., parfois de 150 km …
    On a donc une production de méthane (gaz à effet de serre bien pire que le C02), impliquant pour sa production une suppression de terres agricoles et une pollution liées aux nombreuses machines impliquées, le tout pour etre brûlé dans des chaudières qui produisent à leur tour leur lot de CO2.
    Désastreux écologiquement, agronomiquement, et ça le serait également financièrement si cette gabegie n’était pas généreusement subventionnée par nos impôts.
    Alors « verdissement » …. on repassera

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Article rédigé par Cécile, le moteur de Quotidiag
Diplômée de philosophie, ex-bibliothécaire, prête-plume et rédactrice web, salariée et indépendante. Écrit quotidiennement des textes sur les diagnostics immobiliers depuis 2016.

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