Enfin un ministère du Logement de plein exercice !

Valérie Létard devient ministre du Logement et de la Rénovation urbaine. Elle n’est pas chargée du logement auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Sous la présidence d’Emmanuel Macron, il n’y avait encore jamais eu de ministère du Logement de plein exercice. Tous les acteurs du logement, de l’immobilier et de la construction en réclamaient un depuis plusieurs années.

Enfin un ministre du logement de plein exercice !

Laissons aux vestiaires nos opinions politiques quant à ce nouveau gouvernement Barnier. Saluons plutôt l’arrivée d’une ministre de plein exercice au portefeuille du logement, surtout après les manquements des années précédentes.

D’abord, en 2022, l’absence de ministre du Logement dans le gouvernement Borne, malgré une crise du logement déjà sans précédent, avait provoqué la colère de l’ensemble des associations et des professionnels du secteur. Ensuite, en janvier 2024, rebelote ou presque. Dans le gouvernement Attal, sa nomination avait été tardive. Encore une fois, il n’y avait aucun ministère de plein exercice, autonome et indépendant.

Samedi soir, Valérie Létard (LIOT ou Libertés, indépendants outre-mer et territoires) a donc été nommée ministre du Logement et de la Rénovation urbaine. Le décret du 21 septembre 2024 confirme qu’il s’agit d’un ministère de plein exercice. Il y a une autre bonne nouvelle : la députée de la 21^e circonscription du Nord travaille depuis longtemps sur les questions liées au logement et à la ville.

Valérie Létard vs Guillaume Kasbarian

Son prédécesseur, Guillaume Kasbarian, était loin de faire l’unanimité. Les associations de lutte contre le mal-logement lui reprochaient notamment sa loi anti-squat. Ses interventions lors du projet de loi Énergie Climat et son  vote pour réintroduire les pesticides néonicotinoïdes déplaisaient aux organisations engagées dans la transition écologique. Le parcours de Mme Létard est sensiblement différent.

Elle a été secrétaire d’État chargée des Technologies vertes et des Négociations sur le climat. La sénatrice s’est opposée au démantèlement d’un pilier du logement social, Action Logement. Elle a aussi contribué au chapitre « Se loger » de la loi Climat Résilience et s’est investie dans le projet de loi 3DS. Plus récemment, on l’a entendue dans le cadre de la mise en œuvre du ZAN (Zéro Artificialisation Nette).

Bref, elle a une aura plus positive pour l’ensemble des acteurs du secteur. D’ailleurs, l’avant-veille de son élection, elle participait au déjeuner organisé par la FFB (Fédération française du bâtiment). « L’heure est à l’action », affirmait-elle sur X. Il reste à savoir quelle forme prendra cette action, car de nombreux dossiers denses et complexes l’attendent.

Un ministère de plein exercice face à la crise

La crise du logement justifiait amplement la réintroduction d’un ministère de plein exercice. Peut-être est-ce d’ailleurs ce qui a poussé Valérie Létard a accepté ce poste, qu’elle avait refusé en 2017. Toutes les filières concernées attendent désormais beaucoup d’elle, des promoteurs aux notaires en passant par les bailleurs sociaux, les banquiers ou encore le BTP.

Entre autres dossiers à traiter, citons : la chute de la construction neuve, le manque de logements sociaux, la crise de l’immobilier malgré des signes de reprise, le développement des meublés de tourisme Airbnb et l’effondrement des chantiers de rénovation énergétique, gangrénés par les fraudes.

Bref, il faudra des dialogues avec les parties prenantes et de la détermination pour en venir à bout. En outre, rien ne sera possible sans stabilité politique. En neuf mois, nous avons eu trois ministres en charge du logement. De plus, le périmètre de ce portefeuille change à chaque remaniement. Or le gouvernement Barnier naît en pleine instabilité politique.